Guerre de Corée

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Guerre de Corée
Date 1950–1953
Lieu Péninsule coréenne
Résultat Maintien de la partition de la Corée
Combattants

Nations unies :

Nations communistes

Forces

Note : les chiffres varient selon les sources ; ceux ici présentés sont américains.

  • Nations unies :

Total: 932 964

Total: 2 560 000

Pertes (mort, blessé, disparu)
995 601 alliés 1 500 000 chinois et nord-coréens
Civils disparus ou séparés
Plus de 7 millions
Histoire de la Corée
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Période contemporaine
Empire coréen
Occupation japonaise
Guerre de Corée
Corée du Nord ~ Corée du Sud
Pages annexes
Personnages

La guerre de Corée eut lieu de 1950 à 1953 entre les forces de la Corée du Nord communiste, soutenues par la République populaire de Chine et l'Union soviétique, et celles de la Corée du Sud sous influence occidentale, soutenues par les Nations unies (principalement les États-Unis).

Sommaire

[modifier] La partition de la péninsule

À la conférence de Yalta, Staline avait promis à Roosevelt que l’URSS entrerait en guerre contre le Japon trois mois après la capitulation de l'Allemagne ; en même temps, les Alliés avaient convenu qu’en Corée les forces japonaises stationnées au nord du 38e parallèle se rendraient aux Soviétiques, et celles qui occupaient le Sud aux Américains.

Les Soviétiques intervinrent dans le Nord quelques jours après la déclaration de guerre au Japon, le 9 août 1945. Pour leur part, les Américains débarquèrent le 8 septembre 1945, le surlendemain de la proclamation à Séoul d'une éphémère République démocratique par les partis de gauche à majorité communiste qui avaient été actifs dans la résistance à l'occupation japonaise[1].

Cependant, ni les États-Unis, ni les Soviétiques, ni a fortiori les Coréens eux-mêmes ne considéraient comme définitive la partition de facto de la péninsule coréenne qui découlait de la double présence américaine et soviétique : en effet, une commission mixte américano-soviétique se mit en place dès janvier 1946, mais ses travaux n'aboutirent pas en raison de la tension croissante entre les deux Grands.

En septembre 1947, les Américains portèrent la question coréenne devant les Nations unies. L’Assemblée générale désigna une commission chargée d’organiser et de superviser des élections libres en tant que préliminaires à la formation d’un gouvernement national. Toutefois, les Soviétiques, qui considéraient les Nations unies comme une organisation liée aux États-Unis (avant la décolonisation, la plupart de ses membres appartenaient au bloc occidental), refusèrent d’admettre la commission dans leur zone d’occupation.

Les partis de gauche de tout le pays, ainsi que des organisations nationalistes antiaméricaines, se réunirent à Pyongyang en avril 1948 et décidèrent le boycott des élections. Celles-ci ne furent organisées que dans la zone occupée par les États-Unis, sous la surveillance de l'ONU ; elles portèrent au pouvoir le vieux leader nationaliste et anticommuniste Syngman Rhee, qui avait été le chef du gouvernement coréen en exil constitué en 1919. Le 19 juillet 1948, la République de Corée fut proclamée à Séoul.

En réaction, dans la zone d’occupation soviétique, des élections non surveillées par l'ONU furent organisées ; elles donnèrent la majorité aux partis de gauche dominés par les communistes. En même temps, des élections clandestines se déroulèrent dans le Sud : les délégués ainsi élus vinrent siéger à Pyongyang, où l'Assemblée populaire suprême proclama la République populaire démocratique de Corée. Tout comme la République de Corée, celle-ci prétendait représenter l'ensemble de la péninsule.

L'homme fort du nouveau régime nord-coréen était Kim Il-sung, secrétaire général du Parti du travail de Corée et ancien résistant à l'occupation japonaise. Leader d’un petit groupe de partisans coréens à partir de 1930, Kim avait en effet dirigé plusieurs raids contre les avant-postes japonais en Corée à partir de la Mandchourie où, enfant, il s’était réfugié avec ses parents. En 1941, il quitta la Mandchourie, devenue une république fantoche du nom de Manchukuo, et reçut un entraînement militaire en Union soviétique. Il retourna en 1945 dans son pays en tant qu’officier de l’Armée rouge[2].

Syngman Rhee et Kim Il-sung désiraient tous deux réunifier la péninsule, mais chacun selon sa propre idéologie politique.

Avec la conscription rétablie en 1947 (qui provoque une certaine résistance armée dans une partie de la population, voir UNPIK). Équipés en chars et en armes lourdes d'origine soviétique, l'armée nord-coréenne appelée Armée populaire de Corée était davantage en mesure de prendre l'initiative, tandis que l’armée sud-coréenne, en raison d’un soutien américain plus limité après le retrait des troupes d'occupation (décembre 1948 et juin 1949), était en état d’infériorité, matérielle (aucun char et pas d'avion de combat) mais surtout numérique.

[modifier] La question des origines de la guerre

Bernard Droz affirmait en 1992 que la responsabilité américaine et sud-coréenne apparaissait peu crédible[3] et, depuis l'ouverture des archives soviétiques[4], même un historien « révisionniste » comme Bruce Cumings, dans un débat enfin dépassionné, tient désormais pour acquis que l'offensive générale du 25 juin 1950 fut préparée de longue date par la Corée du Nord[5].

D'après des documents d'archives soviétiques, Kim Il-sung décida d'envahir la Corée du Sud au plus tard début septembre 1949, alors qu'« il n'y a pas eu d'incidents sérieux au 38e parallèle depuis le 15 août[6] ». Staline considérait toutefois que pour le moment une telle initiative n’était opportune ni militairement, ni politiquement, ni économiquement. Il s'inquiéta notamment de l'impréparation de l’armée nord-coréenne ainsi que d'une possible intervention américaine et interdit en conséquence une entreprise dont le plein succès n’était pas assuré. En effet, par un télégramme daté du 24 septembre 1949, le Politburo chargea l’ambassadeur soviétique à Pyongyang, le général Shtykov, d’informer Kim Il-sung qu’aux yeux des dirigeants soviétiques l’« Armée populaire coréenne […] n’était pas prête pour une attaque », que celle-ci entraînerait « des difficultés politiques et économiques significatives pour la Corée du Nord » et que par conséquent une telle attaque n’était pas « permise[7] ».

Par la suite, les Nord-Coréens renforcèrent leur armée et la transformèrent en un formidable instrument offensif sur le modèle des forces blindées de l'Armée rouge soviétique. Ainsi, en 1950, la Corée du Nord avait désormais un avantage certain dans toutes les catégories d'armement.

La République populaire de Chine était d'abord réticente, car une guerre en Corée déstabiliserait toute la région. Mao Zedong estimait par ailleurs qu'un tel conflit encouragerait les Américains à intervenir en Extrême-Orient et interférerait avec la conquête prévue de Taiwan, où s’étaient retranchées les forces du Kuomintang de Tchang Kaï-chek. Néanmoins, la Chine n'accepterait pas la présence de troupes ennemies à ses frontières, ce qui laissait présager une intervention chinoise au cas où elle estimait que son territoire était menacé[8].

Le 12 janvier 1950, le nouveau secrétaire d'État américain, Dean Acheson, déclara au Club national de la presse que le périmètre de défense américain dans le Pacifique comprenait les îles Aléoutiennes, les îles Ryūkyū, le Japon et les Philippines : l'omission explicite de la Corée pouvait laisser sous-entendre que, en cas de guerre, les Américains n’interviendraient pas. Cependant, si telle avait été à un moment la position de Washington, le gouvernement américain y renonça dès avril 1950[9]. Par conséquent, la contention restant le principe de la politique américaine, Washington considérait la Corée du Sud comme un bastion servant à endiguer la progression communiste en Asie, plus particulièrement après la victoire des communistes chinois en 1949[10].

Entre temps, l'attitude de Staline avait évolué : lors d’une visite de Kim à Moscou, en avril 1950, le maître du Kremlin avalisa les projets annexionnistes du dirigeant nord-coréen, car, après le départ des troupes américaines, il ne jugeait plus qu'une guerre faisait courir de graves risques à la Corée du Nord, tout en précisant cependant qu’il ne pouvait garantir un soutien officiel de la part de l’Union soviétique.

