Bombardement de Dresde

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La ville de Dresde en 1900, surnommée la Florence de l'Elbe
La ville de Dresde en 1900, surnommée la Florence de l'Elbe

Lors du bombardement de Dresde, qui eut lieu du 13 au 15 février 1945, la ville allemande de Dresde est pratiquement entièrement détruite par un bombardement de la Royal Air Force britannique (RAF) et de l'United States Army Air Forces (USAAF). Les Alliés utilisèrent principalement des bombes à fragmentation et incendiaires.

Sommaire

[modifier] Raisons de l'attaque

Les services de renseignements occidentaux étaient arrivés à la conclusion que la Wehrmacht allait déplacer 42 divisions (un demi-million d'hommes) vers le front de l'Est alors proche de la ville, et les services soviétiques avaient signalé d'importants mouvements de trains sur le centre de triage de Dresde (en fait des trains de réfugiés fuyant l'avance de l'armée rouge). Les états-majors pensèrent que la ville servirait de nœud logistique pour ce transfert [1].

La stratégie allemande faisait de l’ensemble des grandes villes sur le Front de l’Est Die Festungen (forteresses). On peut légitimement[réf. nécessaire] imaginer que, même sans ce bombardement, la ville de Dresde aurait partagé le triste sort de Berlin et Breslau, réduites en cendres par l’artillerie et les chars soviétiques.

[modifier] Impact de l'attaque

Bombardiers Avro Lancaster de la RAF
Bombardiers Avro Lancaster de la RAF

Encore aujourd'hui, la manière de considérer ces attaques aériennes varie selon le point de vue. Déjà le ministère de Joseph Goebbels a utilisé le bombardement de Dresde pour relativiser la responsabilité de l'Allemagne dans la guerre et placer les Allemands dans un rôle de victime. Au cours de la Guerre froide, les préjugés idéologiques ont handicapé une étude objective du déroulement des événements.

Le premier maire de Dresde après la guerre, Walter Weidauer (communiste), considérait en 1946 les attaques comme évitables bien qu'ayant été provoquées par les « fascistes allemands ». Trois ans plus tard, il considérait les puissances occidentales comme seules responsables du bombardement criminel de Dresde qui ne répondait à aucune nécessité militaire. Une hypothèse, (défendue entre autres par Allemagne de l'Est à partir de 1949) était que les Alliés occidentaux avaient voulu laisser à l'Union soviétique une zone d'occupation détruite.

[modifier] Bilan humain

Des estimations élevées se réfèrent souvent à des déclarations de témoins oculaires qui ne peuvent plus être réexaminées, ainsi que sur des informations de sources aux motifs divers :

  • Un document du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de 1946 a donné le chiffre de plus de 275 000 morts. Ce nombre n'était pas le résultat d'investigations propres, mais émanait de « rapports » basés sur des sources issues des indications de l'administration nazie.
  • L'ancien officier d'État-major de Dresde Eberhard Matthes qui avait alors été chargé de travaux de déblaiement, a affirmé en 1992 que jusqu'au 30 avril 1945, 3500 cadavres auraient été pleinement identifiés, 50 000 en partie et 168 000 pas du tout. Ces chiffres auraient été communiqués à Adolf Hitler en sa présence. Mais il n'existe aucune preuve écrite qui pourrait confirmer cela et on doute aussi qu'Hitler ait demandé une telle communication le jour de son suicide. Des journaux (Süddeutsche Zeitung, Die Welt, Frankfurter Allgemeine) ont souvent publié des chiffres difficiles à certifier précisément variant de 60 000 à 300 000 morts.

La population totale de la ville était de 630 000 habitants à l'époque, mais elle comptait aussi des blessés, des prisonniers ou des réfugiés dont il est impossible d'évaluer précisément le nombre. De plus, beaucoup de victimes ont disparu en fumée sous l'effet d'une température souvent supérieure à 1 000°C. L'évaluation du nombre de morts a beaucoup fluctué. Ainsi, le maximum de 250 000 morts était avancé par les Soviétiques. L'écrivain révisionniste britannique David Irving, quant à lui, jugeait réaliste un nombre de 135 000 victimes[2]. Le chercheur allemand Jörg Friedrich fait état de 40 000 morts[3]. L'évaluation actuelle de 35 000 morts (dont 25 000 corps identifiés) est celle d'une commission d'historiens mandatée par la ville de Dresde. Il semble que malgré les nombreux travaux d'historiens la vérité historique soit perdue, du fait des situations délicates et des nombreux facteurs de cet événement.

[modifier] Réponses au bombardement

[modifier] Allemands

Certains des leaders, particulièrement Robert Ley et Joseph Goebbels, veulent se servir du bombardement pour abandonner la convention de Genève sur le front ouest. Finalement le gouvernement nazi ne s'en sert que comme appui pour la propagande.

Goebbels fait gonfler le nombre de morts par un facteur 10. Les diplomates allemands font circuler dans les pays neutres des photographies des destructions, des morts et d'enfants grièvement brûlés. Par coïncidence, le jour précédant le raid, un document des affaires étrangères allemandes circule dans les pays neutres critiquant Arthur Harris comme le leader du bombardement de terreur.

Le 16 février, le ministère de Goebbels publie une annonce de presse qui appuie la ligne de propagande nazie : Dresde n'avait aucune industrie de guerre, c'était un endroit de culture et d'hôpitaux. Le 25 février, une nouvelle note paraît, accompagnée de photos d'enfants brûlés, sous le titre "Dresde - Massacre de Réfugiés" et indiquant que 200 000 personnes y sont mortes.

[modifier] Britanniques

L'Armée rouge était à une centaine de kilomètres de Dresde.

D'autres bombardements sur l'Allemagne (Berlin et Hambourg lors de l'Opération Gomorrah) furent aussi très meurtriers, mais celui de Dresde a plus profondément choqué les esprits, peut-être parce que c'était une ville d'arts et de culture, et qu'elle n'avait pas d'intérêt stratégique, justifiant une attaque aussi lourde si on considère qu'Albertstadt, le fort militaire de Dresde, n'a pas été bombardé.

[modifier] Anecdote

L'écrivain Kurt Vonnegut, qui était présent comme travailleur prisonnier dans une usine de Dresde lors du bombardement, en réchappa en se réfugiant dans les caves d'un abattoir. Il tirera de cette expérience éprouvante son roman phare Abattoir 5.

[modifier] Bibliographie

David Irving, La Destruction de Dresde, Ed. J'ai lu, n°146 et n°147, 1970.

[modifier] Notes et références

  1. Taylor, Frederick. Dresden: Tuesday, February 13, 1945, HarperCollins, 2004, p. 196.
  2. David Irving, La destruction de Dresde ISBN B0000DU2JA ; ce chiffre de 135 000 morts est repris dans Serge Berstein, Pierre Milza, Histoire du XXe siècle, Hatier, 1996, tome 1, page 476.
  3. Jörg Friedrich, Der Brand ISBN 3548604323
Opérations aériennes de la Seconde Guerre mondiale
La guerre aérienne en Europe

Bataille d'AngleterreOpération MondscheinsonateOpération ChastiseOpération Tidal WaveOpération GomorrheOpération JérichoBombardement de NurembergBombardement du 26 mai 1944Bombardement de Dresde


La guerre aérienne dans le Pacifique

Raid de Doolittle • Bombardements de TōkyōBombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki