Bernard-Henri Lévy

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Bernard-Henri Lévy (né Bernard Levy le 5 novembre 1948), surnommé BHL, est un philosophe, écrivain, journaliste, essayiste, metteur en scène de théâtre, cinéaste, homme d'affaire et éditorialiste engagé sur la scène publique internationale.

Il a lancé en 1976 l'idée que sa génération représentait une « nouvelle philosophie ». Depuis, l'étiquette est restée attachée à son oeuvre et celle de ses collègues amis.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] De 1948 à 1968

Bernard-Henri Lévy est né à Béni-Saf en Algérie le 5 novembre 1948.

Sa famille s'installe à Neuilly-sur-Seine en France en 1954. Son père, André, a fondé La Becob, une société d’importation de bois africains qui a été rachetée par le groupe Pinault-Printemps-Redoute en 1997. Bernard-Henri Lévy est toujours actionnaire et administrateur de plusieurs sociétés[1]. Il ne se cache pas être richissime (environ 150 M€) lors de l'émission de télévision Esprits Libres le 12 octobre 2007.

Après des études au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine puis deux années préparatoires au lycée Louis-le-Grand, il entre en 1968 à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm (normale sup). Il a comme professeurs Jacques Derrida et Louis Althusser.

[modifier] De 1969 à 1974

En 1971, il est reçu 8e au concours d’agrégation de philosophie. En septembre de la même année, il écrit dans Combat une série d'articles consacrés au monde paysan français. La thèse de l’enquête rejoint la problématique maoïste : la lutte des classes s’invite dans les provinces françaises.

En octobre, en réponse à l'appel d'André Malraux à la constitution d’une « brigade internationale pour le Bengale » le 17 septembre 1971, il décide de partir. Parrainé par Charles Bettelheim, professeur d’économie proche de Louis Althusser, il voyage dans le sous-continent indien, et plus spécialement au Bangladesh durant la guerre de libération contre le Pakistan. Il revient en mai 1972. Ce voyage sera la source de son premier livre, Bangla-Desh, Nationalisme dans la révolution, qui paraît en 1973 dans la collection des Cahiers Libres de Maspero.

De retour en France, il est chargé de cours d’épistémologie à l’Université de Strasbourg et répétiteur de philosophie à l’École normale supérieure.

En octobre 1974, il crée la collection « Figurines » chez Grasset, inaugurée par Jean-Paul Dollé, Voies d’accès au plaisir et Philippe Némo, L’Homme structural.

En septembre 1974, il a une fille de sa première union avec le mannequin Isabelle Doutreluigne : Justine Lévy qui est écrivaine et ex-épouse de Raphaël Enthoven, fils de son ami et éditeur Jean-Paul Enthoven.

[modifier] De 1975 à 1980

En janvier 1975, il lance avec Michel Butel le quotidien L’Imprévu qui se solde rapidement par un échec.

Il est choisi par François Mitterrand pour faire partie de son groupe d’experts jusqu’en 1976.

Le 10 juin 1976, Les Nouvelles Littéraires publie un numéro spécial consacré aux « nouveaux philosophes » dont Bernard-Henri Lévy est le rédacteur en chef.

En mai 1977, il publie La Barbarie à visage humain, chez Grasset.

Apparaissant le 27 mai 1977 dans l'émission de télévision Apostrophes, Bernard-Henri Lévy y est présenté, aux côtés d'André Glucksmann, comme un nouveau philosophe. Le thème proposé par Bernard Pivot était : « Les Nouveaux philosophes sont-ils de droite ou de gauche ? » Invités, outre BHL et Glucksmann : Maurice Clavel, François Aubral et Xavier Delcourt.

En juin 1979, il publie chez Grasset Le Testament de Dieu. La thèse du livre fait du monothéisme, socle commun au judaïsme, au christianisme et à l’islam, un rempart contre la barbarie.

En 1980, il a participé à la fondation de l’association « L’Action internationale contre la faim » avec Marek Halter, Jacques Attali, Françoise Giroud et quelques autres. La même année, BHL et Marek Halter créent le Comité des Droits de l’Homme qui milite pour le boycott des jeux olympiques d'été de 1980. Il épouse Sylvie Bouscasse. Cette même année naît leur fils Antonin.

