Curare
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Le curare est une substance extraite de certaines lianes d'Amazonie, notamment Chondodendron tomentosum qui provoque une paralysie des muscles. Il est utilisé par certains Amérindiens et Aborigènes comme poison pour enduire les flèches.
Sommaire |
[modifier] Historique
C’est lors d’un voyage en Guyane que Sir Walter Raleigh rapporte vers 1596 un poison appelée curari dans lequel les sud-Amérindiens trempaient leurs flèches, leur permettant d'accroître l'efficacité de leur chasse. Le gibier était empoisonné par paralysie musculaire quelques minutes après avoir été touché, ce qui évitait d'effrayer les autres cibles potentielles. La consommation de la viande restait possible, le curare n'étant pas actif en cas d'ingestion.
Harold Randall Griffith (1894 – 1985) et Enid Johnson utilisent en 1942, l'intocostrin ou d-tubocurarine pour provoquer un relâchement musculaire lors d'une anesthésie générale[1].
Dès 1943, Oscar Wintersteiner et James Dutcher commencent la commercialisation de la d-tubocurarine, extraite de Chondodendron tomentosum[2].
[modifier] Pharmacologie
Par extension, un curare désigne un médicament aux propriétés curarisantes, utilisé en anesthésie pour provoquer un relâchement musculaire. Les indications pour l'administration d'un curare sont :
- faciliter l'intubation trachéale ;
- diminuer le tonus musculaire pour faciliter une intervention chirurgicale ;
- faciliter la ventilation mécanique (éviter asynchronie patient-ventilateur)
- supprimer les contractures musculaires par exemple dans la sismothérapie.
[modifier] Curare dépolarisant
Le seul curare dépolarisant utilisé couramment en milieu hospitalier est la succinylcholine (Anectine, Celocurine). Sa fixation aux récepteurs de l'acétylcholine entraîne une dépolarisation prolongée du muscle. Les fasciculations (spasmes musculaires) qu'elle entraîne sont la cause de douleurs musculaires au réveil du patient (courbatures).
Médicament | Famille chimique | Délai d'action | Durée d'action |
---|---|---|---|
Suxaméthonium | ester | 30 à 60 secondes | 6 à 11 min |
[modifier] Curare non dépolarisant
C'est le cas de la quasi-totalité des bloqueurs neuromusculaires. Leur fixation aux récepteurs de l'acétylcholine n'entraîne pas de dépolarisation du muscle.
Médicament | Famille chimique | Délai d'action | Durée d'action |
---|---|---|---|
Mivacurium | benzylisoquinoline | 2 à 4 min | 15 à 25 min |
Rapacuronium | aminostéroïde | 1 à 2 min | 15 à 25 min |
Rocuronium | aminostéroïde | 90 secondes | 30 à 40 min |
Vécuronium | aminostéroïde | 3 à 5 min | 30 à 40min |
Atracurium | benzylisoquinoline | 3 à 4 min | 30 à 40 min |
Cisatracurium | benzylisoquinoline | 4 à 5 min | 40 à 60 min |
Tubocurarine | benzylisoquinoline | 100 s | > 50 min |
Pancuronium | aminostéroïde | 3 à 5 min | > 120 min |
[modifier] Effets indésirables
Les curares sont parmi les substances utilisées en anesthésiologie qui exposent au plus grand risque de réaction allergique grave. La paralysie qu'ils entraînent rend l'assistance respiratoire indispensable, et l'impossibilité de réaliser cette dernière peut entraîner des conséquences dramatiques. L'utilisation de ces médicaments est réservée aux praticiens ayant reçu une formation en anesthésie et en réanimation.