Ion Antonescu

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Ion Victor Antonescu est né en 1882. Il a été condamné à mort et exécuté en 1946. Il était un militaire et un homme politique de Roumanie.

Il a été successivement chef de la section Opérations du Grand Quartier Général pendant la Première Guerre mondiale, attaché militaire à Londres et Paris, commandant de l'École supérieure de Guerre, chef du Grand état-major et ministre de la Guerre.

Entre septembre 1940 et août 1944, il est premier ministre et conducator (dictateur) de la Roumanie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fait le choix de l'alliance avec Hitler et l'Allemagne nazie, ayant envoyé des troupes en Bessarabie, puis en Union soviétique jusqu'à Stalingrad. Il fut arrêté par un coup d'état lorsque la Roumanie, menacée par l'Armée rouge, passa du coté des Alliés.

Le 17 mai 1946, jugé responsable par le Tribunal du Peuple de la mort de plus de 300 000 juifs, il fut exécuté dans sa prison. Antonescu est souvent le centre d'opinions divergentes quand à ses responsabilités dans les cercles militaires roumains, malgré l'image très négative propagée pendant des décennies par le régime communiste d'après-guerre.

Sommaire

[modifier] Carrière

[modifier] Période de l'entre-guerres

Antonescu avait fait carrière dans l'armée. Il se distingua en participant en tant qu'officier à la Deuxième guerre des Balkans puis à la Première Guerre mondiale, et obtint ensuite le grade de général. Il fut attaché militaire en France et en Grande-Bretagne dans les années 1920.

Il fut nommé Premier ministre en septembre 1940 par le roi Charles II, après l'annexion du nord de la Transylvanie par la Hongrie (soutenue par l'Allemagne), et l'annexion de la Bessarabie et de la Bukovine par l'Union soviétique.

[modifier] Alliance avec Hitler

Il opta pour une alliance avec l'Allemagne avec l'idée de récupérer les territoires cédés aux Soviétiques. Dans un premier temps, il donna une place prépondérante dans le pouvoir à la Garde de fer, parti fasciste roumain, et promulgua des lois anti-juives. Il exclut toutefois la Garde de fer en janvier 1941, en raison du comportement insurrectionnel de ses membres. La Roumanie devint un vassal du Troisième Reich, préservant ses intérêts stratégiques (approvisionnement en pétrole de la région de Ploiesti et utilisation du territoire comme base d'invasion).

Les troupes roumaines participèrent à l'opération Barbarossa en juin 1941, occupant la région d'Odessa où elles commirent des massacres avec l'aval d'Antonescu. La popularité d'Antonescu s'effondra lorsque les deux armées roumaines engagées sur les flancs des forces allemandes, subirent d'importantes pertes lors de la bataille de Stalingrad. Devant l'avancée de l'Armée rouge, Antonescu fut arrêté le 23 août 1944 lors d'un coup d'État par le roi Michel Ier en personne, alors que les troupes soviétiques menaçaient d'envahir la Roumanie. L'armistice et le retournement d'alliance sont signés peu après. Antonescu fut gardé prisonnier dans une maison secrète par les communistes et puis transféré à Moscou.

Après la Seconde Guerre mondiale, il fut ramené en Roumanie et traduit devant un « Tribunal du peuple » par le gouvernement dominé par les communistes, pour avoir soutenu l'invasion nazie de l'URSS et la déportation ou l'exécution de près de 300 000 juifs roumains ou ukrainiens. Il fut fusillé en juin 1946. Avant le tir, il leva son chapeau et ses derniers mots après le tir ont été, selon le rapport officiel de la Securitate de l'époque : « Vous ne m'avez pas tué, messieurs, tirez ! ».

En 2004, le gouvernement roumain admit la conclusion d'une commission d'enquête menée par Elie Wiesel, faisant état de la responsabilité d'Antonescu dans la mort d'entre 280 000 et 380 000 juifs de Roumanie ou des territoires occupés par son armée, déportés ou assassinés.

La condamnation d'Antonescu pour « crimes contre la paix » a été révisée par la Cour d'Appel de Bucarest le 6 décembre 2006. La Cour a apprécié que des documents inconnus lors du procès, notamment les annexes secrètes du Pacte germano-soviétique prévoyant une agression soviétique contre la Roumanie, justifiaient la guerre préventive contre l'URSS en 1941.

[modifier] Controverses

Antonescu pendant son procès
Antonescu pendant son procès

On dit souvent qu'Antonescu était un « dictateur fasciste ». Sur la première partie de la qualification il n'y a pas de doute mais bien qu'ayant rangé la Roumanie aux cotés des vassaux du Troisième Reich, son alignement sur le nazisme n'était pas total.

