Dynastie Yuan

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Histoire de la Chine
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Transport de matériaux pendant le règne de Kubilaï pour les constructions qu’il entreprit dans l’enceinte du palais impérial de Pékin
Transport de matériaux pendant le règne de Kubilaï pour les constructions qu’il entreprit dans l’enceinte du palais impérial de Pékin

La dynastie Yuan a régné sur la Chine de 1271 à 1368. Elle fut fondée par l'empereur mongol Kubilai Khan qui conquit la Chine en 1279, renversant la dynastie Song du Sud qui avait régné sur la Chine entre 960 et 1279.

Du fait de la longueur du processus de la conquête mongole, il règne une certaine diversité dans sa datation. La date de 1234 est l'année où Ögödei Khan, fils de Gengis Khan, conquit l'empire Jin qui occupait le nord de la Chine. Certains documents donnent 1279, date de la chute des Song qui régnaient dans le Sud du pays. En Chine, la date de 1271, année où Kubilaï Khan proclama le début de la dynastie, est le plus souvent choisie. Kubilaï ayant, comme il est coutume, nommé ses prédécesseurs empereurs à titre posthume, 1206, année où Temudjin devint Gengis Khan, est parfois indiquée. D’autre part, indépendamment de la date d’instauration de la dynastie, Kubilaï Khan fait remonter son règne personnel à 1260, lorsqu’il prit la succession de Möngke ; il est donc possible de trouver dans les documents chinois des dates en « années de Yuan Shizu » (元世祖 Kubilaï) antérieures à 1271.

Sous cette dynastie, la Chine est entièrement sous domination mongole, ce qui lui vaut encore de nos jours une très mauvaise image auprès du peuple et des intellectuels chinois. En effet, c'était la première fois qu'une dynastie d'origine non-Han dominait l'intégralité de l’empire ; il y en aura une seconde : la dynastie Qing fondée par les Mandchous. Ce fut le premier exemple de la force d'assimilation de la culture chinoise, à laquelle ont fini par se conformer ces deux dynasties d'origine étrangère. Les Mongols, en particulier, ne disposant pas d'écriture, ont commencé a codifier leurs lois au contact de l'empire chinois. En 1268, Sakya Pandita et son neveu Drogön Chögyal Phagpa‎ ont adapté l’écriture ouighoure et tibétaine à la langue mongole qui, jusqu'à ce moment, était une langue orale uniquement.[1]

Sommaire

[modifier] Histoire

À la mort de Gengis Khan, ses fils se partagèrent l'empire qu'il avait agrandi, qui s'étendait alors de la Corée à la Russie. À partir de ce moment là, les rivalités commencèrent à menacer sa cohérence même. Cependant, la politique d'extension territoriale fut maintenue. Le clan de Gengis Khan n'avait pas à l'origine planifié la conquête de la Chine en tant que telle. Dans leur processus d'expansion militaire, ils s'attaquèrent tout d'abord en 1204 aux Jin installés dans le nord de la Chine, qui contrôlaient leur territoire et les traitaient en vassaux.

Lorsque Möngke mourut en 1259 au Sichuan, Kubilaï se considéra comme son successeur, mais Ariq Boke, un autre petit-fils de Gengis Khan, se proclama empereur. Il dut attendre 1264 pour accéder réellement au khanat[réf. nécessaire]. Souhaitant s'initier au bouddhisme, Kubilai Khan demanda au prince mongol Godan de lui donner Drogön Chögyal Phagpa, un jeune lama tibétain âgé de 23 ans. En 1260, l'année où il devint le Khan des Mongols, Kubilai Khan a nommé Chögyal Phagpa son Régent Impérial. Selon les Mongols actuels, Phagpa fut le premier à "inaugurer la théologie politique de la relation entre l'État et la religion dans le monde bouddhiste tibéto-mongol".[2],[3] Avec le soutien de Kubilai Khan, Chögyal Phagpa s'est établi ainsi que son école en tant que pouvoir politique prééminent au Tibet. La souveraineté de Kubilai Khan sur l’ensemble de l’empire mongol ne dura pas. Contrairement aux autres pour qui tous les territoires conquis se valaient, il avait jeté son dévolu sur la Chine, et même choisi un nom de dynastie à l’imitation des autres fils du Ciel. Son attitude déplut aux autres descendants de Gengis Khan qui firent sécession. Malgré la nature étrangère de ses dirigeants, la dynastie Yuan, dont le territoire se limite à la Chine et à la Mongolie, ayant pour capitale Pékin, est considéré par les historiens chinois comme une dynastie chinoise. Néanmoins, suivant la tradition de tous les souverains de Chine, Kubilaï, devenu l’empereur Shizu, nommera rétrospectivement les khans précédents empereurs de la dynastie Yuan.

