Drogön Chögyal Phagpa

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Drogön Chögyal Phagpa‎, l’un des cinq fondateurs de sakyapa, premier lama vice-roi du Tibet
Drogön Chögyal Phagpa‎, l’un des cinq fondateurs de sakyapa, premier lama vice-roi du Tibet

Drogön Chögyal Phagpa (tibétain=འགྲོ་མགོན་ཆོས་རྒྱལ་འཕགས་པ་, Wylie= Gro mgon Chos rgyal 'Phags pa); aussi écrit Dongon Choegyal Phakpa, Dromtön Chögyal Pagpa, etc.) (1235-1280) fut le 5e chef de l’école Sakyapa du Bouddhisme Tibétain. Proche de l'empereur mongol Kubilai Khan, il a créé l'Écriture Phagspa et fut le premier lama nommé vice-roi du Tibet.

En 1244 Sakya Pandita fut convoqué au camp royal du prince Godan avec deux de ses jeunes neveux, Phagpa, dix ans et Chhana, six ans, qui a par la suite publié un recueil des écrits de Sakya Pandita.

Sur le chemin, ils s'arrêtèrent à Lhassa, où Phagpa prononça ses voeux de moine bouddhiste novice devant la statue du Jowo installée au Jokhang et offerte par la princesse Wencheng, l'épouse chinoise de Songsten Gampo.[1] Sakya Pandita rejoint en 1247 le camp du prince de Godan à Lanzhou dans l'actuelle province de Gansu, où les troupes mongoles exterminaient les Chinois Han en les jettant dans un fleuve. Sakya Pandita, horrifié a donné des instructions religieuses, et notamment que tuer un être est un des pires actes selon le Dharma du Bouddha.[1] Sakya Pandita a impressionné les proches du prince par sa personnalité et ses puissants enseignements. Il aurait aussi soigné le Prince Godan d'une maladie sérieuse.

A l'aide de son neveu, Phagpa, il a adapté l’écriture Ouighour afin que les Ecritures bouddhistes puissent être traduites en Mongol qui, jusqu' à ce moment, était une langue orale uniquement.[2] En retour, l'autorité temporelle sur le 13 myriarchies [Trikor Chuksum] du Tibet Central lui a été donnée, il a été nommé vice-roi du Tibet central, laissant les provinces de l'ancienne Empire tibétain, le Kham et l'Amdo, sous le contrôle des Mongols.[1]

Sakya Pandita a passé 4 ans auprès du prince Godan, et en 1251, juste avant sa mort, il écrivit une dernière lettre au Tibet : "Le Prince m'a dit que si les Tibétains, en matière de religion, aidaient les Mongols, ils recevraient en retour un soutien en matière temporelle. De cette façon, nous pourrons répandre notre religion au loin. Le Prince ne fait que commencer à comprendre notre religion. Si je reste plus longtemps, je suis sûr que je pourrai répandre la religion de Bouddha au-delà du Tibet et ainsi, aider mon pays. Le Prince me dit qu'il ne dépend que de lui de faire du bien au Tibet, et que de moi de lui faire du bien à lui. Je deviens vieux, et je ne vivrais plus très longtemps. Que cela ne vous fasse pas peur, car j'ai transmis tout ce que je sais à mon neuveu, Phagpa."

Après la mort de Sakya Pandita, Phagpa resta au camp du prince Godan et apprit à parler le mongol. Cinq ans plus tard, Kubilai Khan demanda à Godan de lui donner Chögyal Phagpa, âgé de 23 ans, qui l'a initié au bouddhisme. Peu après, Kubilai Khan dans une lutte de succession l'emporta sur son frère, Möngke, pour devenir l'empereur mongol, le dirigeant des Mongols. En 1260, l'année où il devint le Khan des Mongols, Kubilai Khan a nommé Chögyal Phagpa son Régent Impérial. Selon les Mongols actuels, Phagpa fut le premier à "inaugurer la théologie politique de la relation entre l'Etat et la religion dans le monde bouddhiste tibéto-mongol".[1],[3] Avec le soutien de Kubilai Khan, Chögyal Phagpa s'est établi ainsi que son école en tant que pouvoir politique prééminent au Tibet. Kubilai Khan a demandé à Chögyal Phagpa de concevoir une nouvelle Écriture pour unifier l'écriture multilingue de l’Empire mongol. En réponse, Chögyal Phagpa a modifié l'écriture tibétaine traditionnelle et a créé une nouvelle série de caractères appelé l'Écriture Phagspa qui a été finalisée en 1268. Kubilai Khan décida d'utiliser l’écriture Phagspa comme écriture officielle de l'empire, y compris lorsqu'il est devenu empereur de Chine en 1271, à la place des idéogrammes chinois.[1] L’écriture Phagspa fut utilisée pendant 110 ans et l’on pense qu’elle a influencé le développement de l'écriture coréenne moderne. L'Écriture Phagspa est tombée en désuétude après l'effondrement de la Dynastie Yuan en 1368.[1],[3]

Le journal de Phagpa à la date de 1271 mentionne un ami étranger de Kubilai Khan, qui était très probablement un des aînés des Polo ou même Marco Polo lui-même, bien que, malheureusement, aucun nom ne soit donné.[4]

Ainsi a commencé une alliance forte et la capitale de Sakya, gDan-sa est devenue la capitale du Tibet. Ceci a duré jusqu'au milieu du XIVe siècle. Pendant le règne du 14e Sakya Trizin, Sonam Gylatsen, la province tibétaine Centrale de U a été prise par le Myriarch, marquant le « commençant de la fin de la période de pouvoir des Sakyapas au Tibet Central ».[5],[6]

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. abcdef Une histoire du Tibet : Conversations avec le Dalaï Lama, de Thomas Laird, Dalaï-Lama, Christophe Mercier, Plon, 2007, ISBN 2259198910
  2. Norbu, Thubten Jigme and Turnbull, Colin. Tibet: Its History, Religion and People, p. 195. Chatto & Windus (1969). Reprint: Penguin Books (1987).
  3. ab F. W. Mote. Imperial China 900-1800. Harvard University Press, 1999. p.501
  4. Klafkowski, Piotr. (1977). "History of Buddhism in Mongolia—A Preliminary Survey", p. 28 and note. Buddhist Studies. The Journal of the Department of Buddhist Studies, University of Delhi. May, 1977.
  5. Penny-Dimri, Sandra. "The Lineage of His Holiness Sakya Trizin Ngawang-Kunga." The Tibet Journal, Vol. XX No. 4, Winter 1995, pp. 71-73.
  6. Tsepon W.D. Shakabpa, Tibet: A Political History (1967), p. 86. Yale University Press, New Haven and London.