[modifier] De 1981 à 1993

En janvier 1981 paraît L'Idéologie française, Grasset, coll. « Figures », dans lequel B-H. Lévy fait rétrospectivement de la France le laboratoire du fascisme européen. D'un côté, de la part de certains universitaires reconnus de l'époque, tels Raymond Aron, Paul Thibaud, Emmanuel Le Roy Ladurie ou encore Pierre Nora, le livre fait l'objet de critiques assez sévères. Par exemple, dans L'Express du 7 février 1981, Raymond Aron écrira : « Bernard-Henri Lévy viole toutes les règles de l'interprétation honnête et de la méthode historique. Le voilà maintenant Fouquier-Tinville, lui qui prêche la démocratie. Il oublie que la démocratie devient aisément, elle aussi, inquisitoire, sinon totalitaire. Juif comme moi, il exclut de la France et rejette dans la France noire d'innombrables écrivains ou penseurs de notre commune patrie. Intérêt public ou danger public ? » De l'autre, d'autres penseurs, journalistes et écrivains, tels Jean-François Revel, Edwy Plenel ou Philippe Sollers, considèrent toujours cet ouvrage comme le plus important, voire le plus prophétique de Bernard-Henri Lévy.

En septembre 1981, Bernard-Henri Lévy part au Pakistan avec Marek Halter et Renzo Rosselini afin de remettre aux résistants afghans trois postes d’émetteur radio, qui leur permirent de fonder « Radio Kaboul », une radio appelant à la résistance armée contre l'occupation soviétique. Ils furent achetés grâce à des fonds recueillis par le Comité des Droits de l’Homme. Contrairement à ce qu'il expliquera ensuite (« un ami de vingt ans »), il ne rencontrera pas le commandant Massoud avant 1999.

En novembre 1984, il refuse le prix Médicis pour son roman Le Diable en tête paru chez Grasset.

En mars 1987, il publie L’Éloge des intellectuels, Grasset.

En novembre 1988, il reçoit le prix Interallié pour son roman Les Derniers jours de Baudelaire publié chez Grasset.

En mai 1990, il lance une revue qu'il dirige intitulée La Règle du jeu.

En 1991, il est nommé Président de la Commission d’Avances sur Recettes au cinéma (pendant un an).

En décembre 1992, France 3 diffuse Un jour dans la mort de Sarajevo, un documentaire réalisé par Bernard-Henri Lévy et Alain Ferrari. Lévy souhaite montrer le martyre de cette ville œcuménique et la souffrance des habitants qui résistent héroïquement à des bombardements incessants. (Guerre du Kosovo)

Le 19 juin 1993, il épouse l'actrice Arielle Dombasle à Saint-Paul-de-Vence.

En juillet 1993, il devient président du Conseil de surveillance de la chaîne Arte.

[modifier] De 1994 à 2005

En mai 1994, à l'occasion des élections européennes, il participe à la constitution de la liste « L'Europe commence à Sarajevo » pour contraindre les partis politiques à prendre en compte la situation dans les Balkans. Dirigée par Léon Schwartzenberg, elle comprend, outre Bernard-Henri Lévy, Romain Goupil, Pascal Bruckner, André Glucksmann, Michel Polac, Alain Touraine[2]... De nombreuses personnalités soutiendront la liste tels: Marek Halter, Susan Sontag et Paul Auster, la Sud-Africaine, prix Nobel de littérature, Nadine Gordimer, l’ancien maire de Belgrade Bogdan Bogdanovic. Cependant, le 30 mai, à quelques jours des élections, Bernard Henry Levy annonce le retrait de la liste, déclarant : « L'effet a atteint tous les objectifs possibles, on ne peut pas faire mieux, le but n'a jamais été d'envoyer cinq députés pro-Bosniaques à Strasbourg, mais de faire que chaque député européen ait la Bosnie en tête »[3]. Maintenue par Léon Schwartzenberg, cette liste, qui avait été créditée un temps de 12% d'intentions de vote[4], obtient finalement 1% des suffrages exprimés.

Contre la purification ethnique au Kosovo, il publie en octobre 1994 La Pureté dangereuse, Grasset. Son combat pour les intellectuels de Bosnie-Herzégovine se poursuivra et débouchera sur la publication en février 1996 du livre Le Lys et la Cendre ; Journal d'un écrivain au temps de la guerre de Bosnie, Grasset

En 1997, il réalise au Mexique un film de fiction, Le Jour et la Nuit, avec son épouse Arielle Dombasle, Alain Delon et Karl Zéro. Ce film bénéficie d'une avance sur recette exceptionnelle de plus de 1,2 millions d'euro, mais l'œuvre est un échec critique et public retentissant à un niveau international, et demeure à ce jour sa seule tentative de cinéma « pur ».

