Durée du travail en France

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Le vocable générique de "durée du travail" fait référence, dans le code du travail, en France aux dispositions relatives au temps de travail des salariés. Il renvoie à des notions de travail effectif, durée légale du travail, heures supplémentaires, durée maximale du travail...

Sommaire

[modifier] Données statistiques

En juin 2005, selon les statistiques de la Direction de l’Animation de la Recherche, des Etudes et des Statistiques (DARES), la durée hebdomadaire collective moyenne du travail des salariés à temps complet (hors forfait en jours) était de 35,6 heures dans les entreprises d'au moins 10 salariés[1].

Ce chiffre ne tient pas compte des heures supplémentaires non inclus de l'horaire collectif de travail.

Le nombre d'heures travaillées par semaine, y compris les heures supplémentaires de l'ensemble des personnes en emploi à temps plein était en 2006 en France de 41 heures[2]. Ce chiffre est inférieur à la moyenne européenne.

Si l'on prend en compte le temps de travail des salariés à temps partiel, le nombre moyen d'heures de travail habituellement effectuées par semaine dans l'activité principale était en France de 38,1 heures. Ce volume est légèrement supérieur à la moyenne européenne[3].

[modifier] Durée légale du travail

[modifier] Historique

Elle est fixée à 35 heures[4] par la loi dite Aubry II du 19 janvier 2000[5]. Cependant, pour les entreprises de 20 salariés au plus, cette durée n'est applicable que depuis le 1er janvier 2002. Depuis le 1er février 1982, la durée légale de travail était fixée à 39 heures[6]. Auparavant, la durée légale de travail avait été abaissée à 40 heures par le Front populaire en juin 1936[7].

Icône de détail pour une chronologie détaillée, voir : Réduction du temps de travail.

[modifier] Rôle

La durée légale du travail est une durée de référence, il ne s'agit pas d'une durée maximale. Inversement, il est possible d'être employé sur une base horaire inférieure à la durée légale. La durée légale de travail constitue le seuil à partir duquel sont calculées les heures supplémentaires.

[modifier] Notion de temps de travail effectif

Lorsque l'on mesure le temps de travail, certains activités ne sont pas prises en compte. Il en est ainsi des temps d'habillage et le déshabillage[8].

Selon la loi, "la durée du travail effectif est le temps pendant lequel le salarié est à la disposition de l'employeur et doit se conformer à ses directives sans pouvoir vaquer librement à des occupations personnelles"[9].

L'exclusion de certaines activités telle que les pauses et les temps de restauration, lorsqu'elles ne répondent pas à la définition ci-dessus, n'implique pas nécessairement l'absence de rémunération correspondante, qui peut être prévue par un accord collectif.

Depuis janvier 2005, la loi précise expressément que le temps de déplacement professionnel pour se rendre sur le lieu d'exécution du contrat de travail, c'est-à-dire le temps de trajet domicile/lieu de travail, même lors de mission, n'est pas un temps de travail effectif[10]

[modifier] heures d'équivalence

Dans certains secteurs d'activités, "comportant des périodes d'inaction", un décret peut déterminer une durée d'équivalence à la durée légale du travail, supérieure à cette dernière. Cette durée équivalente devient le seuil de déclenchement des heures supplémentaires se substituant au seuil de droit commun.

[modifier] Durées maximales de travail

[modifier] Durée hebdomadaire maximale

[modifier] Cadre européen

La règle applicable au sein de l'Union européenne dispose que la durée hebdomadaire du travail doit:

  • être limitée au moyen de dispositions législatives, réglementaires ou administratives ou de conventions collectives ou d'accords conclus entre partenaires sociaux;
  • ne pas excéder en moyenne, pour chaque période de sept jours, quarante-huit heures, y compris les heures supplémentaire[11].

Chaque Etat européen peut, pour apprécier cette durée maximale, prévoir une période de référence ne dépassant pas quatre mois.

[modifier] Règles nationales

La loi française dispose qu'au cours d'une même semaine, la durée du travail ne peut dépasser quarante-huit heures[12]. A cette première limite, s'ajoute l'obligation, sur une période quelconque de douze semaines consécutives, de ne peut dépasser 44h[13].

[modifier] Exceptions

  1. En cas de circonstances exceptionnelles, la limite des 48h par semaine être dépassée mais en aucun cas le temps de travail hebdomadaire ne doit dépasser 60 heures. Ce dépassement doit être autorisé par l'autorité administrative saisie d'une demande motivée (période et nature du surcroit extraordinaire de travail) accompagnée de l'avis des Institutions représentatives du personnel[14].
  2. Les salariés, cadres ou non, titulaires d'un contrat prévoyant un forfait en jours ne sont pas soumis à cette limite[15].

