Alfred Cortot

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Alfred Cortot
Alfred Cortot

Naissance 26 septembre 1877
Nyon, Suisse
Pays d’origine France France
Décès 20 juin 1962
Lausanne, Suisse
Profession(s) Pianiste
Genre(s) Musique classique

Alfred Cortot, né le 26 septembre 1877 à Nyon (Suisse) et mort à Lausanne le 20 juin 1962, est un pianiste français.

Il est considéré comme un des plus grands pianistes et pédagogues de la première partie du XXe siècle. La qualité de ses interprétations l'ont inscrit au Panthéon des pianistes et la qualité de son enseignement a permis à de nombreux pianistes d'épanouir leur talent.

Sommaire

[modifier] Sa vie

Alfred Cortot naît en Suisse, d'un père français et d'une mère suisse. À l'âge de cinq ans, il commence à apprendre le piano à Genève. Ses progrès sont tellement foudroyants que sa famille décide d'aller s'établir à Paris pour que le jeune Alfred puisse continuer son éducation musicale. Il est alors inscrit au prestigieux Conservatoire de Paris, à l'âge de neuf ans, où il reste élève pendant dix années. En 1896, il obtient un Premier prix de piano, dans la classe de Louis Diémer. Edouard Risler, répétiteur de Diémer, l'emmène à Bayreuth où Alfred Cortot est assistant et où il joue pour Cosima, la fille de Franz Liszt et épouse de Richard Wagner.

C'est alors un pianiste et musicien accompli, passionné de Wagner. Il donne d'ailleurs la première exécution du Crépuscule des Dieux en France en 1902, ainsi que celles du Requiem allemand de Brahms et de la Légende de Sainte Elizabeth de Liszt. En 1905, il fonde avec Pablo Casals et Jacques Thibaud un trio de musique de chambre dont la réputation devient rapidement internationale. L'activité du trio ne cessera qu'au début de la Seconde Guerre mondiale. À côté de ses activités d'interprète, Alfred Cortot mène une carrière d'enseignant. Il est nommé professeur au Conservatoire de Paris en 1907.

Toute sa vie durant, il fera alterner concerts et enseignement.

Alfred Cortot et Jacques Thibaud
Alfred Cortot et Jacques Thibaud

Après une tournée aux États-Unis en 1918, il fonde en 1919 avec Auguste Mangeot, directeur de la revue Le Monde musical, l'École normale de musique de Paris qui porte désormais son nom. Résolument moderne, Cortot veut que l'Ecole comporte un cursus complet, avec l'étude approfondie d'un instrument, le solfège, l'écriture, l'histoire de la musique, la pratique du répertoire et de la pédagogie. Humaniste convaincu, Cortot veut aussi qu'un enseignement musical complet avec toutes les disciplines liées à l'expression artistique soient présentes : la gymnastique rythmique, l'histoire de l'art en correspondance avec la musique, les langues vivantes. Avant et après-guerre, les meilleurs professeurs rejoignent Cortot : Yvonne Lefébure et Nadia Boulanger pour le piano, Marcel Dupré pour l'orgue, Wanda Landowska pour le clavecin, Jacques Thibaud pour le violon, Pablo Casals et André Navarra pour le violoncelle, Claire Croiza, Charles Panzéra et Pierre Bernac pour le chant, Georges Enesco, Paul Dukas et Arthur Honegger pour la composition.

Durant la Seconde Guerre mondiale, il est Haut-Commissaire aux Beaux-Arts du gouvernement de Vichy, membre du Conseil national (partisan déclaré de la collaboration). En 1942, durant l'Occupation, il est l'un des pianistes français à être allé, à la demande des autorités allemandes, se produire à Berlin. Ces faits lui vaudront quelques reproches à la Libération, sans que pour autant il ait à subir de réels ennuis[1]. Dès 1946, Alfred Cortot reprendra une activité de concertiste.

Au milieu des années 1950 et jusqu'à sa mort, il réside en Suisse. Il donne son dernier concert public au Festival de Prades en compagnie de Pablo Casals en 1958.

Au Japon, une île côtière porte le nom de Cortot (Cortoshima), témoignage de l'admiration que suscite le pianiste français dans l'archipel nippon.

Les quelques 10 000 ouvrages et partitions annotées de sa main que comprenait sa bibliothèque musicale furent rachetés et sont conservés à la Médiathèque Musicale Mahler de Paris. Mais une partie des manuscrits dont Alfred Cortot s'était porté acquéreur ont été dispersés dans quelques-unes des plus grandes bibliothèques publiques du monde entier.

[modifier] Son œuvre

Buste d'Alfred Cortot exposé dans la salle Cortot à Paris
Buste d'Alfred Cortot exposé dans la salle Cortot à Paris

Alfred Cortot a eu une grande influence sur l'interprétation pianistique tant en France qu'à l'étranger. Et particulièrement en Union soviétique, où ses concerts, donnés pendant les années 1920 à Moscou et à Saint-Pétersbourg, ont été à l'origine d'une scission dans le monde pianistique local. D'un côté, les progressistes emmenés par Heinrich Neuhaus et Samuel Feinberg se déclarèrent impressionnés par le pianiste français au point de repenser leur technique. De l'autre, les pianistes davantage portés vers l'académisme, tel qu'Alexandre Goldenweiser, critiquèrent le jeu de Cortot pour sa liberté.

Dans sa méthode intitulée Les Principes rationnels de la technique pianistique, Cortot a développé sa méthode selon laquelle la subjectivité ainsi que la recherche personnelle propre à l'artiste doivent accompagner le travail digital et musculaire. Il est également l'auteur d'éditions de travail d'œuvres de Chopin, Schumann et Liszt. Il écrivit pour les Editions Rieder "La musique française de piano" (deux volumes).

Excellent pédagogue, il eut bon nombre d'élèves qui furent d'excellents pianistes, comme Clara Haskil, Dinu Lipatti, Samson François, Setrak, Gina Bachauer, Yvonne Lefébure, Marcelle Meyer, Vlado Perlemuter, Magda Tagliaferro, Reine Gianoli, Jerome Lowenthal, ou bien encore Marguerite Monnot qui, avant de devenir le compositeur attitré d'Édith Piaf, fut une concertiste talentueuse. D'autres élèves, tels qu'Yvonne Hubert à Québec, Thierry de Brunhoff et Blanche Bascourret de Guéraldi à l'École normale de musique de Paris, pour n'en citer que deux, sont devenus des pédagogues très renommés.

Alfred Cortot a enregistré de nombreux disques, spécialement de Chopin, Schumann et Liszt, dont il était un interprète d'exception. Il a publié le premier enregistrement mondial intégral de la Sonate en si mineur de Liszt, des Kreisleriana de Schumann et du Premier livre des Préludes de Debussy.

[modifier] Notes

  1. Néanmoins, dans son livre Je suis un violoniste raté (1973, Julliard), le critique musical Antoine Goléa brosse un tableau très dur de l'attitude de Cortot durant la Seconde Guerre mondiale, ainsi que Jérôme Spickett dans sa biographie de Clara Haskil (Payot)

[modifier] Bibliographie

  • B. Gavoty, Alfred Cortot, Buchet-Chastel (Musique), Paris, 1995
  • J-L. Tingaud, Cortot-Thibaud-Casals. Un trio, trois solistes, Josette Lyon (Les Interprètes créateurs), Paris, 2000

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes