Église Saint-Bonaventure

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Église Saint-Bonaventure
Église Saint-Bonaventure à Lyon

Église Saint-Bonaventure à Lyon-Cordeliers

Informations
Lieu Lyon, France France
Coordonnées 45° 45′ 47″ N 4° 50′ 13″ E / 45.763144, 4.836905
Affiliation religieuse Catholique Romaine
Archidiocèse Lyon
Diocèse Lyon
Statut Canonique Église
Architecture
Construction (début) 1325
Construction (fin) 1327
Spécifications

L'église Saint-Bonaventure est l'une des églises lyonnaises de la presqu'île, située sur la place des Cordeliers. C'est le seul édifice médiéval qui reste en place après les travaux de percée de la rue Impériale (aujourd'hui rue de la République), sous le second Empire par le préfet Vaïsse.

Sommaire

[modifier] Historique

L'histoire de l'église, aujourd'hui placée sous le vocable de Saint Bonaventure, est intimement liée à celle du couvent dont elle faisait partie, le couvent des Cordeliers.

Pour satisfaire les besoins de la communauté des moines fransiscains, dit Cordeliers, installés en ce lieu depuis que le sénéchal de Grolée leur a légué un espace pour un installer leur couvent, la construction d'une église de plus grande dimension est décidée par Jacques de Grolée, petit-fils du sénéchal pour pallier l'étroitesse de la première église conventuelle ce qu'avait révélé la foule amassée lors des cérémonies ayant succédé à la mort du cardinal Bonaventure dans la nuit du 14 et 15 juillet 1274, à l'âge d'environ 57 ans.

La nouvelle église sera orientée vers le sud, ce qui est rare à l'époque où les églises gothiques sont orientés à l'est pour que l'abside reçoive la lumière du lever du soleil.

L'église est construite de en à peine deux ans entre 1325 et 1327. Elle accueille la dépouille mortelle de Jacques de Grolée, mort le 4 mai 1327, qui est placé sous le maître autel (avant d'être déplacé quelque part du côté de l'épitre en 1599). L'église est consacrée le 18 septembre 1328 par l'archevêque de Lyon, Pierre IV de Savoie, sous le vocable de saint François d'Assise.

Contrairement à l'église Saint-Nizier qui accueille le chapitre canonial, l'église des Cordeliers devient le siège des confréries, dont les plus importantes y bâtissent des chapelles. L'église est agrandie de 1471 à 1484[1]. C'est alors qu'elle est placée sous le vocable de saint Bonaventure.

Le choeur est restauré en 1607. Elle sert de grenier à grain après la révolution française avant d'être rendue au culte vers 1806 et de recevoir sa façade actuelle grâce à l'impulsion du cardinal Joseph Fesch.

Vers 1890, l'église se voit débarrassé des immeubles qui la bordaient sur son flanc est ainsi que de la curie qui permet l'élargissement de la rue Grolée sur son flanc ouest.

Les maisons sur le flanc est de l'église avant 1890, époque de leur démolition
Les maisons sur le flanc est de l'église avant 1890, époque de leur démolition
Le quartier Grolée vu du nord vers 1890. Noter la curie à l'ouest qui obstrue la rue Grolée. Le Grand Bazar est construit (angle en bas à gauche de la photo)
Le quartier Grolée vu du nord vers 1890. Noter la curie à l'ouest qui obstrue la rue Grolée. Le Grand Bazar est construit (angle en bas à gauche de la photo)

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[modifier] Description

[modifier] Généralités

[modifier] Les chapelles

L'abbé Pavy dans la monographie qu'il consacre à l'ensemble conventuel des Cordeliers[2] reprend la description des chapelles faites par Fodéré :