Dans une interview accordée en 1992 à l’historien russe Sergeï Goncharov, Chung Sang-chin, ancien général de brigade dans l’armée nord-coréenne, rapporta que, selon l’interprète de Kim Il-sung, ce dernier aurait invoqué quatre arguments pour recueillir l’adhésion de Staline : l’attaque, déclenchée à l’improviste, serait décisive, de sorte que la victoire serait acquise en trois jours ; en Corée du Sud, l'offensive de l'Armée populaire serait accompagnée d’un soulèvement des deux cent mille membres du Parti ; la guérilla communiste apporterait son appui à l’Armée populaire ; et enfin, les États-Unis n’auraient pas le temps d’intervenir. Chung ajouta que Kim avait connaissance du discours Acheson[11].

D'après un rapport du Ministère des Affaires étrangères soviétique à l'intention notamment de Brejnev, rapport daté du 9 août 1966,

« le gouvernement nord-coréen prévoyait d’atteindre son objectif en trois étapes :

  1. concentration de troupes le long du 38e parallèle
  2. proposition au Sud d'une réunification pacifique
  3. initiative des opérations militaires après le rejet par le Sud de la proposition d’une réunification pacifique.
(…)
Fin mai 1950, l'état-major de l'Armée populaire, en accord avec les conseillers militaires soviétiques, annonça que l'armée coréenne était prête à commencer sa concentration le long du 38e parallèle. Devant l'insistance de Kim Il-sung, le début des opérations militaires fut fixé au 25 juin 1950 (télégramme 468, 1950)[12].  »

La fiabilité des documents soviétiques a été vivement contestée par les autorités nord-coréennes, en tant qu'ils mettent en question l'histoire officielle du pays[13]. Par ailleurs, d’après les Nord-Coréens, qui invoquent la présence de conseillers américains, les États-Unis n’auraient pas respecté les termes de l'accord soviéto-américain sur le retrait des troupes de la péninsule et ils auraient multiplié les provocations et les attaques, certaines d’envergure, afin de déstabiliser la Corée du Nord. Ainsi, le Musée de la Guerre à Pyongyang expose des documents d'archives faisant état de projets d'invasion de la République populaire démocratique de Corée.

Pour leur part, la majorité des historiens sud-coréens, à l'instar en France d'intellectuels de gauche, relevèrent dès les années 1950 la multiplication des incidents de frontière le long du 38e parallèle et les déclarations belliqueuses de Syngman Rhee dans la période précédant la guerre, d'où ils conclurent à une responsabilité partagée. Selon Heo Man-Ho, professeur agrégé au département de science politique et de diplomatie à la faculté des sciences sociales de Séoul, spécialiste de l'histoire de la Corée, « les tentatives belliqueuses antérieures à la guerre de Corée avaient déjà fait plus de 100 000 morts[14] ». En d'autres termes, selon Heo-Man-Ho, ces incidents de frontières ont été dans certains cas de « véritables batailles rangées dans lesquelles environ 6 000 hommes ont été engagés » (et dont l'initiative venait tant du côté nord-coréen que du côté sud-coréen), ce qui rendait de plus en plus probable l'hypothèse d'un conflit ouvert, envisagé par l'un et l'autre camp. « Il est donc difficile de trancher de façon sûre sur cette question de savoir qui est l'envahisseur et l'initiateur de la guerre. Les seuls critères qui peuvent aider à dégrossir cette question se trouvent dans les préparatifs militaires mis en place par les dirigeants des deux Corées […] ainsi que dans les formes du soutien des deux super-puissances auprès de ces mêmes dirigeants. » Par conséquent, conclut le professeur Heo Man-Ho, « en nous appuyant sur ces critères, nous pourrions soutenir la thèse de l’invasion nord-coréenne sur le Sud ; en effet, la guerre de Corée a été préparée plus sérieusement par les dirigeants nord-coréens avec les soutiens sino-soviétiques[15] ».

S'agissant des préparatifs sud-coréens, l'envoyé spécial de Truman en Corée du Sud, Philip C. Jessup, souligne, dans un mémorandum à son gouvernement daté du 14 janvier 1950 suite à un entretien avec le président sud-coréen Syngman Rhee, que ce dernier a expliqué que les Coréens du Sud « auraient une ligne de défense stratégique bien meilleure, si leurs forces se dirigeaient vers la Corée du Nord, [mais] qu’il n’y a pas eu de planification pour se lancer dans une quelconque opération de conquête. Pourtant, l'impression générale de son intervention laisse croire qu'il ne s'était pas opposé lorsque des forces sud-coréennes, en bordure du 38e parallèle, avaient pris des initiatives de temps en temps[16] ». De son côté, M. Muccio, ambassadeur américain à Séoul, fait état qu'en 1948, lors d'une réception au palais présidentiel sud-coréen, le ministre de la Défense sud-coréen lui « raconta avec plaisir que ses hommes avaient conquis Haeju », ville située sur la péninsule d'Ongjin, « juste au delà du 38e parallèle, (…) mais [il] n'ajouta pas que pratiquement tout le monde s'y était fait tué[17] ».

Toujours est-il que Kim Il-sung s'était donné les moyens d’une offensive générale en renforçant son armée et, quand il reçut finalement, après quarante-huit télégrammes, la permission de Staline en avril 1950, et celle de Mao Zedong un mois plus tard, il prit l’initiative le 25 juin 1950, profitant d’une situation qu’il jugeait favorable - infériorité matérielle et numérique de l'armée sud-coréenne, présence sur le terrain de quelques centaines seulement de conseillers américains, renonciation apparente des États-Unis à la doctrine Truman en ce qui concerne la péninsule coréenne -, et cela dans un contexte de répression des mouvements de guérilla communistes qui avaient dominé politiquement en Corée du Sud à la capitulation japonaise.

Ainsi donc, l'offensive nord-coréenne du 25 juin 1950 ne laisse aucun doute sur l’initiateur d’un conflit terriblement coûteux en vies humaines. D’un autre côté, la guerre aurait peut-être pu être évitée si, aux yeux de Staline et de Truman, prisonniers l’un et l’autre des principes de la guerre froide, elle n’était pas apparue comme quasiment inéluctable.

[modifier] Le déroulement de la guerre

La Guerre de Corée de 1950 à 1953
La Guerre de Corée de 1950 à 1953

La date du 25 juin 1950, choisie « fin mai 1950 […] devant l'insistance de Kim Il-sung », marque le franchissement du 38e parallèle par les divisions nord-coréennes ; elle est généralement considérée par les historiens occidentaux et russes comme le début de la guerre de Corée. Pour sa part, la Corée du Nord retient une date antérieure de quelques jours, en alléguant qu'elle n'aurait fait que riposter à une importante incursion sud-coréenne sur son territoire, incursion livrée avec le soutien de conseillers américains.

[modifier] L'assaut nord-coréen

T-34 nord-coréen à Suwon
T-34 nord-coréen à Suwon

Dans les heures précédant l'aube du 25 juin 1950, sous la protection d'un formidable barrage d'artillerie, 135 000 Nord-Coréens franchirent la frontière entre les deux Corées. Le gouvernement nord-coréen annonça que des troupes commandées par le « traître et bandit » Syngman Rhee avaient traversé le 38e parallèle, et que par conséquent le Nord avait été obligé de riposter « à une grave provocation des fantoches de Washington », selon L'Humanité du lendemain. De son côté, Jean-Paul Sartre, compagnon de route du Parti communiste français, affirma que « c’était la Corée du Sud qui avait attaqué la Corée du Nord à l'instigation des États-Unis[18] ». Conseillée et équipée par les Soviétiques, qui ne s'engageront toutefois jamais ouvertement, l'armée nord-coréenne mit en ligne 7 divisions, 150 T-34, 1 700 pièces d'artillerie, 200 avions de combat et d'importantes réserves. L'attaque nordiste fut dévastatrice. Au moins les deux tiers de la petite armée sud-coréenne (à peine 38 000 hommes répartis sur 4 divisions d'infanterie) étaient alors en permission, laissant le pays largement désarmé. Les Nordistes attaquèrent en plusieurs endroits stratégiques, parmi lesquels Kaesong, Chunchon, Uijongbu, et Ongjin. En quelques jours, les forces sudistes, surclassées en nombre et en puissance de feu, furent mises en déroute et durent battre en retraite. Tandis que l'attaque au sol progressait, l'armée de l'air nordiste bombarda l'aéroport de Kimpo à Séoul ou se trouvait les 22 avions de liaison et d'entraînement de l'aviation du sud. Séoul fut capturé dans l'après-midi du 28 juin. Les Nord-Coréens n'avaient toutefois pas réussi à atteindre leur objectif principal, à savoir la reddition rapide du gouvernement de Rhee et la désintégration de son armée.

