Hyacinthe Rigaud

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Hyacinthe Rigaud, né à Perpignan le 18 juillet 1659 et mort à Paris le 29 décembre 1743, est un peintre français, spécialisé dans le portrait.

Hyacinthe Rigaud

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Nom de naissance Rigau
Naissance 18 juillet 1659
Perpignan
Décès 29 décembre 1743
Paris
Nationalité France France
Activité(s) Peintre
Maître Paul Pezet (présumé)
Henri Verdier
Antoine Ranc (présumé)
Rembrandt
Élèves Jean Ranc
Jean Legros
Charles Sévin de La Pennaye, notamment
Mouvement artistique Baroque
Influencé par Antoine Van Dyck
Pierre Paul Rubens
Récompenses Prix de Rome 1682
Illustration : Autoportrait de Hyacinthe Rigaud - 1692. Gravure d'Edelinck
Détail. Collection privée.

Sommaire

[modifier] Quelques mots

On a longtemps glosé sur Rigaud, sur cet enfant de Catalogne, nouvellement acquise par Louis XIV. Rigau (de son nom de baptême), n'est encore qu'un enfant. Et puis, le portrait est un genre qui commence à faire fureur et qui, à notre époque aussi, suscite une frénésie d'achat dans les ventes publiques. François De Troy, Jean-Marc Nattier, Maurice Quentin de La Tour et bien évidemment Nicolas de Largillière ont même les honneurs d'une exposition. Des rétrospectives sur des portraitistes quasi-exclusifs. Vous pensez ! Que diraient Poussin, Chardin, Boucher et les autres, rois du Grand Genre ? Pourquoi pas Rigaud ? Trop froid aux yeux de certains, trop hiératique, trop hautain... pas assez humain ? C'est trop peu d'arguments pour un homme qui mit toute sa clientèle à genoux et dont la richesse finit par en faire l'un des plus grands portraitistes français des XVIIe et XVIIIe siècles.

Attribuer également à Rigaud toute tête emperruquée dans un décor de draperies est de nos jours trop facile. Des travaux pionniers de Colomer sur sa généalogie, ceux inachevés mais inestimables du professeur Gallenkamp jusqu'à la redécouverte récente de son inventaire après décès (hélas non encore publié) de Mme James-Sarazin permettent désormais au grand public de mieux connaître le style de Rigaud. Poussons alors ses portes...


[modifier] Perpignan

[modifier] L'ascendance

« Vui als vint de juliol mil sis cents cinquante nou, jo Joseph Morat domer [hebdomadier] de Sant Joan de Perpigna, fai fe com he batejat segon rito de santa mare Iglesia a Jyacintho, Francisco, Honorat, Matias, Pere, Martir, Andreu, Joan, fill de Matias Rigau sastre y de Maria, conjuges. Foren padrins Musur Andreu Langlet y la Señora Roza Cazals »…

C’est ainsi que le jeune « Jyacintho Rigau », encore honoré de son nom catalan, met un pied dans le Grand Siècle, tenu sur les fonds baptismaux de l’antique cathédrale Saint-Jean de Perpignan, le 20 juillet 1659. Né deux jours plus tôt, rue de la Porte d’Assaut, il n’appartenait pas encore au royaume de France puisque le Roussillon et la Cerdagne n’y seront annexés que le 7 novembre suivant, par le célèbre traité des Pyrénées. Ce dernier mettait un terme aux combats qui opposaient depuis 1635 la France aux Habsbourg d'Espagne et instituait l’union de Louis XIV à l’infante d’Espagne Marie-Thérèse en guise de lien. Par un curieux sort, ce jeune garçon qui voit le jour à l’ombre des austères murailles de la cathédrale, allait devenir quelques quarante ans plus tard l’instrument complaisant du roi de France en livrant de lui un portrait extraordinaire en tous points.

Jusqu’ici peu d’éléments nouveaux avaient pu être mis à jour sur la jeunesse de Hyacinthe Rigaud, dont le patronyme francisé prendra rapidement un « d ». Son père, Matias, tailleur d’habits (sastre en catalan) sur la paroisse Saint-Jean de Perpignan, mais « aussi peintre » (si l’on en croit l’acte de mariage du frère de Hyacinthe), descendait d’une lignée d’artistes bien implantés dans le bassin perpignanais pour avoir été employés à la décorations que divers tabernacles et autres panneaux à usage ecclésiastiques, dont de trop rares traces sont parvenus jusqu’à nous (Palau-del-Vidre, Perpignan, Montalba, Joch…). Ainsi, le grand-père de notre futur portraitiste, au prénom homonyme, et plus encore le père de ce dernier, Honorat minor, officièrent entre 1570 et 1630 ; probablement autant comme doreurs que comme peintres[1]puisqu’on retrouve dans leurs ateliers « moltas estampas y alguns llibres tocants a la art de pintura y altres cosettes, com son pinzeils y coquilles de pintar ». Jacinto Rigau major, le grand-père, faisait quant à lui, partie, avant le 22 novembre 1630, de la corporation des orfèvres de Perpignan avec lesquels les peintres et doreurs étaient réunis au sein du collège Saint-Eloi depuis 1560. Collègue de Joan Antoni Marti, Guillem Andreu, Thomas Blat et Jaume Fuster, il participa alors à l’établissement des statuts et procès-verbaux du collège Saint-Luc de la cité catalane[2].

