Famille Orsini

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Palazzo Orsini à Fara Sabina, dans le Nord du Lazio, au centre de l'Italie. Les Orsini faisaient partie des familles les plus puissantes d'Italie depuis le Moyen-Âge, possédant un grand nombre de fiefs et seigneureries dans le Lazio et dans le Royaume de Naples.
Palazzo Orsini à Fara Sabina, dans le Nord du Lazio, au centre de l'Italie. Les Orsini faisaient partie des familles les plus puissantes d'Italie depuis le Moyen-Âge, possédant un grand nombre de fiefs et seigneureries dans le Lazio et dans le Royaume de Naples.

La famille Orsini (Ursinis) a été l’une des familles princières les plus importantes de l’Italie médiévale et de la Renaissance. Elle possédait anciennement de grandes possessions en Hongrie. Les membres les plus célèbres de cette famille furent les papes Célestin III (1191-1198), Nicolas III (1277-1280) et Benoît XIII (1724-1730). Elle a également donné naissance à de nombreux condottieres et à d’autres figures politiques ou religieuses d’importance. Elle eut une alliance avec une très grande famille française: les Thoury (de) par les princes Borghèse et Aldobrandini puis les comtes de Tana, seigneurs de Santena originaire du Piémont.

Sommaire

[modifier] Armes


Les Orsinis portent : bandé d’argent et de gueules au chef du premier chargé d’une rose du second.

[modifier] Origines

Les Orsinis se déclaraient descendants des Julio-Claudiens. C'est fantaisiste, de même que leur affiliation avec les familles allemandes d'Anhalt, de Baden-Baden et de Rosenberg portant le même nom. Les Ursinis étaient en fait liés à la famille des Boboni, qui vivait à Rome au XIe siècle. Le premier membre célèbre de la famille est un Bobone, père de Pietro, lui même père de Giacinto de Boboni (1110-1198), qui devint le pape Célestin III en 1198.

Un des premiers papes népotistes, il a ordonné cardinaux deux de ses neveux et a permis à son cousin Giovanni Gaetano (Giangaetano, mort en 1232) d'acheter les fiefs de Vicovaro, de Licenza, de Roccagiovine et de Nettuno, qui ont formé le noyau de la future puissance territoriale de la famille. Le nom de famille de Boboni a disparu avec ses enfants, qui se sont appelés de domo filiorum Ursi. Deux d'entre eux, Napoleone et Matteo Rosso (1178-1246) ont augmenté considérablement le prestige de la famille. Le premier était le fondateur de la première lignée méridionale, qui a disparu avec Camillo Pardo en 1553. Il a obtenu la ville de Manoppello, devenue plus tard un comté, et était gonfalonnier papal. Matteo Rosso, appelé Le Grand, était le véritable maître de Rome depuis 1241, lorsqu'il vainquit les troupes impériales, jusqu'à 1243, quand il fut Sénateur. Deux de ses fils et Napoleone étaient également sénateurs. Matteo a évincé les rivaux traditionnels, les Colonna, et a prolongé au sud les territoires des Ursinis jusqu'à Avellino et au nord jusqu'à Pitigliano. Pendant sa vie, la famille est entrée fermement dans le clan des Guelfes. Il a eu environ dix fils, qui ont dividés ses fiefs après sa mort. Gentile (mort en 1246) est à l'origine de la lignée Pitigliano et de la deuxième lignée méridionale. Rinaldo est à l'origine de la lignée Monterotondo. Napoleone (mort en 1267) est à l'origine de la lignée Bracciano et un autre Mateo Rosso de celle de Montegiordano, du nom du quartier de Rome où se trouvait la forteresse familiale. Cependant, le plus distingué de ses fils était Giovanni Gaetano (mort en 1280) élu pape sous le nom de Nicolas III. Celui-ci nomma son neveu Bertoldo (mort en 1289) comte de Romagne et ordonna cardinaux deux neveux et l'un de ses frères.

[modifier] La deuxième lignée méridionale

La montée en puissance des Ursinis ne s'arrêta pas à la mort de Nicolas III. Le fils de Bertoldo, Gentile II (1250-1318), fut deux fois sénateur de Rome, podestat de Viterbo, et à partir de 1314, Gran Giustiziere ("Grand Justicier") du Royaume de Naples. Il se maria à Clarice Ruffo, fille des comtes de Catanzaro, formant ainsi une alliance avec la plus puissante dynastie calabraise. Son fils Romano (1268-1327), appelé Romanello, fut Vicaire Royal de Rome en 1326, et hérita le comté de Soana grâce à son mariage avec Anastace de Montfort. La position de Romano était résolument Guelfe. Après sa mort, ses deux fils divisèrent ses fiefs, formant la lignée Pitigliano et la deuxième lignée méridionale.

