Miliana

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Miliana, place El Batha
Miliana, place El Batha

Miliana est une ville d' Algérie, en Afrique du Nord.

Chef-lieu de commune et de daïra de la wilaya d'Aïn-Defla. Elle forme une daïra avec la ville de Ben Allel. Erigée en commune de plein exercice par le décret impérial du 17 juin 1854 (avant Chlef et Aïn Defla même).

Superficie : 55 km².

Habitants : 39 662 (1998), 45 318 (2004).

2e plus importante agglomération de la wilaya.

Sommaire

[modifier] Géographie

Située à 119 Km au sud ouest d'Alger sur le revers septentrional du petit Atlas, Miliana se présente comme une ville aux richesses naturelles multiples. Suspendue au penchant du mont Zaccar qui la couvre entièrement au nord, la ville est bâtie sur un énorme rocher de travertin aux contours abrupts. À l'est, elle domine à pic un ravin, au sud, la vallée du Chélif, et à l'ouest un plateau arrosé d'eau jusqu'à la chaîne de l'Ouarsenis.

[modifier] Période romaine

Les anciens historiens comme Pline l'Ancien, Ptolémée et Antonin ont eu des divergences quant à l'origine du toponyme de cette localité.

Plusieurs appellations ont été citées telles que : Manliana ou Malliana et Zucchabar ou Sugabar.

Quelques pistes :

Le nom de Manliana ou Malliana dérive du patronyme MANLAE. Ce nom d'origine latine est attribué à une fille de famille patricienne romaine (MANLIA) propriétaire de grands domaines (FUNDI) dans cette région agricole de la vallée du Chélif.

Le second toponyme "Zucchabar" ou "Sugabar" a été mentionné dans les monuments épigraphiques indiquant l'emplacement de la Cité. Ce nom serait d'importation phénicienne signifiant « marché du blé » ou d'origine libyco- berbère : Izeikir Abadir « La montagne du dieu Abadir » caractérisant le massif montagneux du Zaccar. Pline, quant à lui, qualifie cette cité de Colonia Augusta.

À la conquête arabe, le toponyme Manliana fut arabisé pour devenir MEL-ANA (pleine, remplie, riche), puis MILYANA. Cette appellation est due sans doute à l'abondance des eaux et la richesse des vergers qui caractérisent la région. Miliana fut longtemps capitale-refuge des Rois Numides. Elle fut l'une des grandes cités de la province de Maurétanie Césarienne et siège d'un évêché. Plusieurs voies la relaient aux autres villes avoisinantes.

La ville Romaine fut fondée par l’empereur Octave entre 27 et 25 av.JC. Ses antiquités ont été citées dans de nombreux ouvrages d'auteurs « La cité Romaine est située sur le flanc de la montagne Zaccar qui s'élève à 4000 pieds d'altitude. Des restes d'architecture et de sculpture découverts en ces lieux et réutilisés plus tard par les Turcs pour la construction des remparts de la ville démontrent l'importance de cette cité dans l'Antiquité ».


Parmi les documents archéologiques romains trouvés à Miliana, on signale l'existence d'un cippe portant une inscription mentionnant que le petit fils et l'arrière petit fils de Pompée sont inhumés à Miliana.

Voici cette inscription :

'Q-POMPEIO CN.F QVRIT CIEMENTI PA/…. DURV EX TESTAMENTO Q.POMPEIO F.QVIR ROGATI FRATRIS SVI MARRA POSUIT'

Grâce à son site fortifié en 375 le général romain Théodose l'Ancien évacuant Césarée vint occuper "Sugabar" à mi-côté du mont Transcellens pour réprimer l'insurrection du chef berbère Firmus.

Au Ve siècle, avec le déferlement des Vandales, la ville romaine s'effaça avec la plupart de ses monuments antiques.

[modifier] Période arabo-musulmane

Entre 972-980 après J.C, Abou El Feth Bologhine Ibn Ziri Essanhadji, vassal d' Al Moez il Din Allah de la dynastie des Fatimides restaura et reconstruisit la ville médiévale sur les ruines de l'antique ZUCCHABAR. Bologhine ibn Ziri devint le maître incontesté d' Ifriqya. Pendant un certain temps, Miliana fut la capitale d'une grande partie du Maghreb. Durant cette période la ville renaît et connut une grande prospérité.

Au Xe siècle, Ibn Hawqal fut le premier géographe Arabe à citer le nom de Miliana dans ses écrits. Il la situe à une étape d' El-Khadra et la qualifie de « cité antique, pourvue de moulins que fait tourner son cours d'eau et possédant un grand nombre de canaux d'irrigation ».

Au XIe siècle, El Bakri constate que la ville est romaine et renferme de nombreuses antiquités.

Des voyageurs arabes sont passés à Miliana tels que Ibn Maâchara, El Abdari qui lui dédie quelques poèmes et Ibn Batouta la cite régulièrement.

En 1372, Ibn Khaldoun décrit la ville :

« C'est une cité faisant partie du domaine Maghrawa Beni Warsifen dans la plaine de Chélif… et que Bolugginea tracé le plan d'El Djezaïr, de Melyana et de Lemdiya».

Au cours de cette période, Miliana fut un foyer de culture. Elle abrita un grand nombre d'érudits dans différentes disciplines, hommes de sciences notamment, qui furent très célèbres au niveau du Maghreb et du Machrek musulman.