[modifier] Durée quotidienne maximale

En vertu de la loi, la durée journalière de travail d'un salarié ne doit pas dépasser 10 heures[16]. Cependant, un décret détermine, en application du texte légal, les conditions des dérogations à cette limite.

[modifier] Historique

Le code du travail fait référence aux 10 heures depuis 1982[17]. Mais au cours du XXe siècle, la limite légale a été inférieure. Ainsi, à la sortie de la première guerre mondiale, la loi du 23 avril 1919 avait instauré la journée de huit heures. Les "décrets de 36"[18] font référence à cette limite[19].

Icône de détail Pour plus de détails sur la loi du 23 avril 1919, voir : Loi des 8 heures.

[modifier] Dérogations

Elles peuvent être autorisées par 2 biais, une décision administrative ou une source conventionnelle:

  1. Le dépassement de la durée quotidienne du travail effectif fixée à dix heures peut être autorisé, par l'inspecteur du travail saisie d'une demande motivée et accompagnée de l'avis des institutions représentatives du personnel dans tous les cas où un surcroît temporaire d'activité est imposé[20].
  2. Un accord collectif peut également prévoir le dépassement des 10 heures quotidiennes mais la durée quotidienne de travail effectif doit alors ne pas dépasser douze heures[21].

[modifier] Heures supplémentaires

Les heures supplémentaires sont des heures de travail effectif réalisées par un salarié à temps complet au-delà de la durée légale du travail. La réalisation d'heures supplémentaires ouvre droit à une contrepartie, la majoration du salaire correspondant. Cette majoration peut, sous condition, être remplacée par un repos compensateur équivalent. Elles sont normalement décomptées par semaine civile mais il existe des systèmes dérogatoires permettant une comptabilisation offrant plus de flexibilité. Le nombre d'heures supplémentaires pouvant être réalisée chaque année est limité.

Icône de détail Pour plus d'informations, voir : heures supplémentaires.

[modifier] Repos et pauses

[modifier] Pauses

Le cadre juridique européen prévoit que tout travailleur doit bénéficier, au cas où le temps de travail journalier est supérieur à six heures, d'un temps de pause[11]. La loi Aubry I de 1998[22] a introduit cette disposition dans le code du travail en prévoyant un temps de pause d'une durée minimale de vingt minutes[23]. Un accord collectif peut prévoir des dispositions plus favorables.

[modifier] Repos quotidien

Selon la directive communautaire, tout travailleur doit bénéficier d'un repos minimum de onze heures consécutives par 24 heures. Toutefois, le texte européen prévoit des possibilités de dérogation[11].

Depuis 1998[22] en France, les salariés autres que les personnels roulants ou navigants du secteur des transports, doivent bénéficier d'un repos quotidien d'une durée minimale de onze heures consécutives[24].

Les conditions de dérogations sont prévus par un décret[25] qui permet, pour certains secteurs d'activité ou en cas de surcroît d'activité, par accord collectif, de réduire ce repos à un minimum de neuf heures[26].

Ainsi, par exemple, dans le secteur sanitaire, social et médico-social à but non lucratif, la durée minimale de 11 heures de repos entre 2 journées de travail peut être réduite à 9 heures pour les personnels assurant le coucher et le lever des usagers[27]

[modifier] Repos hebdomadaire

La loi française prévoit que, par semaine civile, un salarié doit bénéficier d'un repos de 35 heures continues (une journée entière de 24h plus les 11 heures de repos quotidien)[28].

Cette disposition du Code du travail est issue de la loi Aubry II de 2000[5] qui reprend, s'agissant de la durée de 35h, les termes de la directive européenne[11]

Compte tenu de la rédaction du texte, il est tout à fait possible, légalement, de travailler 12 jours consécutivement[29].

Toutefois, de nombreuses conventions collectives prévoient le bénéfice de repos hebdomadaires supplémentaires ou le travail sur 5 jours par semaine[30].

[modifier] Principe du repos dominical

La loi pose le principe de l'octroi du repos hebdomadaire le dimanche[31]. C'est au début du XXème siècle que s'impose ce principe "moderne" du repos dominical[32].

