Massif de la Sainte-Baume

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Sainte-Baume
Massifs des Alpes occidentales

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Continent Europe
Pays France France
Point culminant Joug de l'Aigle (1 147 m)
Longueur 35 km
Largeur 15 km
Superficie 21,69 km2
Chaîne principale Alpes
Âge du massif
Type de roches roche sédimentaire
Le massif de la Sainte Baume
Le massif de la Sainte Baume

La Sainte-Baume (en occitan provençal: la Santa Bauma selon la norme classique ou la Santo Baumo selon la norme mistralienne) est un massif du sud-est de la France, qui s'étend entre les départements des Bouches-du-Rhône et du Var sur une superficie de 2 169 hectares.

Son sommet est le Joug de l'Aigle qui culmine à 1 147 mètres. Il comprend également sur son flanc ouest le sommet des Bouches-du-Rhône : le pic de Bertagne qui atteint l'altitude de 1 042 mètres. Le caractère exceptionnel du site tient à la présence d'une hêtraie mature, préservée depuis des siècles, et de la grotte de Sainte Marie-Madeleine, lieu de pèlerinage majeur au Moyen Âge.

Sommaire

[modifier] Géographie

Le massif de la Sainte-Baume est le plus étendu et le plus élevé des chaînons provençaux. Se dressant de part et d'autre des départements du Var (pour plus de 90 % de sa superficie) et des Bouches-du-Rhône, il est situé à une vingtaine de kilomètres de la côte méditerranéenne, sa superficie s'étendant sur 35 kilomètres de long et 15 kilomètres de large. Il possède une ligne de crêtes longue de 12 kilomètres, les points culminants étant le Joug de l'Aigle (1 147 mètres), dont la falaise abrupte haute de plus de 300 mètres offre de splendides voies d'escalade, et le Pic de Bertagne (1 040 mètres), un majestueux éperon rocheux dominant le versant ouest du massif.

Le massif est situé sur le territoire de nombreuses communes : Roquevaire, Riboux, Auriol, Cuges-les-Pins, Nans-les-Pins, Signes et Saint-Zacharie

[modifier] Géologie et Hydrologie

[modifier] Géologie du massif

La formation du massif de la Sainte-Baume a la même origine que le plissement pyrénéen. On attribue ces formations au déplacement de la péninsule Ibérique par rapport à la plaque européenne. Elle commence à s'en détacher il y a 120 millions d'années et amorce un vaste mouvement de rotation, creusant alors le sillon pyrénéen. Il y a 65 millions d'années, le mouvement change : la péninsule ibérique entre en collision avec la plaque européenne, ce qui provoque la formation des Pyrénées. Le sud-est de la France, propulsé alors vers le nord-est d'une centaine de kilomètres, subit des déformations dont une des plus importantes est celle du massif de la Sainte-Baume.

La longue crête de la Sainte-Baume est faite de couches renversées : le Crétacé inférieur est surmonté par le Jurassique qui occupe le flanc sud. Cette structure vient de l'existence d'une nappe de couverture, venant du sud, rabotant les anciens reliefs, renversant leurs couches, entraînant des morceaux qu'on appelle "écailles" et dont l'érosion ne laisse que des vestiges (allochtone). Cela fut démontré par les sondages réalisés en 1969 au nord du Plan d'Aups. Jusqu'à 16 mètres de profondeur, on traverse le Jurassique inférieur. De 17 mètres à 22 mètres, on trouve le Crétacé supérieur. Il s'agit bien d'un morceau de nappe posé sur des terrains plus récents.

[modifier] Hydrologie

Bénéficiant d'un climat de type méditerranéen montagnard, le massif de la Sainte-Baume est considéré comme le principal château d'eau de la région.

Plusieurs rivières y prennent naissance : l'Huveaune, la Vède, le Peyruis, le Gaudin, le Caramy, l'Issole, le Gapeau, le Fauge... Le massif est parcouru par un important réseau de rivières souterraines et de nombreux avens sont explorés par les spéléologues. Le gouffre du Petit Saint-Cassien est connu mondialement. Des résurgences importantes ; La Foux de Nans, la Figuière à Tourves, la source vauclusienne de l'abbaye de Saint-Pons à Gémenos, la Castelette au Plan d'Aups (qui donne naissance à l'Huveaune), la source des Orris à La Roquebrussanne, la source du Raby à Signes... sont alimentées par une forte pluviométrie dûe au relief.

