Confetti

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Un lancer de confetti.
Un lancer de confetti.
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Voir « confetti » sur le Wiktionnaire.

Les confetti sont des petits morceaux de papier, parfois de plastique, qu'on lance lors de certaines fêtes ou célébrations. Les confetti sont généralement de différentes couleurs. Il exista même, autrefois, des confetti parfumés.

Sommaire

[modifier] Histoire du confetti

A l'origine, les confetti jetés au Carnaval étaient des dragées (une confiserie italienne semblable à la dragée). Le mot signifie « dragées » en italien (c'est le pluriel de « confetto »).

Le lancé de bonbons se pratique toujours au Carnaval, en Allemagne. En France, le jet de confetti-dragées existait jadis dans les fêtes et pas seulement au Carnaval :

« À ce moment, une foule immense entoura la salle du festin où l'on vit pleuvoir une grêle de dragées; la joie était grande sur tous les visages, et l'enthousiasme à son comble. »[1]

La pratique du jet de confetti-dragées durant les fêtes, fut cependant abandonnée :

« Confetti. — Au dessus de la foule, sur les voitures, sur les trottoirs, sur les balcons, on voit presque sans cesse une grêle de petites dragées que les masques envoient aux spectateurs et que les spectateurs leur renvoient. Autrefois c'étaient des dragées fines et exquises. Mais l'usage de ces libéralités étant devenu trop général, et ces libéralités surtout étant devenues des perfidies, on ne se sert plus aujourd'hui que de petites boules de craie ou de plâtre, auxquelles on continue, seulement par extension, à donner le nom de confetti. »[2]

Le nouveau confetti en plâtre, fut baptisé à Paris, « confetti italien ». Il ne fut jamais utilisé à Paris. On le fabriquait à l'aide d'un entonnoir. Goethe en parle, dans sa description du Carnaval de Rome, auquel il assista en 1788. Sa chambre, à Rome, donnait sur la via del Corso, ancienne via Flaminia et haut lieu du Carnaval romain. C'est là que se déroulait la fameuse course de chevaux libres, clou du Carnaval.

Où le confetti en papier que nous connaissons aujourd'hui fut inventé ? Il a été avancé, en France, l'hypothèse que ce fut à une fête organisée par la presse de Milan, ou au Carnaval de Pau, vers 1880. C'est ce qui est écrit dans un article conservé dans les dossiers « Actualités Carnaval », à la Bibliothèque historique de la ville de Paris. L'année exacte indiquée pour l'hypothèse milanaise est 1884. La réponse à la question de l'origine du confetti actuel, parait se trouver en Italie. L'article du Wikipédia italien, consacré aux confetti, indique que c'est en 1875 que furent adoptées les chutes de papier utilisées pour l'élevage du ver à soie, en remplacement du confetti fait de billes en plâtre. L'idée en reviendrait à l'ingénieur Enrico Mangili, de Crescenzago, dans la province de Milan, qui a commencé à en faire le commerce. Selon certains, l'inventeur du confetti moderne, en papier, serait le physicien atomiste de Trieste Ettore Fenderl.[3]

La vogue mondiale du confetti en papier commença à Paris, au début des années 1890. Les journaux parisiens de ces années-là, rapportent qu'elle débuta au Casino de Paris, en décembre 1891, à l'initiative de son administrateur, Monsieur Lué, dont le père était ingénieur à Modane. Le lancement du nouveau confetti aurait eu lieu au cours d'une fête donnée pour le Carnaval de Paris, alors très grand et qui durait depuis la Saint Martin, le 11 novembre, jusqu'aux Jours Gras, en février-mars, avec une reprise, pour la Mi-Carême. La paternité du lancement du confetti à Paris est attribuée, sur la partition de la chansonnette « Les Confettis », éditée en 1895, « A Messieurs Borney et Desprez, Innovateur des Confettis Parisiens ».

Initialement chutes de papier perforé, utilisé pour l'élevage du ver à soie, le confetti en papier commença à être fabriqué en grande quantité. Paris en exportait, y compris à l'étranger. Les commandes comprenaient les couleurs souhaitées. Il fut même fabriqué du confetti doré.

À ses débuts, le confetti était vendu à Paris au kilo ou au verre. L'emploi qui en fut fait, avec le serpentin, confina à une véritable épopée. La quantité utilisée au Carnaval de Paris était telle, que le lendemain matin des grandes batailles confettistes, l'eau de la Seine, à la sortie des égouts parisiens, à Clichy, se métamorphosait subitement en « une immense banquise multicolore ». Le confetti en papier apparut au Carnaval de Nice, vers 1892 et sous le nom de « confetti parisiens ».[4]

Au cours des premières années de son emploi, à chaque Carnaval de Paris, les journaux relevaient les couleurs de confetti qui avaient été à la mode à cette occasion.