Roberto (1295-1345), fils aîné de Gentile II, se maria avec Sibilla del Balzo, fille du Grand Sénéchal du Royaume de Naples. Parmi ses enfants, Giacomo (mort en 1379) fut ordonné cardinal par Grégoire XI en 1371, alors que Nicola (1331-1399) obtint les comtés d'Ariano et de Celano. Il fut également sénateur de Rome et augmenta les territoires familiaux dans le Latium et en Toscane. Son second fils, Raimondello Ursinis del Balzo, appuya le coup d'état de Charles III à Naples contre la reine Jeanne Ière. Sous le roi Ladislas il fut parmi les quelques napolitains qui purent conserver leur pouvoir territorial après la guerre royale contre eux. Cependant, à sa mort en 1406 les fiefs méridionaux des Ursinis furent confisqués. Les relations avec la famille royale restèrent froides sous Jeanne II, cependant lorsque le fils de Raimondello, Giannantonio (1386-1453) envoya ses troupes pour l'aider contre la tentative d'usurpation de Jacques de Bourbon, il reçut en échange la Principauté de Tarente.

Les liens avec la cour se renforcèrent sous Giovanni Caracciolo, favori de Jeanne et Grand Sénéchal. L'un des jeunes frères de Giannantonio épousa l'une des filles de Caracciolo. Cependant, les Ursinis changèrent de parti lorsque Alphonse V d'Aragon commença sa conquête du Royaume de Naples. Giannantonio gagna le duché de Bari, la position de Grand Connétable et une rémunération de 100 000 ducats. Giannantonio resta fidèle à l'héritier d'Alphonse, Ferdinand I, mais fut tué au cours d'une révolte de nobles. Mort sans fils légitime, beaucoup de ses possessions furent reprises par Ferdinand.

[modifier] La lignée Pitigliano

Cette lignée commença avec Guido Ursinis, second fils de Romano, qui hérita du comté de Soana. Lui et ses descendants gouvernèrent les fiefs de Soana, Pitigliano et Nola, mais au début du XVe siècle des guerres contre la République de Sienne et contre les Colonna provoquèrent la perte de plusieurs territoires. Bertoldo (mort en 1417),dont la fille Giovanna épouse en 1397 Biordo Michelotti, réussi seulement à conserver Pitigliano, alors que son petit-fils Orso (mort en Juillet 1479) fut comte de Nola et combattit comme condottiere sous les ordres du Duc de Milan et de la République de Venise. Il se mit ensuite au service de Ferdinand Ier de Naples. N'ayant pas pris part à la conjuration des Barons, il reçut les fiefs d'Ascoli et d'Atripalda. Il prit part à la campagne aragonaise en Toscane et fut tué durant le siège de Viterbo.

Le représentant le plus significatif de la lignée fut Niccolò, l'un des condottieres les plus importants de l'époque. Son fils Ludovico (mort en 1534) et son neveu Enrico (mort en 1528) prirent part aux Guerres d'Italie, au service de la France ou de l'Espagne, changeant souvent de bord avec l'aisance typique des leaders militaires italiens de l'époque. Deux des filles de Ludovico se marièrent avec des personnages importants: Geronima avec Pier Luigi Farnese, fils illégitime du pape Paul III, et Marzia à Gian Giacomo Medici de Marignano, un important général de l'armée espagnole.

La lignée commença à décliner lors de la perte de Nola par Ludovico, qui fut également obligé d'accepter la suseraineté de Sienne sur Pitigliano. Sous son fils Giovan Francesco (mort en 1567), le comté entra dans la sphère d'influence du Duc de Toscane. Plus tard, la tentative d'Alessandro (mort en 1604) d'obtenir le titre de Monterotondo fut repoussée par le pape Grégoire XIII. Son fils Giannantonio (1569-1613) vendit définitivement Pitigliano à la Toscane, en échange du marquisat de Monte San Savino. La lignée s'éteint en 1640 (mort d'Alessandro).

[modifier] La lignée Monterotondo

Cette lignée fut fondée par Rinaldo, troisième fils de Mateo Rosso le Grand. Ses membres furent souvent mêlés aux luttes entre nobles de la fin du Moyen-Age romain. Son fils Napoléon fut cardinal-diacre au titre de Saint-Adrien (1288-1342). Au moins trois de ses membres furent élus sénateurs, alors que d'autres combattirent comme condottieres. Francesco prit part en 1370 à la guerre de Florence contre les Visconti de Milan. Orso (mort en 1424), tomba en combattant pour le Roi de Naples à la bataille de Zagonara contre les milanais. Ses fils Giacomo (mort en 1482) et Lorenzo (mort en 1452), combattirent pour les Etats pontificaux, le Royaume de Naples et Florence. L'une des filles de Giacomo, Clarisse (1453-1488) devint la femme de Laurent de Medicis. Franciotto Ursinis fut ordonné cardinal par Léon X en 1517.

Le membre le plus important des Monterotondo fut Giovan Battista Ursinis, qui devint cardinal sous Sixte IV (1483). Il faisait vraisemblablement parti des organisateurs du complot manqué contre César Borgia en 1502, et fut assassiné en représailles, avec de nombreux membres de la famille.

La lignée déclina à partir de la fin du XVIe siècle, lorsque plusieurs membres furent assassinés ou perdirent leurs terres pour diverses raisons. Ses derniers représentants, Enrico (mort en 1643) et Francesco (1592-1650) vendirent Monterotondo aux Barberini en 1641.

