Amour (fleuve)

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53° 06′ N 139° 48′ E / 53.1, 139.8

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Amour
La rive chinoise
Longueur 4 354 km
Débit moyen 11 000 m3.s-1
Surface du bassin 1 929 955 km2
Se jette dans la mer d'Okhotsk
Pays Russie, Chine
Cours d’eau - Hydrologie

L'Amour (Амур en russe d'après le terme bouriate signifiant boueux) est aussi appelé 黑龙江 ("fleuve du dragon noir") en chinois, prononcé Heilongjiang) ou Sakhaline, est un fleuve d'Asie qui s'étend sur 4 354 km de long depuis la source de l'Argoun, ce qui en fait le premier de Sibérie — moins long toutefois que le système formé par l'Ob et son affluent l'Irtych — et le quatrième d'Asie pour la longueur de son cours. La province du Heilongjiang où il s'écoule prend son nom du nom chinois de l'Amour.

Sommaire

[modifier] Géographie

Le fleuve Amour, frontière naturelle entre la Russie et la Chine ; en plus pâle, le bassin versant de l'Amour
Le fleuve Amour, frontière naturelle entre la Russie et la Chine ; en plus pâle, le bassin versant de l'Amour

Le fleuve est formé par la réunion de la Chilka et de l'Argoun. Il matérialise aujourd'hui la frontière entre la Russie et la Chine sur presque 1 600 km avant de recevoir le Songhua Jiang et l'Oussouri et d'entrer définitivement en Russie où il se jette dans le détroit de Tartarie, sur la mer d'Okhotsk, en face de l'île de Sakhaline.

[modifier] Partie supérieure du cours

Le fleuve s'écoule le long d'une pente assez forte, et se fraie un chemin dans le massif du Grand Khingan, zone de hauts plateaux où le fleuve a par place creusé des gorges escarpées.

[modifier] Partie moyenne du cours

A partir de la ville de Blagovechtchensk, la pente devient faible, et le fleuve serpente au milieu de prairies de la plaine formé par le fleuve et deux de ses affluents (la Zeïa et la Boureïa). Les méandres du fleuve peuvent alors atteindre des dimensions étonnantes, comme le méandre de Korsakovo, où le fleuve fait un détour de 45 km pour parcourir 600 m à vol d'oiseau. Après sa confluence avec la Boureïa, la plaine fluviale se resserre sur 150 km, lors du passage dans le massif du Petit Khingan, puis s'élargit à nouveau dans la plaine formé par le fleuve et par un de ses affluents, le Sungari (ou Sōnghuā Jiāng en langue chinoise).

[modifier] Partie inférieure du cours

À partir de la ville de Khabarovsk, le fleuve reçoit les eaux de l'Oussouri, puis tourne vers le Nord. La pente devient extrêmement faible (à 1 000 km de l'embouchure, l'altitude n'est que de 70 m). Le fleuve s'élargit encore et s'étale dans une plaine marécageuse, de nombreuses îles jalonnent son cours. Il finit par aboutir dans un grand estuaire (plus de 200 km de long) qui débouche enfin sur le détroit de Tartarie.

[modifier] Hydrologie

L'Amour voit le niveau de ses eaux monter en avril, avec la fonte des neiges dans la plaine, puis en mai avec la fonte des neiges en montagne. Mais l'enneigement du bassin versant est faible, et cette augmentation n'est pas très importante.

Ses plus hautes eaux en été ont lieu fin juillet-début août, sous l'effet de la mousson d'été : des pluies violentes se succèdent alors, amenant une brusque montée des eaux.

Son étiage a lieu en hiver, de novembre à mars.

Son débit moyen à l'embouchure est de 11 000 m³ par seconde.

[modifier] Économie

Son cours, dès la confluence de la Chilka et de l'Argoun, est entièrement navigable et la Chilka l'est aussi depuis Sretensk, en Russie. Il permet de transporter vers l'ouest du bois et du pétrole, et vers l'est des céréales, des machines et autres produit provenant de la Russie occidentale. Il est néanmoins fermé à la navigation six mois par an à cause des glaces.

L'équipement hydroélectrique - 14 barrages de plus de 15 m de haut - a permis l'industrialisation de la région, ainsi que, grâce à la régularisation du cours du fleuve, le développement de l'agriculture.

Ses ressources en poissons ne sont pas négligeables : l'Amour compte plus de 100 espèces de poissons, dont deux espèces notables endémiques du fleuve : l'Esturgeon de l’Amour (Acipenser schrenckii) et l'Esturgeon kaluga (Huso dauricus)[1]. La pêche la plus lucrative est celle des salmonidés qui, à la fin de l'été et au début de l'automne, viennent du Pacifique pour frayer en eau douce.

[modifier] Histoire

[modifier] Traité de Pékin

En 1858, le traité d'Aigun (ratifié par le traité de Pékin en 1860) désignait l'Amour et l'Oussouri comme frontière entre la Chine et la Russie.

[modifier] Société du Dragon noir

A la Belle époque et durant l'entre-deux-guerres, la presse occidentale aimait à faire peur à ses lecteurs avec une obscure "Société du Dragon Noir"[1] , une société secrète vouée à l'expansionnisme japonais en Asie. On lui prêtait bien entendu des meurtres et d'autres procédés peu recommandables.

Albert Londres démonta cette mystification en expliquant que le "Dragon noir" en question était simplement le Fleuve Amour, et la société, un simple club de militaires et d'industriels japonais qui prônaient une frontière sur ce même fleuve (ce qui ne l'empêchait pas d'être assez redoutable). Mais l'histoire eut la vie dure jusque durant la guerre de 39-45. On peut supposer qu'en termes de tirage, la "Société du Dragon noir" vendait sans doute mieux que le "Club de l'Amour" !

[modifier] Incidents frontaliers de 1969

Les îles de l'Amour et de l'Oussouri furent le théâtre d'un début de conflit à la suite de la rupture sino-soviétique qui se traduisit par des incidents frontaliers au mois de mars 1969, puis en août de la même année. En effet, les frontières de l'Etat peuvent être naturelles. Mais la modification tout aussi naturelle de ces lignes peut provoquer des conflits entre Etats voisins. Tel est le cas en l'espèce où il y a eu une opposition entre l'ex-Union soviétique et la Chine lorsque le fleuve Amour changea le cours de son lit[2]

[modifier] Bibliographie

  • Collectif, Dictionnaire illustré des merveilles naturelles du monde, Reader's Digest, 1982

[modifier] Références

  1. Krykhtin, M.L. and V.G. Svirskii, 1997 Endemic sturgeons of the Amur River: kaluga, Huso dauricus, and Amur sturgeon, Acipenser schrenckii. Environ. Biol. Fish. 48(1/4):231-239
  2. Droit constitutionnel contemporain, Tome 1, Théorie générale des régimes étrangers, Dominique Chagnollaud, p.9.

[modifier] Voir aussi

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