L'invasion de la Corée du Sud (République de Corée, RdC, ROK en anglais) semble avoir été une surprise complète pour les États-Unis et leurs alliés ; quelques jours avant l'offensive nord-coréenne, le 20 juin, Dean Acheson, le nouveau Secrétaire du Département d'État, avait déclaré officiellement au Congrès qu'une guerre était improbable. Truman lui-même fut contacté quelques heures après le déclenchement de l'offensive ; il crut qu'il s'agissait du début de la troisième Guerre mondiale. En tout état de cause, une partie de l'état-major américain aurait accueilli avec enthousiasme l'annonce, espérant pouvoir ainsi « endiguer » (statégie du containment) la progression des communistes en Extrême-Orient. « Les Coréens nous sauvent », aurait déclaré le secrétaire d’État Acheson quand il reçut le 25 juin la nouvelle du déclenchement des hostilités[19].

Char M4A3E8 "Sherman" en position de tir sur une colline.
Char M4A3E8 "Sherman" en position de tir sur une colline.

Malgré la démobilisation partielle des forces américaines et alliées après la défaite du Japon, ce qui causa de sérieux problèmes logistiques aux troupes américaines dans la région - hormis les Marines, les divisions d'infanterie envoyées en Corée ne comptaient que 40% de leurs effectifs et la majeure partie de leur équipement était inutilisable -, les États-Unis avaient encore 83 000 hommes au Japon répartis en 3 divisions d'infanterie plus la 1re division de cavalerie, sous le commandement du général Douglas MacArthur. À part les unités du Commonwealth en Corée, aucune autre nation ne pouvait fournir des renforts importants. Le président Harry S. Truman, à la nouvelle de l'invasion, ordonna à Mac Arthur de transférer des munitions au profit de l'armée sud-coréenne (en anglais ROK Army, ROKA) et de fournir une protection aérienne afin de permettre l'évacuation des citoyens américains. Toutefois, Truman était en désaccord avec ses conseillers, qui voulaient lancer des raids aériens contre la Corée du Nord. Il autorisa cependant la Septième Flotte à protéger Taiwan, mettant ainsi fin à la politique américaine de désengagement vis-à-vis du gouvernement nationaliste du Kuomintang, confiné à Taiwan - réplique américaine redoutée par Mao avant l'attaque nord-coréenne. Tchang Kaï-chek proposa de participer à la guerre, mais cette demande fut rejetée par les Américains au motif que cela ne ferait qu'encourager une intervention des communistes chinois.

[modifier] La contre-attaque sud-coréenne et onusienne

Contre-offensive de l'ONU, franchissement de la frontière au niveau du 38e parallèle nord
Contre-offensive de l'ONU, franchissement de la frontière au niveau du 38e parallèle nord
Soldats américains en Corée
Soldats américains en Corée

Au Conseil de sécurité des Nations unies, les États-Unis, profitant de l'absence de l'Union soviétique (politique dite du « siège vide », pour dénoncer le refus américain d'admettre la Chine communiste au Conseil), firent adopter le 27 juin 1950 une résolution (83) condamnant l'agression nord-coréenne ; le 7 juillet, une nouvelle résolution (84) leur confia le commandement d'une force onusienne. Seize pays acceptèrent de venir en aide à la Corée du Sud.

En août, les débris de l'armée sud-coréenne ainsi que la 8e armée américaine envoyée en renfort furent acculés au sud-est de la péninsule, dans la poche de Pusan. Grâce à un important appui aérien, elles parvinrent à stabiliser le front le long de la rivière Nakdong. Cependant, malgré de nouveaux renforts, la situation demeurait critique et il semblait bien que les Nordistes fussent sur le point de prendre le contrôle de la péninsule toute entière.

Le 15 septembre 1950, le général américain MacArthur débarqua à Inchon, derrière les lignes ennemies, prenant à revers les troupes nord-coréennes. Celles-ci furent encerclées et se désagrégèrent rapidement après cette manœuvre tactique audacieuse. Séoul fut reprise le 26 septembre. Le 7 octobre, les troupes des Nations unies franchirent à leur tour le 38e parallèle et pénétrèrent en Corée du Nord. Le 26 octobre, elles atteignirent le Yalu qui marque la frontière sino-coréenne.

[modifier] L'intervention des « volontaires » chinois

Évacuation de réfugiés nord-coréen par l'US Navy
Évacuation de réfugiés nord-coréen par l'US Navy

La Chine intervint alors de manière non officielle[20]. Le 31 octobre, plusieurs divisions chinoises franchirent le Yalu, où elles entrèrent en contact avec des unités américaines.

soldat chinois mort
soldat chinois mort

Il s'agissait de la IVe armée populaire, commandée par le général Lin Piao. Après des combats acharnés contre les forces chinoises, les Américains furent repoussés. Les Chinois se retirèrent et les Américains purent ainsi reprendre leur offensive jusqu'à ce que, fin novembre 1950, plus d'un demi-million de soldats chinois de l'armée populaire de libération appuyant l'armée nord-coréenne repassent à l'attaque avec une couverture aérienne de l'aviation soviétique[21]. Les forces des Nations unies, éparpillées et mal équipées contre le froid, furent rejetées au-delà du 38e parallèle entrainant dans leur retraite plus d'un million de civils nord-coréens fuyant le régime communiste ; Séoul fut repris par les Nord-Coréens et leurs alliés chinois.

[modifier] Retour au statu quo ante bellum

Pour redresser la situation, MacArthur suggérait un bombardement nucléaire de la Mandchourie et l'intervention des forces chinoises nationalistes du Guomindang[22]. Passant outre les ordres de Washington — MacArthur venait de repasser à l'attaque vers le Nord (contre la volonté de Truman qui souhaitait stabiliser le front définitivement sur le 38ème parallèle) —, il fut limogé par son président, car ce dernier redoutait un affrontement sino-américain dont l'Union soviétique aurait pu tirer profit.

Le successeur de MacArthur, le général Ridgway, parvint à reprendre Séoul suite à plusieurs offensives acharnées. Le front se stabilisa sur la ligne de démarcation actuelle.

L’idée commença alors à se répandre d’un statu quo ante bellum.

[modifier] Négociations, le problème des prisonniers et l'armistice

Le 23 juin 1951, Jacob Malik, délégué permanent de l’URSS aux Nations-Unis, insère dans un discours un passage où il suggère une négociation sur cette base : un tel scénario avait débouché deux ans plus tôt sur la levée du blocus de Berlin[23].

Dès le 10 juillet 1951, les délégués des deux camps se rencontrèrent à Kaesong, à proximité de l’ancienne ligne de démarcation.

Mais il faudra attendre le 27 juillet 1953 pour que les négociations aboutissent à Panmunjeom, mettant fin à un conflit qui aura duré trois ans et causé au moins un million de morts selon la plupart des historiens occidentaux (plus de deux millions selon les Nord-Coréens). Le cessez-le-feu consacra le retour au statu quo ante : en effet, la Zone coréenne démilitarisée entre les deux Corées (coupant le 38e parallèle en diagonale, suivant une bande de 249 km de long sur 4 km de large) fait que les territoires des deux Corées seront sensiblement les mêmes qu'au début du conflit avec un petit avantage pour le Sud, la ligne de front s'étant stabilisé un peu au-delà de l'ancienne frontière.

[modifier] Prisonniers de guerre

La proportion de pertes chez les prisonniers de guerre sud-coréens et des Nations-Unies dans les camps nord-coréens et chinois atteint selon certaines études aux alentours de 43 %. Le caractère idéologique du conflit n’explique pas à lui seul cette extréme surmortalité, davantage conséquence des mauvaises conditions d’hygiène et de nutrition que des actions directes des geôliers, du moins après la première année de guerre [24].

Les négociations sur les prisonniers de guerre furent très âpres et l'une des principales raisons de la lenteur des pourparlers de paix.

Le 18 décembre 1951, les Nations unies fournirent les noms de 132 000 prisonniers sur 176 000 captifs. Le désaccord dans les chiffres provient du fait que 38 000 « soldats nord-coréens » étaient en réalité des citoyens du Sud enrôlés de force par le Nord. Il manquait aussi 6 000 morts ou évadés.

La liste communiste comprenait les noms de 11 559 prisonniers, en contradiction avec le fait que la radio de Pyong-Yang, après 9 mois de guerre s'était vantée de détenir 65 000 prisonniers. Mais au 18 décembre 1951, les forces communistes déclaraient détenir 7 145 Sud Coréens, 3 198 Américains, 919 Britanniques, 234 Turcs, 40 Philippins, 10 Français, 6 Australiens, 4 Sud-Africains, 3 Japonais, 1 Canadien, 1 Grec et 1 Néerlandais.

Des 10 000 Américains manquant, un tiers seulement avaient été retrouvé. Pas un seul des 1 036 prisonniers dont les noms à un moment ou un autre avaient été cités dans les médias du bloc de l'Est n'apparaissait sur la liste. Sur les 110 noms communiqués à la Croix-Rouge, il n'en restait que 44 sur la liste. Plus grave, 50 000 Sud Coréens disparus avaient été « libérés sur les lignes de front » selon la Corée du Nord, embrigadés de force dans l'armée du Nord selon les Nations unies.

Ce furent les méthodes de rapatriement des prisonniers aux mains des Nations unies qui freinèrent les négociations, la Chine et la Corée du Nord voulant que tous les prisonniers leur soient remis sans conditions tandis que les Nations unies prônaient la liberté de choix. Finalement, la deuxième solution fut adoptée, à la suite de compromis arrachés aux nations communistes qui pouvaient tenter de convaincre leurs citoyens de renoncer à leur choix. Sur les 75 000 prisonniers qui avaient demandé de rester dans le camp occidental, 5 000 renoncèrent à leur projet initial.

Le retour des prisonniers se fit en 2 phases : l'opération « Petit Échange », en avril 1953, où les Nations unies restituèrent 5 194 militaires et 416 civils nord-coréens tandis que le Nord rendait 471 Sud-Coréens, 149 Américains, 32 Britanniques, 15 Turcs, 6 Colombiens, 5 Australiens, 2 Canadiens, 1 Grec, 1 Sud Africain, 1 Philippin et 1 Néerlandais. Puis l'opération « Grand Échange » consista en un échange massif de prisonniers après l'armistice : 70 159 Nord-Coréens et 5 640 Chinois furent rapatriés dans leurs pays respectifs tandis que 7 848 Sud-Coréens, 3 597 Américains et 1 312 membres des autres contingents des Nations unies furent libérés.

Environ 15 000 Chinois et 50 000 Nord-Coréens choisirent de rester au Sud, tandis que 305 Sud-Coréens, 1 Britannique et 21 Américains restèrent dans le Nord (3 Américains changèrent d'avis après coup).

[modifier] La guerre aérienne

[modifier] Stratégie

B-29 au dessus de la Corée du Nord
B-29 au dessus de la Corée du Nord

[modifier] Une stratégie d'intensification des combats aériens pour renverser un rapport de forces défavorable aux forces terrestres

La radioscopie de ce conflit qui éclata cinq ans après la fin de la seconde guerre mondiale fait apparaître combien la recherche de la supériorité aérienne devint une priorité absolue pour le commandement des Nations unies, c’est-à-dire des Américains. Il vit les premiers combats entre avions à réaction alors que les avions à hélice vétérans de la précédente guerre furent largement utilisés.

En effet, le rapport quantitatif des forces terrestres apparut, dès le début des opérations, favorable aux sino-coréens, de façon écrasante.

Afin que ce grave déséquilibre n’entraînât pas un désastre pour les forces terrestres de l’ONU, il fut indispensable d’éviter que des avions nord-coréens ne puissent appuyer leurs troupes au sol.

En fait les forces aériennes nord-coréennes étaient constituées, pour une part importante, de pilotes soviétiques et polonais. La plupart des engagements en combat aérien contre les F-86 américains le fut par des MiG-15 (qui était au début du conflit l'un des plus performants au monde) aux mains de pilotes soviétiques (les escadrons soviétiques étaient relevés toutes les six semaines).

Le 64 OIAK (64e corps aérien indépendant de chasse) de l'armée de l'air soviétique déployé depuis février 1950 à Shanghai contre les forces aériennes de Taïwan fut déployé dans la province de Lianing et le 9 novembre 1950, une victoire et une perte au combat contre les forces aériennes américaines furent enregistrées. [25].

À cette situation militaire défavorable s’ajouta une sévère contrainte politique. Il fut, en effet, interdit aux forces aériennes de l’ONU d’intervenir au sol comme en vol en territoire chinois, base de départ de nombreux raids "nord-coréens".

Dans ces conditions, la recherche de la supériorité aérienne fut conduite dans ce qui fut nommé la "Mig Alley" :

  • par le biais de la destruction par la 5e US Air Force des 75 terrains militaires nord-coréens.
  • par l’engagement en vol des forces aériennes ennemies.

Même si les engagements furent fréquents dans cette "allée", les résultats des destructions en vol furent faibles.

En décembre 1952, qui est un mois particulièrement "actif", 3 997 MiG-15 furent aperçus par la chasse américaine, 1 849 furent engagés (46%), 27 seulement furent abattus c’est-à-dire 1,5% des avions engagés, la plupart du temps en combat tournoyant.

Sur l’ensemble de la guerre de Corée, les pertes d’appareils "alliés" en vol s’établirent à 44 avions détruits pour 10 000 sorties, soit moins de la moitié du taux de destruction en vol constaté lors de la Seconde Guerre mondiale malgré la pugnacité des pilotes communistes.

Ne pouvant intervenir en et au-dessus du territoire chinois, l’USAF adopta rapidement la stratégie du containment, c’est-à-dire de l’endiguement, le long de la rivière Yalu, dès lors que les terrains de Corée septentrionale étaient devenus inopérationnels en raison des sévères destructions subies.

La souplesse d’emploi de l’arme aérienne autorisa le respect rigoureux de la règle d’or de l’aviation de combat occidentale : la poursuite d’un objectif unique. La concentration des moyens dans le temps et l’espace, la quasi-permanence des sweeps de chasse dans ce quadrilatère, la rapidité des interventions constituèrent les éléments les plus représentatifs de la stratégie aérienne.

[modifier] Des frappes aériennes très meurtrières pour les civils coréens

Dans le même temps, le choix d'intensifier les campagnes de bombardement stratégique s'est traduit par la mort d'un nombre plus important de civil nord-coréens.

L'US Air Force a, selon les statistiques officielles, largué 454 000 tonnes de bombes durant les 37 mois du conflit soit 12 270 tonnes par mois à comparer avec les 537 000 larguées sur le Japon durant les campagnes du Pacifique, les 47 778 tonnes mensuelles durant l'ensemble de la Seconde guerre mondiale et les 44 014 tonnes mensuelles durant la guerre du Viet Nam). (source : [9])

Selon les Nord-Coréens, "plus de 10 000 bombardiers (chiffre cumulatif) ont mené plus de 250 raids aériens sur la seule ville de Pyongyang entre mi-juillet et mi-août 1951, les « cibles » allant des hôpitaux, aux maisons rurales avoisinant la ville. Le nord de la Corée, bien que ne faisant qu’un tiers de la superficie du Japon, a été bombardé 3,7 fois plus que ce dernier lors de la Seconde Guerre mondiale, soit 600 000 tonnes de bombes (napalm et autres)" (source : [10]).

L'historien américain Bruce Cummings ajoute que les experts américains en Corée développèrent ainsi une nouvelle forme de guerre aérienne, sophistiquant des méthodes déjà utilisées contre le Japon : "La guerre de Corée passe pour avoir été limitée, mais elle ressembla fort à la guerre aérienne contre le Japon impérial pendant la seconde guerre mondiale, et fut souvent menée par les mêmes responsables militaires américains. Si les attaques d’Hiroshima et de Nagasaki ont fait l’objet de nombreuses analyses, les bombardements incendiaires contre les villes japonaises et coréennes ont reçu beaucoup moins d’attention" (source : [11]).

Toujours selon la même source, Brice Cummings observe que ces bombardements massifs ne correspondaient pas aux « bombardements de précision » invoqués par l'armée américaine :

"Au sein de l’armée de l’air américaine, certains se délectaient des vertus de cette arme relativement nouvelle, introduite à la fin de la précédente guerre, se riant des protestations communistes et fourvoyant la presse en parlant de « bombardements de précision »".

