Affaire du camp de Grenelle

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L'affaire du camp de Grenelle est un évenement de la Révolution française intervenu sous le Directoire, dans la nuit du 9 au 10 septembre 1796.

L'affaire du camp de Grenelle est l'épisode décisif de la conjuration des Égaux animée par Gracchus Babeuf. Cet ancien feudiste, qui rêvait d'un communisme agraire, prépare un complot en liaison avec d'anciens Montagnards. Après l'échec des journées de germinal et de prairial an III (1er avril et 20 mai 1795), il convient de renoncer à un soulèvement populaire, les faubourgs ayant été désarmés.

Le 10 mai 1796, Gracchus Babeuf et les membres de la conjuration des Égaux sont arrêtés. Devant la répression qui s'abat alors dans les mileux démocratiques parisiens, plusieurs tentent de provoquer un soulèvement, d'abord au sein de la Légion de police, puis, après sa dissolution le 13 floréal an III, parmi les soldats du 21e régiment de dragons, qui campent à Grenelle.

À l'origine de l'arrestation de Babeuf et de ses camarades, l'agent-double Grisel est considéré comme étant à l'origine de la machination policière à l'origine de l'affaire. Peut-être averti par Grisel, Carnot aurait prévenu Malo, le commandant de l'unité. Selon d'autres sources, au contraire, c'est Malo qui aurait prévenu Carnot, lequel aurait décidé d'en profiter pour se débarrasser des derniers Jacobins.

200 à 500 conjurés se présentent au camp dans la nuit du 23 au 24 fructidor. Une fusillade les accueille, faisant une vingtaine de morts et de nombreux blessés. 132 personnes sont capturées dans le camp et les environs, mais aussi quelquefois à une certaine distance.

Parmi les directeurs, tandis que Carnot et Letourneur organisent la défense du Palais du Luxembourg contre une supposée attaque, Barras aurait aidé certains de ses amis compromis à fuir. Quant à La Réveillère-Lépeaux, alors président du Directoire, il n'est prévenu qu'au dernier moment, et Reubell est parti à sa maison de campagne d'Arcueil.

Le Directoire décide de mener une répression sans pitié. Le 24 fructidor, les Conseils votent une loi modifiant la loi du 22 messidor (12 juillet) et permet d'utiliser celle du 30 prairial an III (18 juin 1795), qui vise théoriquement les Vendéens et les Chouans pris les armes à la main. En conséquence, les prisonniers sont traduits devant un conseil militaire. Constitués par la loi du 2e jour complémentaire de l'an III (18 septembre 1795), ces conseils sont composés uniquement de militaires.

En vendémiaire an V (octobre 1795), le Conseil, réuni au Temple, prononce 33 condamnations à mort. Contrairement à la loi de fructidor, qui admettait un retour en cassation, trente condamnés sont fusillés. Deux ont été condamnés par contumace, un autre s'est suicidé. Trois anciens conventionnels, Javogues, Cusset et Huguet figurent parmi les fusillés, ainsi que l'ancien maire de Lyon Bertrand, plusieurs anciens commissaires révolutionnaires et Jean-Nicolas-Victor Gagnant, peintre et secrétaire de Drouet.

Le 22 germinal (11 avril 1797), le tribunal de cassation annule les autres condamnations. Renvoyés devant le tribunal criminel de la Seine, tous sont acquittés.

Quelques mois après la coup d'État du 18 fructidor an V, la répression s'abat sur les royalistes, contraignant Carnot à la fuite.

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