Jacquerie des croquants

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On appelle jacqueries des croquants diverses révoltes populaires du Sud-Ouest de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les principales causes de ces révoltes ont été d'ordre fiscal.

Le peuple appelait la noblesse "croquants", disant qu'ils ne demandaient qu'à croquer le peuple. Mais la noblesse retourna ce sobriquet sur le peuple mutiné, à qui le nom de croquants resta. Mais Croquant est un terme injurieux et ils préfèrent s’appeler entre eux les tard-avisés ou les chasse-voleurs selon les régions.

Ces révoltes ont lieu dans le contexte des guerres de religion. À partir de Turenne en Limousin en 1594, elle se répand ensuite dans le Périgord. Massacrés par la noblesse en juin 1594, les révoltés rejoignent le camp des royalistes. En juillet 1595, les croquants se révoltent à nouveau et, en septembre, ils combattent la noblesse locale : les batailles de Saint-Crépin d'Auberoche et de Condat-sur-Vézère mettent fin à la révolte.

D'autre part, en Guyenne, de 1593 à 1595, des insurrections se développent, encadrées par les notables royalistes, catholiques modérés ou protestants, partisans d'Henri IV. Leurs principales revendications sont néanmoins toujours fiscales et l'influence de la question religieuse est faible. Ces croquants ont le mépris des villes et leurs principaux ennemis sont les chefs ligueurs. Il arrive que ces révoltés deviennent dangereux pour le pouvoir royal, tels les croquants du Languedoc massacrés par les troupes royalistes.

On trouve des révoltes similaires en Bourgogne où les vignerons se révoltent.

Une autre révolte de croquants a lieu plus tard dans le contexte de la guerre contre l'Espagne : la pression fiscale est lourde et des émeutes éclatent en Guyenne en 1635. À l’origine, elles sont dues à la taxe des cabaretiers (sur le vin), mais la contestation porte aussi sur les trop fortes tailles et les insurgés réclament également une dîme qui ne profiterait qu’aux petits curés, car ils méprisent le haut clergé.

La révolte est proche des petites villes mais voue une haine au pouvoir centralisateur parisien.

En 1636, des soulèvements dans les campagnes apparaissent contre les tailles en Angoumois et au Périgord. La Mothe de la Foret, un gentilhomme, prend leur tête en 1637. Sous son commandement, la guerre est ordonnée et il interdit le pillage. C’est le début de l’une des plus grandes guerres civiles déclenchées par des paysans.

Le duc de La Valette, envoyé par le roi, arrive du Pays basque avec trois mille hommes et met fin à la révolte le 1er juin 1637 à la bataille de La Sauvetat-du-Dropt. Un millier de croquants meurent, mais une amnistie sera accordée.

Mais dès 1638, Pierre Grellety prend la relève et poursuit les embuscades et les coups de main, tout en repoussant les soldats du Roi, beaucoup plus nombreux. En 1642, la révolte s'arrêtera avec l'amnistie des rebelles par Richelieu, plus préoccupé par les relations avec le royaume d'Espagne.

Ces évènements historiques ont inspiré à Eugène Le Roy le roman Jacquou le Croquant, dont diverses adaptations ont été faites pour le cinéma et la télévision. La plus récente, réalisée par Laurent Boutonnat, est sortie le 17 janvier 2007.