Lectoure

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Lectoure
Pays
drapeau de la France
     France
Région Midi-Pyrénées
Département Gers
Arrondissement Condom
Canton Lectoure
(chef-lieu)
Code Insee 32208
Code postal 32700
Maire
Mandat en cours
Gérard Duclos
2001-2008
Intercommunalité Communauté de communes de la Lomagne Gersoise
Coordonnées
géographiques
43° 56′ 07″ Nord
         0° 37′ 19″ Est
/ 43.9352777778, 0.621944444444
Altitudes moyenne : 182 m
minimale : 68 m
maximale : 223 m
Superficie 8 493 ha = 84,93 km²
Population sans
doubles comptes
3 933 hab.
(1999)
Densité 46 hab./km²
Carte de localisation de Lectoure

Lectoure (en gascon Leitora selon la graphie dite « classique » ou Leytoure en graphie dite « moderne ») est une commune française, située dans le département du Gers et la région Midi-Pyrénées.

Ses habitants sont appelés les Lectourois.

Sommaire

[modifier] Géographie

Commune située en Lomagne à 22 km à l'est de Condom, à 35 km au sud d'Agen et 35 km au nord d'Auch, sur le Gers

[modifier] Le pèlerinage de Compostelle

La ville est située sur la via Podiensis du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle.
On vient de Miradoux, la prochaine commune est La Romieu, et la collégiale Saint-Pierre.

L'hôpital léproserie du Pont de Pile, les quatre hôpitaux Sainte-Catherine, Saint-Jean-Baptiste au faubourg est, Saint-Jacques, Saint-Antoine et Saint-Esprit près de l'église de ce nom, ainsi que le corps de saint Gény, alors conservé au couvent bénédictin, firent de Lectoure une halte majeure des pèlerins.

[modifier] Histoire

[modifier] Un oppidum des Aquitains

De nombreuses découvertes archéologiques tendent à prouver que l'actuelle ville haute connut une occupation permanente depuis le paléolithique. Lectoure fut un oppidum protohistorique aquitain, capitale des Lactorates. À la différence de leurs belliqueux voisins, leur chef Piso s'allie d'emblée aux Romains et Lactora devient l'une des douze civitas de la Novempopulanie (Aquitaine antique).
La cité gallo-romaine du Ier siècle abandonna les hauteurs aux seuls temples, pour s'établir dans la plaine du Gers, avec ses thermes, ses zones artisanales (potiers), et une importante nécropole. Par la suite, une nouvelle cité vient s'édifier au IVe siècle sur la première qui avait probablement été détruite au IIIe siècle. On a retrouvé des trésors monétaires, sans doute cachés en hâte à cette période. On édifia alors le rempart dit « romain » qui ceinturait la ville haute et celle-ci retrouva progressivement sa population, mieux défendue des risques d'invasion.

Plus tard, Lectoure est capitale de la Lomagne, puis la ville aux deux seigneurs, l'évêque et le comte d'Armagnac.

[modifier] Le siège de 1473 : Lectoure au centre de la guerre du roi Louis XI contre la Maison d'Armagnac

En 1473 le roi de France Louis XI de France décide d'en finir avec la Maison d'Armagnac et envoie une armée que commandait le cardinal d'Albi assiéger Lectoure.

Un an avant cette expédition, et lorsqu’il eut enfermé La Balue (le célèbre cardinal La Balue) dans une cage de fer, pour empêcher le comte d’ Armagnac de donner la main aux ennemis du Nord et de renouveler comme son grand-oncle les désastres de la Croix Blanche, le roi avait jugé opportun d’abattre la Maison d'Armagnac elle-même.

Dès que la mort du duc de Berry, empoisonné par le moine de Versois, eut rendu la Guyenne à la France, le cardinal, évêque d'Albi, Jouffroy, (Jean (ou Joannes) III Jouffroy, 1412-1473) vint bloquer le comte d’Armagnac dans Lectoure. La place était forte, et, les Gascons se défendant avec courage, le siège pouvait traîner en longueur ; or, chaque jour la présence des troupes françaises semblait plus nécessaire en Roussillon. Dans cette circonstance, Ives Duffou se présenta tout à coup au comte de la part du roi, et lui jura sur l’hostie que, s’il capitulait, il pourrait sortir de la ville avec sa famille et ses hommes, et se retirer où bon lui semblerait.

Celui-ci se fiant à la parole du négociateur, ouvrit les portes, les Français se précipitèrent alors en foule dans la ville, massacrèrent le comte parmi les premiers, devant sa femme, égorgèrent habitants et soldats, pillèrent et brûlèrent tout, et ne laissèrent en vie que la comtesse Jeanne de Foix (fille du comte Gaston de Foix).