[modifier] Les enseignements de la guerre aérienne pour les experts américains

Si le conflit de Corée constitue un cas particulier, compte tenu des données politiques et géographiques, il convient toutefois de souligner que les chefs aériens, nourris des riches enseignements de la Seconde Guerre mondiale, surent s’adapter afin d’atteindre rapidement cet impératif de la supériorité aérienne, en complétant l’action de neutralisation des terrains ennemis en Corée du Nord par la fixation des forces aériennes soviétiques et chinoises dans un quadrilatère choisi par eux.

Cette stratégie de l’abcès de fixation fonctionna. En effet :

  • le taux de pertes en vol fut faible, inférieur de moitié au taux observé pendant la Deuxième guerre mondiale.
  • l’appui au sol des forces nord-coréennes écrasantes numériquement, fut en conséquence insignifiant.

[modifier] Les forces en présence

1er janvier 1953 en Corée, des Corsairs survolent un peleton de Marines. Ce vétéran de la guerre contre l'Empire du Japon fût utilisé pour 80% des missions d'appui au sol des forces de l'ONU.
1er janvier 1953 en Corée, des Corsairs survolent un peleton de Marines. Ce vétéran de la guerre contre l'Empire du Japon fût utilisé pour 80% des missions d'appui au sol des forces de l'ONU.
  • Nations unies :

Les forces aériennes des Nations unies sont essentiellement issues des forces américaines. Trois armées aériennes (La 5e, la 13e et la 20e Air Force) sont engagées sous le commandement général de la Far East Air Force. À cela on ajoutera le groupe aéronaval, comprenant les appareils embarqués sur les 36 porte-avions qui participeront un moment ou un autre au conflit; à noter que le premier navire de ce type sur place fut de la Royal Navy.

Environ 80% des missions d'appui au sol au début de la guerre ont été assurés par des Chance Vought F4U Corsair.

Fin juillet 1953, à la conclusion de la guerre donc, les forces aériennes des Nations unies sont les suivantes :

  • 128 B-26 Invader
  • 218 F-84 Thunderjet
  • 297 F-86F Sabre
  • ont également participé à la guerre des P-51 Mustang et F-80 Shooting Star en grand nombre, sans compter quelques chasseurs de nuit et les hélicoptères et, bien sûr, les quadrimoteurs B-29 basés au Japon ou à Okinawa

Et plusieurs centaines d’avions embarqués (F4U Corsair et F9F Panther, entre autres). Un total de 800 pilotes, soutenus par 59 700 personnels au sol, serviront en Corée pour le compte des Nations unies. Il s’agit, encore une fois, principalement de personnel américain.

  • Corée du Nord :

La Corée du Nord commence la guerre avec une force aérienne relativement modeste, composée de 239 appareils, tous à moteurs à pistons. On compte 129 Yaks, 43 IL-10S (Version améliorée du célèbre Iliouchine Il-2 Sturmovik), ainsi que quelques Po-2 et autres appareils.

Dans les premières semaines du conflit, l’armée de l’air nord-coréenne sera largement surclassée par les forces des Nations Unies, si bien que le 22 juillet 1950, elle est réduite à seulement 65 avions.

En fait l’armée de l’air nord-coréenne ne jouera en elle-même qu’un rôle mineur lors du conflit. Ce sont les Chinois et surtout les Soviétiques qui assureront le gros des combats sans que cela ne soit clairement explicité. En effet il est évident que, malgré la menace nucléaire, les États-Unis n’auraient pas pu faire autrement que de déclarer la guerre à l’URSS s’il était publiquement reconnu que des pilotes et des machines soviétiques combattaient en Corée.

À la fin de la guerre, environ 125 MiG-15 sont directement sous le contrôle des Nord-Coréens.

  • République populaire de Chine :

Dès les derniers jours du mois de juin 1950 la République populaire de Chine déploie sa première brigade aérienne en Corée du Nord, sa composition est la suivante : 38 MiG-15, 39 La-11, 39 Tu-2 (bombardiers), 25 Il-10 (attaque au sol), et 14 Yak-12 (entraînement).

Le 1er septembre 1951, on estime que pas moins de 525 MiG-15 servaient sous les cocardes nord-coréennes. Début juin 1952, les forces aériennes de la Chine populaire sont de l’ordre de 1 830 avions dont un millier de chasseurs.

Le 31 juillet 1953, la Chine populaire possède encore sur le théâtre coréen neuf corps de chasseurs (près de 500 MiG-15) et deux corps de bombardiers (54 Tu-2).

Malgré des effectifs qui apparaissent donc comme non négligeables, les forces aériennes communistes ne furent jamais en mesure de soutenir efficacement leur armée de terre et encore moins d'agir stratégiquement sur les arrières américains.

[modifier] Implication soviétique et chinoise

Les Soviétiques fourniront, avec les Chinois, une grande partie de l’effort de guerre aérien. En effet, les pilotes nord-coréens étaient loin d’être aussi bien formés au maniement des fameux MiG-15 que les affrontements ne le laissaient entendre. À plusieurs reprises, des pilotes occidentaux rapporteront avoir pu clairement apercevoir des pilotes de MiG-15 à la carrure trop forte pour des asiatiques, des Russes probablement.

Le 10 octobre 1950, Staline promet d’envoyer à la Corée du Nord du matériel militaire et de transférer pas moins de 16 régiments de l’aviation soviétique afin de garantir la protection des territoires chinois et nord-coréen. Ce sont près de 72 000 Soviétiques qui serviront, sur trois années, en Corée et en Chine.

La qualité supérieure des pilotes chinois et surtout soviétiques fera de l’Armée de l’Air nord-coréenne un opposant redoutable face aux forces de l’ONU.

Cela est d'autant plus vrai que, avant la mise en service du F-86 Sabre, les États-Unis et leurs alliés ne disposent d’aucun avion capable de rivaliser avec le MiG-15, le meilleur chasseur du monde à cette époque.

Afin de pouvoir combattre plus efficacement le MiG-15, les États-Unis tenteront par tous les moyens d’en obtenir un exemplaire intact. Devant le peu de volonté à la défection dans les rangs communistes, ils iront jusqu’à offrir en avril 1953 une récompense de 100 000 dollars (une forte somme pour l’époque, assortie de la promesse d'un asile politique) pour un appareil intact. Aucun MiG-15 cependant ne se présentera avant la fin de la guerre et ce n’est qu’en septembre 1953 qu’ils obtiendront un appareil des mains d’un déserteur qui, étrangement, affirmera ne pas être au courant de la récompense promise.

[modifier] Rapports d’engagements

Au 25 juin 1951, les Nations unies revendiquent 391 avions détruits ou endommagés au cours de la première année de guerre. Les pertes sont les suivantes : 188 chasseurs, 33 bombardiers, 9 transports et 17 divers. Ce jour, 89 F-86 "Sabre" sont déployés en Corée et le nombre total de MiG-15 disponibles pour les communistes est de l’ordre de 445.

Le 1er juillet de la même année, Les Nations unies reconnaissent 246 appareils perdus (surtout due à la DCA selon eux), 857 morts et disparus. Plus de 200 MiG sont revendiqués comme ayant été détruits.

En avril 1952, Les Nations unies rapportent 243 avions détruits et 290 avions endommagés en un mois. Un total de 771 avions aurait été détruit par la DCA Nord Coréenne du 1er septembre 1951 au 30 avril 1952. Les Américains affirment de plus que le rapport MiG détruits pour F-86 détruits est de 11 pour 1.

Le 26 juin 1952 , les statistiques suivantes sont publiées par les Nations unies [26] :

  • Nations unies : 1 180 victoires confirmées, dont 336 MiG, 75 victoires probables, 513 avions endommagés.
  • Communistes : 637 victoires confirmées (DCA comprise).

Ces chiffres sont à considérer avec précautions tant les annonces de victoires par rapport aux pertes subit par les deux camps sont discordant. Ainsi que l'USAF annonce avoir perdu 16 bombardiers B-29 au combat, les pilotes soviétiques revendiquent 66 destructions en combat aérien de cet appareil sans compter les revendications chinoises et nord-coréennes.

À partir du moment où les forces communistes refluent, l’essentiel des combats aériens entre les chasseurs des Nations unies et des communistes se dérouleront dans la zone connue sous le nom de MiG Alley. Opérant depuis des bases situées sur le territoire chinois, les MiG-15 parviendront à s’opposer avec succès aux forces occidentales, forçant notamment les bombardiers B-29 à ne plus opérer que de nuit. Même lorsque la situation au sol sera largement en leur défaveur, les pilotes communistes continueront d’effectuer des sorties pour contester la supériorité aérienne des Nations unies.

