Patriarcat d'Aquilée

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Le Patriarcat d’Aquilée était une entité politico-religieuse qui a existé de 568 à 1751 qui, avant tout sous le profil ecclésiastique, administrait un territoire très vaste avec au centre l’actuel Frioul.
Il est fondamental de distinguer entre la réalité ecclésiale et réalité politico-territoriale. Comme réalité ecclésiale, le Patriarcat d’Aquilée a été le plus grand diocèse et métropole ecclésiale de tout le moyen-âge européen. La seconde dignité après Rome. Jusqu’en 811, sa juridiction ecclésiastique arrivait jusqu’au fleuve Danube au nord, au lac Balaton à l’est et à l’ouest jusqu’à Côme. Au sud, il a eu la juridiction ecclésiale de l'Istrie jusqu’en 1751, année de son extinction. En 811, l'empereur Charlemagne porta les confins nord, du fleuve Danube au fleuve Drave. Le Patriarcat étendait sa souveraineté sur les diocèses épiscopaux inclus dans sa juridiction métropolitaine et en nommait l’évêque. Sa cour était internationale parce qu’elle comprenait des peuples de langue et ethnie diverses. Il réunissait les mondes latins, germaniques et slaves.

En plus de mener l'autorité religieuse, les Patriarches d’Aquilée obtinrent l’investiture féodale (1077-1420) sur le Frioul - Patrie du Frioul - et en plusieurs périodes historiques les confins géopolitiques du patriarcat s’étendaient jusqu’à l’Istrie, Cadore (Dolomites), Carinthie, Carniole et Styrie.
Les cités principales de telles entités furent : Aquilée, Forum Iulii (l'actuelle Cividale del Friuli) et Udine.

Sommaire

[modifier] Christianisation d'Aquilée

Aquilée fut une florissante cité portuaire romaine.

Icône de détail Article détaillé : Aquilée.

Aquilée devient vite un important centre de christianisation pour l'Italie nord-orientale et les régions limitrophes, déjà au IVe siècle, son archevêque était éminent de par l’étendue du territoire sous sa compétence juridique et la liturgie officiée selon le rite, appelé plus tard, rite patriarcal, resté en vigueur jusqu’en 1596. En 381, à Aquilée un concile fut célébré, promu par saint Ambroise de Milan et présidé par l’archevêque d’Aquilée, Valeriano, qui condamna les évêques pro-arianistes Pallade de Ratiaria (Bulgarie) et Secondiniano de Singidunum (Serbie) et les doctrines ariennes diffusées en Occident.

[modifier] Fondation du Patriarcat

La basilique patriarcale de Aquilée.
La basilique patriarcale de Aquilée.

En 554, les archevêques métropolitains de Milan et Aquilée se refusèrent à adhérer à la condamnation prononcée par l’empereur Justinien contre les thèses nestoriennes dénommées Trois Chapitres, donnant naissance à un schisme (Schisme des trois chapitres) : en 557 durant le synode provincial convoqué à Aquilée pour l’élection du nouveau métropolitain Paolino, succédant à Macedonio, avec la participation des évêques des diocèses, décidèrent de ne pas reconnaître les conclusions du IIe concile de Constantinople et de rendre l’église autocéphale. En 568, sous la pression des l’invasion lombarde, Paolino transféra son siège épiscopal à Grado, sous la protection de Byzance, où il est proclamé patriarche.

L’église d’Aquilée s’était élevée au patriarcat pour souligner l’indépendance hiérarchique de Rome et Constantinople, mais en 606, le patriarcat se divise en deux, le patriarcat à Aquilée et celui de Grado : cette division est due essentiellement au changement de politique de la zone : l'entre terre frioulaine, incluant Aquilée, sous la domination lombarde et tout le littoral adriatique de la Vénétie sous l’influence byzantine. Le schisme des Trois Chapitres fut définitivement abandonné en 699 avec le concile de Pavie, et le retour d’ Aquilée dans l’orthodoxie catholique. Même après la réconciliation entre les parties, le diocèse de Aquilée continua à être divisée, jusqu’à ce qu’en 731, fut officialisée la séparation entre le Patriarcat d’Aquilée et le Patriarcat de Grado.

Appartenant au duché du Frioul pendant l'occupation lombarde, à la suite de la conquête des Francs, en 952, le territoire du Frioul est intégré au Duché de Bavière, avec l’Istrie, Carinthie, et Carniole, mais déjà en 976, les territoires passèrent sous l'autorité du duché de Carinthie.

Le patriarche Poppone (1019-1042), familier et ministre de l'empereur Conrad II le Salique, consacra le 13 juillet 1031 la nouvelle cathédrale, et entoura la ville de nouveaux murs, il se protégea ainsi, afin de se libérer du contrôle du duché de Carinthie et il affronta les Vénitiens à Grado auquel il fut contraint de renoncer militairement et par la volonté d'un concile épiscolpal.

