Elizabeth Báthory

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Portrait supposé d'Elisabeth Báthory. Il ne s'agit pas d'un portrait original, mais une copie presque contemporaine de l'original. L'original ayant disparu.
Portrait supposé d'Elisabeth Báthory. Il ne s'agit pas d'un portrait original, mais une copie presque contemporaine de l'original. L'original ayant disparu. [1]

La comtesse Elisabeth Báthory (Báthory Erzébet en hongrois, Alžbeta Bátoriová(-Nádasdy) en Slovaque, Elżbieta Batory en polonais, 7 août 156021 août, 1614) était une comtesse hongroise de la prestigieuse famille des Báthory. Elle fait partie des plus célèbres tueurs en série de l’histoire Hongroise et Slovaque. Elle est souvent évoquée sous le sobriquet de "dame sanglante de Čachtice" du nom du château près de Trenčín, (dans la Hongrie Royale, aujourd'hui une partie de la Slovaquie), où elle a vécu la plus grande partie de sa vie.

Après la mort de son mari, elle et quatre collaborateurs présumés furent accusés de torture et de meurtre de nombreuses filles et jeunes femmes dont le nombre reste incertain (voir le chapitre consacré à cette question). En 1610, elle fut emprisonnée dans le château de Čachtice, où elle est restée jusqu’à sa mort pendant quatre ans. Son origine noble lui évita un procès et une exécution.

Le cas de Báthory a inspiré de nombreuses histoires et légendes dans lesquelles elle se serait baignée dans le sang de ses victimes pour garder sa jeunesse. Ce qui inspira des surnoms comme La comtesse sanglante ou la comtesse Dracula. Mais ces légendes ont été largement écartées par les historiens modernes. Elles persistent malgré tout dans les croyances populaires (voir le chapitre consacré à cette question).

Sommaire

[modifier] Jeunesse et origines

Elisabeth Báthory est née dans une propriété familiale à Nyírbátor en Hongrie le 7 août 1560. Elle passa son enfance au château de Ecsed. Son père était George Báthory, un frère de Andrew Bonaventura Báthory, un des princes de Transylvanie de la branche des Somlyó. Par sa mère elle était la nièce de Étienne Báthory, roi de Pologne.

[modifier] Mariage

Elisabeth fut à l’âge de 13 ans fiancée à Ferencz Nádasdy et déménagea dans le château de Sárvár, où on dit qu’elle aurait eu une aventure avec un paysan et aurait donné naissance à une fille illégitime morte-née. En 1575, à l’âge de 15 ans, elle se maria avec Nádasdy à Vranov nad Topľou.

Le cadeau de mariage que Ferencz lui offrit fut le château de Čachtice situé dans les Carpates près de Trenčín. Le château était entouré d’un village et de terres agricoles. Nàdasdy l'avait acheté à l’empereur Rodolphe II du Saint-Empire.Il devint ainsi une propriété de la famille.

En 1578, Nádasdy était devenu le commandeur en chef des troupes hongroises qu’il mena durant la guerre contre les turcs. Il était considéré à la fois comme brave et cruel. Elisabeth Báthory gérait ses affaires pendant ses absences.

Durant la longue guerre contre les Turcs ottomans (1593-1606), elle fut chargée de la défense des propriétés de son mari[2]. La menace était sérieuse, car le village de Čachtice avait été pillé par les turcs en 1599[3], tandis que Sárvár se trouvant près de la frontière qui séparait la Hongrie royale et la Hongrie ottomane, était même en plus grand danger.

Elisabeth était une femme éduquée, qui savait lire et écrire dans quatre langues[2]. D’après les lettres qu’elle a laissées, on connaît plusieurs cas où elle intervint en faveur de femmes destituées, notamment une femme dont le mari avait été capturé par les Turcs et une femme dont la fille avait été violée et mise enceinte.

Son mari succomba en 1604 à l’age de 47 ans. Il est admis communément que son décès serait lié à une blessure reçue au combat, tandis que d’autres sources prétendent qu’il aurait été assassiné par une prostituée ou par le général Giorgio Basta dont le règne de terreur en Transylvanie avait conduit à un déclin du pouvoir de la famille Báthory.

[modifier] Arrestation

[modifier] Investigation

Entre 1602 et 1604, le prêtre luthérien István Magyari vint à se plaindre à la fois publiquement et à la cour de Vienne, concernant des atrocités commises suite à certaines rumeurs.[4].