La zone de la MiG Alley correspond à tout ce qui ce trouve à l’ouest du triangle formé par les villes de Huichon, Changju et Sinanju (en Corée du Nord actuelle). Les avions occidentaux avaient l’interdiction de franchir la frontière chinoise pour attaquer les bases des escadrons de MiG mais, dans le feu de l’action, plusieurs avions franchirent effectivement cette frontière.

À la fin de la guerre, la République populaire démocratique de Corée publie un rapport qui estime les dommages lui ayant été infligés par l’arme aérienne :

  • Plus de 8 700 usines détruites.
  • Plus de 600 000 maisons détruites.
  • 6 000 écoles et hôpitaux détruits.

En tout, 40% du potentiel industriel du pays aurait été détruit. On notera la dramatisation de ce rapport qui insiste sur les destructions causées aux écoles, hôpitaux et maisons alors que les combats firent des dégâts similaires au sud, ce qui n’est pas mentionné.

[modifier] Épilogue

Finalement, on peut dire que la puissance aérienne joua un rôle clé : pour la première fois dans l’histoire, on fit usage en conditions opérationnelles d’avions de combat à réaction (si l'on excepte le cas du Me 262).

La Chine était devenue une puissance aérienne et militaire majeure. La moitié de ses 1 400 chasseurs était des MiG-15 construits par les Soviétiques, avions considérés à juste titre comme étant les meilleurs du monde. Opérant à partir de bases situées en Mandchourie et ne s’aventurant que très rarement au-dessus des lignes de l’ONU, les MiG-15 menacèrent néanmoins la suprématie aérienne de cette dernière, en particulier au-dessus de la MiG Alley.

Il fallut attendre que les États-Unis produisent les F-86 Sabre pour que les forces de l’ONU aient enfin à disposition un avion capable de rivaliser avec le MiG-15. [27]

[modifier] Un débat récurrent : la question des armes biologiques américaines

Dans une note datée du 21 décembre 1951, le secrétaire d'État américain à la Défense, Robert Lovett, demanda aux chefs d'état-major interarmes (Joint Chiefs of Staff) de fournir des directives « pour l'emploi d'armes chimiques et bactériologiques. [28] ».

De 1938 à 1945, confrontée au même problème de l'énorme supériorité numérique chinoise, l'armée impériale japonaise avait employé à maintes reprises ces armes contre les troupes ennemies et les populations civiles, notamment lors de la bataille de Changde [29] Les Américains avaient par la suite soigneusement récupéré les résultats des travaux de Shiro Ishii en échange d'une exonération de poursuite devant le Tribunal de Tokyo, accordée à tous les membres de ses unités de recherche par Douglas MacArthur. [30].

Selon la Chine et la Corée du Nord, ces armes auraient été utilisées par les américains sur une grande échelle dès le début de l'année 1952 [31]. L'utilisation de l'arme biologique fut mise en cause, à tort, le 22 février 1952 lorsque le ministre des Affaires étrangères nord-coréen, Pak Hon-Yong, accusa officiellement les Américains d’avoir répandu en Corée du Nord des « insectes-vecteurs » diffusant la peste, le choléra et « d’autres maladies ». Deux jours plus tard, Zhou Enlai porta la même accusation et, le 8 mars, il affirma qu’entre le 29 février et le 5 mars des avions américains avaient répandu à soixante-huit reprises des insectes porteurs de germes pathogènes sur la Mandchourie.

Le 12 mars 1952, le secrétaire d’État américain Dean Acheson sollicita officiellement le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de mener une enquête dans les régions signalées par les Nord-Coréens et les Chinois. Le CICR présenta sa requête le même jour à la Corée du Nord et à la Chine, puis de nouveau le 28 mars, le 31 mars et le 10 avril. Ses démarches ne reçurent jamais de réponse de la part des autorités chinoises et nord-coréennes. [32]

Les États-Unis soumirent alors au Conseil de sécurité des Nations unies un projet de résolution en vertu de laquelle le CICR serait invité à mener des investigations en Chine et en Corée du Nord. Malgré dix voix sur onze en faveur de la motion américaine, le projet de résolution ne put être adopté, l'URSS y mettant son veto. Après une nouvelle initiative américaine à l’ONU, en avril 1953, elle se déclara prête à retirer ses accusations, à condition que les États-Unis, de leur côté, renoncent à demander une investigation.

Dès lors, il paraissait clair que les allégations de la Corée du Nord reposaient sur des preuves forgées de toutes pièces. Ce fut effectivement le cas. En effet, des documents soviétiques publiés en 1998 évoquent une mise en scène macabre organisée par les Nord-Coréens et leurs conseillers soviétiques.

Ainsi, le 18 avril 1953, le lieutenant-général V. N. Razuvaev, ambassadeur soviétique en Corée du Nord, informa Beria, membre du Politburo et chef de la Sécurité d'État, le futur KGB, qu’en février/mars 1952, « en collaboration avec des conseillers soviétiques, un plan d’action avait été imaginé par le ministère de la Santé nord-coréen) » et que, par la suite, les mesures suivantes furent prises : mise en quarantaine de régions qu’on prétendait infectées de la peste ; enfouissement de cadavres dans des fosses communes, puis révélation de ces charniers à la presse internationale ; envoi à Pékin de « matériel » en vue de son exhibition, avant l’arrivée prévue des deux commissions internationales [33] autorisées à l'examiner. [34]

Le 2 mai 1953, le Kremlin chargea l’ambassadeur soviétique à Pékin, V. N. Kuznetsov, de transmettre le message suivant à Mao :

« Le gouvernement soviétique et le Comité central du PCUS furent induits en erreur. La diffusion par la presse d’informations concernant l’utilisation par les Américains d’armes bactériologiques en Corée était basée sur des informations fallacieuses. Les accusations contre les Américains étaient fausses. [35]  »

Et, à l’intention du chargé d’affaires soviétique en Corée du Nord :

« Nous recommandons que la question d’une guerre bactériologique (…) ne soit plus abordée au sein d’organisations internationales et d’organes de l’ONU. (…) Les ouvriers (sic) soviétiques impliqués dans la fabrication de la soi-disant preuve d’un emploi d’armes bactériologiques seront sévèrement punis. [36]  »

La thèse chinoise et nord-coréenne fut reprise en 1988 par deux historiens canadiens, Stephen Endicott et Edward Hagerman, professeurs à l'université de York (Toronto) et auteurs de The United States and Biological Warfare. Secrets from the Early Cold War and Korea (Indiana University Press, Bloomington et Indianapolis, 1988), puis de nouveau dans un article publié dans la collection Manières de voir du Monde Diplomatique (août-septembre 2003). Dans cet article, MM. Endicott et Hagerman disent s'être appuyés sur des archives américaines « dévoilées parcimonieusement » (sic) (cf. plus bas le commentaire du professeur Ed Regis) et sur des documents provenant des archives gouvernementales et militaires de Pékin. [37] Ils citent par ailleurs un extrait d’une lettre du 12 avril 1977 envoyée à M. Endicott par M. John Burton, chef démissionnaire du Département australien des Affaires étrangères en 1952 et membre de la International Scientific Commission ayant examiné le « matériel » bactériologique fourni par les Chinois (cf. plus haut le rapport de Razuvaev à Beria).

« Je suis allé en Chine en 1952, écrit John Burton, pour évaluer les affirmations sur la guerre bactériologique. Sans détailler les preuves, je suis revenu convaincu que les officiels chinois croyaient que celles-ci étaient concluantes. À mon retour, Alan Watt, mon successeur comme chef du département australien des affaires étrangères, m'a informé que, à la lumière de mes déclarations, il avait cherché des réponses à Washington et qu'il avait été informé que les Américains avaient utilisé des armes biologiques en Corée, mais uniquement à titre expérimental. [38] »

Les documents d'archives américains et les témoignages recueillis par les professeurs Endicott et Hagerman font état d'un programme complet d'armes biologiques : « bombes à plumes », porteuses de spores du charbon céréalier, aérosols provoquant l'infection des voies respiratoires, « insectes vecteurs » pouvant diffuser le choléra, la dysenterie, la typhoïde et le botulisme. Ces armes devaient être opérationnelles pour le 1er juillet 1954, «avec des capacités (…) susceptibles d’être mises en œuvre dès le mois de mars 1952 ».