Il a toujours eu une attitude discutable d'après les milieux nazis :

  • Antonescu a dit personnellement à Hitler qu'il « ne s'intéressait pas aux idéologies, mais seulement aux intérêt de sa patrie, qui sont supérieurs [aux idéologies] ».
  • Sa belle mère, Frida Cuperman, était juive, tout comme sa maîtresse Raşela Mendel, avec qui -suppose-t-on - il voulait se marier.
  • En Roumanie, il n'y a pas eu de « solution finale » (extermination des juifs): d'une part les juifs qui se trouvaient sur le territoire roumain n'ont pas été massivement envoyés vers des camps de concentration, et de nombreux juifs étrangers ont eu la vie sauve en passant par la Roumanie, d'autre part, le sentiment anti-juif dans le gouvernement ne peut être nié (expropriations, déportations et exécutions dans les territoires occupés de Bessarabie et de Transnistrie).
  • Joseph Goebbels lui-même rapporte dans son journal personnel: « Antonescu est au gouvernement avec l'aide des maçons et des ennemis de l'Allemagne. Nos minorités [allemandes en Transylvanie] ont la vie dure. Le Reich a fait un tel effort pour rien. » (19 février 1941).
  • Jusqu'à 1942, Antonescu a permis et même encouragé l'émigration des juifs vers la Palestine mandataire, avec l'argument que de cette façon le « problème juif » pouvait se résoudre. Cette politique cessa ensuite à cause du refus britannique d'accepter de l'immigration en Palestine de Juifs roumains, et de la pression de plus en plus importante du gouvernement hitlérien.

[modifier] Réhabilitation

La Cour d’appel de Bucarest vient de laver [1] (2007) le maréchal Ion Antonescu de l’accusation de « crimes contre la paix ».

Deux organisations juives de Roumanie ont contesté cette décision.

Le 5 décembre 2006, la Cour d'appel de Bucarest a annulé la condamnation d'Antonescu pour certains crimes contre la paix, en s'appuyant sur le fait que les conditions objectives de 1940 justifiaient une guerre préventive contre l'Union soviétique, si bien que l'article 3 de la Convention de 1933 définissant ce qu'est une agression ne s'applique pas dans son cas. La cour a déclaré nulles certaines décisions du Tribunal du Peuple du 17 mai 1946 condamnant Antonescu et d'autres accusés. En conséquence, Antonescu et vingt autres personnes ont été déclarés non coupables de « crimes contre la paix à l'encontre des peuples de la Russie soviétique » (texte de 1946) et non coupables également en ce qui concerne certains « crimes de guerre résultant de la collaboration militaire entre la Roumanie et l'Allemagne », sur la constatation que les éléments constitutifs de tels crimes étaient absents. La cour a maintenu en revanche les conclusions de 1946 faisant référence à une participation dans l'Holocauste.

La cour a fondé sa décision sur la nullité du Protocole Secret contenu dans le Pacte germano-soviétique, déclarant que « [...] en établissant les sphères d'influence, il était à l'origine des graves agressions territoriales subies par la Roumanie en 1940. Il a attenté ainsi aux normes impératives de la loi internationale à cette date concernant l'intégrité territoriale des États, c'est-à-dire à l'article 10 du Pacte de la Société des Nations [...] » La cour a également fondé sa décision sur le précédent de l' « agression légitime » dû au Tribunal de Tokyo, qui a décidé que la déclaration de guerre des Pays-Bas au Japon en 1941 était légitime du fait que, à la Conférence Impériale de novembre 1941, le Japon avait annoncé qu'il annexerait les territoires néerlandais de l'Océan Pacifique.

La cour a estimé légitime la guerre contre l'URSS pour libérer la Bessarabie et la Bucovine du Nord dans la mesure où il s'agissait d'écarter une menace militaire soviétique imminente, déclarant que, vue sous cet angle, la coopération militaire avec l'Allemagne n'était pas illégitime. Elle a constaté cependant que la Roumanie, par l'intermédiaire du régime d'Antonescu, a collaboré militairement avec les pouvoirs d'Axe mais sans traité militaire, ce qui lui laissait une autonomie relative dans ses décisions, établissant ainsi une responsabilité propre de la Roumanie parallèlement à celle de l'Axe. En acceptant le 12 juin 1941 de participer dans le cadre du Plan Barbarossa à des opérations militaires et des conquêtes territoriales, la Roumanie s'est livrée avec l'Alliance du Pacte tripartite à une guerre d'agression contre l'Union soviétique et les Nations Unies, ce qui justifie les conclusions de la cour de 1946 qui avait condamné les 21 accusés sur ce point. La cour a fondé sa décision sur les conclusions du Tribunal de Nuremberg (1946) selon lesquelles la guerre engagée par l'Allemagne nazie était une guerre d'agression. Dans sa référence aux crimes de guerre et aux crimes contre l'humanité, la cour a constaté que l'existence du Pacte germano-soviétique ne pouvait pas justifier de tels crimes et que par conséquent la demande de révision qui les concernait était sans fondements.

[modifier] Article connexe

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes

  1. http://www.armenews.com/article.php3?id_article=30878 voir ici
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