  • Côté ouest (à droite en entrant), on trouve du chœur vers l'entrée :
    • Chapelle n° 1 : chapelle Notre-Dame, bâtie par Jean Ogii (ou Ogier), probablement le même qui est membre du consulat, riche Lyonnais qui ne débourse pas moins de deux milles trois cents livres viennoises payés aux religieux par son héritier, Guillaume de Durchie. Jean Ogier , l'héritier et sa famille y ont été enterrés.
    • Chapelle n° 2 : chapelle de saint Fortuné (ou saint Fortunat), édifiée par des marchands de Troyes en Champagne en 1345.
    • Chapelle n° 3 : chapelle saint Joseph, bâtie par la confrérie des tailleurs d'habits. Elle est dédiée à saint Jacques et saint Philippe. Les armoiries de la confrérie sont visible sur l'arceau de l'arcade : des ciseaux surmontés d'un coquillage.
    • Chapelle n° 4 : chapelle dédiée à saint Luc et saint Clair par la confrérie des peintres et vitriers. Elle est aujourd'hui la chapelle du Sacré-Cœur dont l'autel a été ajouté sur ordre de Monseigneur de Neuville.
    • Chapelle n° 5 : dediée à saint Jean-Baptiste.
    • Chapelle n° 6 : chapelle saint Antoine de Padoue, bâtie en 1388 par la confrérie des hôteliers des taverniers.
    • Chapelle n° 7 : ?
    • Chapelle n° 8 : ?
    • Chapelle n° 9 : ?
  • Côté est (à gauche en entrant), on trouve du chœur vers l'entrée :
    • Chapelle n° 1 : d'abord dédié à saint François d'Assise, puis saint Bonaventure, elle sera dediée au roi saint Louis par la confrérie des Sergents royaux.
    • Chapelle n° 2 : chapelle de l'Assomption,, sacrée à Notre-Dame. Elle est constuite par tous « ceux qui travaillent en l'art de la soie ». En 1662, elle change de nom et devient Notre-Dame de la délivrance.
    • Chapelle n° 3 : chapelle saint Nicolas, construite par les bateliers. Au début du XVIe siècle, les troupes du baron des Adrets traversent l'église durant leur pillage et détruisent en partie la chapelle pour faire passer leur artillerie. Elle est rebâtie en 1572.
    • Chapelle n° 4 : chapelle Notre-Dame de Grâce
    • Chapelle n° 5 : chapelle saint Bernardin puis saint Claude
    • Chapelle n° 6 : ?
    • Chapelle n° 7 : ?
    • Chapelle n° 8 : ?
    • Chapelle n° 9 : ?

[modifier] Les grandes orgues

Les orgues sont parmi les plus belles de la ville[réf. nécessaire]. La richesse et la diversité de leurs jeux permettent de couvrir tout le répertoire organistique connu.

La présence d’un instrument de qualité dans ce lieu de culte au XVIIe siècle est attestée. Un document de 1693[3] fait état de grandes orgues placées au dessus du portail central de l’église, sur une tribune qui ornait le fond de la nef. C’était « un seize pieds de quarante jeux et à cinq claviers (…) et des pédales à dix-neuf marches ». Il était « de la façon du sieur Ferry envoyé exprès de Paris pour ce sujet par Monsieur Le Bègue, organiste du Roi, 1630-1702 ».

Le chanoine Panel [4], qui a entrepris d’écrire l’histoire des orgues de Saint-Bonaventure, confirme qu’un instrument d’importance se trouvait sur une tribune au fond de la nef avant la période révolutionnaire. Information précieuse, il fait référence à un instrument qui aurait été brisé par les Calvinistes en 1562, ce qui prouve que les orgues du sieur Ferry n’étaient pas les premières à avoir été édifiées en ce lieu. De plus, trente ans après la destruction causée par les Calvinistes, soit aux environs de 1592, le consulat allouait une grosse somme en écus d’or sol pour financer l’édification d’un nouvel instrument.

L’église Saint-Bonaventure a souffert de la tourmente révolutionnaire, comme tant d’édifices religieux de France, et l’orgue du sieur Ferry, qui a surement connu des restaurations et ajouts au cours du XVIIIe siècle, n’a pas survécu à cette époque troublée, pas plus que la tribune qui l’avait accueilli.

Dans les années quarante du XIXe siècle, la maison Daublaine Callinet, facteur d’orgues à Paris, après avoir installé un instrument considérable dans la cathédrale de Vienne, en Isère, et un autre, moins important, à la Primatiale Saint-Jean à Lyon, construit pour l’église Saint-Bonaventure un orgue installé dans un des bas côtés, vers le chœur, dont l’inauguration eut lieu en 1845.