Est-ce que les Américains se sont livrés en Corée à des expériences destinées à tester l’efficacité de ces armes ? se demandent MM. Endicott et Hagerman. La réponse est positive, disent-ils, « selon des documents conservés dans les archives gouvernementales et militaires chinoises » et selon le rapport d’un expert canadien qui concluait que, « malgré quelques anomalies (sic), les indices chinois étaient fiables. » MM. Endicott et Hagerman admettent cependant que « parmi les réfutations les mieux connues » des accusations chinoises et nord-coréennes figure « un rapport rédigé par trois savants canadiens à la demande du gouvernement américain. [39] »

Dans un article paru le 27 juin 1999 dans le New York Times, Ed Regis, professeur à la Rutgers University et auteur de The Biology of Doom: The History of America's Secret Germ Warfare Project (New York: Henry Holt and Company, 1999), souligne que, dans leurs travaux, Endicott et Hagerman reconnaissent implicitement que 20 années de recherches ne leur ont pas permis de découvrir un seul document d’archives américain qui prouverait une utilisation quelconque de l'arme bactériologique en Corée et en Chine. Ils acceptent les documents de circonstance fournis par les Chinois et les Nord-Coréens sans la moindre analyse quant à leur fiabilité, dit le professeur Regis, alors qu'on sait pertinemment que les Chinois et les Nord-Coréens récrivaient l’histoire dans un but propagandiste, et qu’ils avaient les moyens, les motifs et l’occasion de forger des preuves. Par conséquent, conclut-il, l’allégation extrêmement contestable d’Endicott/Hagerman (« their extraordinary dubious claim ») équivaut en fait à une disculpation de l’accusé.

Les historiens ont mis en évidence que la guerre bactériologique américaine n'a jamais existé et qu'elle a été montée de toutes pièces par le journaliste australien Wilfred Burchett, qui était un agent d'influence travaillant pour le compte de l'URSS[40]. Le journaliste français Pierre Daix a démontré dès 1976 dans son ouvrage J'ai cru au matin comment l'Australien avait construit cette affaire.

[modifier] Un fait avéré : l'utilisation massive du napalm

Au-delà de « l'allégation extrêmement contestable » (Ed Regis) d'Endicott et Haverman, le napalm fut, selon l'historien américain Bruce Cummings, utilisé sur une plus grande échelle que pendant la guerre du Vietnam et les dommages furent plus importants du fait de la plus grande concentration de la population coréenne [41].

[modifier] La question des responsabilités et des massacres

Massacre de Taejon commis par des soldats nord-coréens en retraite
Massacre de Taejon commis par des soldats nord-coréens en retraite
"La statue des frères", mémorial à Séoul de cette guerre fratricide
"La statue des frères", mémorial à Séoul de cette guerre fratricide

Cette guerre meurtrière et fratricide, qui n'amena quasiment aucun changement territorial, a laissé l’impression d’un suicide national dont le courant historiographique dominant actuellement en Occident et en Russie attribue la principale responsabilité à la Corée du Nord. (cf. [12]).

Avant l’ouverture des archives du Kremlin, des historiens avaient pu tenir pour responsables des puissances extérieures, les États-Unis de Truman mais surtout l’URSS de Staline, qui auraient fait dévier une simple opposition idéologique locale (communisme contre capitalisme) en une guerre ouverte. Or, les documents d’archives soviétiques, bien que contestés par les autorités nord-coréennes, attestent au contraire que la Corée du Nord a envisagé de longue date l'offensive du 25 juin 1950, en concertation avec les Soviétiques, qui ne donnèrent « un aval peu enthousiaste [que] suite à des sollicitations permanentes. »[42] Par conséquent, d’après l’état actuel de la documentation, « l’hypothèse (…) selon laquelle la guerre de Corée aurait été une initiative de Staline est incorrecte. »[43]

Heo Man-Ho souligne cependant que l'initiative nord-coréenne ne doit pas occulter les préparatifs, à ce stade bien moins avancés, de la Corée du Sud, de même que les nombreux incidents de frontières qui auraient causé près de 100 000 morts avant la date du 25 juin 1950.[44] Raymond Aron, pour sa part, parle de l’« accident coréen » de la diplomatie américaine, pour mettre en évidence que celle-ci porte une part de « responsabilité politique »[45] : le discours de Dean Acheson aurait transmis au Kremlin un message prêtant à une interprétation erronée et, par ailleurs, les Américains, en retirant leurs troupes de Corée du Sud, auraient créé un vide que la Corée du Nord était tentée de remplir par une agression « au sens le plus cru du terme ».[46]

Pendant la guerre, des massacres de civils et de prisonniers se produisirent de part et d’autre, tout conflit donnant lieu à des atteintes graves aux droits des personnes, dans chaque camp.

Toujours de nos jours, des dizaines de milliers de Sud-Coréens et des milliers d'Occidentaux fait prisonniers par le Nord sont portés manquant. Ceux étant libérés ayant été traités durement et ayant été soumis à un lavage de cerveau dans le but de changer leurs opinions politiques[47], la Corée du Nord et la République populaire de Chine n'étant pas signataires de la Convention de Genève de 1949. La proportion de pertes chez les prisonniers de guerre dans les camps nord-coréens et chinois, selon certaines études, atteint 43 % [48].

Des prisonniers, comme le Nord-Coréen Ri In-mo, restèrent emprisonnés au Sud pendant plus de trente-quatre ans après l'armistice, où ils furent soumis à un programme de "conversion" comportant le recours à la torture dans le but qu'ils renient leurs convictions communistes[49] : beaucoup de prisonniers sont morts du fait des mauvais traitements auxquels ils ont été soumis (coups de bâton, ingestion forcée d’eau par les narines, brûlures, électrocution...)[50].

Ainsi, les Sud-Coréens et les Américains font état de nombreux crimes de guerre commis par les Nord-Coréens. Des témoignages et documents attestent que, lors de leur offensive, les services nord-coréens « épuraient » des villes occupées en fusillant les fonctionnaires et les « ennemis de classe » restés sur place, et que plusieurs dizaines (au minimum) de soldats sud-coréens et américains furent exécutés après leur capture. Par ailleurs, lors de la contre-offensive des Nations unies en septembre 1950, ils incendièrent la prison de Sachon dans laquelle étaient enfermés 280 policiers, fonctionnaires et propriétaires terriens sud-coréens. À Anui, Mokpo, Kongju, Hamyang et Chongju, on trouva des charniers contenant plusieurs centaines de corps, parmi lesquels des femmes et des enfants. Près du terrain d'aviation de Taejon, 500 soldats sud-coréens, les mains liées derrière le dos, furent tués d'une balle dans la tête. Entre le 24 septembre et le 4 octobre, toujours dans la région de Taejon, on découvrit les cadavres de 5 000 à 7 000 civils sud-coréens assassinés, ainsi que ceux de 40 militaires américains.[51]

Les Nord-Coréens de leur côté accusèrent les forces des Nations unies - et plus particulièrement les Américains - de crimes similaires. Ainsi, des documents d'archives américains cités par la BBC prouvent que des soldats américains tuèrent un « nombre non confirmé » de réfugiés à Nogun-Ri, en juillet 1950.[52]

L'enjeu de la guerre de Corée – la réunification de la péninsule dans un contexte de tensions entre superpuissances - et la difficulté pratique à mener un travail de recherche historique qui confronterait les sources directes, tant au Nord qu’au Sud, doivent cependant conduire à une certaine prudence dans les prises de position, notamment en ce qui concerne la question des responsabilités - sans pour autant récuser l'évidence documentaire, car « le renoncement de l'historien à son métier risque de conduire à la pire utilisation idéologique de l'histoire. »[53]