Comme par exemple, Ahmed Ben Otmane El Meliani, poète et écrivain du XIIIe siècle et Ali Ben Omrane Ben Moussa El Miliani, théologien ou Ali Ben Meki El Miliani, théologien et juriste du XIVe siècle.

À l'instar des autres villes du Maghreb, Miliana connut plusieurs conquêtes ainsi que des troubles politiques.

  • 1081 : Youcef Ibn Tachfin, chef des Almoravides occupa Alger, Médéa et Miliana.
  • 1159 : Miliana fit partie de l'empire Almohade
  • 1184 : le siège des Beni Ghania. Grande résistance de la Mitidja menée par Mendel Ibn Abderahmane El-Maghraoui mais Yahia Ibn Ghania et les siens finiront par occuper Alger en 1225.
  • 1238, c'est au tour des Hafsides de Tunis qui viennent soutenir leurs alliés les Beni Tudjin en possession de la ville.
  • 1268 : Yaghmorassen tente d’occuper la région de Meliana en défiant les futurs Mérinides il reconnaît les Almohades.
  • 1270 : Occupation de la ville de Miliana capitale des Maghraoui, débarquement à Tunis des croisés le 18 juillet qui amène la peste. Grave épidémie.
  • 1308 : Les Zianides imposèrent leur autorité sur Miliana et sur presque toutes les villes du Maghreb central.
  • 1317 : Occupation de la ville par les Abdalwadides de Tlemcen.
  • 1461 : Abou Abdallah Mohamed El Moutawakil, sultan de Ténès, s'empara de Médéa et Miliana d'où il forma une armée pour aller conquérir le pays des Beni-Rached celui des Hawwara et Mostaganem ainsi que Mazagran. Il s'emparera de Tlemcen l'année suivante.
  • Même si à partir de 1492, plusieurs contingents d’arabes chassés d’Espagne, après la chute de Grenade, vinrent s'installer dans la région; les Milianais jouirent d'une certaine autonomie et d'une tranquillité certaine jusqu'à la venue des Turcs.

[modifier] Notes sur la situation de la ville

La ville étouffe entre ses vieux remparts au creux d'une végétation luxuriante. Ses jardins et ses vergers cultivés en banquettes s'échelonnent harmonieusement vers la plaine. Pour se rendre à Miliana, il faut quitter la Route Nationale n°4, entre Alger et Khemis-Miliana au niveau du col Kondek et emprunter soit la route qui passe prés du village d’Ain-Torki (ex-Margueritte) ou bien celle du lieu-dit Adelia (ex-Miliana - Margueritte) comme l'indique le panneau de signalisation. On peut également y aller en prenant une autre route vers le nord au niveau du centre ville de Khemis-Miliana.

Avec Médéa, sur l'axe nord-sud, et Miliana, à moitié chemin entre l'Est et l'Ouest, les conquérants qui se sont succédé en Algérie, cadenassaient très facilement les passages stratégiques. Qu'il s'agisse des Romains, des Arabes, des Turcs ou des Français, le premier souci des occupants est de s'assurer de ces deux villes dont la communauté de destin est troublante, jusqu'au moindre détail. Depuis les temps les plus reculés, elles étaient connues pour la qualité des produits de leur terroir, qui poussaient à l'identique, à une altitude similaire et sous un climat semblable.

Le microclimat, « frais et tempéré » de Miliana, détonne de « la poêle à frire » du Chélif où il pleut à peine 400 mm, par an, en moyenne, contre 1 500 mm, au sommet du Zaccar. Quoique le couvert végétal commence sérieusement à se dégrader. La ville est plantée de platanes qui sont son Symbole, même si sur ses armoiries on y trouve « un palmier et un lion, » lointain souvenir de l'époque où ce félidé infestait les montagnes avoisinantes. Cette ville qui comptait intra muros, pas plus de 3000 habitants en a, aujourd'hui, dix fois plus. Pour faire de la place, on a commencé par mettre à bas les murailles en pierres de taille et les portes superbes et imposantes d'Alger et d' El Gherbi. Peu à peu la ville sous la poussée démographique et le manque d'espace vital s'est « autodigérée »

Dans la fameuse « Blacet El Fham », la place au Charbon, ainsi nommée à cause du commerce d'avant le gaz de ville. Des kiosques, comme des verrues l'ont défiguré ce qui aurait dû rester un endroit préservé. À l'ombre des platanes, d'un siècle et demi d'âge, on sert le meilleur thé du département et on peut y voir des personnages d'un autre siècle, le jour de marché, descendus des piémonts pour vendre leurs produits, dans un accoutrement des plus traditionnels.

L'écrivain français Alphonse Daudet atteint de troubles cardio-vasculaires, s’est installé dans cette partie du Zaccar. Il y a rédigé son célèbre Tartarin de Tarascon, qui était prisé dans les manuels scolaires pendant la colonisation française. Il réussit à peindre beaucoup de tableaux de toiles de la ville de Miliana en s’installant le jour dans les cafés maures. La boutique, d'où il observait les mœurs citadines, d'une ville qui l'a impressionné à un point tel, qu'il lui a réservé tout un chapitre dans Les Lettres de mon Moulin (à Milianah), est encore debout. Mais à la vitesse à laquelle les vieilles maisons disparaissent, il est à craindre que bientôt, de modernes et froids HLM ne remplacent le style de vie « tout en saveur et en nuances « au profit de parallélépipèdes de parpaings froids et gris.

[modifier] Personnalités célèbres originaires de Miliana

[modifier] Liens externes