En septembre de la même année il cède les parts que possède sa famille dans la société BECOB (entreprise spécialisée dans le commerce de bois tropicaux) pour la somme de 750 millions de francs, à un ami de longue date, l’industriel François Pinault. Sa fortune actuelle est évaluée à environs 150 millions d’euros. En mars 1998, Entrevue décide d’envoyer une équipe enquêter sur la BECOB, mais leur reportage ne sera jamais publié BHL étant intervenu directement auprès d'Arnaud Lagardère, propriétaire du journal, pour faire passer le reportage à la trappe. Cependant une ONG britannique enquête sur l'impact environnemental de la BECOB en Afrique et ce faisant met en évidence les conditions de quasi-esclavagisme dans lesquelles travaillaient, de 1983 à 1997, les employés d'INTERWOOD, une filiale de la BECOB au Gabon. [1]

En 1998, il se fait journaliste de la guerre civile algérienne pour le journal Le Monde ( « Le jasmin et le sang », le 8 janvier et « La loi des massacres », le 9 : « Ils préfèrent passer pour des assassins que pour des incompétents ».)

En 2000, il publie Le Siècle de Sartre aux éditions Grasset.

En juin 2000, il fonde avec Alain Finkielkraut et Benny Lévy, à Jérusalem, l'Institut d'Études Lévinassiennes, consacré à la pensée et à l'œuvre du philosophe Emmanuel Lévinas.

En février 2002, le président de la république Jacques Chirac et le premier ministre Lionel Jospin confient à Bernard-Henri Lévy la mission de se rendre en Afghanistan pour contribuer à la reconstruction culturelle d’un Afghanistan libre. À son retour en France au printemps, Lévy présente son Rapport au Président de la République et au Premier Ministre sur la contribution de la France à la reconstruction de l’Afghanistan publié par La documentation Française et Grasset, qui comporte en seule annexe: un discours de Bernard-Henri lui-même [2].

Dans la montée à la guerre en Irak, il s'y déclare favorable sur le principe[5], mais la dénonce comme « politiquement désastreuse » notamment à cause des conséquences négatives qu'il entrevoit en matière de lutte contre le terrorisme[6].

En mai 2003, il publie Qui a tué Daniel Pearl? aux éditions Grasset.

En juillet 2005, il participe au colloque consacré à Jean-Paul Sartre au centre culturel international de Cerisy.

[modifier] De 2006 à 2007

En janvier 2006, il publie aux éditions américaines Random House son livre sur les États-Unis, American Vertigo, parution précédée d'une tournée de conférences dans ce pays.

En novembre 2006, il soutient Dominique Strauss-Kahn lors de la primaire interne du Parti Socialiste qui doit désigner le candidat du parti pour l’élection présidentielle. Il annonce voter Ségolène Royal (finalement désignée par les socialistes) dès le premier tour de la présidentielle du printemps 2007 la considérant comme « courageuse ». Il a rendu public son choix après les propos du candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy sur la pédophilie et le suicide qu'il juge « inacceptables ».

En octobre 2007, à l'occasion de la sortie de son livre sur le Parti Socialiste Ce grand cadavre à la renverse (Grasset), il s'est lancé dans de nouvelles attaques contre Nicolas Sarkozy en fustigeant son Discours de Dakar et son rédacteur conseiller du président de la République Henri Guaino. « L'homme africain, disait le texte, n'est pas assez entré dans l'Histoire. Jamais il ne s'élance vers l'avenir. Dans cet univers où la nature commande tout, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine, ni pour l'idée de progrès. » « C'est un discours raciste » affirme t-il. « BHL est un petit con prétentieux » réplique le conseiller. Ce discours a pourtant obtenu une réaction positive de la part du Président Sud Africain Thabo Mbeki. Quant à Jacques Julliard, éditorialiste du Nouvel Observateur, il a affirmé: « J'ai lu le discours de Dakar,. C'est un discours profondément anti colonialiste. Ce n'est pas un discours raciste. Je dois cet hommage à la vérité. » (Le Monde 23 octobre 2007). Cependant, une lettre ouverte écrite par plusieurs intellectuels africains dénonce l'aspect paternaliste et raciste du discours du président[7]. Les avis sont donc plus que mitigés à propos de ce discours.