Les autorités prirent un certain temps avant de répondre aux plaintes de Magyari. Finalement, en 1610, l'empereur "Matthias Ier du Saint-Empire", chargea de l'enquête György Thurzó, palatin de Hongrie[5].En mars 1610, Thurzó chargea deux notaires de rassembler des preuves.[6]. Avant même d’avoir obtenu des résultats[7] Thurzó commença à négocier avec le fils d’Elisabeth et ses deux beaux-fils. Un procès et une exécution auraient causé un scandale public, jeté la disgrâce sur une noble famille influente (qui a l’époque régnait sur la Transylvanie), et la fortune considérable d’Elisabeth aurait été saisie par la couronne. Thurzó se mit d’accord pour assigner Elisabeth Báthory à résidence[8].

[modifier] Arrestation et procès

Thurzó se rendit à Čachtice le 29 septembre 1610 et fit arrêter Elisabeth Báthory ainsi que quatre de ses serviteurs, qui étaient accusés d’être ses complices. Il est dit que les hommes de Thurzó auraient trouvé le corps d’une fille morte et celui d'une mourante. Une autre femme fut trouvée blessée, d’autres enfermées[9].

Tandis que la comtesse était assignée à résidence (et le resta à partir de ce moment), ses complices furent poursuivis. Un procès fut préparé en hâte et se tint le 7 janvier 1611 à Bytča présidé par le Juge de la Cour Royal Suprême Theodosious Syrmiensis de Szulo et 20 juges associés. Elisabeth elle-même ne prit pas part au procès.

Les accusés au procès étaient:

  • Dorottya Szentes, désignée aussi sous le nom de Dorko
  • Ilona Jó
  • Katalin Benická
  • Le nain János Újváry, Ibis ou Fickó.

Dorko, Ilona et Fickó furent désignés coupables et exécutés. Dorko et Ilona eurent les doigts arrachés avant d’être jetées au feu. Tandis que Fickó, dont la culpabilité fut jugée moindre, fut décapité avant d’être jeté aux flammes. Un échafaud public fut érigé près du château pour montrer que justice avait été rendue. Katalin Benická fut condamnée à une sentence de prison à vie, car elle n’avait agi que sous la contrainte et l’intimidation des autres, comme en attestent les témoignages.

[modifier] Dernières années et mort

Elisabeth n’aura jamais été poursuivie au tribunal, mais restera mise en demeure dans une seule pièce jusqu’à sa mort.

Le roi Matthias Ier du Saint-Empire incita Thurzó à la traîner en justice. Deux notaires furent envoyés pour collecter de nouveaux témoignages[10].Cependant les lettres échangées entre l’empereur et le palatin entre 1611 et 1613 laissent penser que Thurzó n’était pas enclin à attaquer la comtesse.

Le 21 août 1614 , Elisabeth Báthory meurt dans son château. Elle fut enterrée à l’église Čachtice.[11]

[modifier] Accusations

Les témoignages collectés en 1610 et 1611 s’élèvent à un total de plus de 300 relevés. Les rapports du procès comprennent les témoignages des 4 accusés, ainsi que ceux de 13 autres témoins. Notamment le Castellan [12] et le reste du personnel du château de Sárvár

Ses victimes initiales étaient des filles paysannes locales qui étaient attirées à Čachtice par des offres de travail bien–payé en tant que servantes dans le château. Plus tard elle aurait commencé à tuer des filles de la basse noblesse, qui étaient envoyée en gynécée chez elle par leurs parents pour apprendre l’étiquette. Des rapts semblent aussi avoir été pratiqués.

Les descriptions de torture qui furent mises en évidences durant le procès étaient souvent basées sur le ouï-dire. Parmi les atrocités décrites les plus probables, on cite notamment :

  • des passages à tabac sévères durant de longues périodes, conduisant souvent à la mort.
  • des brûlures et diverses mutilations des mains, parfois aussi sur les visages et les parties génitales
  • des morsures arrachant des parties de peau de visages, de bras et du corps
  • l'exposition de victimes au froid jusqu’à ce que mort s’en suive
  • la mort de victimes en les affamant.

L’utilisation d’aiguilles fut aussi mentionnée par les collaborateurs au procès.

Certains témoins mentionnent des proches qui seraient morts à la gynécée. D’autres reportent avoir vu des traces de torture sur des cadavres, certains étaient enterrés au cimetière et d’autres dans d’autres endroits non déterminés.

Selon les confession des accusés, Elisabeth Báthory aurait non seulement torturé et tué ses victimes à Čachtice mais également dans ses propriétés à Bécko, Sárvár, Deutschkreutz, Bratislava et Vienne et même en route entre ces différents endroits.

En plus des accusés, plusieurs personnes furent mentionnées pour avoir fourni des filles à Elisabeth Báthory.

Une personne peu connue, Anna Darvulia, fut également mentionnée : probablement une personne des environs, on dit qu’elle aurait eu énormément d’influence dans le début de la carrière sadique d'Elisabeth Báthory. Elle serait cependant morte plus tôt que cette dernière.