[modifier] La participation Française

[modifier] Notes et références

  1. Voir l'article détaillé Histoire de la Corée du Sud
  2. Kim-Il-Sung
  3. Vu l’état d’impréparation de l’armée sud-coréenne et la présence sur place de quelques centaines seulement de conseillers américains : cf. Qui a gagné la guerre de Corée ? dans : L’Histoire, janvier 1992.
  4. Archives du ministère des Affaires étrangères soviétiques et Archives du Comité central du Parti communiste d'Union soviétique
  5. cf. Liens externes : Extraits des archives soviétiques (5 mars 1949 - 14 novembre 1962)
  6. cf. sur Wikisource le Télégramme du 3 septembre 1949, où Kim Il-sung demande la permission d'attaquer
  7. Cf. Liens externes : Extraits des archives soviétiques (5 mars 1949 - 14 novembre 1962).
  8. Cf. André Fabre, Histoire de la Corée, L'Asiathèque, Paris, 2000.
  9. B. Droz, Histoire générale du XXe siècle, Tome III, Éditions du Seuil, 1987, p. 185
  10. Pendant la guerre, le général MacArthur proclama même qu'« en occupant toute la Corée, nous pourrions pulvériser l’unique route de ravitaillement reliant la Sibérie soviétique aux régions méridionales… et dominer toutes les régions entre Vladivostok et Singapour. Rien ne nous empêchera alors d’atteindre le pouvoir » (cité par Hershel D. Meyer, The Modern History of the United States, Kyoto, p. 148). Il faut préciser toutefois que les nombreuses déclarations du bouillant général ne reflétaient nullement la position de Washington. W. Manchester parle dans ce contexte d'une « incontinence verbale » de MacArthur et cite Truman : « N'importe quel sous-lieutenant […] pense que ses supérieurs sont idiots s'ils ne voient pas les choses comme lui. Mais le général MacArthur - et il aurait raison - enverrait en conseil de guerre un sous-lieutenant qui donnerait des interviews à la presse pour exprimer son désaccord avec ses supérieurs. » (cf. W. Manchester, MacArthur - Un César américain, Robert Laffont, 1981, p. 501)
  11. Cf. Cold War International History Project, Working Paper #8 : Soviet Aims in Korea and the Origins of the Korean War, 1945-50: New Evidence from Russian Archives, de Kathryn Weathersby, p. 30
  12. ibid.
  13. Les autorités nord-coréennes s'interrogent sur les conditions de publication de ces documents quelque quarante ans après les faits, dans le contexte post-soviétique où des archives auraient été dans certains cas vendues à des chercheurs occidentaux. Cependant, les autorités nord-coréennes auraient-elles pu réagir autrement, après cette mise en question, d’autant qu'en 1998 l’image de Kim Il-sung fut fixée pour l’éternité, quand le « Grand Leader » reçut le titre posthume de « Président éternel » ? Le fait est que ces sources sont librement accessibles aux chercheurs, depuis la mise en place par les autorités russes d’une législation permettant la consultation des archives soviétiques. Ajoutons que, depuis 1992, le Woodrow Wilson International Center for Scholars, en coopération avec les Archives d’État du gouvernement russe, publie régulièrement des documents inédits dans le cadre du Cold War International History Project (cf. Extraits des archives soviétiques (5 mars 1949 - 14 novembre 1962))
  14. Les prisonniers de guerre sud-coréens retenus en Corée du Nord, dans La Corée. Le peuple et ses valeurs culturelles d'hier et d'aujourd'hui, Presses de l'université de Montréal, 2000, p. 39
  15. Ibid.
  16. Cité par Heo Man-Ho, op.cit, p. 38
  17. Cf. Joseph C. Goulden, Korea : The Untold Story of the War, Times Books, 1982, p. 34
  18. cf. [1]
  19. Cf. [2]
  20. Ces soldats sont présentés comme des « volontaires du peuple chinois » et non comme des unités régulières de l'armée.
  21. Les avions soviétiques volèrent avec des cocardes chinoises et nord-coréennes et par un accord tacite, les autorités américaines n'annoncèrent jamais un engagement officiel de l'Armée Rouge dans le conflit pour ne pas risquer un conflit ouvert avec l'URSS.
  22. Sur l'utilisation du napalm par l'armée de l'air américaine, voir Quand les États-Unis détruisaient un pays pour le sauver - Mémoires de feu en Corée du Nord
  23. A. Fontaine, La guerre froide 1917-1991 , 2006, ISBN 2020861208, p. 153
  24. Les prisonniers alliés de la guerre de Corée, communication de Laurent Quisefait, UMR 8173 Chine-Corée-Japon (CNRS-EHESS), Association Française pour l’Etude de la Corée.
  25. Air Fan, N° 305, mars 2005
  26. www.korean-war.com
  27. (fr) Korean War
  28. Stephen Endicott et Edward Hagerman, Les armes biologiques de la guerre de Corée, dans : Manière de voir 70, août-septembre 2003, éditions du Monde diplomatique, pp. 10-13
  29. Daniel Barenblatt, A plague upon Humanity, HarperCollins, 2004, pp.220-221.
  30. Hal Gold, Unit 731 Testimony, 2003, p. 108-113
  31. cf. [3]
  32. Le Comité international de la Croix-Rouge et le conflit de Corée, Recueil de Documents, vol. II, p. 84-109
  33. une délégation de juristes membres de la International Association of Democratic Lawyers et une International Scientific Commission for the Investigation of the Facts concerning Bacterial Warfare in Korea and China
  34. Cold War International History Project, Virtual Archive : Explanatory note from Lt. Gen. V. N. Razuvaev to L. P. Beria
  35. Cold War International History Project, Virtual Archive : Resolution of the Presidium of the USSR Council of Ministers. Date : 05/02/1953
  36. ibid.
  37. Stephen Endicott et Edward Hagerman, Les armes biologiques de la guerre de Corée, dans : Manière de voir 70, août-septembre 2003, éditions du Monde diplomatique, pp. 10-13
  38. ibid.
  39. ibid.
  40. Jean-François Revel, La Nouvelle Censure, Paris, Robert Laffont, 1977. Lire aussi : Jean-François Revel, L’obsession anti-américaine, Paris, Plon, 2002, ISBN 2259194494, page 20
  41. [4] Article de Bruce Cummings] dans le Monde Diplomatique
  42. K. Weathersby, New Findings on the Korean War, CWIHP, Bulletin # 3, p. 2
  43. ibid.
  44. Heo Man-Jo, op. cit.
  45. La République impériale dans : Une histoire du XXe siècle, Plon, 1996, p. 389
  46. ibid.
  47. Prisonnier de guerre, Encyclopédie Canadienne
  48. Les prisonniers de guerre dans l’Asie orientale du XXème siècle
  49. Voir l'article détaillé consacré à Ri In-mo, l'un des plus célèbres non-convertis, ainsi que l'article détaillé sur l'Histoire de la Corée du Sud : entre 1988 et 1990, plus de 3 000 Sud-Coréens ont été libérés après avoir été emprisonnés sur la base de leurs opinions politiques, en application de la loi de sécurité nationale, toujours en vigueur en Corée du Sud, parmi lesquels des Nord-Coréens qui avaient participé à la guerre du côté du Nord
  50. Voir l'article "Ri In-mo, un homme inflexible", d'après ses mémoires publiées pour la première fois en Corée du Sud en 1989.
  51. cf. Pierre Rigoulot, Crimes, terreur et secret en Corée du Nord, dans : Le livre noir du communisme, Robert Laffont, Paris, 1997 ; voir aussi [5]
  52. [6] Article de la lettre de l'association France-Corée sur un reportage de la BBC, à partir des archives du ministère américain de la défense, sur le massacre de Nogun-Ri, [7] profonds regrets exprimés par le président Bill Clinton sur le massacre de Nogun-Ri], [8])
  53. J. Le Goff, dans : La nouvelle histoire, Éditions Complexe, p. 34

[modifier] Voir aussi

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[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Jean-Marie de Prémonville, Pierre Baudy, Serge Bromberger et Henry de Turenne, Retour de Corée. Récit de 4 correspondants de guerre français sur le front de Corée, Paris, Julliard, 1951
  • Robert Leckie, La guerre de Corée (Conflict), Robert Laffont, 1962, (ISBN 0306807165)
  • Claude Delmas, Corée 1950, paroxysme de la Guerre froide, Éditions Complexe, Bruxelles, 1982.
  • I.F. Stone, The Hidden History of the Korean War, 1950-1951 : A nonconformist History of our Times, Little Brown and Company, 1988 (ouvrage publié avant la déclassification des archives soviétiques)
  • Stephen Endicott et Edward Hagerman, The United States and Biological Warfare. Secrets from the Early Cold War and Korea, Indiana University Press, Bloomington et Indianapolis, 1999, (ISBN 0253334721)
  • André Fabre, Histoire de la Corée, L'Asiathèque, Paris, 2000
  • Patrick Souty, La Guerre de Corée (1950-1953): guerre froide en Asie orientale, Presses universitaires de Lyon, Lyon, 2002
  • Donale Boose, US Army Forces in the Korean War 1950-53, Osprey Publishing, 2005, (ISBN 1841766216)

[modifier] Filmographie