Louis Alexandre Marie de Musset

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Musset.
Louis de Musset de Cogners en uniforme du Corps législatif
Louis de Musset de Cogners en uniforme du Corps législatif

Louis-Alexandre-Marie de Musset, marquis de Cogners, né à Mazangé le 13 novembre 1753, et décédé à Cogners le 17 septembre 1839. Militaire, écrivain et politicien français, il est le parrain d'Alfred de Musset, qui le fréquentait dans son enfance[1]. Son filleul le décrit ainsi : « il marchait les pieds en dehors, le jarret tendu, la tête haute, comme s'il eut fait son entrée dans les salons d'un roi[2] ».

Sommaire

[modifier] Famille et carrière militaire

Louis-Alexandre-Marie de Musset est né au château de La Bonaventure, à Mazangé dans le Vendômois, le 13 novembre 1753. Son père est Louis-François de Musset (1709-1761), seigneur de Cogners et de Sainte-Osmane, capitaine de grenadiers et chevalier de Saint-Louis. La terre de Cogners ayant été élevée en marquisat en 1651, il utilisait le titre de marquis de façon abusive[3]. Sa mère était Suzanne-Angélique du Tillet (1722-1793), fille d'Hélie du Tillet, lieutenant-colonel au régiment de Lasny, et de Marie-Renée de Bellay[4]. Le couple eut quatre enfants, deux garçons et deux filles.

Louis de Musset étudie au collège de Vendôme jusque l’âge de seize ans. Ensuite, le 18 décembre 1768, il entre comme sous-lieutenant d’infanterie au Régiment d'Auvergne, alors en garnison à Strasbourg. Il devient lieutenant le 16 juillet 1775, lieutenant-colonel le 18 juin 1776. Alors que son régiment était en garnison au camp de Verberie, il fut présenté au roi Louis XV, en tant que petit-neveu du capitaine de la Bonaventure. Il devient capitaine au régiment d’Orléans la même année. A partir du 1er septembre 1784, il est capitaine « de remplacement » trois mois par an, puis capitaine en second le 24 mai 1785. Cela culmine sa carrière, puisqu’il quitte le service le 15 juillet[3].

[modifier] Carrière littéraire

Louis se lie au comte de Tressan, traducteur et adaptateur de romans de chevalerie médiévaux. Collaborateur du journal les Etrennes du Parnasse, il y écrit sous le pseudonyme de Billerie. L’Epitre aux Editeurs des Etrennes du Parnasse est publié séparément. En 1774, il publie Le Duel, conte moral, qui sera réédité plus tard par Arnaud Berquin dans son Choix de lectures pour les enfans[5]. La même année paraît L’Amitié à l’épreuve de l’amour-propre et de l’amour.

En 1777, il publie la Correspondance de deux jeunes militaires, ou Mémoires du marquis de Lusigny et d'Hortense de Saint-Just, rédigé avec Jean-François de Bourgoing, alors qu'ils étaient jeunes officiers au Régiment d'Auvergne. Le mathématicien Étienne Nicolas Blondeau leur donna des conseils pour revoir la dernière partie de l'ouvrage, qu'il jugeait plus faible[6].

En 1784, Louis proposa, par une lettre, signée le Marquis de Musset, au Journal général de France une idée de réforme de l’édition littéraire : après examen par un censeur, les manuscrits seraient déposés anonymement à la bibliothèque du roi, les lecteurs pourraient les consulter durant un mois et donner un avis. Enfin, les auteurs pourraient les réécrire et les faire publier sous leur nom, s’ils ont plu au public. Bien qu’il ait proposé que tous les souverains d’Europe mettent en application son idée, aucun ne semble l’avoir fait[3]

[modifier] Durant la Révolution

En 1787, Louis de Musset est membre d’un bureau intermédiaire de l’Assemblée provinciale du Maine. Il s’occupe particulièrement de travaux vicinaux, notamment la surveillance de la construction de la route de Poncé-sur-le-Loir à Château-du-Loir. Dès la formation de la Garde nationale, il se fait inscrire sur le registre de Cogners. Les paroisses de Vancé, Sainte-Osmane et Cogners le choisissent pour premier commandant. Il prête donc serment de fidélité à la Nation, au Roi et à la Loi, offrit un drapeau et un don patriotique. En février 1790, il est élu maire de Cogners, où il célèbre l’anniversaire de la prise de la Bastille. Mais en mars 1793, pris dans une querelle avec le curé de la paroisse – qui lui reproche sa faible dévotion, il n’est pas réélu. Il est par ailleurs élu procureur syndic du district de Saint-Calais en juin 1790, poste dont il démissionne en 1791.

