Pey de Garros

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pierre de Garros, en gascon Pey de Garros (ou Pèir de Garròs), est un poète et un juriste français, d'expression principalement gasconne. Il est né entre 1525 et 1530 à Leitora Lectoure (Gers), mort à Pau entre 1581 et 1583.

Sommaire

[modifier] Sa vie

Pey de Garros, né dans une famille installée depuis très longtemps à Lectoure (son père Bernard de Garros était banquier), suit les cours du collège de cette ville, puis fait des études de droit à Toulouse. En 1560, il adopte la religion protestante. En 1567, il est conseiller à la cour et siège présidial de la sénéchaussée d'Armagnac. En 1572, après la prise et l'occupation de Lectoure par Blaise de Montluc, commandant le parti catholique, Garros s'installe à Pau, où il est avocat à la cour souveraine de Béarn. Malgré des retours dans sa ville natale, c'est à Pau qu'il meurt, à une date indéterminée (1581 - 1583)ascon

Son frère cadet Jean, ou Joan de Garros, né vers le milieu du XVIe siècle, mort après 1616, a lui aussi suivi une carrière de notable (conseiller du sénéchal d'Armagnac en 1576, consul de Lectoure en 1616), et a écrit des vers gascons, dont une Pastourade gascoue (pastorale gasconne) sur la mort d'Henri IV.

[modifier] Son œuvre

Pey de Garros, à côté de ses occupations juridiques, se consacre à la poésie. En 1557, un Chant royal écrit en français lui vaut une violette aux Jeux floraux de Toulouse. Mais l'essentiel de son œuvre est contenu dans deux livres : Les Psaumes de David, viratz en rythme gascoun (les Psaumes de David, traduits en vers gascons), dédiés à la reine de Navarre (1565). Et Poesias gasconas (poésies gasconnes), dédiées à Henri de Navarre (1567).

Les Poesias sont composées de quatre parties : Vers eroics (vers héroïques), Eglogas (églogues), Epistolas (épîtres), Cant nobiau (chant nuptial). Pey de Garros, chronologiquement le premier poète de ce qu'on a appelé la Renaissance gasconne, bien avant Saluste du Bartas, Arnaud de Salette, Guillaume Ader, Jean-Géraud d'Astros (pour ne citer que les plus connus), a composé là le premier monument du gascon écrit, où se côtoient des registres variés et une grande invention.

[modifier] Extraits

O praube liatga abusat,
Digne d'èste depaïsat,
Qui lèisha per ingratitud
La lenga de la noiritud,
Per, quan tot seré plan condat,
Aprene un lengatge hardat...
(Ô pauvre génération abusée / Digne d'être chassée du pays, / Qui laisses par ingratitude / la langue de ta nourrice / Pour apprendre, tout compte fait, un langage fardé...)

(Troisième Épître)


Sus ! Anatz, hilhas de Laitora,
La nòvia qui ven arculhir,
Tornatz, gojatas, de bon'ora,
Qui la juncada vatz culir ;
Portatz pleas descas
De verduras frescas,
E quan tornaratz,
Man a man juntadas,
Gaias, enflocadas,
Ua cançon diratz.
(Sus ! Allez, filles de Lectoure, / Accueillir l'épousée qui vient ; / Revenez, filles, de bonne heure, / Qui allez cueillir la jonchée, / Portez de pleins paniers / De verdures fraîches, / Et puis, de retour, / La main dans la main, / Gaies, de fleurs parées, / Chantez vos chansons.)

(Cant Nobiau)

[modifier] Sources

Pierre Bec, Le Siècle d'or de la Poésie gasconne, 1997, Paris, Les Belles Lettres. ISBN 2-251-49006-X.

Autres langues