Oreillons

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Les oreillons ou parotidite virale sont une maladie virale humaine (due au virus ourlien) atteignant principalement les glandes parotides et le tissu nerveux du jeune enfant mais pouvant atteindre l'adulte.

On note que le nom ne s'emploie qu'au pluriel (les oreillons). L'adjectif associé est ourlien.

Son code est B26 selon la liste de codes CIM-10 des maladies.

C'est une maladie contagieuse évoluant sur un mode saisonnier (épidémie fin de l'hiver-début du printemps) des climats tempérés atteignant les collectivités. Son temps d'incubation est d'environ trois semaines. L'inflammation virale touche les glandes parotides chez l'enfant, avec atteinte possible des testicules (orchite). Cette atteinte des testicules, bénigne chez l'enfant, ne l'est jamais chez l'adulte et peut entraîner de graves complications (stérilité par exemple).

Avant le développement de la vaccination, c'était une maladie infantile courante et cosmopolite. De nos jours, elle est encore une sérieuse menace à la santé dans le Tiers monde. La surveillance de l'évolution de l'incidence en France est effectuée par le réseau Sentinelles de l'Inserm.

Les oreillons causent en général un grossissement douloureux des glandes salivaires ou des glandes parotides .

Sommaire

[modifier] Épidémiologie

Avant la généralisation de la vaccination, les oreillons survenaient par épidémies hivernales et printanières tous les 4-5 ans[1]. La maladie était très fréquentes puisque près de 90% des adolescents ont une sérologie ourlienne positive[2].

La vaccination a presque complètement supprimé les formes de l'enfance et a paradoxalement augmenté le nombre de cas chez l'adulte jeune, souvent ayant reçu une vaccination incomplète, mais parfois correctement vaccinés[3].

[modifier] Cause et mécanisme

Icône de détail Article détaillé : virus ourlien.

Le virus ourlien est un paramyxovirus, Myxovirus parotidis, virus à ARN, et est transmis de personne à personne par voie aérienne, par des gouttes de salive ou des contacts directs infectés par la salive par exemple.

Le virus se réplique dans l'appareil oro-pharyngé d'où il peut se disséminer vers l'ensemble de l'organisme par voie sanguine.

Les glandes parotides (glandes salivaires situées entre l'oreillle et la machoire) sont généralement touchées. Le virus s'y développe produisant un œdème local avec une infiltration de lymphocytes et de macrophages. Les enfants non vaccinés entre 2 et 12 ans sont les plus fréquemment touchés, mais l'infection se rencontre dans les autres groupes d'âges.

L'enfant est contagieux pendant environ deux semaines, de quelques jours avant l'apparition des signes jusqu'à quelques jours après la guérison[4].

L'œdème de certains tissus peut provoquer une nécrose et conduire, sur les testicules, une atrophie(ils deviennent de petite taille) de ces derniers. Le virus peut également passer dans le système nerveux central à travers la barrière hémato-encéphalique et chez le fœtus à travers la barrière hémato-placentaire[5].

[modifier] Signes

Tuméfaction des glandes parotides.
Tuméfaction des glandes parotides.

L'incubation dure environ trois semaines (15 à 24 jours)[6].

La phase d'invasion, de courte durée, se manifeste par une fièvre, un malaise, des otalgies (douleur à l'oreille). L'examen peut retrouver alors une douleur lors de la pression des glandes parotides

La période d'état, qui dure environ une semaine, est marquée par une fièvre accompagnée de céphalées. Il existe une tuméfaction bi ou unilatérale des glandes parotides avec une douleur qui irradie vers les oreilles avec de la gêne ou de la douleur lors de la mastication. L'atteinte des deux parotides peut être simultanée mais est souvent décalée de plusieurs jours. L'examen clinique retrouve des adénopathies (ganglions augmentés de volume). L'atteinte des autres glandes salivaires est plus rare.

[modifier] Biologie

Le diagnostic repose essentiellement sur les symptômes et l'examen clinique et il est le plus souvent inutile de requérir d'autres examens.

La numération-formule sanguine est normale. Le taux d'amylase sanguin est augmentée, que l'atteinte soit parotidienne ou pancréatique.

En cas de méningite, la ponction lombaire ramène un liquide clair (« eau de roche ») et son analyse montre un nombre de lymphocytes augmentés comme dans les méningites virales.

Le virus peut être isolé au niveau de la salive, le liquide céphalo-rachidien ou de l'urine. Il est rarement trouvé dans le sang. Il peut être également mis en culture. Historiquement, il était caractérisé par ce biais par l'observation de son effet sur les cellules. Actuellement, il est identifié grâce aux techniques de PCR sur le tissu contaminé, avec un rendement bien supérieur à la simple mise en culture, notamment au niveau du liquide céphalo-rachidien[7].

La sérologie (dosage des anticorps dirigés contre le virus ourlien) permet également de confirmer le diagnostic de la maladie en cas de doute. Les IgM sont détectables quelques jours après l'apparition des premiers signes[8]. Ils peuvent cependant être normaux s'il s'agit d'une nouvelle infection par un virus ourlien d'un sérotype différent (ou après une vaccination)[9]. L'augmentation des IgG sur deux prélèvements séparés de quinze jours peut alors être un indice de l'atteinte par la maladie.

[modifier] Évolution

Son évolution est habituellement bénigne, voire asymptomatique dans environ un tiers des cas[5]. Un autre tiers des cas se manifeste par des signes de maladie grippale non spécifiques et seul chez le dernier tiers apparaît un gonflement douloureux des glandes parotides, signe typique de la maladie.

La maladie confère une immunité à vie, même lorsqu'elle est asymptomatique, mais ne concerne que le sérotype du virus ourlien concerné, rendant possible théoriquement une nouvelle maladie. La répartition géographiques des différents sérotypes font qu'une nouvelle infection est, en pratique, peu courante.

[modifier] Complications

Une orchidomégalie (gonflement des testicules) apparait dans 15 à 30% des cas chez les adultes hommes infectés[5]. Elle est bilatérale dans environ un quart des cas. Elle évolue vers une diminution de taille du testicule atteint dans un peu moins de 50% des cas, avec plus rarement, une diminution du nombre de spermatozoïdes[5], aboutissant très rarement vers une stérilité. La production d'hormones par le testicule atteint ne semble pas affectée. De même, l'orchite ourlienne ne semble pas être un facteur de risque du cancer testiculaire[5].

Une méningite virale est observée dans environ 5% des infections Elle survient le plus souvent après l'atteinte des parotides mais peut apparaître de manière totalement isolée. Comme toute méningite, elle se manifeste par une fièvre, des céphalées, une raideur de la nuque. Son évolution est typiquement bénigne. Dans de rares cas, une torpeur avec des convulsions peuvent apparaître, signant une encéphalite. L'évolution en est favorable dans la quasi-totalité des cas.

Une surdité unilatérale et transitoire, surtout pour les fréquences aiguës, peut compliquer la maladie[10].

Chez les personnes âgées, d'autres organes peuvent être touchés, comme le système nerveux central, le pancréas, la prostate, les seins, et d'autres organes.

Durant la grossesse, les oreillons peuvent provoquer un avortement spontané relativement tôt mais il ne semble pas exister d'augmentation de risque de malformations[5].

[modifier] Traitement

Il n'y a pas de traitement spécifique des oreillons. Les symptômes peuvent être soulagés par repos au lit, l'application intermittente de glace ou de chaleur sur la zone du cou atteinte, des antipyrétiques et des analgésiques tels le paracétamol par voie orale pour soulager la douleur. Ne pas donner d'aspirine à des enfants atteints d'une maladie virale vu le risque de syndrome de Reye. Des gargarismes à l'eau chaude salée, des aliments doux et un apport de liquides peuvent également contribuer à soulager les symptômes.

Les jus de fruits sont à éviter, car ils stimulent les glandes salivaires, avec la douleur qui s'ensuit.

[modifier] Vaccination

Le vaccin anti-ourlien existe depuis 1968.

La prévention est basée sur la vaccination, soit faite de manière isolée soit associée à la rougeole et à la rubéole. Cette vaccination est conseillée durant l'enfance. On recommande 2 doses de vaccins à 15 mois et entre 3 et 6 ans. Le taux de couverture vaccinale dépasse les 95% dans les pays industrialisés entraînant une réduction du même ordre de l'incidence de la maladie[5].

Le vaccin est un virus vivant atténué et est dirigé actuellement contre plusieurs sérotypes viraux. Il est, en règle, efficace, mais certaines souches sont plus résitantes[11].

Le vaccin est bien toléré. Rarement, il peut provoquer une méningite aseptique d'évolution bénigne[5].


[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Edmunds WJ, Gay NJ, Kretzschmar M, Pebody RG, Wachmann H, The pre-vaccination epidemiology of measles, mumps and rubella in Europe: implications for modelling studies, Epidemiol Infect, 2000;125:635-650
  2. Galazka AM, Robertson SE, Kraigher A, Mumps and mumps vaccine: a global review, Bull World Health Organ, 1999;77:3-14
  3. Dayan GH, Quinlisk P, Parker AA, [358:1580-1589 Recent resurgence of mumps in the United States], New Eng J Med, 2008;358:1580-1589
  4. Ennis FA, Jackson D, Isolation of virus during the incubation period of mumps infection, J Pediatr, 1968;72:536-537
  5. abcdefgh Hviid A, Rubin S, Mühlemann K, Mumps, Lancet, 2008;371:932-944
  6. Richardson M, Elliman D, Maguire H, Simpson J, Nicoll A, Evidence base of incubation periods, periods of infectiousness and exclusion policies for the control of communicable diseases in schools and preschools, Pediatr Infect Dis J, 2001;20:380-391
  7. Uchida K, Shinohara M, Shimada S, et als. [http://www3.interscience.wiley.com/cgi-bin/abstract/109865231/ABSTRACT?CRETRY=1&SRETRY=0 Rapid and sensitive detection of mumps virus RNA directly from clinical samples by real-time PCR, J Med Virol, 2005;75:470-474
  8. Krause CH, Molyneaux PJ, Ho-Yen DO, McIntyre P, Carman WF, Templeton KE, Comparison of mumps-IgM ELISAs in acute infection, J Clin Virol 2007;38:153-156
  9. Sanz JC, Mosquera MM, Echevarria JE, et als. Sensitivity and specificity of immunoglobulin G titer for the diagnosis of mumps virus in infected patients depending on vaccination status, APMIS, 2006;114:788-794
  10. Vuori M, Lahikainen EA, Peltonen T, Perceptive deafness in connection with mumps. A study of 298 servicemen suffering from mumps, Acta Otolaryngol, 1962;55:231-236
  11. Ong G, Goh KT, Ma S, Chew SK, Comparative efficacy of Rubini, Jeryl-Lynn and Urabe mumps vaccine in an Asian population, J Infect, 2005;51:294-298