Guelfes et Gibelins

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Au Moyen Âge, les Guelfes et les Gibelins qualifient les factions qui soutiennent la papauté ou le Saint-Empire romain germanique et qui s'affrontent en Italie aux XIIe et XIIIe siècles.

Sommaire

[modifier] Les Guelfes

Le terme Guelfes est une francisation du nom italien Guelfo (pl. guelfi) qui provient lui-même du nom de la dynastie allemande des « Welfs » et désigne la faction qui soutenait la papauté par opposition aux tenants de l'Empire, les Gibelins. L'expression pars imperii sert de synonyme noble pour le sobriquet de Gibelins, tandis que pars ecclesie à la même fonction pour les Guelfes.

[modifier] Guelfes blancs et Guelfes noirs

À la fin du XIIIe siècle, le parti guelfe se divise en deux factions : les blancs et les noirs. À l'origine de cette division est encore une querelle de clans, celle qui oppose les Vieri dei Cerchi (blancs) aux Donati (noirs). Cette division est également sociale, les Cerchi étant proches du peuple et les Donati de l'élite florentine. Ces derniers entendent s'opposer aux Ordonnances de Justice émises par Giano della Bella.

En 1300, sur la Place de la Sainte Trinité à Florence, éclate une bataille qui marquera un clivage définitif entre les deux partis. Les Guelfes noirs, très proches de Boniface VIII vont prévaloir sur les blancs incapables de se défendre convenablement, et Charles de Valois, venu de France en appui du pape, investira Florence sans rencontrer aucune résistance. Dès janvier 1302, on commence à exiler les blancs (à Ravenne notamment), dont Dante Alighieri, ainsi que le père de Pétrarque (pétrarque, l'écrivain, naquit pendant cet exil). C'est le comte de Gabrielli de Gubbio qui règne alors sur la ville.

Selon Machiavel dans Le Prince, Guelfes et Gibelins étaient tous les deux une émanation de la cité de Venise pour asseoir son pouvoir sur le nord de l'Italie.

[modifier] Dante et le guelfisme

On considère souvent que Dante, qui vécut pleinement ces événements, puisqu'il faisait partie de diverses assemblées politiques florentines, fut guelfe blanc. En effet, il fut exilé le 27 janvier 1302, à la suite d'un voyage officiel à Rome, pour y rencontrer Boniface VIII, il y sera emprisonné avant de s'évader. Mais si les vicissitudes politiques de son temps et de ses relations l'obligèrent à s'allier à plusieurs partis, il est clair que d'un point de vue doctrinal, Dante fut gibelin, comme le prouve son traité De Monarchia, qui plaide très clairement en faveur d'un empereur, unique souverain, régnant de Rome, avec la bénédiction du pape. Il mit d'ailleurs ses espoirs de rénovation impériale en la personne de l'empereur romain Henri VII, qui mourut trop tôt pour accomplir ce que Dante attendait de lui.

[modifier] Postérité

La trace des Guelfes perdure dans le Saint-Empire et la confédération germanique ; elle se retrouve jusque dans l'influence des Welfes de Hanovre dans l'Empire allemand du XIXe siècle.

Au XIXe siècle, la philosophie allemande s'inspira des guelfes et gibelins pour définir ce qui est à gauche et ce qui est à droite, ce qui est libéral et ce qui conservateur.

[modifier] Les Gibelins

Les Gibelins constituent un parti politique italien au Moyen Âge qui s'opposait à celui des Guelfes.

Les Gibelins tirent leur nom de l'italien Ghibellino (pl. Ghibellini) provenant du nom du château de Waiblingen en Bade-Wurtemberg, demeure des Hohenstaufen, l'une des deux dynasties qui se disputaient le trône du Saint-Empire romain germanique — les Guelfes soutenant celle des Welfs.

Puis lorsque les Hohenstaufen éliminèrent les Welfs, les Guelfes prirent parti de la Papauté alors que les Gibelins soutinrent l'Empire.

Les membres les plus connus de la famille des Hohenstaufen sont Frédéric Ier Barberousse (Barbarossa en allemand) et Frédéric II « Stupor Mundi », empereur, roi de Sicile et roi de Jérusalem.