Celle-ci, que Jean V avait épousée en 1468 fut dépouillée de ses bijoux et de ses joyaux et fut traînée dans le château de Buzet-sur-Tarn (d’autres disent que cette scène se passa au château de Castelnau) devenu, pour la circonstance, prison d’État), bien qu'elle fût enceinte de sept mois, pour y être enfermée à côté du cadavre de son mari.

Là, sur l'ordre de Louis XI, qui cherchait l'extinction de la Maison d'Armagnac, à la lueur des flammes, aux cris de cette soldatesque ivre de carnage, elle vit entrer le soir dans son cachot le cardinal Jouffroy, évêque d' Albi, qui, ne trouvant pas que les émotions de cette journée fussent suffisantes, donna l’ordre aux apothicaires et aux soldats qui l’accompagnaient de contraindre la comtesse à absorber un breuvage pour détruire, après l’Armagnac mort, celui qui ne vivait pas encore ! Jeanne de Foix avorta d'un enfant mort-né. Cet événement eu lieu en avril 1473. Jeanne de Foix décéda après le 10 février 1476.

Bien longtemps après, en pratiquant des fouilles dans les ruines de l'ancien château de Buzet-sur-Tarn qui avait été incendié pendant la Révolution, un tombeau, soigneusement fermé, fut découvert à l'intérieur et dans le creux d'un mur. Il renfermait les ossements du corps d'un tout petit enfant et le squelette d'une femme presque réduit en cendres : les restes, vraisemblablement, de la comtesse Jeanne de Foix et ceux de son enfant.

Le cardinal marcha ensuite sur Auch, où les chanoines mêmes furent obligés de payer rançon, et il se dirigea enfin vers le Roussillon. Louis XI relève la cité et lui accorde des consuls.

Jacques d' Armagnac, duc de Nemours, comte de Pardiac et de La Marche, vicomte de Carlat et de Murat, fils de Bernard d' Armagnac comte de Pardiac et d'Éleonore de Bourbon duchesse de Nemours, cousin germain au premier degré de Jean V d'Armagnac qui fut assassiné par les troupes françaises de Louis XI à Lectoure le 5 mars 1473, est exécuté en 1477 aux Halles à Paris pour conspiration contre la personne du roi.

Jacques d' Armagnac, duc de Nemours et Jean V d'Armagnac, comte d' Armagnac, tous deux objets de la mortelle vindicte du roi Louis XI de France contre la Maison d'Armagnac étaient deux des trois derniers petits-fils et héritiers mâles de Bernard, comte d'Armagnac, (décédé en 1418 marié en 1393) et de Bonne de Berry (1367-1435).

Le roi de France Louis XI, qui les fit mettre à mort, était leur cousin au quatrième degré, puisqu'il avait Jean II Le Bon, de Valois, roi de France (1319-1364) et Bonne de Luxembourg (1315-1349) comme trisaïeux communs avec Jacques d' Armagnac, duc de Nemours et Jean V d'Armagnac, comte d’Armagnac, ainsi que bien d'autres aïeux.

Le seul rescapé mâle de la Maison d'Armagnac fut, semble-t-il, Charles Ier d'Armagnac qui ne dut sans doute la vie qu'au fait de ne pas avoir de descendants. Charles Ier d'Armagnac était particulièrement incommode et le roi Louis XI le poursuivit de sa vindicte anti-Armagnac en le faisant enfermer treize longues années en prison, de 1472 à 1485 jusqu'au point de détruire sa santé mentale qui fut très affectée par la prison. Ayant cédé son comté à Alain d'Albret, il finit misérablement, aux mains des curateurs. Charles Ier d'Armagnac, comte d'Armagnac, vicomte de Fézensaguet, était né en 1425 et décéda sans postérité le 3 juin 1497 à Castelnau-de-Montmiral, à l'âge de 72 ans. Il s'était marié le 26 novembre 1468 à Castelnau-de-Médoc avec Catherine de Foix-Candale († 1510), fille de Jean de Foix, comte de Benauges et de Kendall, vicomte de Castillon et de Meilles Captal de Buch (1410 - 1485), et de Margaret Kerdeston de La Pole Suffolk (1426-1485).

[modifier] Les guerres de religion

Dans les années 1530 et suivantes, la population de Lectoure se convertit au protestantisme, pour être entièrement huguenote au début des guerres de religion[1]. En 1562, elle est prise par Blaise de Montluc, puis reprise par Henri de Navarre.