Maria Serra par Rigaud - v.1695. Collection privée
Maria Serra par Rigaud - v.1695. Collection privée

Dès 1647, le père de Hyacinthe, Matias Rigau, s’était unit à Thérèse Faget, fille d’un menuisier. Rapidement veuf, il décida de convoler à nouveau en justes noces avec Maria Serra dès le 20 décembre 1655, fille d’un marchand filassier de Perpignan (pentiner en catalan). En 1665, on sait qu’il acquiert une maison « en lo carrer de las casas cremades » (actuelle rue de l’Incendie, près de la cathédrale) et qu’il perçoit les revenus de deux hectares de vignes du territoire de Bompas. Par son second mariage, il possède également une maison sur la Place de l’Huile, mais qu’il revend rapidement.

[modifier] Prémices d’une formation.

Afin de justifier les formidables dons du futur portraitiste de Louis XIV, on a souvent supposé que le jeune homme avait été mis très tôt en apprentissage chez l’une des figures emblématiques de la peinture catalane à cette époque : Antoine I Guerra (1634-1705). Julien Lugan, qui a récemment consacré une belle rétrospective à cette artiste[3] n’a cependant pas confirmé cette tradition qui ne repose sur aucun témoignage d’archives. La qualité toute relative des œuvres de cet artiste ne permettent pas d’y trouver les clés d’un apprentissage. Tout juste son fils, Antoine Guerra Le jeune (1666-1711), reprendra-t-il à son compte les formules picturales fixées plus tard par Rigaud mais avec moins de virtuosité et plus de sécheresse, comme dans le portrait du colonel Albert Manuel récemment acquis par le musée Rigaud de Perpignan. D’ailleurs, l’inventaire après décès du jeune Guerra, conservé aux archives départementales, n’arrive pas à attester des liens qu’il aurait pu avoir avec le portraitiste. Tout juste y trouve-t-on : « un portret du sieur Rang de montpellier en ovalle [probablement Antoine Ranc car Jean était déjà établi à Paris] » et « deux portrets sur papier l’un du sieur Rigaud peintre et l’autre de damoiselle Rigaud avec leurs quadres dorés » : la question se pose de savoir si il s'agit de Hyacinthe ou de Gaspard, et la « demoiselle Rigaud » est difficilement identifiable.

A la mort de son père, en 1671, « Jyacintho Rigau » est par contre confié aux bons soins du doreur carcassonnais Pierre Chypolt, dont est conservé aux archives départementales des Pyrénées Orientales le contrat d’apprentissage passé avec Maria Serra. Cette découverte faite par Mr. Lugan explique ainsi la grande connaissance de ce métier bien spécifique, dont le futur Rigaud témoignera à plusieurs reprises, notamment dans sa correspondance avec le marquis aixois Gaspard de Gueydan, au cours des années 1720-30.

Si l’anecdote selon laquelle Rigaud aurait été le protégé d’un hypothétique Comte de Ros dont il aurait prit la particule « Rigaud y Ros » est écartée car considérée comme farfelue, l’Abrégé de la vie du peintre, rédigé en 1716 par l’un de ses amis intimes, probablement l’académicien honoraire Henry Van Hulst, afin de contenter le souhait du Grand Duc Cosme III de Médicis est une référence plus fiable. Dans ce témoignage direct, non exempt d’approximations, aucune formation picturale n’est mentionnée avant son départ, dans les années 1675, pour Montpellier. Avant cela, le métier de son père forma probablement l’œil du jeune Hyacinthe à la science des drapés, des agencements et des couleurs. S’il est difficile d’attribuer à Rigaud des œuvres de jeunesse, catalanes principalement, nul doute que certains tabernacles ou autres peintures murales pourront, avec le temps, lui revenir. Daniel Gronströn, sujet du roi de suède et l’un de ses représentants à Paris, n’écrira-t-il pas en 1693 à Nicodème Tessin le jeune, architecte des Bâtiments du roi Charles VI à ce sujet : « [Rigaud] dit qu’il est très capable de peindre des plafonds, des tribunes, etc. Il en a peu faits » ?

[modifier] Les clés d’une descendance

Portrait de la famille Lafita (détail) - Paris, musée du Louvre
Portrait de la famille Lafita (détail) - Paris, musée du Louvre
Détail du maître autel de l'église de Collioure
Détail du maître autel de l'église de Collioure

De toutes récentes recherches généalogiques permettent de faire le point sur sa descendance familiale. Grâce à une entraide généreuse, de récentes recherches généalogiques[4] ont pu lever certains voiles sur la descendance indirecte du grand peintre ; laquelle se perpétue encore de nos jours.