[modifier] La flore du massif

La hêtraie au tout début de l'automne (versant Nord du massif.)
La hêtraie au tout début de l'automne (versant Nord du massif.)

La forêt domaniale est réputée et protégée depuis la nuit des temps. La hêtraie et la chênaie y sont remarquables, avec une flore et une faune particulières, intermédiaire entre la forêt méditerranéenne et la forêt alpine de moyenne altitude.

[modifier] La faune du massif

Le massif comporte tous les coléoptères français cités à l'annexe II de la directive Habitats. Il abrite également une des stations les plus septentrionales de la Sabline de Provence.

[modifier] L'occupation humaine du massif

[modifier] Toponymie

Son nom vient de la présence d'une grotte (baume en provençal) qu'aurait, dans la tradition chrétienne, occupé Sainte Marie-Madeleine pendant trente ans, après avoir débarqué en 47 av. J.-C. aux Saintes-Maries-de-la-Mer et qui, après avoir évangélisé la Provence aurait été ensevelie dans la crypte de la basilique de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume.

[modifier] La préhistoire

La présence d'Homo erectus est avérée en Pays Sainte-Baume depuis au moins 130 000 ans. On a trouvé sa trace à la grotte des Cèdres au Plan d'Aups, à l’Ouest de la chaîne. L'Homme de Néandertal, grand chasseur, parcourt le massif et semble avoir utilisé les cavernes comme la Grande-Baume (nombreuses sur le massif) au cours des périodes glaciaires.

[modifier] L'histoire religieuse du massif

Bâtiments à flanc de montagne, aux abords de la grotte de Marie-Madeleine.
Bâtiments à flanc de montagne, aux abords de la grotte de Marie-Madeleine.

A l'époque préchrétienne la Sainte-Baume est la Montagne sacrée des marseillais : haut lieu de culte des fécondités, et notamment de l’Artémis d’Éphèse. Vers 60, Lucain, poète latin, mentionne un certain « bois sacré » près de Marseille...

Vers 415, saint Jean Cassien, fonde un premier prieuré à son retour d’Égypte et dès le Ve siècle, la présence de moines de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille est attestée.

La grotte de Sainte-Marie Madeleine devient un lieu de pèlerinage chrétien réputé. En 816, le pape Étienne VI, puis, en 878, le pape Jean VIII s'y rendent. Comme le 22 juillet 1254, Saint Louis visite la Sainte Baume [1] à son retour de Croisade.

En 1279, Charles II d'Anjou, roi de Sicile et comte de Provence, réalise les fouilles qui aboutissent à la découverte à Saint-Maximin des reliques de Marie-Madeleine. Après six ans de détention à Barcelone, Charles II peut mettre en œuvre en 1288 son projet de construire une basilique pour abriter les reliques. Enfin, le 21 juin 1295, avec l’appui du pape Boniface VIII, il installe les dominicains à Saint-Maximin et à la Sainte Baume.

En 1332, le même jour Philippe VI de Valois, roi de France, Alphonse IV d’Aragon, Hughes de Chypre, Jean de Luxembourg, roi de Bohème se recueille dans la grotte.

Tout au long des XIVe et XVe siècle, papes, rois et princes se rendent en pèlerinage dans la Grotte, l'un des plus célèbres de la chrétienté.

En 1440, on déplore l'incendie de la grotte et la destruction des bâtiments. En 1456 Louis XI, roi de France dote richement la grotte et dessine le plan de la coupole qu’il offre pour l’autel. Et, le 1er janvier 1516, François Ier accompagné par sa mère Louise de Savoie et son épouse Claude de France) vient rendre grâce à son retour de Marignan. Il accorde des fonds pour la restauration de la grotte, fait édifier le « portail François Ier » (visible à l’Hôtellerie), et construit trois chambres royales à la grotte. Jean Ferrier, archevêque d’Arles fait ériger les oratoires du Chemin des Rois.

En 1533, François Ier revient à l’occasion du mariage de son deuxième fils, Henri d’Orléans, avec Catherine de Médicis à Marseille. Elle reviendra le 25 octobre 1564 avec Charles IX roi de France (14 ans), son frère le futur Henri III de France, et Henri de Navarre (11 ans).

Charles IX s’y rend lors de son tour de France royal en 1564 afin de satisfaire les catholiques[2]. Mais, en 1586 et 1592, on déplore des pillages de la grotte (la seconde fois malgré le pont-levis érigé suite au pillage intervenu alors que les reliques de Saint-Maximin avaient été transférées dans la grotte durant les troubles suscités par la Ligue).

