Nikolaï Pavlovitch Ignatiev

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Le comte Ignatiev, par Boris Koustodiev (Galerie Tretiakov à Moscou).
Le comte Ignatiev, par Boris Koustodiev (Galerie Tretiakov à Moscou).

Le comte Nikolaï Pavlovitch Ignatiev est un homme d’État et un diplomate russe, né le 29 janvier 1832 à Saint-Pétersbourg et décédé le 3 juillet 1908.

En russe : Николай Павлович Игнатьев.

[modifier] Biographie

Nikolaï Pavlovitch Ignatiev descendait d’une vieille famille géorgienne. Son grand-père était membre d’une famille aristocratique, les Ignatichvili. Après avoir émigré du Royaume de Géorgie en Russie, la famille changea son nom en Ignatiev. Son père, le capitaine Pavel Ignatiev était devenu un favori du tsar Nicolas Ier, en raison de sa fidélité а l’occasion de la conspiration militaire de 1825, et le grand-duc Alexandre, le futur tsar Alexandre II, fut le parrain de Nikolaï Pavlovitch à l’occasion de son baptême.

Il sortit diplômé du Corps de Pages à l’âge de 17 ans et devint officier des Gardes russes. Il fut nommé attaché militaire à Londres, responsable du renseignement, mais il fut expulsé du Royaume-Uni après l’échec d’une opération.

La carrière diplomatique d’Ignatiev débuta au Congrès de Paris de 1856, après la guerre de Crimée. En tant qu’attaché militaire, il prit une part active aux négociations relatives à la fixation de la frontière du bas Danube entre la Russie et l’Empire ottoman.

Deux ans plus tard il fut envoyé avec une petite escorte pour une mission dangereuse dans deux États d’Asie centrale, le Khanat de Khiva et l’Émirat de Boukhara. Le khan de Khiva prépara un plan pour le retenir en otage, mais Ignatiev réussit à éviter le danger et à rentrer en Russie, après avoir signé un traité d’amitié avec l’émir de Boukhara.

Il fut ensuite envoyé en Extrême-Orient, comme ministre plénipotentiaire auprès de la noble cours de Pékin. Alors que le gouvernement chinois des Qing était terrorisé par l’avance du corps expéditionnaire franco-britannique, en 1860, et l’incendie du Palais d'été, dans la Seconde guerre de l'opium, Ignatiev utilisa leurs craintes avec tant de dextérité qu’il réussit à obtenir la cession à la Russie de la Mandchourie extérieure (Convention de Pékin) : pas seulement la rive gauche du fleuve Amour, objet de sa mission, mais également une vaste étendue de territoire et le littoral maritime au sud de ce fleuve, qui allaient devenir la Province maritime.

Ce succès d’Ignatiev était censé prouver sa capacité à traiter avec les « Orientaux » et lui ouvrit la voie du poste d’ambassadeur à Constantinople, qu’il occupa de 1864 à 1877. Son principal objectif était de libérer de la domination ottomane les minorités chrétiennes, en particuliers les Bulgares, et de les placer sous l’influence de la Russie. Son activité fébrile dans ce domaine, sous une forme plus ou moins secrète, culmina dans la guerre russo-turque de 1877-1878. Il négocia ensuite avec les plénipotentiaires ottomans le traité de San Stefano (1878). Comme ce conflit n’avait pas apporté à la Russie des avantages à la mesure des sacrifices qu’elle avait dû consentir, Ignatiev perdit la confiance du tsar Alexandre II, et quitta la diplomatie. Peu après, le traité de San Stefano fut révisé par le traité de Berlin (1878), signé, pour la Russie, par le comte Piotr Andreïevitch Chouvalov, rival personnel d'Ignatiev, qui avait contribué à sa disgrâce. Le comte Ignatiev demeura cependant très populaire en Bulgarie, au point que certains envisagèrent même de le placer sur le trône, qui fut finalement donné au prince Ferdinand de Saxe-Cobourg, son ennemi personnel.

Le comte Ignatiev servit ensuite comme gouverneur de Nijni Novgorod, et l'on peut mettre à son actif le développement de la Foire Makariev. Peu après l’accession au trône d'Alexandre III, en 1881, il devint ministre de l’Intérieur avec l’idée qu’il mènerait une politique nationaliste et réactionnaire. Après une période de violentes violentes contre les Juifs, de pogromes, que l’on accusa même Ignatiev d’avoir fomentés, il publia les infâmes Lois de Mai, en mai 1882. Les pogromes reçurent le soutien des autorités locales, y compris la participation de la police.

Le comte Ignatiev quitta ses fonctions en juin 1882. Il aurait été suspecté de malhonnêteté ou de détournement de fonds, ou bien encore le tsar aurait craint qu’il ne tente d’introduire un gouvernement constitutionnel en réactivant le Zemski sobor (parlement). Il n’exerça plus, par la suite d’influence notable dans les affaires publiques.

Le fils du comte Ignatiev fut ministre de l’Éducation sous Nicolas II.

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