Depuis le début de l'année 2007 il est actionnaire[8] et membre du conseil de surveillance[9] du journal Libération.

[modifier] Travaux

Critique du totalitarisme

Parution en 1977 de « La Barbarie à visage humain », essai qui déclenche de vives réactions car il s’inscrit en faux contre les repères théoriques qui prévalent à gauche. Il y analyse pour les rapprocher, aussi bien les effets du fascisme que de la version totalitaire du socialisme d’État pour tenter d’en faire un bilan pour la période contemporaine. BHL, à la fois dans la dénonciation du fascisme et du communisme historique, se veut le représentant d’une génération venue après la double catastrophe du fascisme et du stalinisme, afin de repenser la politique en sortant des schémas totalitaires. Ce faisant il s’autorise à un surplomb de l’histoire qui lui vaut à la fois un grand succès et les critiques de nombre de philosophes qui lui reprochent la rapidité de ses analyses.

Sur ce terrain de la dénonciation du totalitarisme stalinien, il rencontra André Glucksmann (auteur du « Discours de la guerre »), investi au même moment dans la dénonciation du Goulag soviétique et attaché à faire connaître l'œuvre d'Alexandre Soljenitsyne (« l'Archipel du Goulag »).

« Le Testament de Dieu » paru en 1979 prolonge « La Barbarie à visage humain » Le livre analyse le nihilisme contemporain dû à l’oubli de la loi. Il oppose au nihilisme, la sagesse biblique où se trouvent, selon lui, les sources les plus riches des idées de résistance et de liberté, qui peuvent être reprises pour la politique aujourd’hui.

Analyse du « fascisme » français

En 1981 il publie « L’Idéologie Française », un ouvrage décrivant ce qui serait une tradition spécifiquement française du fascisme. Suivant en ceci les travaux de l'historien israélien Zeev Sternhell, et des historiens français comme Henry Rousso ou Pierre Milza, eux-même suivant l’historien américain Robert O. Paxton[10], ce livre s'intéresse à l'histoire de la France sous le régime de Vichy et de la collaboration. Bernard-Henri Lévy dénonce des traits d'un « fascisme à la française » qui serait fondé sur certaines valeurs traditionnelles conservatrices : les valeurs du terroir et le culte de la terre, le dénigrement de l’esprit cosmopolite, un certain nationalisme, la haine des idées et des intellectuels ainsi que l’opposition à l’esprit des Lumières. Il rappelle que Maurras, Drumont ou Pierre Drieu La Rochelle appartiennent aussi à l'esprit français. La mise en évidence d'actes de collaboration entre la France et l'Allemagne nazie — notamment via Klaus Barbie, Paul Touvier et Maurice Papon — illustrerait ainsi ce « fascisme à la française ». Cet ouvrage a été et reste controversé.[réf. nécessaire]

En 1987 c’est « Éloge des Intellectuels » où il réfléchit sur le rôle des intellectuels au XXe siècle comme conscience de leur temps, depuis l’affaire Dreyfus.

Engagement international

Les guerres et événements tragiques en Algérie, en Bosnie-Herzégovine et au Rwanda donnent lieu à un ouvrage « La Pureté dangereuse » où il voit le délire de pureté à l’œuvre dans ces diverses situations. Il établit les caractéristiques de l’intégrisme.

En 1989, après la fatwa contre Salman Rushdie, Bernard-Henri Lévy s’engage dans la défense de l’écrivain, dont il fait un emblème et l'objet d’un de ses combats. En 1999 Bernard-Henri Lévy publie avec Salman Rushdie « Questions de Principe Six ».

En 2000 il publie « Le Siècle de Sartre » dans l’héritage duquel Bernard-Henri Lévy s’inscrit, pour ses combats politiques. Ouvrage qui connut un grand succès auprès d’un large public non spécialisé. Ce livre est, de tous ceux de Bernard-Henri Lévy, celui qui reçut le plus grand nombre d’éloges de la part des critiques.

