Phallocratie

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Le terme phallocratie (du grec phallos, « pénis en érection » et cratos « pouvoir ») désigne la domination sociale, culturelle et symbolique exercée par les hommes sur les femmes. Par extension, elle est utilisée pour désigner une structure sociale misogyne : patriarcale et sexiste.

Sommaire

[modifier] Portée

Cette forme de société basique a longtemps été considérée comme l'une des composantes de nombreuses sociétés animales puisqu'elle assure le pouvoir aux éléments forts du groupe, selon la théorie du darwinisme. C'est aussi l'une des idées à la base de quelques régimes politiques ayant souvent eux-mêmes des liens avec le darwinisme social, tels le fascisme. Néanmoins, et contrairement aux dérives néodarwinistes, des perspectives ouvertes par des biologistes de l'évolution[1] montrent que le conflit sexuel constitue l'une des bases de l'évolution des espèces. La domination des mâles ne s'avère pas une règle absolue et n'est obtenue que chez certains groupes, (mante religieuse et hyène sont femelles dominantes) tandis que le conflit des deux sexes élabore aussi des équilibres biologiques.

Le clergé catholique est souvent représenté comme étant phallocrate. [2]

Phryné devant l'aréopage (1861), Hamburg Kunsthalle - Peinture de Jean-Léon Gérôme
Phryné devant l'aréopage (1861), Hamburg Kunsthalle
- Peinture de Jean-Léon Gérôme

[modifier] Dénonciation

[modifier] Début du XXe

La première victoire du féminisme contre des propos assimilés aujourd'hui comme phallocrates eut lieu au début du XXe siècle[3] avec la conquête du droit de vote ; auparavant on considérait que « les affaires politiques étaient considérées comme hors de portée de l'esprit féminin et il n'était donc pas question que les femmes puissent voter » — Source.

[modifier] Années soixante

Le terme fut employé pendant la révolution sexuelle[4] pour caractériser un ordre établi dans lequel cette définition et ses traits caractéristiques étaient jusqu'alors invisibles puisqu'enfouis dans la tradition patriarcale transmise socialement.

«A bas la phallocratie» fut une expression d'accusation et de revendication lancée par les femmes et hommes se revendiquant du féminisme, durant les manifestations dans les années qui accompagnèrent mai 68 en Europe : la révolution sexuelle plaça en minorité les hommes qui se réclamaient du modèle archaïque traditionnel, dont la fin annoncée était dans le programme féministe.

En ce sens, l'existence du mot dépend des progrès du féminisme.

[modifier] En bande dessinée

Les aristocrates de la cité de Valsennar de la BD Le Pays sans étoile (1971), série Valérian, agent spatio-temporel, sont des phallocrates (au sens premier donné dans cet article) au pouvoir absolu sur les femmes. Cette bande dessinée correspond à la période susdite et donne une parabole S.F. aux conflits qui s'assimilaient à une guerre des sexes. Elle dépasse les clivages classiques et montre des princes de Valsennar dont les mœurs les rendent efféminés par le raffinement de la vie de courtisans, observant un concours d'odalisques dont Laureline fait partie bien contre son gré.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. Voir par exemple Thierry Lodé La guerre des sexes chez les animaux, Odile Jacob, 2006.
  2. On notera par exemple le livre de la théologienne féministe Uta Ranke-Heinemann, Des eunuques pour le royaume des Cieux, qui emploie les termes eunuques et phallocratie pour décrire le clergé.
  3. Première vague du féminisme, (en) First-wave feminism.
  4. Seconde vague du féminisme, (en) Second-wave feminism.

[modifier] Liens internes