Pendant la Terreur, Musset de Cogners fut inquiété parce qu'il était soupçonné d'aider les chouans[7]. Son filleul Alfred de Musset aimait jouer dans le château de Cogners, dans les nombreuses caches où se seraient réfugiés des prêtres réfractaires[8]. Il publia également De la Religion et du Clergé catholique en France, 1797.

[modifier] L'Académie celtique

Membre de l'Académie celtique, devenue ensuite Société des antiquaires de France, Musset de Cogners publia plusieurs articles dans les Mémoires de cette académie. Les Douze Lettres critiques sur les origines du christianisme, et sur le calendrier de l'église gallicane (t. II-IV, 1808-1809) exposent les différentes fêtes des saints catholiques, avec une brève explication de l'origine de chacune d'entre elle. Plus original, De l'Épée, considérée comme signe de religion, et en particulier de l'épée de Roland (t. III, 1809) explique que les anciens scythes vénéraient un dieu unique, représenté sous la forme d'une épée ; qu'il transmirent cette croyance aux Germains et aux Celtes ; qu'elle est généralement associée au culte d'un jeune héros, le seigneur du pays ; que c'est l'étymologie germanique de Roland, qui viendrait de Herr of land. Il y publia également : Légende du bienheureux Roland, prince français[9] et Mémoire sur les Aulerces, anciens habitants du Maine et du Perche[10].

Par ailleurs, il participa au Cours complet d'Agriculture de l'abbé Rozier, publié par Sonnini, notamment sur l'agriculture dans l'ancien duché de Vendôme. Il était membre de la Société d'agriculture du département de la Sarthe, et associé de la Société d'agriculture de Paris.

Sous le Consulat et sous l’Empire, Musset de Cogners siégea au Corps législatif, où il avait été élu en 1801. Il publia des Considérations sur l'état des finances du royaume en 1814. Devenu monarchiste libéral sous la Restauration, il fut conseiller général de la Sarthe jusque 1825, puis maire de Cogners jusque sa mort[11].

En 1827, alors âgé de 74 ans, Musset publia sous le nom de Thomas Simplicien, bourgeois de Brive-la-Gaillarde, qu'il prétend avoir imprimé et fabriqué lui même complétement et difusé à à cinquante exemplaires seulement, les Souvenirs de la Mission, dédiés aux conquérants de la France, les RR. PP. Thelkel, Irlandais, Russes, Polonais, Allemands, Italiens, Piémontais et autres[12], qui sont une charge contre les Jésuites[13]. Ils témoignent de la continuité de son anti-jésuitisme philosophique, depuis sa jeunesse au XVIIIe siècle.

[modifier] Bibliographie

  • Maurice Dumoulin, Les ancêtres d'Alfred de Musset, d’après des documents inédits, Paris, Émile-Paul, 1911, 2e éd.

[modifier] Archives

[modifier] Notes et références

  1. Marie Cordroc'h, Roger Pierrot, Loïc Chottard, Correspondance d'Alfred de Musset, t. I, 1826-1839, Paris, Presses universitaires de France, p. 354.
  2. Cité par Franck Lestringant, Alfred de Musset, Flammarion, 1999, p. 47-48.
  3. abc Maurice Dumoulin, Les ancêtres d'Alfred de Musset, d’après des documents inédits, Paris, Émile-Paul, 1911, 2e éd.
  4. Généalogie de la famille du Tillet (lire en ligne).
  5. lire en ligne.
  6. Lettre de Musset au rédacteur de la Bibliographie de la France ou Journal général de l’imprimerie et de la librairie, Paris, Pillet aîné, 1822, pp. 158-159.
  7. Archives départementales de la Sarthe, côté L 336, Tribunal criminel de l'Armée des côtes de Cherbourg siégeant au Mans, Pièces provenant des conseils militaires de La Flèche et de Château-du-Loir : procès contre M. de Mainville, de La Chapelle-Gaugain, et de Musset, de Cogners, prévenus de favoriser les chouans (inventaire en ligne).
  8. Cité par Franck Lestringant, Alfred de Musset, p. 47-48.
  9. Mém. de la Soc. des antiquaires, t. I, 1817.
  10. Mém. de la Soc. des antiquaires, tom. IV, 1823.
  11. Hoeffer, Nouvelle biographie générale, t. XXXVII, 1853.
  12. Trévoux, de l'impr. privilégiée, chez Rusé, Maufranc et Comp., 1827, 27 p.
  13. Joseph-Marie Quérard, Les supercheries littéraires dévoilées, t. IV, Paris, 1852, p. 327.