« Les damnés de la guerre » est un essai à partir de reportages effectués en Angola, au Sri-Lanka, au Burundi, en Colombie, au Soudan et parus en France dans Le Monde, en Italie dans le Corriere della Sera, et dans el Mundo en Espagne, qui donnent un livre intitulé « Réflexions sur la Guerre, le Mal et la fin de l’Histoire », 2001.

Plus journaliste que philosophe, le modèle dont se réclame Bernard-Henri Lévy est celui de Sartre, soit: le philosophe investi dans les événements et les luttes de son temps, pour qui le monde est aussi bien un terrain d'étude que d'intervention pour la philosophie. Sa pratique concrète se référant, elle, plutôt au modèle laissé par les sophistes. Se confrontant au monde et à son devenir et prenant parti dans le cours de l’histoire (« ce sont les hommes qui font l’histoire » thèse bien connue de Sartre, impliquant la responsabilité envers l'histoire), le philosophe, pour Sartre, doit savoir se salir les mains (ceci en référence au texte de Sartre « Les mains sales »). Ce titre faisait allusion à un jugement à propos de Kant pointant la limite de la pensée politique de celui-ci, à savoir une philosophie pour un homme qui n'aurait « pas de mains » : un homme qui ne serait ni travailleur (avant que ne viennent Hegel et Marx pour le contredire), ni ne serait contraint de faire le mal pour parvenir à un bien -– contrairement à ce que Machiavel disait être une nécessité pour l’homme politique. En revanche, sur le modèle de Sartre, B.-H. Lévy pense qu'appartient à la philosophie la responsabilité d’alerter les consciences et de prendre le risque du jugement en politique. Le philosophe, selon Sartre, enseigne à renoncer à l'angélisme et à tout idéal de pureté. Bernard-Lévy à sa suite pense, comme Sartre, que la philosophie est « en situation » (références aux ouvrages de Sartre « Situations I. II. III. IV ») et doit s'ouvrir aux affrontements du monde pour y prendre parti et savoir défendre les causes de la liberté. Héritage d'une tradition marxiste, plutôt sur le versant de Sartre, par conséquent.

[modifier] Controverses

Reproches d'ordre général

Bernard-Henri Lévy s'est attiré des critiques sévères. Les principaux reproches qui lui sont faits sont de plusieurs types :

  • la prise de liberté avec la vérité et les faits. C'est un reproche fait par exemple par l'historien Pierre Vidal-Naquet et par Cornelius Castoriadis [11].
  • la place qu'il prend dans les médias. En particulier le sociologue Pierre Bourdieu lui a reproché de côtoyer Jean-Luc Lagardère, homme influent du monde des médias et de l’industrie de l’armement.
  • sa défense des intérêts géopolitiques des États-Unis.
  • ses prises de position en faveur du mouvement sioniste.
  • son manque d'inventivité en matière de sujets philosophiques.

Il est accusé par certains éditorialistes d'être un philosophe « de comptoir » s'exprimant de manière assez hâtive sur bon nombre de sujets dont il ne maîtrise pas forcément les tenants et les aboutissants, et étant assez peu disposé à écouter la critique qu'il rejette systématiquement avec véhémence. D'où le surnom que certains satires lui ont prêté de philosophe de pensée « prêt à porter ».

On l'accuse également de n'avoir aucun attrait pour l'aspect social du socialisme, pourtant corollaire du mouvement, et de préférer mai 68 au Front populaire. Il avoue lui même que  : «Oui, c’est vrai, je me suis plus intéressé à la misère bosniaque qu’à la misère au coin de la rue. Je suis un peu sourd à la question sociale. Que voulez-vous, on écrit avec son intelligence et son inconscient.» [12]

Il est l'un des philosophes français ayant fait l'objet du plus grand nombre de pamphlets.

Il réserve de nombreuses piques à internet dans le sens communautaire et considère la blogosphère comme « nombrilisme planétaire », colporteuse de ragots et source d'information peu recommandable.

Il tient un Bloc-notes hebdomadaire dans le magazine français Le Point et il préside le Conseil de Surveillance de la chaîne Arte.

Qui a tué Daniel Pearl ?

