Misogynie

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La misogynie est un sentiment d'hostilité, de dédain qu'éprouvent certains individus à l'égard des femmes. La plupart du temps les misogynes sont des hommes, mais une femme peut aussi être misogyne. C'est l'une des deux formes de sexisme. La forme opposée est la misandrie.

Le mot misogynie vient du grec ancien misosgyné. Il est formé de deux mots grecs anciens μῖσος (misos) (haine) et de γυνή (gyné) (femme).).

Sommaire

[modifier] Psychologie sociale de la misogynie

La misogynie est une relation intergroupe entre hommes et femmes où les femmes sont sous-évaluées par rapport aux hommes. C'est un phénomène social qui apparaît dans les trois cas suivants :

  • Lorsqu'il y a un groupe dominant. Dans ce premier cas, la dominance masculine pourrait être due à la différence de force physique et à la charge que représente le fait de porter un enfant, éventuellement de l'élever (voir patriarcat). Cela dit, on peut contester cette explication, notamment dans le cas de l'existence de sociétés matriarcales.
  • Lorsque les deux groupes se surestiment eux-même (l'ingroup) et sous estiment les autres (outgroup). Il s'agit d'un biais plus ou moins universel. Dans ce deuxième cas, la misogynie serait masculine, et les femmes de leur côté serait misandres dans la même proportion. Cela n'explique pas la misogynie de la part d'une femme.
  • Lorsqu'il y a des préjugés sur le groupe sous-évalué. Les préjugés du genre "les femmes ne savent pas conduire" serait la cause de cette sous-évaluation. Ce genre de préjugé sert aussi à justifier les comportements négatifs (ici qu'on écarte les femmes de la conduite).

Ces explications ne sont pas mutuellement exclusives, elles peuvent se combiner.

Les différences intergroupes peuvent être atténuées, compensées ou inversées par d'autres différences intergroupes (Doise et Deschamps). Par exemple, on peut être un homme dans l'entreprise A ou une femme dans l'entreprise B, mais aussi une femme dans l'entreprise A ou un homme dans l'entreprise B. Enfin, même dans une société à dominance globalement masculine, une femme peut représenter le pouvoir, par exemple dans le cas d'une relation hiérarchique, ce qui change le rapport de force. Cela fait que le problème n'est pas aussi binaire qu'on pourrait le croire.

[modifier] Misogynie et peur de la femme

La misogynie pourrait être le résultat de la peur de la femme. En effet, un mécanisme pour lutter contre la peur de quelque chose est d'ignorer ou de minimiser l'objet de notre peur, et en tout cas, de mettre à l'écart cet objet, d'être méfiant à son égard ou de le contrôler.

[modifier] Misogynie et langage

La misogynie peut passer inaperçue à la conscience lorsqu'elle est portée par le langage. En langue française, par exemple, on peut remarquer que le mot prononcé "homme" a un sens ambigu. Il peut signifier l'ensemble des êtres humains comme il peut désigner les êtres humains de sexe masculin.

Icône de détail Article détaillé : langage sexiste.

[modifier] Misogynie et homosexualité

Dans les civilisations antiques guerrières, l'homosexualité était parfois admise, mais pénétrer était valorisé alors qu'être pénétré était dévalorisé. Cela était valable pour l'homosexualité comme pour l'hétérosexualité (dans ce cas il s'agit de misogynie). Etre pénétré étant considéré comme une position "passive donc inférieure" et pénétrer comme une position "active donc supérieure". Cette vision des choses perdure de nos jours comme on peut le voir dans les vocables de la duperie (duper/être dupé) : baiser/être baisé, enculer/être enculé. Le premier doublet étant plus orienté hétérosexuel et le second étant orienté homosexuel. L'utilisation de ces termes remplacent les mots tromper/être trompé, alors plus dedié à la notion d'adultère.

Par ailleurs, l'association entre homosexualité et sodomie est un stéréotype qui ne représente pas la majorité des homosexuels. Cet amalgame peut s'expliquer par la confusion entre homosexualité et pédérastie, et à la transposition naïve du modèle hétérosexuel.

Enfin, on peut noter des attitudes misogynes de la part des certains hommes homosexuels. Elles sont parfois justifiées par le besoin de se démarquer du modèle hétérosexuel. Elles ont cependant une certaine ressemblance avec les attitudes misogynes de la part des hétérosexuels.

[modifier] Misogynie et religions monothéistes

Le concept de la Trinité dans le Christianisme regroupe trois personnes. Dieu le Père est de sexe masculin, son Fils est aussi de sexe masculin. On pourrait s'attendre à ce que le troisième élément soit féminin mais le Saint Esprit est indifférencié. La Trinité est donc un symbole masculin et représente en même temps le pouvoir suprême. Il représente donc une vision d'un monde sous domination masculine : le patriarcat. Cela sous-entend la soumission supposée alors évidente et naturelle des femmes.

La hiérarchie montrée dans la Bible fonctionne à peu près ainsi : Dieu est le plus haut, ensuite viennent les hommes créés à l'image de Dieu, et enfin la femme, créée pour l'homme. Ceci est aussi valable pour le Judaïsme qui adopte la même Genèse.

Selon ce texte, tous les malheurs du monde viennent de la punition divine pour le péché originel, c'est-à-dire d'avoir mangé du fruit de l'arbre de la connaissance du Bien et du Mal. Cette action des humains auraient été entrainé par la femme sous l'influence du serpent. En fin de compte, cela veut dire que les femmes seraient responsables de tous les malheurs du monde.

Cette vision négative de la femme, répandue, a un certain nombre de conséquences. Par exemple, si un sorcier peut être bon ou mauvais, une sorcière a pour archétype une vielle femme laide et fondamentalement méchante. Cette hantise des femmes est sans doute une cause essentielle de la persécution des femmes lors de l'Inquisition et de leur condamnation au bûcher.

[modifier] Voir aussi

wikt:

Voir « misogynie » sur le Wiktionnaire.

[modifier] Liens externes