En 1271, Kubilaï proclama le début de sa dynastie, dont le nom s’inspire d’une phrase du Yi Jing. En 1272 il déplaça la capitale de son empire à Dadu (grande capitale), actuelle Pékin, où il fit entreprendre de grands travaux, particulièrement dans la zone du palais, où furent créés des jardins avec lacs artificiels et ponts. Il en confia l’organisation et la supervision à Liu Binzhong, ancien moine Chan aux talents d’ingénieur, devenu son conseiller avant son accession au trône. Il l'avait auparavant (1256) chargé de la rénovation de la préfecture de Kaiping en Mongolie (Kaipingfu), centre de son domaine avant qu'il ne devienne empereur. Quand la capitale fut transférée à Dadu, Kaipingfu devint Shangdu qui peut se lire comme ancienne capitale ou capitale du Nord. Elle servit un temps de résidence d’été.

En 1276, Kubilaï attaqua Lin'an (Hangzhou) et captura l'impératrice et le prince héritier du moment. La cour s’enfuit vers le sud et l’héritier fut remplacé par son frère. En 1279, les armées Yuan défirent le reste de l’armée Song à la bataille navale de Yamen à Guangzhou. Toute la Chine se trouva alors sous le contrôle de la dynastie mongole.

Pendant son règne, Shizu fut encouragé à poursuivre les expansions militaires vers le Japon, la Birmanie, le Viêt Nam et l'Indonésie, mais aucune de ces entreprises ne fut couronnée de succès.

Au milieu du XIVe siècle, malgré des efforts de sinisation partielle de la part de certains empereurs, la dynastie mongole avait créé trop d’insatisfaction, et il ne lui fut bien sûr pas épargné les calamités naturelles aggravant le mécontentement de la population. Des révoltes eurent lieu, encadrées comme c’est souvent le cas par des mouvements religieux. Le coup de grâce fut donné par Zhu Yuanzhang, fondateur des Ming, qui avait étudié les techniques militaires mongoles et pris la tête du mouvement des Turbans rouges, dont une des branches provenait de la Secte du lotus blanc. Sous la pression des rebelles, l’empereur Huizong s’enfuit en Mongolie en 1368. Il continua de se considérer comme le souverain de la Chine (Yuan du Nord), tandis que Zhu Yuanzhang proclamait de son côté l’avènement des Ming. Les armées chinoises entreprirent l’attaque de la Mongolie en 1380 ; sa capitale, Karakorum, tomba en 1388. Huizong et les deux empereurs qui se succédèrent jusqu’à cette date sont parfois appelés empereurs des Yuan postérieurs.

La tradition chinoise prétend que le signal de l'insurrection anti-mongole fut donné le soir de la Fête de la mi-automne par des messages dissimulés dans les gâteaux de lune, consommés par les seuls Hans.

[modifier] Fonctionnement de l'Empire

Dynastie Yuan en 1294
Dynastie Yuan en 1294

Les souverains mongols ne réussirent jamais à trouver leur marques, partagés depuis Kubilaï entre le désir d’affirmer leur supériorité de caste dirigeante et celui d’être de vrais empereurs de Chine maîtrisant le fonctionnement du pays. Kubilaï mit en place un système qui consistait à utiliser les réseaux déjà existants (administration, structures religieuses etc.) tout en gardant au maximum le contrôle grâce à une concentration accrue des pouvoirs dans des services administratifs centralisés ou entre les mains de personnes de confiance, et en imposant des restrictions à la participation des Han à l’administration.

La population était en effet divisée en quatre castes ethniques bien distinctes. Les Mongols constituaient la première, et les autres peuples dits "aux yeux colorés", d'Asie centrale ou même d’Europe, la seconde. Les Chinois (Han), Jurchens et Mandchous de l’ancien territoire Jin, dits "du Nord", faisaient partie de la troisième caste, les Chinois et ethnies habitant l’ancien territoire des Song du Sud constituaient la dernière caste.

