Henri Crolla

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Henri Crolla est un guitariste né à Naples en 1920 et mort en 1960.

Sommaire

[modifier] Biographie

Crolla est né en 1920 dans une famille de musiciens napolitains itinérants. La Première Guerre mondiale ramène la famille à Naples, et leur statut d’artistes dégringole vers quasi-indigents. Avec la montée du fascisme, ils quittent l’Italie en 1922 pour Paris. Là, ils s’installent Porte de Choisy, dans ce qu’on appelait « la zone », mi-bidonville mi-terrains vagues, avec des immigrants, avec les Gitans et les Manouches qui s’y arrêtent régulièrement. Parmi ces voisins manouches, la famille de Django Reinhardt où "Rico" est considéré comme un des enfants de la tribu par la mère de Django, "la belle Laurence". Enrico, ou Rico, commence à jouer avec la mandoline de maman, Térésa, quand elle est au travail. Il a 3 ans, les parents survivent en jouant dans la rue, en faisant la manche, ce qui ne plaît pas aux autres enfants. Ils veulent un vrai travail, en usine. Enrico est le seul à suivre la trace musicale d’Antonio et Térésa Crolla, amis de Nino Rota, mais en France, ce n’est plus pareil. Néanmoins Antonio persévère, forme des petits ensembles ("Jazz Crolla") encourage Enrico qui ne demande que ça. À 8 ans, il commence à mettre l’école entre parenthèses pour aller jouer du banjo aux terrasses des cafés riches, des brasseries en vogue, comme la Coupole : il figure sur un des piliers où les peintres de Montparnasse ont immortalisé les personnalités de l’époque.

À 13 ans il joue dans la rue et rencontre Lou Bonin du Groupe Octobre. Il vient d’entrer naturellement dans l’univers de mots et d’images de Jacques Prévert, Pierre Prévert, Paul Grimault, et celui du théâtre d’action de Lou Bonin.

Paul Grimault et Jacques Prévert "l’adoptent". Il vivra plusieurs années chez Grimault, où il découvre la guitare, le jazz… Chez Grimault, le peintre Émile Savitry amène quelques-uns de ses amis musiciens, les frères Ferret, et surtout Django et Joseph Reinhardt, dont la formation originale, le Quintette à cordes du Hot Club de France invente un jazz européen novateur. Là, "Riton" que Prévert baptise « Mille-pattes » pour son agilité de musicien, découvre toutes les possibilités du vrai jazz : l’improvisation, la création spontanée, la liberté. Très vite il fait partie des musiciens invités dans les clubs où se produisent Coleman Hawkins, Benny Carter, Bill Coleman, Gus Viseur, avec qui il joue à « La Boîte à Sardines », un des premiers clubs de jazz. La Seconde Guerre mondiale interrompt son parcours : mobilisé en Italie, il déserte et revient en France. Durant les années 40-45, c’est une alternance de travaux d’occasion et de concerts plus ou moins importants, il ne sera naturalisé français qu’en 1946.

En 1945, musicien de jazz en voie de consécration — Prix de l’Académie du jazz 1947 avec Léo Chauliac et Emmanuel Soudieux) —, il rencontre Yves Montand et devient sa conscience musicale. Parcours Music-Hall jusqu’en 1957-58, avec la composition de 40 chansons, et quelques années intenses de tournées. Entre 47 et 53, Montand et le quintette jazzy créé avec Bob Castella vont parcourir tous les lieux de spectacles, casinos, clubs huppés, salles populaires, l’Etoile, l’ABC… Jusqu’au "marathon" de l’Étoile 1953, six mois à guichets fermés consacré par le premier double-album 33-tours de cette nouvelle technique, le microsillon va rapidement remplacer les 78-tours.

Ensuite, en 1954, Montand fait une pause-cinéma, et Crolla compose, musiques de courts-métrages, documentaires, avec André Hodeir, association de deux personnalités complémentaires : l’autodidacte, et le musicien musicologue aux trois prix de Conservatoire. En 1947, Montand lui présente une jeune journaliste : Colette. Coup de foudre. Et Crolla lui rend la politesse en 1949 en lui présentant une "copine du Flore" du temps où il faisait la manche, en 42-43 : Simone Signoret. Amitié qui ne se démentira jamais, c’est Signoret qui invente "Crolette" ou "Crollette", au choix…

1954-55 : Le Club Saint Germain reprend ses activités. Crolla invite Stéphane Grappelli, Emmanuel Soudieux et André "Mac-Kak" Reilles pour quelques soirées-jazz en quartette violon, guitare, batterie et contrebasse. Cet ensemble était l’idéal selon Emmanuel Soudieux, le contrebassiste préféré de Django.

