Arudj Barberousse

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Barberousse.
Arudj Reïs
Arudj Reïs

Arudj Reïs (turc : Oruç Reis) (1464, Lesbos - 1518, Rio Salado) (ou Horuk) dit Baba-Oruç (turc : baba, père prononcé baba-oroutch) qui par déformation donna Barberousse.

Sommaire

[modifier] Histoire

Il naquit à Mola, un hameau de la pointe septentrionale de l'île de Mytilène. Son père Jacob, potier, et sa mère Catalina étaient chrétiens d'origine albanaise.

Pour fuir la misère, il s'engagea à dix huit ans sur une galiote de corsaires turcs et se fit musulman sous le nom de Arudj. S'en suivit plusieurs années de piratage au cours desquelles, se distinguant par sa bravoure, Arudj fit grande réputation. Il fut un temps prisonnier des Chevaliers de l' Ordre de Saint Jean à Rhodes mais parvint à s'échapper. Il détourna un bateau confié à lui par des armateurs dont il trahit la confiance et se rendit à Tunis, après avoir embarqué avec lui ses deux frères Khayr ad-Din et Ishaq convertis également à l'Islam.

En 1504, accueilli à La Goulette, il négocia avec le souverain Hafside, moyennant redevance, l'autorisation de faire de Tunis son port d'attache. Dès la première sortie, il s'empara de 2 galères du pape Jules II; ce qui lui valut notoriété et gloire. Pendant 5 ans, à la tête de 4 vaisseaux, il parcourut les mers d'Italie dont il pilla et ravagea les côtes. Accroissant le nombre de ses navires, sa flotte devint redoutable; deux des bateaux étaient sous le commandement de ses frères Khayr ad-Din et Ishak.

En 1510, le roi de Tunis lui confia le gouvernorat des Iles Galves (Djerba), devenues bases arrières des exploits du corsaire.

En 1512, répondant à l'appel du roi hafside de Bougie, tombée en 1510 aux mains des espagnols, il cingla vers cette ville à la tête de douze galiotes, mille Turcs, quelques Maures, artillerie et munitions. Ce fut un échec cuisant au cours duquel Arudj perdit son bras gauche. De retour à Tunis il subit une nouvelle défaite contre Andrea Doria qui détruisit une partie de la flotte corsaire en représaille de l'attaque d'une galiote gênoise à Tabarque (Tabarka).

En août 1514, nouvelle tentative à Bougie mais sans résultats. Arudj s'installa alors à Gigelli (Jijel) où les habitants l'accueillirent fort bien et le firent roi. L'année suivante il tua le roi kabyle de Kouko.

En 1516, Arudj , appelé par le cheikh Salim at-Tûmi, fut sollicité par les habitants d'Alger afin de les libérer des Espagnols. Arudj occupa d’abord Cherchell avant de se rendre maître d'Alger en faisant étrangler le cheikh Salim dans son bain. Il fit ainsi de la ville une redoutable base de corsaires qui allait résister pendant plus de trois siècles. Une expédition espagnole menée par Diégo de Vera en septembre 1516 tourna au désastre. Alger avait trouvé son maître. Mais la forteresse espagnole du Peñon hors de portée de son artillerie, imprenable, menaçait toujours la ville.

Barberousse s’empara ensuite de Miliana, de Médéa puis de Ténès. Les habitants de Tlemcen lui demandèrent alors de les délivrer de leur roi usurpateur. Arudj passa l'année 1517 à Tlemcen alors que Khayr ad-Din gouvernait Alger. C’est lui qui sous le nom de Barberousse créera le beylik d’Alger connu sous le nom de Régence d'Alger. Ishaq gouvernait Ténès, mais il sera tué par les habitants de la ville en raison des exactions commises par ses hommes.

Abou Hammou, le roi tlemcénien usurpé obtint l'appui de Charles Quint qui accorda en 1518 au marquis de Comarès, commandant la place d'Oran, une armée de 10000 hommes qui marcha sur Tlemcen. Sachant qu'il ne pourrait faire face à une telle armée, Arudj s'enfuit de nuit, mais rattrapé dans les environs de Rio Salado, il fut transpercé par une lance. Il avait 54 ans.

Au cours des 14 ans passés en Barbarie où il fit gand mal aux chrétiens, Arudj fut quatre années roi de Jijel, deux ans roi d'Alger et un an usurpateur de Tlemcen.

[modifier] Portrait

Arudj n'était pas de grande taille mais très fort et très sobuste. La barbe rouge (d'où le patronyme Barberousse selon certaines sources), les yeux vifs et lançant des flammes, le nez aquilin et le teint basané il était énergique, courageux, intrépide, magnanime et d'une grande générosité. Cruel seulement à la guerre ou quand on lui désobéissait, Arudj était très aimé, très craint et très respecté de ses soldats.

[modifier] Chronologie

Une galiote
Une galiote
  • 1464 - Naissance d'Arudj.
  • 1466 septembre - Naissance de Khayr ad-Din.
  • 1492 janvier 4 - Chute de Grenade.
  • 1504 - Installation d'Arudj à Tunis.
  • 1504 juillet - Arraisonnement de deux galères pontificales.
  • 1505 octobre 23 - Mers El Kébir aux mains des Espagnols.
  • 1509 mai - Croisade africaine du Cardinal Ximenès, Prise d'Oran par les Espagnols.
  • 1510 - Construction du peñon à Alger.
  • 1512 mai 26 - Avènement de Sélim Ier , sultan Ottoman.
  • 1512 août - Première tentative de Arudj contre Bougie.
  • 1514 - Nouvelle tentative, nouvel échec.
  • 1516 janvier - Mort du roi Ferdinand le Catholique . Charles devient roi d'Espagne. Arudj appelé à Alger.
  • 1516 août 24 - Victoire des Ottomans sur les Mamelouks d'Egypte.
  • 1516 septembre 17 - Assassinat de Salim at-Tûmi.
  • 1516 septembre - Arrivée à Alger de la flotte du généralissime Diégo de Véra.
  • 1517 juin - Défaite à Oued Djer du roi de Ténès Hamid El Abid, puis celle du roi de Tlemcen Abou Ziyane.
  • 1518 janvier à mars - Le Méchouar à Tlemcen assiégé.
  • 1518 mai - Mort d'Arudj.

[modifier] Sources

  • Charles-André Julien, Histoire de l'Afrique du Nord, des origines à 1830, édition originale 1931, réédition Payot, Paris, 1994
  • Smaïl Goumeziane, Ibn Khaldoun. Un génie maghrébin (1332-1406), éd. Non Lieu, Paris, 2006 (ISBN 2352700019)
  • Diégo de Haëdo, traduction H.D. de Grammont, Histoire des Rois d'Alger, édition originale Adolphe Jourdan - Alger 1881 - , réédition éditions Grand-Alger-Livres -Alger 2004.
  • Jean-Louis Belachemi, Nous, les frères Barberousse, corsaires et rois d'Alger, Fayard, Paris 1984
  • Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.