Les critiques :

  • L'épouse de Daniel Pearl, et les autres membres de la famille de ce dernier, reprochent à BHL un « viol littéraire »[13], et ils contestent la vérité de ce livre. Mme Pearl a déclaré à ce sujet que Bernard-Henri Lévy est un homme dont « l'ego détruit l'intelligence ».[14]
  • Le spécialiste du sous-continent indien, journaliste au Guardian et historien William Dalrymple a publié dans Le Monde diplomatique une critique sévère du « romanquête » sur l'assassinat de Daniel Pearl[15]. Il y accuse notamment Bernard Henri Lévy de confondre certaines villes, ainsi que de donner une image selon lui détestable de l'Islam. Lévy a obtenu un droit de réponse, où il répond aux critiques de son contradicteur[16]. Notamment, il souligne avoir donné un point de vue plutôt élogieux sur l'Islam dans le dernier chapitre de son ouvrage (dix pages). Ce droit de réponse a, à son tour, suscité une réponse de Dalrymple, toujours dans le Monde Diplomatique[17].

Les louanges

Inversement, d'autres lecteurs ont loué l'ouvrage. Edwy Plenel, alors rédacteur en chef du journal Le Monde, a apprécié différemment Qui a tué Daniel Pearl ?. Recevant le 26 avril 2003 B-H. Lévy, collaborateur régulier du journal Le Monde dans le cadre de son émission sur la chaîne d'information LCI, il déclare  : « Ce qui fait à mes yeux toute la force de ce livre : c’est une enquête, c’est des faits. [...] Il faut le lire. Pensez contre vous-mêmes en lisant ce livre Qui a tué Daniel Pearl ? ». Le même jour, sur France Culture, Jean-Claude Casanova et Jean-Marie Colombani, accueillent Bernard-Henri Lévy, et le second affirme : « à nos yeux, Jean-Claude Casanova et moi-même, ce livre est évidemment très important [...] C’est un livre qui restera comme témoin des moments de l’histoire que nous vivons [...] un livre fort, important. Je crois qu’on ne peut pas passer à côté de cet ouvrage. ». Connaissant les polémiques existant autour de la personne de Bernard-Henri Lévy, il n'est peut-être pas anodin de souligner que Lévy et Colombani sont amis comme le soulignent Beau et Toscer.
American Vertigo
  • American Vertigo de Bernard-Henri Lévy, suscite la controverse chez les critiques littéraires aux États-Unis. Des journalistes américains ont chroniqué le contenu du livre, publié en anglais le 24 janvier 2006 aux États-Unis, plusieurs semaines avant sa parution en France. Il s'agit d'un essai d'actualité sur le modèle du livre De la démocratie en Amérique d'Alexis de Tocqueville écrit suite à son séjour en Amérique en 1830.
« C'est un livre sur les États-Unis, originellement écrit en français (...) mais qui s'adresse principalement à une audience américaine (...) et lire les impressions d'un étranger sur ses propres terres peut être irritant », selon l'écrivain Brendan Bernhard. Un deuxième article du Los Angeles Times, le 22 janvier, cette fois sous la plume de Marianne Wiggins, affirme qu'il a beau être enthousiaste sur le pays (il se présente comme un anti-anti-américains) il ne saisit pas pour autant sa « réalité quotidienne ». Marianne Wiggins reproche aussi au livre d'être au fond sensationnaliste et de manquer de sérieux, de s'intéresser plus aux vedettes qu'au vrai monde. « On est loin de Democracy in America, de Tocqueville, ou de On the Road, de Jack Kerouac, écrit-elle.Le livre de Lévy a peut-être un seul mérite, celui de nous faire découvrir combien nous avons été bénis d'avoir eu chez nous un Français qui réfléchissait sur notre avenir! Vive Monsieur de Tocqueville! Lisez-le, lui, l'original. »
Dans le Wall Street Journal, Harvey Mansfield, traducteur de Tocqueville, écrit le 27 janvier qu'il manque de gratitude pour la démocratie en Amérique, et le livre du même nom.
Le prestigieux supplément littéraire du New York Times, va beaucoup plus loin : « Sur plus de 300 pages, personne ne blague, personne ne semble travailler, personne ne se met à table et semble profiter du repas », y affirme Garrison Keillor, écrivain qui n'a pas apprécié les reportages peu représentatifs selon lui de son pays choisis par Bernard-Henri Lévy. Il lui reproche en outre de ne s'être intéressé qu'aux clichés retenus depuis 50 ans par les Français: les rues de Las Vegas, Beverly Hills, les freak shows, les obèses, le festival de l'Iowa, (État champion du kitsch), le club échangiste de San Francisco où règne un travesti qui a des seins gigantesques en silicone… « Comme toujours pour les écrivains français, Lévy est court sur les faits et long sur les conclusions », a-t-il ajouté avant de dénoncer son amour « infantile » pour les paradoxes: l'Amérique est magnifique mais folle, avare mais modeste, ivre de matérialisme et religieuse, puritaine et scandaleuse. La photo de BHL fait cependant la Une, sur une pleine page, du supplément, ce qui devrait lui apporter plus de publicité pour son livre initialement tiré à 75 000 exemplaires selon des sources proches de l'édition.
Le New York Magazine, sous la signature de Carl Swanson, publie un papier intitulé « American psychoanalyst », dans lequel l'intellectuel est ridiculisé en rockstar pas vraiment animé par la haine de soi, dandy baudelairien marié à une belle extra-terrestre, parcourant les États-Unis dans une voiture avec chauffeur (ce que BHL justifie par son absence de permis : « une infirmité ») sans songer que celui qui prétend vouloir connaître un pays ferait mieux de s'en remettre d'abord à ses deux pieds et aux transports en commun (pas besoin de permis pour ça). Le critique note que BHL a réussi à regarder Sharon Stone dans les yeux tandis qu'elle décroisait les jambes, et à trouver un chef Indien qui fut antisémite. Bref, l'explorateur a passé du bon temps en Amérique : « Aussi bon qu'un week-end à l'hôtel du Cap » reconnaît BHL. (Paragraphe tiré du : Blog de Pierre Assouline)
Interrogé par l'AFP Bernard-Henri Lévy se félicite de ces critiques, y compris les plus dures, estimant qu'elles sont « le signe d'un malaise » et que son but était atteint. « Cela a un vrai sens, cela veut bien dire que c'est un livre qui est fait pour avoir des effets dans le débat politique et intellectuel américain », a-t-il déclaré depuis Chicago (nord). « C'est le livre d'un ami de l'Amérique, qui critique les Américains sans tourner le dos à la grande vocation démocratique de l'Amérique », a-t-il ajouté.
Curieusement, Bernard-Henri Lévy est disposé à débattre avec ses détracteurs aux États-Unis, mais refuse catégoriquement toute pensée contradictoire ou débat en France avec les auteurs de pamphlets dont il à été l'objet.
Seuls deux critiques américains ont pris la défense de Bernard-Henri Lévy : l'un des deux articles est paru dans l'hebdomadaire de gauche The New Republic, et prend passionnément la défense de l'auteur sous la plume de Martin Peretz, son rédacteur en chef, qui estime que Bernard-Henri Lévy est « du bon côté de tous les débats fondamentaux auxquels font face les sociétés avancées ».