La dynastie des Hohenstaufen s'éteignit en 1268avec la capture de Conradin, petit-fils de Frédéric II, après la bataille de Tagliacozzo et son exécution en place publique à Naples. Cependant l'idéologie gibeline survécut encore plusieurs siècles, principalement en Italie (par exemple Sienne), en Allemagne et en Espagne sous les Habsbourg. Au moment de la Réforme, les Gibelins devinrent les champions de la cause catholique contre des Guelfes devenus protestants.

[modifier] Le conflit Guelfes-Gibelins

La raison du conflit qui vit naître ces factions fut la succession, en 1125, de l'empereur Henri V décédé sans héritier direct. Ceux qui seront plus tard les Guelfes soutenaient une ligne politique d'autonomie contre tout type d'intervention extérieure et contre les privilèges nobiliaires et présentaient l'Église comme gage d'opposition et d'indépendance face à l'Empire. Les adversaires, futurs Gibelins, s'opposaient au pouvoir des pontifes en affirmant la suprématie de l'institution impériale : à la mort d'Henri V, les « papistes » installèrent sur le trône d'Allemagne Lothaire II, duc de Bavière, auquel fut opposé Conrad III de la famille Hohenstaufen que le pape Honorius II n'hésita pas à excommunier.

En 1138, à la mort de Lothaire II, son gendre ne parvient pas à lui succéder et les « impérialistes » triomphèrent en installant durablement les Hohenstaufen sur le trône de l'Empire, Conrad III puis Frédéric Barberousse.

À partir d'un conflit proprement allemand, l'opposition entre Guelfes et Gibelins va se répandre dans diverses parties d'Europe à des époques différentes.

Le conflit entre les Welfs et les Hohenstaufen se transposa en Italie. L'Empereur Frédéric II, régnant sur la Sicile et sur l'Italie, était un Hohenstaufen. Plus tard, lorsqu'eut lieu l'opposition entre la papauté et le Saint Empire, les partisans du pape se nommèrent naturellement « Guelfes » (Guelfo en italien), par référence aux opposants aux Hohenstaufen en Allemagne. C'en était donc bel et bien fini de l'entente papale avec l'Empereur, qui datait de la Renaissance ottonienne (fin de règne en 1002). Le conflit se montra particulièrement violent dans les cités italiennes financièrement florissantes, telles que Gênes et Florence.

À Gênes, l'une des quatre républiques maritimes d'Italie, le conflit avait pour base les querelles intestines entre les quatre familles dominantes : Grimaldi et Fieschi, qui se revendiquèrent du parti guelfe contre les familles gibelines Doria et Spinola. Non seulement ces familles pouvaient aligner des armées, mais plus encore, le pape et ses alliés, tout comme l'empereur, cherchaient à se rallier les puissantes galères génoises.

À Florence, le conflit avait également pour base les querelles entre familles, les Buondelmonte et les Arrighi, qui s'identifièrent respectivement aux Gibelins et aux Guelfes. En Toscane, cependant, la tragédie de ces guerres prit une toute autre dimension sous la plume du poète Dante.

Les Guelfes étaient partisans du pape en même temps qu'ils avaient des revendications nationalistes. En 1249, les Guelfes florentins sont soumis à un exode massif, lorsque le fils de Frédéric II, Frédéric d'Antioche, pénètre dans la cité accompagné de ses cavaliers allemands. Mais à la mort de Frédéric II (1250), les Gibelins perdent du terrain et sont obligés à leur tour de laisser Florence en 1258 pour se réfugier à Sienne, en espérant une intervention du deuxième fils de Frédéric, Manfred. Les Guelfes, alors revenus en force, sont à nouveau défaits lors de la bataille de Montaperti. Ils prennent leur revanche en février 1266, à la bataille de Bénévent. En avril de l'année suivante c'est ainsi Charles d'Anjou, principal allié du pape, qui rentre à Florence avec ses cavaliers et chasse définitivement les gibelins de la ville. Le gouvernement guelfe durera de 1267 à 1280. C'est à cette époque que le pape Nicolas III, inquiet de la prédominance croissante de la France, envoie à Florence le cardinal Latino, afin d'établir un gouvernement également partagé entre Guelfes et Gibelins.

[modifier] Liens externes

  • Esther Ouellet, Des guelfes et des gibelins : la poésie politique dans l’Italie médiévale, fabula.org
  • Jacques Heers, Guelfes et Gibelins, Clio.fr

[modifier] Articles connexes