Le nombre total de jeunes filles torturées et tuées par Elisabeth Báthory reste inconnu, bien qu’il fut parfois mentionné une centaine, entre les années 1585 et 1610. Les estimations diffèrent grandement. Szentes et Fickó en reportent respectivement 36 et 37, au cours de leur période de service. Les accusés estiment le nombre à une cinquantaine ou plus. Le personnel du château de Sárvár estime le nombre de corps retirés du château entre 100 et 200. Un témoin au tribunal mentionna un carnet, dans lequel un total de 650 victimes serait supposé avoir été listées par Elisabeth Báthory elle-même. Ce carnet n’a été mentionné nulle part ailleurs, et n’a jamais été découvert ; cependant ce nombre est devenu part de la légende entourant Báthory.

L’écrivain László Nagy a avancé la théorie selon laquelle Elisabeth Báthory aurait été victime d’une conspiration.[13] Un point de vue rejeté par d’autres [14].

[modifier] Folklore et culture populaire

Le cas d’ Elisabeth Báthory inspira de nombreuses histoires au cours des XVIIIe et XIXe siècles. Le motif le plus fréquent de ces œuvres étant celui présentant une comtesse se baignant dans des bains de sang de ses victimes afin de garder beauté et jeunesse.

Cette légende est apparue pour la première fois en 1729 sous la plume de László Turóczi, un érudit jésuite dans le livre Tragica historia[15] le premier écrit consacré à Báthory. Des historiens modernes comme Radu Florescu et Raymond T. McNally en ont conclu que les théories présentant la vanité comme motif des meurtres d’Elisabeth provenaient essentiellement de stéréotypes liés au rôle social des femmes à l’époque. On ne pouvait pas envisager que les femmes soient capables de violence gratuite.

Au début du XIXe siècle, la thèse de la vanité fut remise en question et le plaisir sadique fut considéré comme un motif plus plausible de ses crimes[16]. En 1817, les rapports de temoignages ( qui avaient été retrouvés en 1765) furent publiés pour la première fois[17] prouvant que les histoires de bain de sang n’étaient que légende.

Néanmoins la légende a persisté dans l’imaginaire populaire. Au point où ces éléments de légendes sont souvent pris pour des faits historiques. Certaines versions de l’histoire visaient clairement à véhiculer une morale dénonçant la vanité féminine, tandis que d’autres visaient à distraire et faire frissoner par le caractère sensationnaliste et macabre.

La comtesse continue de figurer, de nos jours, comme personnage de fiction en musique, dans les films, les livres, les jeux et les jouets. Elle fut aussi source d’inspiration de personnages similaires.

[modifier] Cinéma

Harry Kümel met la comtesse en images dès 1971 avec son film Les Lèvres rouges suivi, la même année, par Comtesse Dracula, de Peter Sasdy. Par la suite, Walerian Borowczyk mettra en scène l'histoire d'Elisabeth Báthory dans un de ses quatre Contes immoraux (1974).

Des éléments de l'histoire d'Elisabeth Báthory ont été inclus dans le film d'horreur Stay Alive, sorti au cinéma en 2006. Des éléments de sa vie sont aussi inclus dans le film d'horreur québécois Éternelle, sorti en 2004. Un film retraçant sa vie est en projet et sortira courant 2007. Il sera réalisé par Julie Delpy.

Une scène du film Hostel - chapitre 2 réalisé par Eli Roth montre Lorna (Heather Matarazzo) attachée nue par les pieds la tête en bas à 1m50 du sol, au dessus d'une baignoire dans laquelle une tortionnaire nue la lacère avec une faux afin d'être baignée de sang.

En 2005, dans le film de Terry Gilliam Les Frères Grimm , le personnage de “La reine au miroir” interprétée par Monica Bellucci y fait indirectement référence, personnage obsédé par la jeunesse et la beauté éternelles, prisonnière dans la tour de son propre château et qui par l'intermédiaire de l'un des ses sujets dévoués, enlèvent des jeunes filles en les plongeant dans un sommeil proche de la mort dans le but de les sacrifier le moment venu.

[modifier] Littérature

Elisabeth Báthory est l'héroïne d'un ouvrage richement documenté, Erzsébet Báthory, la Comtesse sanglante, écrit en français par Valentine Penrose, et publié aux éditions du Mercure de France en 1962 (ISBN 2-7152-0610-0). Il est actuellement disponible dans la collection L'Imaginaire Gallimard (ISBN 2-07-070121-2).

Il est également fait mention d'Elisabeth Báthory dans l'uchronie de Kim Newman , Anno Dracula .

[modifier] Musique

  • Le compositeur Dennis Báthory-Kitsz,qui affirme être descendant probablement indirect de la comtesse[18], a écrit un opéra consacré au personnage intitulé Erzsébet: Elizabeth Bathory: The Opera.