Après une brève apparition dans les meilleures ventes, le livre a rapidement chuté au classement.

Ouvrages critiques

Dernièrement, de nombreux ouvrages consacrés à Bernard-Henri Lévy ont fait leur apparition :

  • Le livre Le B.A. BA du BHL, Enquête sur le plus grand intellectuel français, de Jade Lindgaard (journaliste) et Xavier de la Porte (producteur) a soutenu l'idée d'une supposée « mythomanie » de Lévy affirmant que contrairement à ses assertions répétées, il n'avait fait que croiser le commandant Massoud, dont il prétendait pourtant « être un ami de vingt ans ». Les critiques réservées à cette biographie très polémique ont toutefois relevé ses défauts, sa tendance à la caricature (Voir l'article : Mauvais procès).
  • Une imposture française, livre polémique, que les journalistes Nicolas Beau et Olivier Toscer consacrent à Bernard-Henri Lévy, est sorti.
Ce livre, paru en librairie le 23 février 2006, avec une orientation visiblement très polémique, provoque de vives réactions et notamment de l'intéressé :
« Grâce à ses relations dans les médias, Bernard-Henri Lévy n'hésite pas à corriger, voire à empêcher la parution d'articles qui lui déplaisent. Ce livre donne les recettes de cet attaché de presse toujours sur le pont, si efficace pour lui-même et pour ses amis.
Profitant de cette impunité médiatique, Bernard-Henri Lévy se permet beaucoup de liberté dans ses « enquêtes » au Pakistan, en Afghanistan ou en Algérie. Ce livre raconte ses plus beaux trucages.»
Voici quelques passages du livre consacré aux rapports entre BHL et le journal L'Express et surtout une chronique qui relate avec humour les manœuvres de Bernard-Henri Lévy contre ce livre.
À propos de ces ouvrages critiques
  • À ce propos, Josyane Savigneau, dans Le Monde des livres du 1er juillet 2005, consacre un article à propos du livre de Philippe Boggio, Bernard-Henri Lévy, une vie (La Table ronde), où elle relève cette étrange "frénésie" qui a pris plusieurs journalistes de vouloir s’en prendre à Bernard-Henri Lévy (collaborateur régulier du Monde des Livres) :
« En 2004, l’édition française a été saisie d’une étrange frénésie à propos de Bernard-Henri Lévy. On annonçait cinq livres sur cet intellectuel "à abattre", comme le titrait un journal
« Tandis que Boggio, qui a écrit une biographie sérieuse, est beaucoup moins cité par les media », remarque-t-elle
« Boggio avait d’emblée annoncé son intention de faire "une vraie biographie, à charge et à décharge" et non "un essai approximatif". Ce n’est guère dans l’air du temps. Aussi son travail, sérieux […], a-t-il moins excité les médias que les deux essais précédents ».
Josyane Savigneau précise encore ceci :
« Il [Boggio]rappelle les critiques, les stupides comme les prestigieuses, celles de Deleuze, de Vidal-Naquet et d’autres. Mais aussi les soutiens, dont celui de Barthes. »

