Emil Hácha

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Emil Hácha (12 juillet 1872 - 26 juin 1945) est un avocat tchèque qui devient en 1938 le troisième président de la Tchécoslovaquie et le seul et unique président du protectorat de Bohème-Moravie entre 1939 et 1945.

Emil Hácha est né en 1872 dans la ville de Trhové Sviny. Il fait des études de droit à l'université de Prague. Il travaille ensuite dans l'administration du Royaume de Bohème alors que la Bohème est encore une province de l'Autriche-Hongrie. Après la Première Guerre mondiale, il devient juge à la cour suprême administrative de Vienne. Après le traité de Versailles, Hácha devient juge à la cour suprême administrative de la République Tchécoslovaque et en 1925, Tomáš Masaryk le nomme président de cette institution. Il est en même temps l'un des plus fameaux avocats du pays, spécialiste de droit international. Il fait également des traductions d'ouvrages anglais, comme Trois hommes dans un bateau, de Jerome K. Jerome.

Après les accords de Munich et l'émigration du président Edvard Beneš, il est élu président de la deuxième république tchécoslovaque le 30 novembre 1938 et demande à Rudolf Beran de former un gouvernement. Rudolf Beran était président du parti d'unité nationale dans lequel s'étaient regroupés la plupart des partis de droite. [1].

En mars 1939, l'action des agents allemands et des séparatistes slovaques aboutit à une crise intérieure que le gouvernement tente de résoudre par une intervention armée le 9 mars 1939. Monseigneur Jozef Tiso, président du gouvernement autonome slovaque, est renversé, mais Adolf Hitler et Hermann Göring convoquent Hácha à Berlin et le menacent de faire bombarder Prague. Au bord de la crise cardiaque, terrorisé par Hitler, Emil Hácha est ainsi contraint de signer le 15 mars un document acceptant l'occupation de la Bohême-Moravie par les troupes allemandes [2].

Après l'occupation de ce qui restait de la Tchécoslovaquie au lendemain du 15 mars 1939, Hácha reste à son poste de Président mais doit se soumettre à Hitler et à Konstantin von Neurath, protecteur de Bohème-Moravie, nommé en novembre 1939. Il proteste contre la politique allemande de germanisation du protectorat. Il faut bien dire que ces protestations ont peu d'effet. En décembre 1939, Hácha prend secrètement contact avec Beneš qui se prépare à former un gouvernement en exil et fait savoir qu'avec son gouvernement, il reste solidaire de la Résistance extérieure tchèque [3].

En mars 1940, après la défection du ministre de l'agriculture parti rejoindre Beneš à Londres, Hácha envoie un télégramme à Hitler pour réaffirmer la volonté de son cabinet de coopérer. Ce n'est pas suffisant pour Hitler qui attendait un serment d'allégeance. Hácha transmet alors à Berlin son souhait d'assister à la victoire de l'Allemagne. Beneš réagit en déclarant que la limite de l'opportunisme a été franchi. Ultérieurement, Hácha félicitera Hitler pour sa victoire à l'ouest [4].

La situation se dégrade après le remplacement de Neurath, considéré par Hitler comme trop tendre, par Reinhard Heydrich. Hácha qui avait écrit une lettre de démission sans l'avoir envoyée, perd tout contrôle sur les affaires réelles du pays et devient une marionnette. Beaucoup de ses collègues et amis sont arrêtés, comme le premier ministre Alois Eliáš, ou bien fusillés ou encore déportés en camp de concentration. L'arrestation d'Eliáš a lieu en septembre 1941, une semaine après la nomination de Heydrich. Dans un discours à la radio, Hácha dénonce Beneš comme "l'ennemi public numéro un".

Après l'attentat réussi contre Heydrich, des manifestations de masse sont organisées contre Beneš et les politiciens de Londres. Le gouvernement offre 10 millions de couronnes pour retrouver les coupables. Cette politique de collaboration n'est suivie d'aucune gratification de la part d'Hitler qui reçoit Hácha et le menace d'expulser plusieurs millions de Tchèques hors de la Bohème-Moravie.

Hácha décède à l'âge de 63 ans, six semaines après la libération de Prague. Il demeure une figure controversée de l'histoire tchèque. Selon Astrid Hofmanova, Emil Hácha est autre chose que ce symbole de collaboration avec l'ennemi, de trahison et de timidité qu'il paraît être. "En acceptant la fonction présidentielle, il s'est sacrifié dans l'intérêt de la nation et celui de l'État.

[modifier] Notes et références

  1. Pavel Bělina, Petr Čornej, Jiří Pokorný, Histoire des Pays tchèques, Editions du Seuil 1995, p.396
  2. Astrid Hofmanova, Emil Hácha, radio tchèque, 17/07/2002, [1]
  3. Werner Rings, Life with the enemy, Weidenfeld and Nicholson, 1979, p.136
  4. Life with the ennemy p.138

[modifier] voir aussi

[modifier] Liens externes

Biographie d'Emil Hácha, radio tchèque par Astrid Hofmanova