Intérieur de la Baume
Intérieur de la Baume

Esprit Blanc fait construire en 1630 la Chapelle dite « des Parisiens » (ou « des morts ») et en 1649 Monseigneur de Marinis offre la statue de la Sainte Vierge, œuvre du sculpteur Gênois Orsolino (toujours visible à la grotte).

Le 5 février 1660 Louis XIV, avec Anne d’Autriche et Mazarin, se rendent au sanctuaire.

La Révolution et l'Empire mettent en péril le site. En 1791, le marquis d’Albertas rachète les biens des dominicains qui avaient été vendus comme biens nationaux. Mais, en 1793, la Sainte Baume est rebaptisée « les Thermopyles », l’intérieur de la grotte et la grande hôtellerie attenante (dont on voit encore les traces dans la falaise) sont détruits. Heureusement, Lucien Bonaparte, mari de Christine Boyer, fille de l’aubergiste de Saint-Maximin, sauve la basilique et la forêt de la Sainte Baume des révolutionnaires. En 1814, le maréchal Brune détruit la grotte et ce qui venait d’y être reconstruit.

Ce n'est qu'en 1822, que Chevalier, préfet de Toulon, restaure le culte catholique. En 1824, une communauté de Trappistes s’établit sur le plateau, en face de l’actuelle hôtellerie puis laisse la place en 1833 à des Capucins qui ne restent que deux ans.

En 1848, le Père Henri-Dominique Lacordaire, célèbre prédicateur et restaurateur de l’ordre dominicain en France depuis 1840, vient à la grotte et en 1859, il rachète le couvent de Saint-Maximin pour y réinstaller les Frères Prêcheurs ; avec l’aide de l’œuvre pour la restauration des lieux saints de Provence qu’il avait fondée, il réinstalle le 22 juillet, les frères à la grotte ; il fait construire l’Hôtellerie dans la plaine de la Sainte-Baume.

En 1865, le frère dominicain Marie-Joseph Lataste fonde la congrégation dite « de Béthanie » qui accueille des femmes sorties de prison (Madeleines converties) ; il érigera une communauté près de l’église du Plan d’Aups en 1884. En 1889, quelques reliques de Marie-Madeleine sont placées dans le reliquaire réalisé par l’orfèvre lyonnais Armand Caillat et déposées dans la Grotte.

A la suite des lois de séparation de l’Église et de l’État, la grotte devient propriété de la commune du Plan d’Aups en 1910.

En 1914, avec les célébrations du centenaire de la réouverture du culte à la Sainte Baume, le Père Vayssière restaure les escaliers menant à la Grotte (150 marches en mémoire des 150 Ave du Rosaire) et inaugure le Calvaire. Puis en 1928, est inaugurée la maison de retraite Nazareth en face de l’Hôtellerie (aujourd’hui occupée par l’écomusée). En 1932, Marthe Spitzer, juive convertie, réalise la Pietà qui est sur le parvis de la Grotte (offerte par la basilique La Madeleine de Paris).

En 1948, l’architecte Le Corbusier projette la construction d’une basilique souterraine à la Sainte-Baume (projet utopique jamais réalisé... !) puis, en 1966 - Oscar Niemeyer réalise un projet de couvent moderne à l’Hôtellerie à la place de l’aile ouest. En 1970, Thomas Gleb réalise l’Oratoire Saint-Dominique, à l’Hôtellerie, entre 1976 et 1981, le compagnon Pierre Petit (« Tourangeau, le disciple de la Lumière ») réalise les vitraux de la Grotte.

En 1995 a été célébré le septième centenaire de la fondation de la basilique de Saint-Maximin et de l'installation des frères dominicains à Saint-Maximin et à la grotte de la Sainte Baume.

Une communauté de quatre frères dominicains assure toujours l’accueil des pèlerins à la Grotte de sainte Marie-Madeleine. Cette présence d’une communauté est rétablie depuis l’été 2002 (date de la réouverture de la grotte après les travaux de purge de la falaise).

[modifier] La Sainte-Baume et les Compagnons du Tour de France

Selon la tradition légendaire des compagnons du Tour de France, leur fondateur, Maitre Jacques, en 950 avant J.-C., à son retour de la construction du temple de Salomon, se retire à la Sainte Baume où il aurait été assassiné et enterré. Le passage sur le massif est incontournable dans leur périple initiatique.