[modifier] Entartages

Bernard-Henri Lévy sera victime de sept entartages en Belgique et en France et prendra très mal sa tarte à la crème reçue en 1985, flanquant par terre Noël Godin dit Le Gloupier, pour lui intimer ensuite : « Lève-toi vite, ou je t'écrase la gueule à coups de talon ! ». La scène, filmée, a été largement diffusée, notamment par Coluche et Pierre Desproges [3]. Cela lui a également valu une chanson de Renaud, « L'entarté ».

Lors du Salon du livre de Paris le 18 mars 2006, Bernard-Henri Lévy a été entarté à deux reprises, selon le Quotidien permanent du Nouvel Obs [4].

[modifier] Ouvrages

  • Bangla-Desh, Nationalisme dans la révolution, 1973.
  • La barbarie à visage humain, 1977.
  • Le testament de Dieu, 1978.
  • Idéologie française, 1981.
  • Le diable en tête, 1984.
  • Eloge des intellectuels, 1988.
  • Les derniers jours de Charles Baudelaire, 1988.
  • Les aventures de la liberté, 1991.
  • Le jugement dernier, 1992
  • Les hommes et les femmes, 1994.
  • La pureté dangereuse, 1994.
  • Le siècle de Sartre, 2000.
  • Réflexions sur la Guerre, le Mal et la fin de l’Histoire, 2002.
  • Qui a tué Daniel Pearl ?, 2003.
  • Récidives, 2004.
  • American Vertigo, 2006.
  • Ce grand cadavre à la renverse, 2007.

[modifier] Bibliographie

  • François Aubral et Xavier Delcourt : Contre la nouvelle philosophie, Paris, Gallimard, 1977.
  • Dominique Lecourt, Les piètres penseurs, Paris, Flammarion, 1999.
  • Jade Lindgaard et Xavier de la Porte, Le B.A. BA du BHL : Enquête sur le plus grand intellectuel français, Paris, La Découverte, 2004.
  • Philippe Cohen, BHL, une biographie, Paris, Fayard, 2004.
  • Philippe Boggio, Bernard-Henri Lévy : une vie, Paris, la Table ronde, 2005.
  • Nicolas Beau et Olivier Toscer, Une imposture française, Paris, Les Arènes, 2006, [5].
  • A noter un roman qui met en scène Bernard-Henri Lévy (une jeune fille qui pourrait bien être BHL après une étrange métamorphose) et Frédéric Beigbeder : BHL, Bérénice et Frédéric B. paru en 2004 aux éditions Le Bord De L'eau.
  • Marc Villemain : Monsieur Lévy, paru chez Plon en 2003. Ce livre, qui mêle les genres et les registres, raconte l'apprentissage intellectuel et politique de son auteur, lequel rend un hommage personnel au rôle joué par Bernard-Henri Lévy dans sa propre vie. C'est, chronologiquement, le premier paru sur "BHL".

[modifier] Liens externes

wikt:

Voir « béachélien » sur le Wiktionnaire.

[modifier] Notes et références