[modifier] Révolution et Empire

La maison natale de Jean Lannes, 18, rue Montebello
La maison natale de Jean Lannes, 18, rue Montebello

Républicaine, Lectoure a fourni à la Révolution sept généraux, le plus célèbre étant le maréchal Lannes, duc de Montebello, blessé le 22 mai 1809 à Essling, et mort peu après.

[modifier] Héraldique

Blason : de gueules à deux béliers d’argent, passant l’un au-dessus de l’autre.

[modifier] Administration

Liste des maires successifs
Période Identité Parti Qualité
septembre 1944 mars 1959 Raymond Dieuzaide - -
mars 1959 mars 1965 Robert Lambrey - -
mars 1965 mars 1971 Gilbert Albinet - -
mars 1971 mars 2001 Robert Castaing - -
mars 2001 2008 Gérard Duclos PS
Toutes les données ne sont pas encore connues.

[modifier] jumelages

[modifier] Démographie

Évolution démographique
(Source : INSEE[2])
1962 1968 1975 1982 1990 1999
3908 3950 3790 3923 4034 3933
Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes

[modifier] Économie

  • Important centre de production de melon (le Melon de Lectoure)
  • Ail blanc de Lomagne

[modifier] Monuments et lieux touristiques

L'hôtel de ville
L'hôtel de ville
L'escalier de l'hôtel de ville
L'escalier de l'hôtel de ville
La salle des Illustres
La salle des Illustres
Jean Lannes, maréchal d'Empire
Jean Lannes, maréchal d'Empire
Statue de Jean Lannes par Jean-Pierre Cortot, promenade du Bastion
Statue de Jean Lannes par Jean-Pierre Cortot, promenade du Bastion

Lectoure est labellisée ville d'art et d'histoire.

L’hôtel de ville construit de 1676 à 1682 par l’évêque Hugues de Bar, palais des évêques jusqu'à la Révolution puis demeure du maréchal Lannes et sous-préfecture jusqu’en 1926, abrite une salle des Illustres, galerie à l'italienne où figurent les portraits des Lectourois les plus notables, une pharmacie de jadis reconstituée autour d'une cheminée Renaissance, une salle dédiée au souvenir du maréchal Lannes.
Au sous-sol voûté, le musée Eugène Camoreyt avec les 21 autels tauroboliques (sacrifice de taureaux au sang purificateur), dédiés aux cultes de Cybèle et de Mithra, et trouvés en 1540, pendant les travaux de la reconstruction de la cathédrale (les consuls de l'époque ayant décidé d'en constituer une collection publique, on peut considérer ce musée comme un des plus anciens de France), monnaies et vestiges archéologiques (sarcophage en marbre blanc de l'école d'Aquitaine) de la cité gallo-romaine établie sur la plaine du Gers.

Porte de l'ancienne sénéchaussée
Porte de l'ancienne sénéchaussée
Portail de l'ancienne église des Cordeliers
Portail de l'ancienne église des Cordeliers

Un itinéraire fléché guide vers le jardin des Marronniers, ancien jardin de l'évêché, où un théatre de verdure accueillait régulièrement la troupe de la Comédie française (une plaque rappelle que la tragédienne Madeleine Roch joua ici pour la dernière fois). Il domine une terrasse où se trouve la piscine municipale et offre une vue sur la plaine du Gers vers le sud jusqu'aux Pyrénées. L'itinéraire se poursuit par l'hôtel de ville, le portail des Cordeliers, l’église des Carmes ou du Saint-Esprit du XVIIe siècle, la tour d'Albinhac XIIIe siècle dans la rue principale, l'hôpital du XVIIIe siècle élévé sur l'emplacement du château des comtes d'Armagnac, la rue Barbacane, la tour du Bourreau du XIVe siècle, voisine des remparts ; et nombre de demeures d'Ancien Régime. Au pied des restes de l'ancien château des comtes d'Armagnac, dont il subsiste quelques rares vestiges, se trouvent les allées Montmorency, ainsi nommées selon une légende fermement établie, à défaut d'être confirmée historiquement : en 1632, Henri II de Montmorency, gouverneur du Languedoc, a comploté contre le pouvoir royal de Louis XIII afin de conquérir l'indépendance de sa province. Battu et fait prisonnier à la bataille de Castelnaudary, il aurait été emmené au château de Lectoure. Mais la population était pour lui. Les dames de Lectoure décidèrent de lui donner une occasion de s'évader. Elles firent passer au prisonnier un gâteau, dans lequel était cachée une échelle de soie. Malheureusement, l'échelle était trop courte : le duc chuta et se blessa. Il fut repris, et connut le destin que l'on sait, condamné à mort, il fut décapité dans la cour du Capitole de Toulouse.

