Beur

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Le mot beur a été créé en inversant l'ordre des syllabes du mot arabe : a-ra-beu donne beu-ra-a, puis beur par contraction. C'est donc un mot du verlan, qui a la particularité d'avoir été « verlantisé » lui-même, donnant rebeu, aujourd'hui utilisé pratiquement dans le même sens. Ces deux mots désignent largement les descendants des émigrés d'Afrique du Nord installés en France, à l'exception des descendants de Pieds-Noirs et autres africains d'origines européennes. Ce sont des mots d'argot qui ne portent pas en soi de connotations péjoratives. D'ailleurs, une partie des Francais aux origines Berbères (Kabyle, Chaoui,Touareg ...) récusent cette appellation qui les catégorise comme appartenant à une culture et à une langue arabe dans lesquelles ils ne se reconnaissent pas.

Sommaire

[modifier] Immigrés de deuxième génération

Les beurs étant souvent des enfants d'immigrés, on utilise parfois le terme d'« immigrés de deuxième génération », par opposition aux « primo-arrivants », par exemple dans l'Éducation Nationale française[1]. (Les seconds sont ceux qui n'ont aucune maîtrise de la langue française, et parfois aucune habitude scolaire, et dont les problèmes sont très différents des premiers).

On peut relever que le terme « immigrés de deuxième génération » est une antinomie, en effet, si une personne est née sur place, elle n'est elle-même pas immigrée ; le terme exact serait plutôt « enfant d'immigré ». Les associations anti-racistes décèlent dans cette appellation l'ambiguïté de la politique et de la société française qui, d'une part, considère les beurs comme des citoyens français à part entière, assujettis aux devoirs citoyens comme les impôts ou bien, jusqu'à récemment, le service militaire, et qui d'autre part les rejette souvent aux marges de la société à cause des phénomènes de racisme larvé (comme la discrimination à l'embauche, l'accès au logement, le droit de fréquenter des discothèques, voire la pratique de contrôles de police abusifs ; on parle alors couramment de délit de faciès). Dans le langage administratif, on utilise le plus souvent le terme plus neutre Français issu de l'immigration. Le terme « Beur » n'est utilisé par les Beurs que pour se qualifier entre eux qu'à titre caricatural. Ce terme demeure dévolu à ceux qui veulent marquer une différence « policée » pour établir une distinction entre Francais.

[modifier] Culture beur et discriminations

Les beurs, qui ont tous des origines des pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie), auraient créé un ensemble de comportements, de modes de vie, un genre de musique (rap ou raï), des modes vestimentaires, des films cultes, une littérature, cinéma, musique, humour beurs etc., qui constituerait la culture beur, pouvant exprimer parfois le mal-être de certains de ces français que les clichés décrivent comme « partagés entre deux cultures », ainsi que les difficultés rencontrées dans leurs relation avec leur famille, souvent encore très marquées par leur pays d'origine, et la société française.

Aujourd'hui, le nombre de Français beurs diplômés au chômage est cinq fois plus important que la moyenne nationale des autres Français à diplômes équivalents.

Ces discriminations pourraient être accentuées par certains clichés ou par l'imagerie populaire qui admet une certaine sur-représentation de personnes issues de la culture beur en matière de délinquance et d'insécurité. Cependant, même si tout référencement est interdit en France sur le principe de l'origine ethnique ou religieuse, il est établi que près des deux tiers des personnes incarcérées en France sont associés à la culture beur. Ainsi, ceci accentue le principe redondant du principe de discrimination. Pour certains, les beurs sont constamment discriminés ce qui les marginalise et les conduit à une défiance à l'égard de la société. Pour d'autres au contraire, ce sont ces défiances répétées et continues de nombreux membres de la culture beur qui créent et entraîne un principe de discrimination. Enfin, de plus en plus de personnes tendent à penser que la France Républicaine d'aujourd'hui ne reconnaît que des discriminations d'ordre social, ce qui complaît les beurs dans une victimisation illégitime de leur communauté au seul regard de leur origine ethnique.

