Sakya Pandita

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Sakya Pandita
Sakya Pandita

Sakya Pandita Kunga Gyeltsen ou Kunga Gylatshan Pal Zangpo (11821251) était un dirigeant spirituel tibétain et un bouddhiste érudit. Il fut le 4e des cinq Maîtres fondateurs de l’école Sakyapa du Tibet.[1]

Sommaire

[modifier] Introduction

Kunga Gyeltsen est généralement appelé simplement Sakya Pandita, un titre qui lui fut donné en reconnaissance de son érudition et de ses connaissances en sanscrit. Il est considéré comme une émanation du Bodhisattva Manjusri, la personnification de la sagesse de tous les Bouddhas.[2]

Il était connu pour son érudition en Inde, en Chine, en Mongolie et au Tibet et était compétent dans cinq grandes sciences dont la médecine, la grammaire, la dialectique et la littérature sanscrite sacrée de même que les sciences mineures de rhétorique, synonymies, poésie, danse et l'astrologie. Il est considéré comme le 4e des cinq Maîtres fondateurs de l’école Sakyapa du Tibet et le 6e Sakya Trizin, et une des personnalités les plus importantes de la lignée Sakyapa.

Il est né à Sakya dans la famille noble de Jam-yan-gon.[3] Son père était Palchen de Öpochey. Sakya Pandita était le neveu, et devint le principal disciple de Jetsun Dakpa Gyeltsen[1] ou Drakpa Gyaltsen (1147-1216).

Il est plus connu pour ses travaux comme le Trésor de Logique sur la Connaissance Valide (Tsod-ma rigs-gter) et la Discrimination des Trois Voeux (sDom-gsum rab-dbye).[1] Il a aussi écrit un recueil de préceptes moraux en vers qui a été imité par d'autres et traduit en Mongol.[4] Il s'est focalisé sur la doctrine et la logique "se basant sur le Pramanavarttika de Dharmakirti" et était très intéressé par la rhétorique.

[modifier] Relation politique avec l’empire mongol

Après la mort de Gengis Khan en 1227, les Tibétains ont arrêté d’envoyer leur tribut aux mongols. En conséquence, en 1240, le petit-fils de Gengis Khan et deuxième fils de Ögödei Khan, le prince Godan, envahi le Tibet tuant quelques 500 moines et détruisant et pillant des monastères, des villages et des villes. Le prince Godan a demandé à ses commandants de chercher un lama bouddhiste remarquable et, comme Sakya Pandita était le plus considéré des religieux, Godan lui a envoyé une lettre d' "invitation" et des présents.

Drogön Chögyal Phagpa (1235-1280)‎, l’un des cinq fondateurs de sakyapa, premier lama vice-roi du Tibet
Drogön Chögyal Phagpa (1235-1280)‎, l’un des cinq fondateurs de sakyapa, premier lama vice-roi du Tibet

En 1244 Sakya Pandita fut convoqué par le prince Godan et entreprit le voyage vers le camp royal avec deux de ses jeunes neveux, Drogön Chögyal Phagpa, dix ans et Chhana, six ans, qui a par la suite publié un recueil des écrits de Sakya Pandita.

Sur le chemin, ils s'arrêtèrent à Lhassa, où Phagpa prononça ses voeux de moine bouddhiste novice devant la statue du Jowo installée au Jokhang et offerte par la princesse Wencheng, l'épouse chinoise de Songsten Gampo.[5] Sakya Pandita rejoint en 1247 le camp du prince de Godan à Lanzhou dans l'actuelle province de Gansu, où les troupes mongoles exterminaient les Chinois Han en les jetant dans un fleuve. Sakya Pandita, horrifié a donné des instructions religieuses, et notamment que tuer un être est un des pires actes selon le Dharma du Bouddha.[5] Sakya Pandita a impressionné les proches du prince par sa personnalité et ses puissants enseignements. Il aurait aussi soigné le prince Godan d'une maladie grave et, à l'aide de son neveu, Phagpa, il a adapté l’écriture Ouighour afin que les Ecritures bouddhistes puissent être traduites et retranscrite en Mongol qui, jusqu' à ce moment, était une langue orale uniquement.[6] En retour, l'autorité temporelle sur le 13 myriarchies [Trikor Chuksum] du Tibet Central lui a été donnée, il a été nommé vice-roi du Tibet central, laissant les provinces de l'ancienne Empire tibétain, le Kham et l'Amdo, sous le contrôle des Mongols.[5]

Sakya Pandita a passé 4 ans auprès du prince Godan, et en 1251, juste avant sa mort, il écrivit une dernière lettre au Tibet : "Le Prince m'a dit que si les Tibétains, en matière de religion, aidaient les Mongols, ils recevraient en retour un soutien en matière temporelle. De cette façon, nous pourrons répandre notre religion au loin. Le Prince ne fait que commencer à comprendre notre religion. Si je reste plus longtemps, je suis sûr que je pourrai répandre la religion de Bouddha au-delà du Tibet et ainsi, aider mon pays. Le Prince me dit qu'il ne dépend que de lui de faire du bien au Tibet, et que de moi de lui faire du bien à lui. Je deviens vieux, et je ne vivrais plus très longtemps. Que cela ne vous fasse pas peur, car j'ai transmis tout ce que je sais à mon neveu, Phagpa."

Après la mort de Sakya Pandita, Phagpa resta au camp du prince Godan et apprit à parler le mongol. Cinq ans plus tard, Phagpa passa au service de Kubilai Khan qui lui demandera notamment de concevoir une nouvelle Écriture pour unifier l'écriture multilingue de l’Empire mongol. En réponse, Chögyal Phagpa a modifié l'écriture tibétaine traditionnelle et a créé une nouvelle série de caractères appelé l'Écriture Phagspa qui a été finalisée en 1268.[5]

Ainsi a commencé une alliance forte et la capitale de Sakya, gDan-sa est devenue la capitale du Tibet. Ceci a duré jusqu'au milieu du XIVe siècle. Pendant le règne du 14e Sakya Trizin, Sonam Gylatsen, la province tibétaine Centrale de U a été prise par le Myriarch, marquant le « commençant de la fin de la période de pouvoir des Sakyapa au Tibet Central ».[3],[7]

Sakya Pandita est mort en 1251, à l'âge de 70 ans dans la ville de Gyu-ma. Comme il ne s’était pas marié, il a choisi le fils de son frère Chogyal Phagpa comme son héritier et l'a nommé avant sa mort comme son autorité religieuse en lui donnant sa conque de coquillage et son bol de mendiant.[7] Après sa mort, Phagpa continua son oeuvre.[4]

[modifier] La lignée des Panchen Lamas

Dans la lignée des Panchen Lamas du Tibet, il est considéré qu’il y eu 4 incarnations indiennes et 3 incarnations tibétaines du Bouddha Amitabha avant Khedrup Gelek Pelzang, qui fut reconnu comme le premier Panchen Lama. La lignée commence avec Subhuti, un des disciples originaux de Gautama Bouddha. Sakya Pandita est considéré comme étant la 2e incarnation tibétaine du Bouddha Amitabha dans cette lignée.[4],[8]

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens Externes


[modifier] Références

  1. abc Le Gouvernement tibétain en exil. The Sakya Tradition. Retrieved 26 septembre 2007.
  2. His Eminence Chogye Trichen Rinpoche
  3. ab Penny-Dimri, Sandra. "The Lineage of His Holiness Sakya Trizin Ngawang-Kunga." The Tibet Journal, Vol. XX No. 4, Winter 1995, p. 71.
  4. abc Rolf Stein, (1972) Tibetan Civilization Stanford University Press. ISBN 0-8047-0806-1 (cloth); ISBN 0-8047-0901-7 (pbk), p. 106, p. 268, p. 84
  5. abcd Une histoire du Tibet : Conversations avec le Dalaï Lama, de Thomas Laird, Dalaï-Lama, Christophe Mercier, Plon, 2007, ISBN 2259198910
  6. Norbu, Thubten Jigme and Turnbull, Colin. Tibet: Its History, Religion and People, p. 195. Chatto & Windus (1969). Reprint: Penguin Books (1987).
  7. ab Tsepon W.D. Shakabpa, Tibet: A Political History (1967), Yale University Press, New Haven and London, cf p. 86. et pp. 62-63
  8. Das, Sarat Chandra. Contributions on the Religion and History of Tibet (1970), pp. 81-103. Manjushri Publishing House, New Delhi. First published in the Journal of the Asiatic Society of Bengal, Vol. LI (1882).
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