Les légendes macabres autour de la comtesse semblent aussi avoir constitué une source d'inspiration importante pour de nombreux groupes de metal.

  • Le groupe de heavy metal britannique Venom s'est inspiré d'Elisabeth Báthory dans une chanson intitulée Countess Bathory sortie en 1982 sur l'album Black Metal.
  • En 1983, Thomas Forsberg (plus connu sous le pseudonyme de Quorthon) lance son groupe qu'il appelle Bathory en référence à la comtesse. Par ailleurs, en 1987 il écrira également une chanson intitulée Woman of Dark Desires sur l'album Under the sign of the black mark qui fait référence à Elisabeth Báthory.
  • Le groupe de Power Metal Kamelot lui a consacré une chanson en trois parties intitulée Elisabeth, sur l'album Karma sorti en 2001. Les trois parties se nomment respectivement Mirror Mirror, Requiem for the Innocent et Fall From Grace.
  • Le groupe de Drone Doom Sunn O))) a composé une chanson du nom hongrois de la comtesse Bathory Erzsebet sur l'album Black One (2005)
  • Le groupe Forever Slave ecrivit un titre à son nom : Erzebeth Bathory's song, tiré de la démo Resurrection, sorti en 2004.
  • Le groupe de black metal hongrois Tormentor lui également a consacré une chanson du nom d'"Elizabeth Bathory". Elle sera reprise par le groupe de black metal Dissection dans l'EP Where Dead Angels Lie (1997).

[modifier] Jeux

  • Elisabeth Báthory est également l'un des personnages récurrents des jeux de société vidéo interactifs Atmosfear.
  • Dans une quête optionnelle de l'acte I de Diablo II, on parle d'une comtesse sanglante, qui s'est baignée dans le sang revigorant d'une centaine de vierges et qu'il faut détruire : c'est une allusion directe à Elisabeth Báthory.
  • Dans Blood Rayne, l'héroïne éponyme est amenée à combattre Erszbeth Mengele Báthory descendante de la comtesse Báthory et du non moins sinistre Dr Mengele .
  • Dans EverQuest 2, une quête parle d'une comtesse qui se serait baignée dans le sang de Valkyries et aurait ensuite été emprisonnée dans un tombeau de glace en punition de ses crimes.
  • Dans Ragnarok Online, un des monstres se nomme Báthory et a l'apparence d'une sorcière.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien externe

[modifier] Notes et références

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Elizabeth Báthory ».
  1. Báthory Erzsébet - Elisabeth Bathory: The Original Portrait
  2. ab Báthory Erzsébet - Elisabeth Báthory: Short FAQ
  3. Cachtice
  4. Farin, Heroine des Grauens, p. 234-237.
  5. une sorte d'équivalent de premier ministre et de juge suprême
  6. Lettres du 5 mars, 1610 de Thurzó aux deux hommes imprimés dans Farin, Heroine des Grauens, p. 265-266, 276-278.
  7. le 19 septembre 1610, Andreas de Keresztú envoya 34 témoignages à Thurzó. Le 27 octobre 1610 Mózes Cziráky en envoya 18.
  8. Une Lettre du 12 décembre, 1610 du beau fils d’Elisabeth Zrinyi à Thurzó fait mention de l’accord fait plus tôt. Voir Farin, Heroine des Grauens, p. 291.
  9. Lettre de Thurzó à sa femme, 30 décembre, 1610, imprimée dans Farin, Heroine des Grauens, p. 293.
  10. 224 témoignages furent envoyés à Matthias le 28 juillet, 1611 par A. of Keresztúr, 12 par M. Cziraky le 14 décembre, 1611
  11. Farin, Heroine des Grauens, p. 246.
  12. le gouverneur du château
  13. László Nagy: A rossz hirü Báthoryak. Budapest: Kossuth Könyvkiadó 1984
  14. György Pollák: Az irástudók felelötlensége. In: Kritiká. Müvelödéspollitikai és kritikai lap. Budapest, January 1986, p. 21-22
  15. in Ungaria suis cum regibus compendia data, Typis Academicis Soc. Jesu per Fridericum Gall. Anno MCCCXXIX. Mense Sepembri Die 8. p 188-193, quoted by Farin
  16. Alois Freyherr von Mednyansky: Elisabeth Báthory, in Hesperus, Prague, October 1812, vol. 2, No. 59, p. 470-472, quoted by Farin, Heroine des Grauens, p. 61-65.
  17. Hesperus, Prague, June 1817, Vol. 1, No. 31, p. 241-248 and July 1817, Vol. 2, No. 34, p. 270-272
  18. Báthory Erzsébet - Elisabeth Bathory