Tous les postes importants étaient réservés aux Mongols. Les mariages entre Mongols et autres castes étaient interdits, ce qui entretint la séparation ethnique et conserva sa nature étrangère à la famille et à la noblesse impériales. Sur la partie du territoire en majorité Han, les Yuan choisirent dans la mesure du possible des non-Han comme employés de l'administration, dont des étrangers, européens parfois. Les fonctionnaires Han étaient souvent envoyés en poste aux confins de l’empire.

Ce régime fut par la suite partiellement assoupli, par exemple par Renzong qui ré instaura en 1313 les examens d’accès à la fonction publique, entamant l’exclusivité mongole sur certaines fonctions.

Jamais réellement chinois, les empereurs Yuan eurent néanmoins des tuteurs et conseillers chinois qui les influencèrent. Chengzong et Renzong, en particulier, avaient à cœur de développer leur nouveau domaine. Ce dernier, éduqué par Li Meng, un néo-confucéen, était aussi influencé par les taoïstes qui avaient réussi à le persuader que né le jour anniversaire du dieu Zhenwu, il en était l’incarnation. Il fit faire de grand travaux sur le mont Wudang en son honneur. Mais de manière générale, les empereurs Yuan furent jugés trop sinisés par les nobles mongols et encore trop mongols par les Chinois.

Une grande tolérance était observée de la part des Mongols vis-a-vis des religions autochtones.

[modifier] Aménagements et progrès

Le grand canal fut prolongé jusqu’à Pékin. Routes et ponts furent construits en grand nombre afin de permettre une amélioration du commerce. Un système efficace de relais de poste fut organisé avec des relais pour les cavaliers à cheval. La réouverture de la route de la soie bénéficia au commerce. Des greniers furent construits pour y emmagasiner des réserves en prévision des disettes.

[modifier] Développements culturels

Pendant la dynastie Yuan de nombreuses influences enrichirent la culture et les connaissances.

Des connaissances scientifiques et techniques étrangères pénétrèrent en Chine. La cartographie et la géographie progressèrent. Les mathématiciens Zhu Shijie et Guo Shoujing poursuivirent les efforts entamés sous les Song. Ce dernier est également le concepteur du premier système d’irrigation de paturages tenté dans la région de Shangdu (Kaiping). L’astronomie progressa avec la création d’une clepsydre de haute perfection et d’observatoires, à Dadu et sur le mont Song. Jamal al-Din, astronome d’origine persane, conçut le calendrier de la dynastie. De nouveaux instruments scientifiques furent inventés, dont la sphère armillaire.

Peinture de Wang Meng
Peinture de Wang Meng

La peinture et la calligraphie chinoises suivirent des voies différentes, aussi bien au niveau des thèmes que des styles, sous l'influence de la culture mongole. L’amoindrissement des chances de carrière administrative pour les lettrés Han du fait des lois ethniques les poussa à s’investir plus nombreux dans ces deux arts. On peut citer les peintres Zhao Mengfu (1254–1322) et son épouse Guan Daosheng, première femme peintre reconnue, qui bénéficièrent du patronage de la cour, ainsi que leur petit-fils wang Meng, sans oublier Ni Zan (1306–1374), Huang Gongwang (1269-1354) et Wu Zhen (1280-1354). Le théâtre connut un grand essor. Les empereurs entretenaient des troupes au palais, et c’est à cette époque que fut introduit l’accompagnement instrumental. La littérature en langue vernaculaire, le roman et la littérature de voyage se développèrent.

C'est aussi à cette période que les premiers explorateurs européens arrivèrent en Chine. Parmi eux Marco Polo, dont l'ouvrage, le Livre des merveilles du monde, est à l'origine de la fascination que la Chine exerce sur les Européens.

La réponse faite par Möngke Khan à Guillaume de Rubrouck venu le convertir exprime clairement la politique de liberté religieuse des Mongols. Tout en ayant adopté le bouddhisme tibétain, les empereurs et la noblesse conservèrent beaucoup de leurs traditions, comme les cérémonies au dieu du Ciel Tenggeri accompagnées de libations d’alcool à base de lait de jument avant les batailles. Kubilaï entretenait des shamans à la cour.

Les empereurs déléguèrent le contrôle de l’ensemble du taoïsme à deux écoles, Quanzhen Dao au nord du Chang Jiang et Zhengyi Dao au sud, entrainant le regroupement de nombreux mouvements sous leur bannière. De nos jours encore, ces deux dénominations recouvrent la majorité des écoles taoïstes.