Henri Crolla grave ses premiers enregistrements-jazz chez Vega. Depuis 1950, avec André Hodeir, ils ont composé plus de 100 musiques pour des courts-métrages, des documentaires, et en 1954-55 ce sont les premières musiques pour longs-métrages, avec GAS-OIL (Jean Gabin, Jeanne Moreau), puis Cette sacrée gamine, Une parisienne, Voulez-vous danser avec moi ? avec Brigitte Bardot.

Son éclectisme et sa curiosité musicale le mènent à financer le premier disque d’un jeune auteur de musique sérielle, Jean Barraqué, qu’on reconnait aujourd’hui comme un des pionniers du genre. Crolla, bien que très éloigné de ce genre de musique, avait pressenti qu’il y avait quelque chose d’intéressant.

Les années 55-58 sont très denses : jazz, cinéma, musiques populaires (trois albums 33-tours de guitare solo), tournée en URSS avec Montand, et en 56, premier essai de comédien avec Enrico, cuisinier, un film burlesque de Grimault et Pierre Prévert.

Dans les disques qu'il fait sortir par Vega, il choisit des musiciens peu connus, mais remarquables, comme Maurice Meunier, et le tout jeune Martial Solal (qui signe parfois Lalos Bing) au côté des fidèles, Soudieux, Pierre Fouad, et des compagnons réunis pour un hommage à Django "de ses pairs" comme dit la maison de disques. C’est grâce à Crolla que Paul Paviot réussit à tourner le film sur cet hommage à Django en 58, où l’on retrouve Rostaing, Joseph Reinhardt, Stéphane Grappelli et Crolla.

Avec la famille Prévert-Grimault qu’il n’a jamais quittée (la "contre-bande" de Prévert), Crolla s’éloigne du métier de musicien-routier, le cinéma l’attire de plus en plus.

Il passe en studio offrir quelques notes au premier disque de la jeune chanteuse ACI Nicole Louvier. Sollicité par Jean-Claude Pascal, il ne donnera pas suite, car les activités cinéma deviennent primordiales, c’est aussi pour cette raison qu’il n’est pas sur scène avec Montand lors des concerts de l’Étoile 58, mais il joue sur l’album. C’est Didier Duprat qui va assurer la succession à la guitare, et le groupe se renforce d’un trombone.

En 1958, il emmène Georges Moustaki chez Édith Piaf, comme il avait emmené Montand chez Prévert à Saint-Paul-de-Vence.

Dans la bande à Prévert, on a fait de cette forme d’expression un moyen privilégié, et il a aidé Montand à construire un tour de chant qui va devenir un modèle.

Vers 1959, il rencontre un jeune comédien, Jacques Higelin, devient son mentor, et lui suggère d’essayer la chanson. Il lui a donné quelques leçons de guitare qui marquent le jeune homme pour la vie. Fin 1958, Crolla décroche le premier rôle (avec Higelin) du film d’Henri Fabiani Le bonheur est pour demain, tourné en 1960, mais il meurt à la fin du tournage. Il avait 40 ans.

[modifier] Source

Biographie en cours : "Les Ballades de Crolla" de Norbert Gabriel & Sophie Tournel

[modifier] Discographie disponible en 2007

  • Crolla & Co, Hommage à Django de ses compagnons (Jazz in Paris, Universal, 2001)
  • Begin the beguine (id, 2002)
  • Quand refleuriront les lilas blancs (id, 2002)
  • Toujours dans la collection Jazz in Paris, dans le vol. 4 Jazz et Cinéma, les airs de "Touchez pas au grisbi" par le Trio Jean Wiener-Jean Wetzel-Crolla.
  • Dans le double CD Le meilleur de Grappelli (EMI), 8 titres enregistrés au Club St Germain en 1954

En 2007, dans la collection Jazz in Paris, " Musiques de cinéma" les compositions d'Henri Crolla et André Hodeir pour le cinéma, entre 1950 et 1060

[modifier] Filmographie

  • Outre quelques apparitions furtives dans des films dont il a fait la musique, Nino Bizzari, cinéaste italien, lui a consacré un film en 2002, pour la Raï Uno "Vie et mort d'un petit soleil" tourné à Naples et Paris, avec les témoignages de Moustaki, Higelin, Colette Crolla, Patrick Saussois, Roger Boumandil... Long métrage d'une heure et demie.
  • Henri Crolla apparaît aussi dans le film de Paul Paviot, tourné en 1958 en hommage à Django Reinhardt.

[modifier] Liens externes

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