[modifier] La domination temporale des Princes-patriarches

Le 3 avril 1077, le patriarche de Beilstein obtient de l’empereur Henri IV du Saint-Empire l'investiture féodale de Duc du Frioul, Marquis d'Istrie et le titre de Prince, constituant ainsi la Principauté ecclésiastique d’ Aquilée, fief direct du Saint-Empire romain germanique.

Les successeurs de Sigeardo de Beilstein (1068-1077) restèrent fidèles à la politique de Henri IV du Saint-Empire et de son fils Henri V du Saint-Empire, faisant de l’état frioulan un poste avancé de la politique impériale en Italie. En 1186, Gotffredo il Tedesco couronne le fils de Frédéric Barberousse, Henri VI, Roi d'Italie, déposé par réaction par le pape Urbain III.

Sous le patriarche de Volchero (1204-1218), une grande impulsion fut donnée aux activités commerciales et productives, avec l’amélioration du réseau routier et de l'activité culturelle. À Volchero succéda le patriarche Bertoldo de Andechs-Merania (1218-1251), lequel avait depuis le début des visées sur la cité de Udine, qui en un temps bref passa de petit village à une métropole. Les visées de conquête des gibelins Ezzelino III da Romano et Mainardo III, comte de Gorizia[réf. nécessaire], contraindront le patriarche à chercher de l’aide dans le parti adverse, celui des guelfes, s’alliant avec Venise et avec le duc de Carinthie. Depuis 1238, le siège des patriarches devient Udine, qui le restera pour environ deux siècles. Devenu un élément de force de la ligue guelfe, le Frioul connu une période de déclin : le patriarche ne réussissait plus à conserver la cohésion entre les communes et connu de fréquentes trahisons, des conjurations et des luttes entre vassaux. Le comte de Gorizia devint le principal adversaire le l’autorité patriarcale.

En 1281, un conflit éclata avec la République de Venise pour la possession de parties de l'Istrie.

Le patriarche Bertrando (1334-1350) obtint de nombreux succès sur le plan militaire et diplomatique sans jamais négliger ses devoirs d'évêque. Le 6 juin 1350, désormais nonagénaire, il fut tué lors d'une conjuration menée par le comte de Gorizia et par la commune de Cividale. Le patriarche Marquardo di Randeck (1365-1381) passa par contre à l’histoire pour avoir promulgué (11 juin 1366) la constitution de la patrie du Frioul (Constitutiones Patriae Foriiulii) base du droit frioulan. Suivi une longue période de désaccords internes, principalement entre les cités de Udine et de Cividale. Une grande partie des communes du Frioul, les Carraresi et le roi de Hongrie se rangèrent dans le camp de Cividale; Udine obtint le soutien de Venise.

En 1411, le Frioul devient un champ de bataille pour l’armée impériale, aux cotés de Cividale, et celle de Venise, aux cotés de Udine. En décembre 1411, l’armée de l’empereur Sigismond occupe Udine; le 12 juillet 1412, le patriarche Ludovico di Teck est élu est nommé dans le dôme de Cividale. Le 13 juillet 1419, les vénitiens occupèrent Cividale et se préparèrent à la conquête de Udine, qui tombe le 7 juin 1420, après une âpre défense. Tout de suite après, Gemona, San Daniele, Venzone, Tolmezzo tombèrent ce qui marque la fin de l’état du patriarcat frioulan. En 1445, après de longues tractations, le patriarche Ludovico Trevisan accepta le concordat imposé par Venise par lequel est aboli de fait le droit d’indépendance du Frioul, qui devient une partie de la République de Venise dirigée par un « inspecteur général ».

[modifier] Fin du patriarcat

En 1751, avec la bulle pontificale, sollicitée par Venise et les Habsbourg d'Autriche, le patriarcat d’Aquilée fut supprimé et à sa place fut instauré l'archidiocèse de Udine et l'archidiocèse de Gorizia. Cela signifie le déclassement de Udine, qui devient seulement siège de l’archevêché et l'élévation de Gorizia qui, jusqu’à cette époque, était seulement archidiacre au sein des grands diocèses de Aquilée.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • (it) Francesco Barbaro: patrizio veneto e patriarca di Aquileia, Udine, Casamassima, 1984, .
  • (it) Il Friuli dal 1420 al 1797. La storia politica e sociale, Udine, Casamassima, 1998, pp. V-429 (Storia della società friulana, diretta da Giovanni Miccoli, vol. II/II).

[modifier] Sources

  • (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Patriarcato di Aquileia ». du 26/04/2008