[modifier] Personnalités et groupes représentatifs de la culture beur

On peut citer les auteurs Nina Bouraoui et Azouz Begag, les chanteurs Rachid Taha, Nâdiya, Zebda, Rim'K ou Amine, les acteurs Smaïn, Jamel Debbouze, Samy Naceri, Souad Amidou, Sam Touzani, Salim Kechiouche, Ramzy Bédia ou Yasmine Belmadi, les réalisateurs Mehdi Charef, Yamina Benguigui, et Rachid Bouchareb, le footballeur Zinedine Zidane, et des associations comme Ni putes ni soumises ou Kelma.

[modifier] Expressions

  • « Black Blanc Beur » : expression vulgarisée dans les années 1990, pour désigner la France multi-ethnique (par comparaison au drapeau bleu, blanc, rouge) ; cette expression provient peut-être du titre Black and white blues, chanson de Serge Gainsbourg interprétée par Joëlle Ursull à l'Eurovision en 1990 (elle obtint la deuxième place); ou de la compagnie de danse hip hop du même nom créée par Jean Djemad et Christine Coudun en 1984 [1] .
  • Le (la) « beur de service » : expression utilisée pour désigner une figure emblématique utilisée dans certains média, celle d'un enfant d'immigré ayant réussi ses études et son « intégration », malgré les problèmes économiques de sa famille ; il s'agit d'une critique des média, mais l'expression est également parfois utilisée pour désigner un enfant d'immigré ayant été nommé à un poste important en sous-entendant que sa nomination est plus due à son origine ethnique qu'à ses compétences.
« On ne me reconnaissait aucune compétence particulière, sinon celle d'être né Mourad. Mon identité me servait de brevet d'énarque. »
Mourad Ghazli, Ne leur dites pas que je suis français, ils me croient arabe, éd. Presses de la Renaissance, 2006
  • Un autre dérivé du terme a fait son apparition, par exemple les « beurgeois » (mot-valise, pour « beurs embourgeoisés »)
  • « Beur ou ordinaire » : cette expression est détournée de la publicité pour le beurre (« beurre ou ordinaire »), diffusée à la fin des années 1980. La première fois que cette expression apparaît, c’est en 1991, dans « Armées d’Aujourd’hui » (mensuel du Ministère de la Défense), comme titre d’un article ; ce titre est créé par Jean-Pierre Steinhofer pour l’article dans lequel il dénonce le caractère discriminatoire de la politique nouvellement mise en place dans l’armée pour privilégier les appelés beurs pour la promotion dans les grades supérieurs d’appelés du contingent (caporal, caporal-chef et sergent) et pour l’attribution des permis de conduire. Cette expression est ensuite reprise dans le titre d’une pièce de théâtre créée en 2000 pour dénoncer le racisme.

[modifier] Films

[modifier] Bande dessinée

réédité aux éd. Tartamundo sous le titre Black Blanc Beur - Les folles années de l'intégration.

[modifier] Presse et médias

[modifier] Mots équivalents dans d'autres cultures

[modifier] Notes et références

  1. Une « question de la seconde génération » en France ? Le rôle de l'école dans la formation d'une identité minoritaire - par Patrick Simon [pdf]

[modifier] Bibliographie

  • Stéphanie Marteau, Pascale Tournier, Black, blanc, beur... : La guerre civile aura-t-elle vraiment lieu ? Albin Michel, 2006, ISBN 2226174966
  • Philippe Bernard, La crème des beurs. De l’immigration à l’intégration, Seuil, 2004
  • Nora Barsali, François Freland, Anne-Marie Vincent, Générations Beurs. Français à part entière, Éditions Autrement, 2003
  • Hafid Gafaïti, Cultures transnationales de France. Des « Beurs » aux… ? L’Harmattan, 2001
  • Michel Laronde, Autour du roman beur. Immigration et identité, L’Harmattan, 1993
  • Alec G. Hargreaves, La littérature beur : Un guide bio-bibliographique, New Orleans : CELFAN Edition Monographs 1992
  • (en) Alec G. Hargreaves, Voices from the North African Immigrant Community in France. Immigration and Identity in Beur Fiction. New York - Oxford: Berg 1991/1997

[modifier] Liens externes

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