S'agissant de la conformité au cadre juridique européen, 2 points doivent être notés:

  • Le deuxième alinéa de l'article 5 de la directive européenne 93/104/CE [33]qui incluait le dimanche dans la période de repos hebdomadaire, a été annulé par la Cour de justice des Communautés européennes par un arrêt du 12 novembre 1996 en faveur du Royaume-Uni[34];
  • Parallèlement, selon la même juridiction, il n'y a pas incompatibilité entre les dispositions du Traité de Rome et les réglementations nationales interdisant d'employer des travailleurs salariés le dimanche[35]

Il existe, en France de nombreuses dérogations au principe du repos dominical.

[modifier] Dérogations

Elles sont de trois types: les dérogations permanentes de droit, les dérogations conventionnelles & enfin les dérogations temporaires.

[modifier] Les dérogations permanentes de droits

Depuis la codification de 1973[36], la liste des catégories d'établissements admis de droit à donner le repos hebdomadaire par roulement aux salariés relevait de la loi[37]. Ainsi les modifications étaient opérées par un texte législatif[38]. Cette liste était complétée, comme le prévoit le texte de loi, par une seconde[39], de valeur règlementaire, et modifiée en 2005[40]. Cette modification avait étendue le périmètre des établissement bénéficiant de droit de la dérogation en incluant, entre autres, les jardineries et magasins de location de DVD et de cassettes vidéo.

La recodification applicable à compter du 1er mai 2008 introduit un principe[41], élevé au niveau de la loi et a déclassé la liste initiale dans un unique article règlementaire fusionnant les anciennes listes des articles L221-9 et R221-4-1[42]

[modifier] Le temps de travail des mineurs

La première manifestation du législateur en matière de limitation de la durée du travail était relative aux enfants[43]. La fragilité particulière de ce public et la nécessité d'assurer une organisation du temps de travail compatible avec leur scolarité ou les rythmes de la vie en société ont conduit à l'élaboration d'un cadre juridique spécifique.

Icône de détail pour le détail de la réglementation applicable aux adolescents en France, voir : Travail des adolescents en France.

[modifier] Travail de nuit

Icône de détail sur l'impact du travail de nuit sur la santé, voir : Conditions de travail.

[modifier] Interdictions

Pendant longtemps, le travail de nuit était interdit aux femmes. Cette interdiction a été levée par la loi du 9 mai 2003. Toutefois, le travail de nuit est toujours interdit pour les jeunes de moins de 18 ans mais des dérogations sont prévues pour certain emplois (dans le secteur du spectacle, de l’hôtellerie et de l a restauration ainsi que dans le secteur de la boulangerie pâtisserie). Ces dérogations sont accordées par l’inspecteur du travail.

[modifier] Définitions

Le travail de nuit, c’est le travail effectué entre 21h et 6h du matin. Quant au travailleur de nuit, il est le travailleur dont le travail quotidien habituel contient, au moins, 3h de nuit, 2 fois par semaine.

[modifier] Mise en place & Contreparties

La mise en place du travail de nuit dans l’entreprise doit être justifiée par la nécessité d’assurer la continuité de l’activité économique ou de services d’utilité sociale. Cette mise en place est, de plus, subordonnée à la conclusion d’une convention ou d’un accord collectif. A défaut d’accord, elle doit être autorisée par l’inspecteur du travail[44]. Par ailleurs, la loi prévoit un certain nombre de garanties au bénéfice des travailleurs de nuit. En effet, tout d’abord, leur temps de travail est limité à 8h par jour (au lieu de 10h) et à 40h en moyenne sur une période de 12 semaines consécutives (contre 44h pour les travailleurs de jours). Aussi, ces travailleurs de nuit doivent bénéficier de contreparties (sous forme de repos et, le cas échéant, financière[45]). Enfin, ils bénéficient d’une protection particulière par le médecin du travail (ils doivent être consultés tous les 6 mois contre tous les 2 ans pour les travailleurs de jour).

