Fritz Thyssen

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Fritz Thyssen (9 novembre 1873 - Buenos Aires, 8 février 1951) était un industriel allemand, fils et héritier d'August Thyssen, qui s'est associé au parti nazi d'Adolf Hitler. Lors de la Première Guerre mondiale, les Thyssen, spécialisés dans l'acier, produisaient des armes et des munitions pour l'armée allemande.

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[modifier] Biographie

Membre du Parti populaire national allemand (DNVP), Fritz Thyssen se mit à soutenir publiquement le nouveau parti nazi. Dès 1923, il finançait les nazis par l'intermédiaire de la Bank voor Handel, entreprise familiale basée à Scheepvaart à Rotterdam, ce qui leur permit de construire leur QG à Munich. Cette banque avait alors pour avocat Allen Dulles, qui travaillait pour Sullivan & Cromwell (New York), et deviendra plus tard directeur de la CIA — Allen Dulles représentait aussi le baron Kurt von Schroeder, qui travaillait pour les nazis. Johann Groening ainsi que Kurt von Schroeder — qui traitait avec le démocrate W. Averell Harriman et son petit frère E. Roland Harriman, et W. Prescott Bush (père de George H.W. Bush et grand-père de George W. Bush, présidents des Etats-Unis) — étaient tous deux directeurs d'une aciérie des Thyssen. Von Schroeder deviendra plus tard trésorier d'un autre groupe d'investissement qui finança le NSDAP.

Avec l'aide de la banque d'investissement W.A. Harriman & Co, Fritz Thyssen fonda la Union Banking Corporation (UBC), officiellement un investissement uniquement américain par sa composition officielle des actionnaires (W.A. Harriman, avec 3 991 parts; Cornelius Lievense, 4 parts; Harold D. Pennington, 1 part; Ray Morris; 1 part; H.J. Kouwenhoven, 1 part; Johan Groeninger, 1 part, et Prescott Bush, 1 part [1]).

La banque de Thyssen (voor Handel) ainsi que les millions de dollars ayant transité par la Bush-Harriman Union Banking Corporation (UBC) ont contribué à la hausse de popularité du nazisme en Allemagne, et ont largement aidé à la mise en place des SA, les "sections d'assaut" du parti nazi.

La fusion de l'empire de l'aciérie des Thyssen avec la Silesian Coal and Steel Company de Frederik Flick, qui formèrent ensemble la United Steel Works, a permis des gains substantiels ayant aussi alimenté les fonds nazis. Celle-ci causa la colère du gouvernement polonais, qui menaça plus d'une fois de nationaliser une telle entreprise stratégique, tombée dans des mains allemandes. Ceci explique pourquoi la propriété nominale fut transférée à des Américains, tandis que les versements à des comptes privés appartenant à de hauts membres de l'administration nazie, parmi lesquels celui d'Hitler lui-même, continuèrent jusqu'en 1944. Ces versements étaient toujours effectués par l'UBC. Malgré la saisie de l'UBC en 1942, ces apports de fonds continuèrent à partir de l'adresse postale de l'institution publique l'ayant saisie.

George Herbert Walker nomma Prescott Bush afin de superviser la nouvelle Thyssen/Flick United Steel Works. Walker, Bush et Harriman étaient propriétaires d'un tiers de l'Upper Silesian Coal and Steel Company de Flick, la plus grande industrie polonaise, et ont appelé la nouvelle holding, dirigée par John Foster Dulles, la Consolidated Silesian Steel Corp. Celle-ci détenait un tiers de l'Upper Silesian Coal and Steel Company, les deux-tiers restants appartenant toujours à Fredrick Flick. Pendant la guerre, cette dernière dépendait, tout comme l'United Steel Works, de travail forcé effectué à Auschwitz.

Avec l'aide d'autres industriels, Fritz Thyssen acheta en 1930 la Braune Haus à Munich, et finança sa rénovation afin d'en faire le nouveau QG du NSDAP. Ils entamèrent aussi une campagne afin d'encourager les industriels à travailler avec le NSDAP. Fritz Thyssen devint officiellement membre du NSDAP le 1er mai 1930. En faveur de la répression contre les syndicats et la gauche en général, il s'opposait néanmoins à l'antisémitisme. Son adhésion au parti nazi s'explique probablement par ses prises de position révisionistes envers le traité de Versailles. En novembre 1932, il signe, avec une vingtaine d'autres hommes d'affaires allemands, une pétition adressée au président Hindenburg, exigeant la nomination immédiate de Hitler à la chancellerie.

Fritz Thyssen démissionna de toutes ses fonctions politiques après la Nuit de cristal du 9 novembre 1938, et s'enfuit pour la Suisse et ensuite la France. Hitler confisqua alors ses biens et ordonna son arrestation, exécutée par le régime de Vichy. Thyssen fut alors déporté au camp de concentration de Sachsenhausen, bien que certains prétendent qu'il n'y ait pas été traité comme tout "prisonnier ordinaire". Il aurait aussi pris part à une réunion secrète d'industriels et de banquiers allemands, tenus le 10 août 1944 à l'hôtel de La Maison Rouge à Strasbourg, afin de trouver un moyen d'assurer l'avenir financier des nazis malgré la défaite. Le baron du charbon Emil Kirdorf, Georg von Schnizter de l'IG Farben, le magnat de l'acier Gustav Krupp von Bohlen und Halbach, ainsi que Fritz Thyssen et le banquier Kurt von Schorder auraient participé à cette réunion.

Thyssen aurait ensuite été officiellement « libéré » en 1945, puis condamné en tant qu'ancien membre du parti nazi. Il perdit alors environ 15% de ses biens, redistribués à des victimes de guerre, avant de retrouver rapidement son envergure financière d'avant-guerre.

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