[modifier] La lignée Bracciano

Napoleone, un autre fils de Matteo Rosso le Grand, reçu Bracciano, Nerola et d'autres terres dans ce qui est maintenant le nord du Latium. Il fut sénateur de Rome en 1259. Grâce à la position stratégique de leurs fiefs, et à leur célèbre château construit à Bracciano en 1426, ils furent la lignée Ursinis la plus puissante du Latium. Le Comte Carlo, fils d'un autre Napoleone (mort en 1480) fut Gonfalonnier papal. De son mariage avec Francesca Orsini de Monterotondo naquit Gentile Virgino Ursinis, l'un des personnages politiques italiens les plus importants de la fin du XVe siècle. Après la mort de son père Carlo, il étendit les possessions familiales grâce à des terres héritée de sa femme, une autre Ursinis de Salerne, et surtout il fut parmi les favoris de Ferdinand Ier de Naples, qui le nomma Grand Connétable de Naples. Avec son cousin, le Cardinal Giovani Battista, il faisait partie des opposants les plus acharnés des papes Innocent VIII et Alexandre VI. En 1492 Gentile Virginio acheta le comté d'Anguillara à Franceschetto Cybo.

Durant la campagne de Charles VIII de France en Italie, il parvint à conserver Bracciano en ne l'affrontant pas directement. Ferdinand II de Naples lui confisca ses fiefs et l'emprisonna au Castel dell'Ovo, où il fut empoisonné en 1497. La famille retrouva de l'importance sous les papes Medicis du début du XVIe siècle avec lesquelles les relations étaient plus amicales. Son fils Giangiordano fut Prince Assistant du Trône Papal. Son fils Virginio fut un célèbre amiral aux ordres des États pontificaux et de la France, mais ses fiefs lui furent confisqués en 1539 sous l'accusation de trahison.

Paolo Giordano fut nommé premier Duc de Bracciano en 1560. Condottiere accompli, il fut également un personnage impitoyable qui fit assassiner sa femme Isabella de Medicis. Pour ses nombreux homicides il dut s'enfuir en Italie du nord. Virginio lui succéda, et son héritier Paolo Giordano II épousa la princesse de Piombino et fut nommé Prince du Saint-Empire romain. Son frère Alessandro fut cardinal et légat du Pape, et un autre frère, Ferdinando (mort en 1660) acquit les possessions de la lignée de San Gemini. Au XVIIe siècle les ducs de Bracciano déplacèrent leur résidence pour Rome. Ceci, en même temps qu'une décadence économique générale, porta préjudice au duché, et le dernier Duc et Prince, Flavio (1620-1698), fut obliger de le vendre aux Odescalchi et à d'autres pour payer ses dettes.

[modifier] La lignée Gravina

La lignée Gravina, du nom d'une ville des Pouilles, est la seule lignée Ursinis qui soit parvenue jusqu'à nos jours. Elle descend de Francesco (mort en 1456), un fils de Carlo de Bracciano. La plupart de son fief se situait dans le nord du Latium, mais entra dans l'orbite de Naples lorsqu'il fut appelé par Sergianni Caracciolo pour lutter contre les troupes angevines, qu'il vainquit. Il obtint par le mariage le titre de Comte de Gravina. Il fut fait Duc de Gravina par le roi Alphonse, titre définitivement assigné à son fils Giacomo (mort en 1472), auquel avaient été ajoutés les comtés de Conversano, Campagna et Copertino. Deux des fils de Francesco, Marino (mort en 1471) et Giovani Battista (mort en 1476), furent respectivement archevêque de Tarente et Grand Maître des Chevaliers de Rhodes.

Le quatrième duc, Francesco, fut étranglé par César Borgia en 1503. L'un de ses neveus, Flavio Ursinis, fut nommé cardinal en 1565. Le cinquième duc, Ferdinando (mort en 1549) vit tous ses fiefs confisqués par les espagnols, mais les récupéra après le paiement d'une rançon de 40.000 écus.

Après la mort sans héritiers du duc Michele Antonio (mort en 1627), ses terres passèrent àa son cousin Pietro Ursinis, comte de Muro Lucano (mort en 1641). Son neveu Pier Francesco, qui avait renoncé à la succession en faveur de son frère Domenico pour entrer dans l'ordre dominicain fut plus tard élu pape sous le nom de Benoît XIII.

Son successeur éleva le neveu de Benoît XIII, le prince Beroaldo Ursinis,à la charge de Prince Assistant au trône papal (titre conservé jusqu'en 1958), après que l'empereur Charles VI l'ait déjà fait prince su Saint Empire Romain en 1724. Le dernier cardinal de la famille fut Domenico.

La famille déménagea à Rome au XVIIIe siècle, où le duc Domenico (1790-1874) épousa Maria Luisa Torlonia en 1823. En 1850 il fut ministre de la guerre et lieutenant général des armées du pape, et également sénateur de Rome.

[modifier] Liens externes