Au Carnaval de Paris 1905, à l'occasion de la Mi-Carême, fut tenté, sans succès, le lancement d'un rival du confetti, les « granuletti ».[5]

Les ennemis de la fête réussirent à faire interdire le jet de confetti au Carnaval de Paris, de 1919 à 1932 inclus. On disait alors que c'était par mesure d'hygiène (les confetti propageraient des germes microbiens !) et d'économie (l'enlèvement des confetti après la fête coûtant soi-disant très cher).

Les défenseurs des confetti faisaient remarquer, à l'époque, que les confetti étant autorisés partout en France, semblaient ne rendre malade qu'à Paris.

Seule exception durant les années 1919-1932, les confetti furent autorisés au Carnaval de Paris 1922, très probablement grâce au Préfet de police Leuliez (il ne fut en exercice que durant une période comprenant le seul Carnaval de Paris 1922).

L'interdiction du jet de confetti fut levée à Paris en 1933 : ...« le préfet de police n'a pas cru indispensable de renouveler son ordonnance - également traditionnelle - interdisant le jet de confetti. »[6] Elle semble avoir été renouvelée encore, plusieurs fois, jusqu'en 1938.

Le confetti en plâtre continua à exister au Carnaval de Nice, parallèlement au confetti en papier et fut finalement interdit au début des années 1950.

En italien, aujourd'hui, le confetti en papier est appelé « coriandoli », ce qui signifie « coriandres ».[7]

[modifier] Annexe

[modifier] 1893 – Les confetti à la Mi-Carême, à Paris[8]

Tout a conspiré en faveur d'une réussite complète : le temps, qui a été d'une douceur exquise, les confetti et les serpentins, confectionnés en abondance, qui avaient donné aux belligérants des munitions. Et qui n'était belligérant ? Les dernières résistances ont été vaincus. Il y avait contre les confetti des préventions. On leur reprochait, étant quelquefois ramassés à terre, d'être souillés de la poussière du sol. C'est un reproche qu'on n'a plus à leur faire, il y en a une telle quantité qu'ils sont dépensés dans leur fraîcheur.

C'est devenu un divertissement universel. Les plus hésitants sont sortis de leur réserve, ils en ont reçu, ils en ont jeté. On a vu des messieurs très graves, des dames du meilleur monde, sans scrupule ni fausse gêne, se livrer à cet exercice, décidément entré dans nos mœurs.

Il est sans inconvénient, il n'est pas dangereux, pas salissant, et il crée cette complicité carnavalesque de tous, sans laquelle il n'est point de bon carnaval possible.

Le serpentin, d'une autre manière, plus gracieuse peut-être, a contribué à l'éclat de cette fête exceptionnelle qui comptera dans les fastes de la franche gaité parisienne. C'est un décorateur incomparable, avec ses tons fins et délicats, ses frissons légers. Il ondule, serpente, flotte, en banderoles capricieuses, et transforme les rues prosaïques en un décor de féerie. Vu de haut, à travers le gracieux tissu de ces fils entremêlés, roses, bleus, jaunes, d'un pâle si alangui, on eût dit un paysage idéal, un paysage d'hiver tout poudré de givre multicolore.

Le confetti et le serpentin ont été pour cette Mi-Carême ce que la lanterne vénitienne a été pour le 30 juin 1878.

[modifier] 1895 – Les Confettis

  • Chansonnette, créée par Maréchal, à Trianon-Concert, dédiée à Messieurs Borney et Desprez, Innovateurs des Confettis Parisiens, paroles de Jean Meudrot, musique de Georges Hauser, Paris 1895.

- 1 -

Depuis déjà nombre d'années
Le bœuf gras ne promène plus
Devant les foules étonnées
Les splendeurs de ses flancs joufflus
Le carnaval navrant spectacle
Serait pour sûr mort de langueur
Si les confettis par miracle
N'avaient ranimé sa vigueur

- Refrain, Gaiement -

Quand s'amuse Paris
Vivent les confettis
Papillons roses, blancs, bleus, gris,
Neige au reflet multicolore
Vous avez rajeuni le carnaval vieilli
C'est pourquoi le joyeux titi
Vous lancera longtemps encore
Quand s'amuse Paris
Vivent les confettis
Papillons roses, blancs, bleus, gris,
Neige au reflet multicolore
Vous avez rajeuni le carnaval vieilli
Quand s'amuse Paris
Vivent les confettis

- 2 -

Le mardi Gras, la Mi-Carême
Petits et grands voulant leur part
De ce nouveau jeu que l'on aime
Envahissent le boulevard
Alors la bataille s'engage
On se bombarde à pleines mains
Et des balcons, c'est avec rage
Qu'on déroule les serpentins

- 3 -

Or ces jours de fêtes si rares
Ont causé pour des amoureux
Des rencontres plutôt bizarres
Qui n'auraient pas eu lieu sans eux
C'est ainsi que ma sœur Hortense
De son futur époux s'éprit,
Par des confettis, ça commence
Et par un hymen ça finit

- 4 -

Je sais qu'il est des messieurs tristes
Qui blâment ces ronds salissants
Trouvez donc autre chose artistes
Nous vous serons reconnaissants
Mais en attendant autre chose
Ce jeu n'est pas prêt de finir
Il est gai : son succès s'impose
Paris ne doit pas le bannir.