Le bouddhisme Chan, représenté par Zhongfeng Mingben (1263–1323) originaire de Hangzhou, eut un moment les faveurs du Khan, mais le bouddhisme tibétain finit par l’emporter lorsque Kubilaï accorda en 1269 le contrôle de l’ensemble des bouddhistes au chef de la lignée Sakyapa.

Bien que le système des examens aient été aboli et les lettrés supplantés par la noblesse mongole ou des étrangers, les empereurs Yuan manifestèrent du respect pour le temple de Confucius qu’ils firent rénover. Lorsque le régime des examens fut restauré en 1315, ils imposèrent la version standardisée de Zhu Xi, plus simple, confirmant la position dominante du néo-confucianisme dans l’ensemble confucéen. Cette disposition sera reprise par les Ming.

Les mélanges de population aux confins ouest de l’empire s’accompagnèrent d’une expansion de l’Islam. Peu avant la fondation de la dynastie, alertés par les incursions mongoles en Europe, Saint Louis et le Pape avaient envoyés des ambassadeurs franciscains au Khan, Guillaume de Rubrouck et Jean de Plan Carpin, pour sonder ses intentions et tenter, en vain, de le convertir.

[modifier] Ecriture de la dynastie Yuan

Kubilaï avait l'ambition de créer une nouvelle Écriture pour unifier l'écriture multilingue de l’Empire mongol. Il confia cette tache à Drogön Chögyal Phagpa (1235 - 1280), un lama tibétain de l'école sakyapa du bouddhisme tibétain. En réponse, Chögyal Phagpa a modifié l'écriture tibétaine traditionnelle et a créé une nouvelle série de caractères appelé l'Écriture Phagspa qui a été finalisée en 1268. Kubilai Khan décida d'utiliser l’écriture Phagspa comme écriture officielle de l'empire, y compris lorsqu'il est devenu empereur de Chine en 1271, à la place des idéogrammes chinois.[2] L’écriture Phagspa fut utilisée pendant 110 ans et l’on pense qu’elle a influencé le développement de l'écriture coréenne moderne. L'écriture Phagspa est tombée en désuétude après l'effondrement de la Dynastie Yuan en 1368.[2],[3] De nombreux édits et règlements tentèrent de populariser l'écriture Phags-pa. On la trouve sur des documents officiels de l’époque : bons monétaires, passeports, sceaux officiels et certaines porcelaines, ce qui permet de dater ces objets.

[modifier] Empereurs de la dynastie Yuan

  1. Gengis Khan, premier dirigeant (Khan) mongol et empereur (Khagan) de l'Empire mongol, (1155-1227).
  2. Ögödei, 2e Khan de l'Empire mongol, (1227-1241)
  3. Güyük, 3e Khan de l'Empire mongol (1241-1248)
  4. Möngke (ou Mangu Khan), 4e Khan de l'Empire mongol (1248-1260)
  5. Kubilai Khan, Khan de l'Empire mongol (1260-1271) puis empereur de Chine, il créé la Dynastie Yuan (1271-1294)
  6. Témur Khan, empereur Chengzong, (mongol), empereur de Chine (1294-1307)
  7. Külüg Khan, empereur Wuzong, (mongol), empereur de Chine (1307-1311)
  8. Ayurbarwada Buyantu Khan, empereur Renzong, (mongol), empereur de Chine (1311-1320)
  9. Gegeen Khan, empereur Yingzong, (mongol), empereur de Chine (1320-1323)
  10. Yesün Temür Khan, empereur Taidingdi, (mongol), empereur de Chine (1323-1328)
  11. Ragibagh Khan, empereur Tianshundi, (mongol), empereur de Chine (1328)
  12. Khutughtu Khan, empereur Mingzong, (mongol), empereur de Chine (1328-1329)
  13. Jayaatu Khan, empereur Wenzong, (mongol), empereur de Chine (1329-1332)
  14. Rinchinbal Khan Ningzong, (mongol), empereur de Chine (1332)
  15. Togoontomor ou Shundi, (mongol), empereur de Chine (1333-1368), abdique

[modifier] Notes et références

  1. Norbu, Thubten Jigme and Turnbull, Colin. Tibet: Its History, Religion and People, p. 195. Chatto & Windus (1969). Reprint: Penguin Books (1987).
  2. abc Une histoire du Tibet : Conversations avec le Dalaï Lama, de Thomas Laird, Dalaï-Lama, Christophe Mercier, Plon, 2007, ISBN 2259198910
  3. ab F. W. Mote. Imperial China 900-1800. Harvard University Press, 1999. p.501

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes