Orage cévenol

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Un épisode cévenol, orage cévenol ou pluies cévenoles désigne un type particulier de pluie qui affecte notamment les régions situées au pied et sur les Cévennes, dans le sud de la France et qui provoque souvent de graves inondations. Le « véritable épisode cévenol » se caractérise par l'accumulation de masses nuageuses en provenance du golfe du Lion, souvent dans un régime de vents de sud à sud-est très humides, provoquant dans un premier temps des pluies orographiques sur les massifs qui finissent par s'étaler en général jusqu'en plaine. Un épisode cévenol se déroule normalement sur plusieurs jours et donne en moyenne des quantités d'eau comprises entre 200 et 400 mm sans que cela revête un caractère exceptionnel pour ces régions montagneuses (plus rarement jusqu'à 600 ou 700 mm au cours d'épisodes vraiment intenses). Ces dernières années, le terme d'« épisode cévenol » a été souvent improprement employé pour désigner les orages qui ont notamment touché les plaines du Languedoc pour lesquels les phénomènes entrant en action sont différents comme expliqué plus bas.

[modifier] Départements concernés

Les principaux départements affectés par ces pluies sont ceux ayant une partie de leur territoire dans les Cévennes :

l'Ardèche,
le Gard,
l'Hérault,
et la Lozère.

Autour, l'Aude subit un phénomène proche au pied de la Montagne Noire. Les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse sont affectés indirectement lorsque le Rhône déborde de son lit vers l'est sous l'effet du débit augmenté de ses affluents de sa rive gauche. D'autres événements peuvent affecter tous les départements méridionaux mais on parlera plus volontiers d'épisode méditerranéen.

[modifier] Déroulement

Le schéma général d'un épisode cévenol est le suivant : de grandes masses d'air humide provenant de la mer Méditerranée rencontrent dans leur chemin les montagnes cévenoles, plus froides. Il en résulte de grands phénomènes de condensation qui se transforment en pluies torrentielles sur la région cévenole et ses alentours, notamment le Gard ou l'Hérault.

Plus précisément, ces inondations cévenoles surviennent si plusieurs facteurs sont réunis :

correspondant aux caractéristiques du climat montagnard, des pluies automnales ou printanières tombent sur le massif des Cévennes,
dans la plaine languedocienne (de l'Aude au Rhône), quelques jours plus tard tombent des orages typiques des intersaisons sous climat méditerranéen. En comparaison avec les précipitations à Paris, il pleut autant en Languedoc à l'automne, mais en beaucoup moins de jours. Ces orages donnent de fortes précipitations,
les fleuves côtiers et le Rhône sont donc grossis des pluies reçues dans les Cévennes et de ces orages de plaine. Ils sont en crue.

[modifier] Nom des crues

Localement, ces crues sont souvent nommées par le nom du fleuve auquel est adjoint un suffixe, ainsi le Lez à Montpellier est connu pour ses lézades, le Vidourle, qui passe entre Nîmes et Montpellier, pour ses vidourlades et les crues des diverses rivières appelées Gardon (Gardon de Saint-Jean et Gardon de Mialet qui forment ensemble le Gardon d'Anduze, Gardon d'Alès, etc.) et qui se rejoignent pour former le Gard, sont nommées gardonnades.

Le rapport entre les débits de crues et le débit moyen est beaucoup plus élevé que celui de grand fleuves d'autres régions. Ainsi la Seine à Paris-Austerlitz, qui a un bassin versant de 46 800 km², a un débit moyen (son module) de 310 m³/s, soit un débit spécifique moyen de 7,1 l/s/km² ; et un débit décennal (débit moyen journalier maximal décennal) de 1 700 m³/s^[1] soit 39 l/s/km². Par ailleurs ses crues étant lentes, le débit maximum instantané est peu différent du débit maximum journalier pour la même période de retour (10 ans pour la crue décennale).

Ces mêmes valeurs pour le Vidourle à Marsillargues (bassin versant de 798 km²) sont respectivement un module de 7,4 m³/s, un débit spécifique moyen de 9,3 l/s/km², un débit décennal journalier de 550 m³/s soit 690 l/s/km² et un débit décennal instantané de 840 m³/s (1 050 l/s/km²). Son débit décennal instantané s'élève donc à environ la moitié de celui de la Seine, mais est 27 fois supérieur si on considère le débit spécifique.

Le rapport entre débit décennal et débit moyen est de 5,5 dans le premier cas et de 110 dans le second.

[modifier] Actualité

Ciel pendant l'épisode cévenol du 6 septembre 2005

Durant, entres autres, les automnes 1999 2002, 2003 et 2005, pour les plus marquants, ont eu lieu des épisodes d'orages méditerranéens et cévenols sur le Languedoc .

En 2002, le centre du département du Gard et ses proches alentours furent durement touchés par des pluies diluviennes issues d'une « méga-cellule » orageuse stationnaire se régénérant sur place du même type que celle qui affecta l'Aude en novembre 1999 (les Cévennes à proprement parler furent épargnées par le phénomène). Des valeurs de précipitations exceptionnelles furent relevées : comme par exemple 687 mm à Anduze et même jusqu'à 713 mm à Cardet au sud d'Alès et cela en à peine vingt-quatre heures (alors qu'il tombe en moyenne 650 mm par an à Paris)... Vingt-trois personnes périrent au cours de cet épisode qui avait débuté un dimanche soir au moment des retours.
L'épisode cévenol de décembre 2003 eut des effets dévastateurs sans précédent de l'Aude jusqu'aux Bouches-du-Rhône :
- Le Rhône se déversa sur plusieurs communes et plaines du Gard et d'Arles. 16 millions de m³ traversèrent la ville d'Arles avec un débit record du Rhône de 12 777 m³/s (1 800 en temps ordinaire).
- Le fleuve Vidourle entre les départements du Gard et Hérault inonda pour la troisième fois en deux ans la ville de Sommières.
- Le Lez, la Mosson et divers ruisseaux côtiers autour de Montpellier isolèrent les villes de Mauguio et du canton de Lattes. Avec 6 mètres au-dessus de son cours habituel, le Lez a atteint à Montpellier et Lattes la hauteur de ses digues protégeant les quartiers de ces villes concentrant plusieurs dizaines de milliers d'habitants.
- Les fleuves Hérault, Orb et Aude plus à l'ouest inondèrent les quartiers bas de quelques villes et villages. Pour ces fleuves, leur crue fut prolongée sur le littoral par la houle et le vent sur la mer Méditerranée qui empêchaient les fleuves de s'évacuer vers le large.
La répétition des dégâts par ces orages méditerranéens et épisodes cévenols aux mêmes lieux et endroits, provoqua la désespérance des victimes et pose des interrogations sur l'aménagement du territoire notamment à proximité de cours d'eau connus pour leur impétuosité périodique.