La Sainte-Baume constitue l'étape finale du Tour de France des compagnons. Le Tour de France est le chemin initiatique qui conduit à la maîtrise d'un métier et la Sainte-Baume apparaît comme le lieu - et le lien - qui unit les compagnons après leurs épreuves. Marie-Madeleine est la sainte patronne du compagnonnage.

Le pèlerinage commence par la montée à la grotte, qui peut se faire de nuit à la lumière des flambeaux. Dans la grotte, le compagnon reçoit les "couleurs", c'est-à-dire ses insignes (des rubans), qui se conforment à un code symbolique et sont frappés aux fers de la Sainte-Baume. Ces "couleurs" se complèteront de symboles au fur et à mesure de l'avancement initiatique du compagnon. Après la cérémonie et la bénédiction, on procède à la signature du livre de passage des compagnons.

Le 16 février 2003, s'est déroulé la cérémonie de dépôt des tampons et du registre des Compagnons du Tour de France des Devoirs unis, l'une des trois associations.

[modifier] La Sainte-Baume, réserve de glace de Marseille et Toulon

La Sainte-Baume est un conservatoire de l'histoire des glacières en Provence. Il en existe encore une vingtaine dans le massif. Bien que l'usage de la glace à rafraîchir fut un luxe pratiqué depuis la haute antiquité. En Provence il faudra attendre 1642 pour voir deux marchands obtenir de Louis XIII le privilège exclusif de construire des glacières et de vendre la glace à Marseille.

L’eau des sources et des ruisseaux était captée, canalisée et mise à geler entre janvier et mars sur des terrasses ou bassins bordés de murets. Elle était ensuite stockée dans des glacières, vastes puits de 10 à 20 mètres de profondeur creusés dans le roc, dépassant du sol sur un quart de leur hauteur et recouverts d’un toit de tuiles posées sur une couche de terre. En été, les blocs étaient débités et transportés par charroi nocturne.

Les glacières de la Sainte-Baume orientale ont approvisionné Toulon jusqu’en 1789. Quelques réservoirs de la partie sud-ouest étaient destinés à Marseille. Une vingtaine de ces édifices subsistent à l’extrémité est du massif. Le plus spectaculaire reste certainement la glacière Pivaut, récemment rénovée, à Mazaugues qui est la plus grande des glacières de la Sainte-Baume. Haute de 23 mètres, d’un diamètre de 17,6 mètres, elle pouvait conserver jusqu’à 3 100 m³ de glace. Elle n’aurait été utilisée que deux ans.

[modifier] Un site de randonnées

De nombreuses possibilités de randonnées existent au sein du massif ou au départ des différents villages de la Sainte-Baume tels que Gémenos, Riboux, Auriol, Cuges-les-Pins, Nans-les-Pins, Signes et Saint-Zacharie.

  • Le plus court chemin pour accéder aux crêtes de la Sainte-Baume s'effectue à partir de l'hostellerie de la Sainte-Baume proche de Plan d'Aups, à travers la forêt s'étendant au pied des falaises, puis par le col de Saint-Pilon, à 952 mètres d'altitude. Vers l'est se dresse le Joug de l'Aigle, haut de 1 118 mètres, et séparé du col par le Baù des Oiseaux ; le GR 9 parcourt les crêtes vers l'est. Vers l'ouest, le GR 98 mène au Pic de Bertagne (altitude 1041 mètres), belvédère sur la rade de Marseille et le massif des Calanques.
  • le massif est aussi un haut-lieu de la spéléologie : l'abîme de Maramoye qui est en bordure du plateau de Siou-Blanc, le Maramoye ("la femme maudite") a été exploré vers 1920. Il atteint -127 mètres.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Ouvrages

Père Philippe Devoucoux du Buysson, Histoire abrégée de la Sainte Baume, Editions La Renaudie, 1989.

[modifier] Notes et références

  1. §663 :Le roy s'en vint par la contree de Provence jusques a une cité que en appele Ays en Provence, la ou l'en disoit que le cors a la Magdeleinne gisoit ; et fumes en une voute de roche moult haut, la ou l'n disoit que la Magdeleinne avoit esté en hermitage .XVII. ans. [Le roi s'en vint par le comté de Provence jusqu'à une cité que l'on appelle Aix-en-Provence, où l'on disait que reposait le corps de la Madeleine ; et nous fûmes dans une grotte de rocher, très haut, où l'on disait que la Madeleine avait été en ermitage dix-sept ans.] Joinville, Vie de saint Louis, Classiques Garnier, 1995.
  2. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 27274207858), p 254