En 1853, l’instrument inauguré huit ans plus tôt est transporté au fond du chœur, ce qui représente une amélioration appréciable sur le plan de l’acoustique. Le buffet tel que nous le voyons aujourd’hui date de cette époque. Cet instrument, riche de vingt-deux jeux seulement, n’était pas sans faiblesses. Dans le but de l’améliorer et d’accroître ses possibilités musicales, Joseph Merklin, directeur de la maison du même nom, signe en juillet 1860 une convention avec le conseil de fabrique de la paroisse. L’instrument rénové, agrandi, ré-harmonisé est inauguré par Baptiste, titulaire de l’époque du grand orgue de l'église Saint-Eustache de Paris, et par Charles-Marie Widor.

En décembre 1869, une nouvelle restauration est envisagée à la demande de Léon Reuchsel, qui devait tenir les orgues de Saint-Bonaventure pendant un demi-siècle. La convention, signée en avril 1870, malgré les dépenses importantes qui grèvent le budget de la paroisse à l’époque (Saint-Bonaventure, par exemple, est alors la seule église lyonnaise qui n’a pas de calorifère), prévoit certaines transformations comme le renouvellement de la soufflerie et le remplacement des claviers existants par des claviers neufs.

Il faudra attendre 1885 pour qu’un accord soit donné par le conseil de fabrique en vue de la réparation des jeux existant et l’adjonction de jeux nouveaux. L’instrument, qui, jusque là, n’avait connu que la traction mécanique comme mode de transmission va bénéficier du rôle novateur de la maison Merklin dans l’utilisation de l’électricité pour « faire parler » les tuyaux. Un seul clavier, cependant, est muni du système électrique ; un deuxième clavier est à traction pneumatique, les autres restant mécaniques. Ces trois modes de transmission obligent l’organiste à trois « touchers » différents, et rendent impossible une exécution précise. L’électrification se poursuit en 1912 avec l’installation d’une soufflerie électrique. Finis les efforts des souffleurs pour tenir constamment remplis les vastes réservoirs d’air chargés de poids de cinq cents kilos et plus.

L’électricité a cependant ses dangers : en 1928, sous le titulariat de Marcel Paponaud, un commencement d’incendie endommage la soufflerie et toute la partie électrique, réduisant l’orgue au silence pendant un temps assez long. C’est sous l’impulsion de Marcel Paponaud que la maison Michel Merklin et Khun accomplit la restauration de 1936, qui donne à l’orgue la physionomie qu’il a encore aujourd’hui. Marcel Paponaud s’adjoint le concours d’un harmoniste formé chez Cavaillé-Coll (facteur d’origine espagnole), qui saura donner aux jeux d’anches tout le mordant et le moelleux qui font le charme d’un dessus de trompette ou de clairon. Une nouvelle restauration aura lieu en 1960.

Patrice Caire, successeur de Marcel Paponaud, fait ajouter quelques jeux nouveaux dont des jeux d’anche placés « en chamade » sur les deux corps du buffet.

En l’état actuel, l’orgue de Saint-Bonaventure est un instrument de soixante-cinq jeux, comportant trois claviers de soixante-et-une notes chacun, un pédalier de trente-deux notes et soixante-quatre combinaisons ajustables. La restauration de 1985 est l’œuvre de René Micolle, Georges Valentin et Charles Meslé.

[modifier] Lien externes

[modifier] Notes et références

  1. Jean Pelletier, Connaître son arrondissement, le 2e, éditions lyonnaises d'art et d'histoire, p. 25
  2. Abbé Pavy, Les Grands Cordeliers de Lyon, Lyon, 1885, pp.23 à 27
  3. Reproduit dans Bazin, Quelques remarques sur le grand couvent de Saint Bonaventure, à Lyon, chez Claude Delaroche, rue Mercière, chap. 3.
  4. Chanoine Panel, Échos de Saint Bonaventure, décembre 1936, n°9, p.4 ; Noël 1938 n°10, p.9.