[modifier] Sources

[modifier] Notes et références

  1. Ministère du travail, des relations sociales et de la solidarité / Etudes / Recherche Statistiques de la DARES / Statistiques Durée du travail[lire en ligne]
  2. INSEE, La France en fait et chiffres, Temps partiel et durée du travail hebdomadaire dans l'Union européenne, Source : Eurostat.
  3. EUROSTAT, extraction du 26/01/08
  4. art. L3121-10 du code du travail
  5. ab LOI n°2000-37 du 19 janvier 2000 relative à la réduction négociée du temps de travail (1) J.O n° 16 du 20/01/00 page 975, NOR: MESX9900090L[lire en ligne]
  6. Ordonnance n°82-41 du 16 janvier 1982 RELATIVE A LA DUREE DU TRAVAIL ET AUX CONGES PAYES
  7. Loi du 21 juin 1936 INSTITUANT LA SEMAINE DE 40 HEURES DANS LES ETABLISSEMENTS INDUSTRIELS ET COMMERCIAUX ET FIXANT LA DUREE DU TRAVAIL DANS LES MINES SOUTERRAINES
  8. sauf si un accord collectif, des usages ou le contrat de travail l'assimilent à un temps de travail effectif
  9. art. L3121-1 du code du travail
  10. art. 69 de la Loi n°2005-32 du 18 janvier 2005 de programmation pour la cohésion sociale NOR: SOCX0400145L[lire en ligne]
  11. abcd Directive 2003/88/CE du Parlement européen et du Conseil du 4 novembre 2003 concernant certains aspects de l'aménagement du temps de travail [lire en ligne]
  12. art. L3121-35 du code du travail
  13. 46h par décret après conclusion d'un accord collectif
  14. art. R212-9 du code du travail
  15. art. L212-15-3, III. du code du travail
  16. art. L212-1 du code du travail
  17. art. 1 de l'Ordonnance n°82-41 du 16 janvier 1982 RELATIVE A LA DUREE DU TRAVAIL ET AUX CONGES PAYES
  18. c'est à dire les nombreux décrets d'application de la loi du 21 juin 1936
  19. exemple: Décret du 17 novembre 1936 DETERMINANT LES MODALITES D'APPLICATION DE LA LOI DU 21 JUIN 1936 EN CE QUI CONCERNE LA DUREE DU TRAVAIL DANS LES INDUSTRIES DU BATIMENT ET DES TRAVAUX PUBLICS ET LA FABRICATION DES MATERIAUX DE CONSTRUCTION
  20. art. D212-12 & 13 du code du travail
  21. art. D212-16 du code du travail
  22. ab Loi n°98-461 du 13 juin 1998 d'orientation et d'incitation relative à la réduction du temps de travail
  23. art. L220-2 du Code du travail
  24. art. L220-1 du code du travail
  25. Décret no 98-496 du 22 juin 1998 relatif au repos quotidien et modifiant le code du travail [lire en ligne]
  26. art. D220-1 à 3 du code du travail
  27. art. 6 de l'accord du 1er avril 1999 visant à mettre en oeuvre la création d'emplois par l'aménagement et la réduction du temps de travail (Branche sanitaire, sociale et médico-sociale à but non lucratif)[lire en ligne]
  28. art. L3132-1 et L3132-2 du code du travail
  29. si le repos est octroyé le lundi de la première semaine et le dimanche de la seconde
  30. par exemple, dans le secteur de la grande distribution, les salariés doivent bénéficier d'une journée ou de 2 demi-journées supplémentaires par roulement en sus du jour de repos hebdomadaire (art. 5-13 de la convention collective nationale du commerce de détail et de gros à prédominance alimentaire)
  31. art. L3132-3 du code du travail
  32. Loi Sarrier du 13 juillet 1906 instaurant le repos dominical obligatoire de 24 heures pour les ouvriers et les employés de commerce
  33. Directive 93/104/CE du Conseil, du 23 novembre 1993, concernant certains aspects de l'aménagement du temps de travail [lire en ligne]
  34. Arrêt de la Cour du 12 novembre 1996[lire en ligne]
  35. CJCE, C-312/89, 28/02/91[lire en ligne]
  36. Loi n°73-4 du 2 janvier 1973 relative au code du travail
  37. art. L221-9 du code du travail (ancien)
  38. Loi quinquennale n° 93-1313 du 20 décembre 1993 relative au travail, à l'emploi et à la formation professionnelle NOR: TEFX9300125L
  39. art. R221-4-1 du code du travail (ancien)
  40. Décret n°2005-906 du 2 août 2005 relatif au repos hebdomadaire par roulement et modifiant le code du travail
  41. Peuvent de droit déroger à la règle du repos dominical en attribuant le repos hebdomadaire par roulement les établissements "dont le fonctionnement ou l'ouverture est rendu nécessaire par les contraintes de la production, de l'activité ou les besoins du public"
  42. art. R3132-5 du code du travail
  43. Loi du 22 mars 1941 relative au travail des enfants employés dans les manufactures, usines ou ateliers dite Loi Montalembert
  44. art. L3122-36 du code du travail
  45. art. L3122-39 du code du travail

[modifier] Voir aussi