[modifier] 1903 – Le Mardi Gras à Paris[9]

Les scènes scandaleuses qui se sont produites dans la soirée de mardi, au plus fort de la bataille de confetti — scènes qui ont provoqué l'arrestation[10] de près de quatre cents individus, — ont beaucoup ému la préfecture de police.

Il ne s'agissait pas en effet de personnages seulement trop brutaux; beaucoup étaient, de plus, malintentionnés et, sans compter les voleurs à la tire, les individus porteurs d'armes prohibées, il s'en est trouvé beaucoup qui se sont livrés sur les promeneurs, sur les femmes en particulier, à des sévices particulièrement graves.

Aussi une longue conférence a-t-elle eu lieu hier, à ce propos, à la préfecture de police, entre M. Lépine[11] et M. Touny, directeur de la police municipale.

Malheureusement, les deux hauts fonctionnaires ont dû se contenter de décider que pour la prochaine fête — la Mi-Carême — ils enverraient se mêler à la foule un grand nombre d'agents en bourgeois[12] auxquels des ordres seront préalablement donnés pour intervenir entre les passants et ces individus dangereux que l'on désigne, aujourd'hui, sous le nom pittoresque d'« Apaches ».

Là, en effet, peut se borner le rôle de la police. La cause initiale des désordres est le jeu de confetti; il ne peut être question d'en interdire la vente qui intéresse beaucoup le commerce.

Cependant, nous croyons savoir que, tout en reconnaissant que ce jeu ne peut être interdit dans la journée, le préfet de police examine très sérieusement la possibilité d'en diminuer les dangereux excès en le défendant dès la nuit tombée.

Dans le cas présent, l'action de la police doit se borner à arrêter les délinquants pris en flagrant délit; c'est ce qui a été fait mardi soir.

[modifier] Notes

  1. Extrait de l'article sur la cérémonie du baptême et de la bénédiction de la cloche paroissiale, à Etréchy, commune située près d'Etampes. Le Constitutionnel, 5 février 1840, page 2.
  2. Extrait d'une relation du Carnaval de Rome, dans un article intitulé « Le carnaval », Magasin pittoresque, 1836. Dossier sur le Carnaval de Rome, don Tristan Remy, 1977, conservé avec les documents sur le Carnaval de Paris, dans les Collections historiques de la préfecture de Police.
  3. Texte original en italien : « Solo nel 1875 furono adottati i cerchi di carta, grazie all'inventiva dell'ingegner Enrico Mangili di Crescenzago (Milano) che iniziò a commercializzare come coriandoli i cerchi di carta di risulta dalle carte traforate utilizzate in sericoltura per l'allevamento dei bachi da seta. Alcuni attribuiscono l'invenzione dei coriandoli al fisico nucleare triestino Ettore Fenderl. »
  4. « Nouveau Dictionnaire étymologique et historique », par Albert Dauzat, Jean Dubois et Henri Mitterand, Librairie Larousse, Paris 1964, page 188, article « Confetti ».
  5. « Signalons enfin que le préfet de police a fait saisir et interdit la vente d'un rival du confetti, les « granuletti » — sorte de fragments de liège colorés — que l'on essayait de parisianiser, mais qui n'obtinrent à aucun moment la faveur du public. » L'Humanité, 31 mars 1905, page 2.
  6. Le Petit Parisien, 1er mars 1933 (lendemain du Mardi Gras).
  7. L'article du Wikipedia italien, indique que, dès 1597, les graines de coriandre remplaçaient les amandes, dans la confection des dragées que l'on jetait, au Carnaval et aux mariages. De ce fait, jadis confetti et coriandoli étaient utilisés à égalité pour désigner ces projectiles sucrés. En italien, aujourd'hui, « coriandoli » désigne le confetti papier et « confetti », le confetti confiseries.
  8. Le Journal illustré, 19 mars 1893, page 92.
  9. Titre de l'article : « La soirée du Mardi Gras », Le Petit Journal, 26 février 1903.
  10. Aujourd'hui, le terme employé serait « interpellation ».
  11. Préfet de police.
  12. C'est à dire, en civil.