Massacre des Assyriens

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Les massacres du Peuple assyrien ont été organisés en 1915, parallèlement au génocide arménien, dans l'Est de l'Empire ottoman où une partie de ce peuple vivait en diaspora.

Certaines sources assyriennes parlent de « génocide assyrien ».

En Anatolie ottomane et dans le Caucase russe, la période qui va du milieu du XIXe siècle jusqu’à la Première Guerre mondiale a été celle de massacres à grande échelle.Suite aux défaites militaires subies sur le front caucasien, les autorités turques prétextent un complot des Arméniens contre l'Empire, dans le but de légitimer la déportation et l'extermination de ceux-ci. Toujours dans cette optique d'épuration ethnique et religieuse, des massacres d'Assyro-Chaldéens sont déclenchés à la même période.

Sommaire

[modifier] Contexte

C'était avant tout des communautés souvent rurales concentrées dans leur « région-refuge » du Tur-Abdin et du Hakkari, même si des communautés existaient ailleurs ponctuellement en Mésopotamie du nord. Outre l’Anatolie orientale, les Arméniens quant à eux s'étaient établis depuis longtemps dans toute les grandes villes d'Anatolie puis dans tout l'empire ottoman (et jusqu’en Italie), ils étaient réputés pour leurs talents d’artisans et de commerçants et étaient même considérés par les sultans ottomans comme la « Nation fidèle » de l'empire ottoman - jusqu'au turbulent XIXe siècle…

Tout comme une grande partie des Arméniens ottomans, les Syriaques/Assyriens vivaient donc dans la partie orientale de l'empire (les Nestoriens débordant aussi dans le nord-ouest de l'Iran autour du lac d'Ourmia). Eux aussi avaient donc pour voisins des populations musulmanes. Mis à part le Hakkari - et dans une moindre mesure le Tur-Abdin -, leurs communautés étaient éparpillées aux côtés des Arméniens, des Kurdes, des Arabes ou encore des Turkmènes dans cette mosaïque ethnico-religieuse aux confins des pays turcs, kurdes, arabes et arméniens.

Tout comme les Arméniens, les Syriaques/Assyriens formaient une ancienne et forte communauté non-musulmane à l'ouest de l'empire ottoman et furent considérés comme une cinquième colonne par les fanatiques politiques qui déterminèrent la politique ottomane au tournant des XIXe et XXe siècles, obsédés qu'ils étaient par la déliquescence de l'empire ottoman …Déliquescence encouragée par les puissances européennes (Russie, Royaume-Uni, France, Empire allemand, Italie) avides de contrôler la région.

Tout comme les Arméniens également, les Assyriens eux aussi ont été déportés et massacrés à grande échelle par les Ottomans et leurs sous-fifres locaux.

Tout comme les Arméniens de l'empire russe pendant et après la Première Guerre Mondiale, les Assyriens de l'empire perse (nestoriens) ont aussi été massacrés par les troupes ottomanes/turques en territoire perse, après que leurs corélégionnaires du Hakkari aient été pratiquement anéantis.

Les massacres des Arméniens et des Assyro-Araméens (également appelés Assyro-Chaldéens) se sont confondus pour une grande partie : les assassins ne faisaient guère de différence entre les deux groupes de chrétiens. Les chiffres du nombre des victimes sont peu clairs, mais qu'il y ait eu des massacres importants ne laisse pas l'ombre d'un doute.

Avec l'occupation américaine en Irak, refait surface autour de Mossoul l'autonomie des Assyro-Chaldéens, une minorité presque oubliée. Une femme, Surma (1883-1975), plaida la cause de ce peuple sa vie durant. Fille de l'Assyrie ancienne, chantre de l'Eglise d'Orient nestorienne, autrefois rayonnante, proche parente de patriarches de cette Eglise, Surma fut un temps la lumière de sa communauté. Lors de la Première Guerre mondiale les Assyro-Chaldéens, tout comme les Arméniens, subirent les assauts des troupes turques et des irréguliers kurdes et furent victimes d'un génocide en 1915. Pour fuir ces assaillants, Surma accompagna l'exode massif des siens de Turquie vers la Perse, puis vers l'Irak. A la table des Grands de ce monde, elle accepta la régence de son peuple pour le défendre. Troublant le jeu des autorités britanniques et irakiennes, elle fut écartée de la scène politique et exilée sur l'île de Chypre. Au terme d'une vie tissée des fils du tragique, son errance la mena jusqu'en Grande-Bretagne, et finalement aux Etats-Unis. Un livre écrit en 2007 narre son histoire.

[modifier] Massacres de populations

On pourrait estimer que le nombre d'Arméniens massacrés s'élève à un million, et celui des Assyro-Chaldéens massacrés à environ 200 000.

Les Nestoriens uniates (affiliés et protégés par l’Eglise catholique) du nord de l'actuel Irak, et appelés aussi Assyro-Chaldéens, ont pu échapper en partie au génocide grâce à leur position géographique excentrée.

Tout comme les Arméniens (et les Kurdes), les Assyriens ont revendiqué eux aussi un foyer national dans la région auprès des Alliés (Royaume-Uni, France, États-Unis) pendant et après la guerre, après avoir été eux-aussi encouragés par ces derniers dans ce dessein.

[modifier] Le silence fait au « génocide » des Assyriens

Certains qualifient le massacre assyrien de génocide, et en font un « oublié de l’Histoire ».

Mis à part le négationnisme d'État pratiqué en Turquie à propos de toute page sombre de son histoire, un silence interpelle : celui quasi-total fait autour du « génocide » fait parallèlement, au même moment, dans des régions voisines (voire les mêmes) et dans des conditions similaires, aux populations chrétiennes d'Anatolie et de Mésopotamie du nord parlant l'araméen (au moins dans leur liturgie) que l'on appelle les Süryani en turc, Suryani en arabe, en kurde et en perse, ou Syriaques en Occident, et qui se nomment eux-mêmes Suryoyo en araméen et Assyriens depuis le XXe siècle.

Une des raison de l'« oubli » concernant le « génocide » des Assyriens/Syriaques serait dû au fait que c'étaient avant tout des communautés souvent rurales.

[modifier] Reférences

  • Claire Weibel Yacoub, Surma l'Assyro-Chaldéenne, Editeur : L'Harmattan (19 mars 2007) Collection : Peuples et cultures de l'Orient
  • Joseph Yacoub, La question assyro-chaldéenne, les Puissances européennes et la SDN (1908-1938), 4 vol., thèse Lyon, 1985, p.156
  • Bryce, James Lord - British Government Report on the Armenian Massacres of April-December 1915
  • Rev. Joseph Naayem, O.I. - Shall This Nation Die?, 1921
  • Bryce, James Lord - British Government Report on the Armenian Massacres of April-December 1915
  • Austin, H. H.(Brig.-Gen.): The Baquba Refugee Camp - An account of the work on behalf of the persecuted Assyrian Christians. London 1920
  • de Courtois, Sebastien. The Forgotten Genocide. Eastern Christians, The Last Arameans.
  • The New York Times - October 11, 1915: Turkish Horrors in Persia