Base militaire de Pyongtaek

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Carte simplifié de la ville de Pyongtaek
Carte simplifié de la ville de Pyongtaek

Pyeongtaek est une ville Sud-Coréenne de 380 000 habitants (recensement de 2005) située à une centaine de kilomètres au sud de Séoul, à proximité de la mer Jaune, sur la côte occidentale de la Corée, face à la Chine.

La situation stratégique de Pyongtaek a été perçue par les Japonais qui dès 1941 chassèrent les paysans de leurs rizières de cette zone agricole pour y installer une base militaire. Située à proximité de la Chine et en particulier de Pékin, cette base aérienne permettait de mener des raids sur toute la côte orientale chinoise ainsi que de surveiller le sud de la Sibérie.

Il y a actuellement trois bases militaires sur le territoire de cette commune, Osan Air Base utilisé conjointement par les Pacific Air Forces et l'armée de l'air sud-coréenne : Camp Humphreys utilisé par l'US Army 36°58′N 127°02′E / 36.967, 127.033 et une base navale de la marine Sud-Coréenne.

Sommaire

[modifier] Histoire de la base militaire de Pyongtaek

[modifier] Pérenisation à cause de la Guerre de Corée

Malgré la chute de l'Empire du Japon en août 1945, les paysans de Pyongtaek ne purent récupérer leurs terres. En 1950, la tension entre les États-Unis et l'Union soviétique dégénère en guerre ouverte sur le sol coréen, la zone sera occupée par l'Armée populaire de Corée avant la contre-offensive des Nations-Unies. Les États-unis décident de renforcer leur présence aérienne et s'installent sur l'ancienne base japonaise qu'ils agrandissent en 1951. Cette extension se fait aux dépens des paysans qui pour certains sont délogés une seconde fois en moins de dix ans de leur terre.

[modifier] L'après guerre et de nos jours

L'armistice signé en 1953 se traduit par un maintien de la présence militaire américaine en Corée du sud. Les paysans de Pyongtaek comprennent qu'ils ne pourront récupérer les terres dont ils ont été chassés. Le régime du général Park ne permet d'ailleurs aucune contestation ouverte. Les villageois entreprennent au cours des années 1960 et 1970 un impressionnant travail de drainage des marécages et de la plaine cotière. Leurs efforts collectifs leur permettent de reconquérir environ 2500 hectares de terres qu'ils convertissent en rizières irriguées. Parallèlement grâce à 13 campagnes d'expropriation sans compensation financière la base militaire couvre 660 hectares.

En contrepartie, les autorités Sud-Coréennes fondent en 1986 une nouvelle ville portuaire qui se veut un pôle économique international dans cette zone qui s'est trés rapidement urbanisée, l'agriculture ne reprentant qu'une fraction de l'économie de cette région désormais densément peuplée.

Le développement économique de la Chine au cours des années 1990 et 2000 bouleverse la géopolitique de l'Asie orientale. Les États-Unis voient cette arrivée comme une menace pour leur suprématie dans la région. Ils décident avec l'appui du gouvernement de Corée du Sud de redéployer leurs forces dans la péninsule. Le Quartier Général de la 8e Armée américaine et la 2e division d'infanterie américaines dont les bases militaires situées trop près de la Zone coréenne démilitarisée qui sépare la Corée du sud de la Corée du Nord doivent être repositionnés à Pyongtaek à partir de 2008. Cette relocalisation a le double avantage d'offrir un délai supplémentaire en cas d'offensive terrestre venue du nord et de positionner les avions face à la Chine qui fait figure d'adversaire potentiel.

[modifier] La résistance à la base s'organise

En décembre 2004, le gouvernement coréen avait prévu de donner environ 1150 hectares supplémentaires à la base militaire de Camp Humphreys, dans la province de Kyonggi. En décembre 2005, le comité gouvernemental d’expropriation des terres approuvait la saisie imminente du domaine du village de Daechuri, rendant ainsi illégale l’occupation de leurs terres par les paysans.

Les paysans les plus agés refusent d'être chassées une troisième fois de leur terre. Rapidement un mouvement national de soutien aux paysans de Pyongtaek se met en place. Des personnalités emblématique de la lutte pour la démocratie dans les années 1980 tel que le Père Mun Jeon Hyeon, prennent fait et cause pour les habitants des villages de Paengsong.

Le 10 juillet 2005, une manifestation nationale réunit plus de 20 000 activistes venus de toute la Corée pour appuyer les paysans de Pyongtaek. La répression très brutale des forces de l'ordre fera plusieurs dizaines de blessés dans les rangs des manifestants. Le Comité Sud Coréen contre l'extension de la base militaire de Pyongtaek décide de se renforcer en prenant contact avec des mouvements pacifistes qui ont lutté ou qui résistent encore contre l'extension ou la création de bases militaires.

Des missions sont envoyés au Japon pour rencontrer des activistes pacifistes qui luttent à Okinawa contre la présence américaine. Une autre mission en Europe permet de rencontre les paysans du Larzac qui se sont opposés victorieusement à l'extension d'une base militaire dans les années 1970.

Le 10 décembre 2005, les habitants du village de Paengsong organisent une rencontre internationale des mouvements d'opposition à la militarisation de la planète. José Bové participe à cette journée et explique les stratégies mises en place dans les années 1970 sur le Larzac pour occuper les maisons vides et empêcher l'arrivée des forces militaires. Les militants d'Okinawa rappellent les victoires qu'ils ont eues contre l'extension de la base navale.

Le 11 décembre 2005, plus de 10 000 activistes venus de tout le sud de la péninsule coréenne se rassemblent dans la ville de Pyongtaek, située à une dizaine de kilomètres de la base, pour soutenir les habitants de la zone et réaffirmer leur opposition contre une nouvelle militarisation du pays.

Des manifestations Pro-expansion ont également eu lieu mais à une échelle plus petite. Les arguments principaux des pro-expansion étaient que l'immense majorité des protestataires ne sont pas des fermiers du secteur local qui ne representent que 10 % de ceux-ci mais des activistes politique originaires de reste du pays.

[modifier] Liens externes