La fontaine de Diane, devenue Hountélie en gascon, d’origine romaine, habillée de trois arcades du XIIIe siècle, et qui alimenta au XVIIIe la tannerie d'Ydrone, bel exemple d'architecture industrielle de l'époque, ou travaillaient une centaine d'ouvriers.
La promenade du Bastion offre aussi une vue dégagée vers le sud. On y accède à l'est par un large escalier monumental que surmonte la statue en marbre blanc du maréchal Lannes, par Jean-Pierre Cortot.

Le monument aux morts, inauguré le 11 novembre 1923, qui s'élevait devant la cathédrale Saint-Gervais et qui a été déplacé récemment, est une œuvre du sculpteur Carlo Sarrabezolles, en granit gris de Bretagne, haute de 7,60 m.

[modifier] Édifices religieux

Le clocher, vu de l'est.
Le clocher, vu de l'est.

La cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais occupe l'emplacement d'un temple gallo-romain de Cybèle.
La nef, à l'origine romane et probablement faite pour une série de coupoles, fut rebâtie en 1325 en ogives, puis en 1540, le chœur en style flamboyant.
La tour carrée à cinq niveaux, élevée en 1488 par le maître d'œuvre tourangeau Mathieu Reguaneau, possédait un étage supplémentaire octogonal et une flèche qui en faisaient un des plus hauts clochers de France. Elle fut détruite juste avant la Révolution sur l’ordre du dernier évêque, Monseigneur de Cugnac. Elle aurait, selon la légende locale, attiré la foudre jusqu’à la cave de l’évêché, causant ainsi le bris de milliers de bouteilles épiscopales.
Des retables du XVIIIe, du XVIIIe, et du XIXe siècle ; des portraits d'évêques, des ornements sacerdotaux, un lutrin du XVIIe siècle, 36 stalles, une Assomption de marbre blanc d'origine italienne (XVIIIe s.) constituent l'essentiel du riche mobilier de la cathédrale. Elle conserve aussi les reliques de saint Clair d'Aquitaine, évangélisateur et hypothétique premier évêque de Lectoure, après avoir été celui d'Albi. Il subit le martyre avec ses compagnons au pied des remparts. Un musée d'Art sacré dans l'ancienne sacristie.

L'église paroissiale du Saint-Esprit est le seul vestige de l'ancien couvent des Carmes dont elle constituait la chapelle. Vendue comme bien national à la Révolution, elle fut rendue au culte au XIXe siècle et subit de nombreux remaniements. Elle abrite un beau retable avec une Assomption de l'école espagnole, et plusieurs toiles religieuses qui ne manquent pas d'intérêt.

Le portail gothique assez altéré que l'on peut voir rue Nationale est le seul vestige apparent de l'ancienne église des Cordeliers. Orientée sud-nord, elle présentait un vaste volume où subsistent une grande fenêtre murée à l'Est et des enfeux. Au XIXe siècle, à l'intérieur de la nef, on a construit un solide bâtiment avec des salles voûtées qui était la prison.

L'église Saint-Gény était à l'abandon depuis la Révolution. Des moines français, rattachés à l'Église orthodoxe serbe, en Europe occidentale, ont repris le flambeau. Le monastère avait été fondé au Xe siècle. En 1059 il brûla entièrement et en 1074 les ruines furent confiées à l'abbaye Saint-Pierre de Moissac, puis à Cluny, qui dans une construction nouvelle fonda l'actuelle basilique de Saint-Gény, en activité jusqu'à la Révolution. La réouverture s'est faite à Noël 2000, en présence de Monseigneur Luka Kovasevic. On peut y voir le sarcophage et le reliquaire du saint ermite et de ses compagnons martyrs au IVe siècle. Le monastère a un musée d'icônes.

[modifier] Personnalités liées à la commune

[modifier] Sports

Club de rugby à XV l'Union Sportive Lectouroise évoluant dans le Championnat de France de 3e division fédérale saison 2006-2007

[modifier] Sources

  • Histoire de Lectoure, sous la direction de Maurice Bordes et Georges Courtès, Lectoure, 1972.
  • Sites et monuments du Lectourois, sous la direction de Maurice Bordes, Lectoure, 1974.
  • Deux siècles d'Histoire de Lectoure (1780-1980), Syndicat d'initiative, Lectoure, 1981.

[modifier] Voir aussi


Étape précédente
Miradoux
Pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle

Via Podiensis
Étape suivante
La Romieu

[modifier] Liens externes



[modifier] Notes

  1. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 27274207858), p 245
  2. Lectoure sur le site de l'Insee