La sœur de Hyacinthe Rigaud n’eut pas d’enfant, malgré son mariage, en 1710, avec Elisabeth de Gouy. Il reporta donc toute son affection sur ses neveux et nièces. Du mariage entre Maria Serra et Matias Rigau naquirent en effet trois enfants : Hyacinthe, Gaspard et Claire. On retrouvera la progéniture de ces deux derniers et leurs descendants dans la succession de Rigaud, en 1744, partiellement matérialisé par l’inventaire après décès de l’artiste, récemment retrouvé par Mme James-Sarazin:

La cadette, Claire Marie Madeleine Géronime, naît en 1663. C’est en 1679 qu’elle épouse Jean Lafita (mort en 1737), conseiller du roi et bailli royal de Perpignan. Elle semble être assez tôt disparue car le premier testament de Rigaud du 30 mai 1707 la mentionne comme « défuntte damoiselle Claire Rigaud sa sœur ». Elle mettra néanmoins au monde trois filles dont les dates de naissance ne sont pas encore connues :

L’aînée, Marie, épousera en septembre 1703 François Conill, marchand droguiste de Perpignan. C’est elle que l’on aperçoit dans le magnifique triple portrait dit de la famille Lafitte, peint en 1695 par Rigaud, et actuellement conservé au Louvre car légué au roi par l’artiste. Si François Conill semble s’être remarié après le décès probable de Marie vers 1715, les trois garçons qu’il eut de sa première femme firent l’objet d’attentions de la part de notre peintre, soit 3000 livres à partager entre eux. Le premier,prénommé François comme son père, reprendra son commerce et demeurait, en 1745, rue des Cordeliers à Perpignan, paroisse Saint-Mathieu. Le premier rejeton qu’il eut de son union avec une demoiselle Viola, Hyacinthe Mathias Antoine Philippe, né le 28 octobre 1743, bénéficiera également d’un legs de 1000 livres selon le second Codicille établi le 27 décembre de la même année, par son arrière grand-oncle, alors alité et prêt à mourir. Son second fils, Joseph François, émigrera outre-Atlantique, sur l’île de Saint-Domingue où il épouse, le 24 octobre 1782, Marie Louise Desvarieux, fille de Jean-Baptiste et de Marie Louise Ladoux. François Xavier Léger était le second, et avait déjà reçu en 1742 « audela du tiers qui devoit luy apartenir dans les trois mil livres que ledit sieur testateur avoit légués par sondit testament auxd trois enfants Conill ». Capitaine de milice, on le retrouve marié, le 26 novembre 1744 à Croix-des-Bouquets (île de Saint-Domingue) avec une veuve, Marie-Anne Caradeuc (née le 8 novembre 1713), fille de Jean-Baptiste (1667-1718), seigneur de la Montagne, habitant sucrier à Saint-Domingue, et de Anne Villeroy. Marie-Anne ajouta aux quatre enfants de son premier mariage, un cinquième issu de Xavier Conill. Le dernier enfin, prénommé une fois de plus Hyacinthe, nouveau filleul du portraitiste, embrassera une carrière militaire comme sergent au Régiment Royal Artillerie, bataillon de Pombeck, compagnie de Figeac.

La seconde fille de Claire Rigaud-Lafitta, prénommée comme son oncle et parrain, Hyacinta, s’unira en 1715 au sieur Nicolas Lanquina (souvent orthographié Lenquine), marchand puis receveur des fermes et Gabelles du Roy en la ville de Collioure. Ils vivaient encore tous deux en 1744 à Collioure, « rüe qui va de la place de l’Eglise Parroissialle de notre Dame des Anges ».

La troisième enfin, Thérèse, épouse en 1726, Joseph Antoine Xaupi, qui succèdera à son beau-père dans la charge de bailli royal de Perpignan. Dès 1738, elle est mentionnée comme veuve et vivait encore en 1744, rue du marché au Blé, paroisse Notre-Dame-de-la-Real à Perpignan.

la mer sur la côte de Collioure
la mer sur la côte de Collioure

Thérèse Xaupi et sa sœur Hyacinthe Lanquina seront les deux légataires universelles pour un tiers des biens de Rigaud (l’autre tiers revenant à l’épouse du peintre Jean Ranc), recevant notamment la majeur partie de l’argenterie du peintre, et le fruit de la vente des meubles, « deniers comptants, bijoux, titres, papiers, et autres effets de la succession ».

Portrait d'un homme par Gaspard Rigaud - 1696 - Collection privée
Portrait d'un homme par Gaspard Rigaud - 1696 - Collection privée

Gaspard Rigaud, né le 1er juin 1661, suivra les pas de son frêre aîné. Placé dès le 18 janvier 1674 en apprentissage chez le cordier Pau Casellas, fumista perpiniani, on perd sa trace jusqu’à son établissement à Paris, où il se marie, le 27 février 1692, avec Marguerite Caillot, fille d'un épicier de la rue Montmartre et ce, en présence d'un « maître à danser de Madame la Dauphine », de deux capitaines des Dragons, d'un docteur en médecine et d'un conseiller du Roi. Sur son contrat de mariage, passé devant maître Jules Malingre, on sait qu’il résidait alors rue de Petits-Champs, paroisse Saint-Eustache, probablement avec son frère qui s’y trouvait.

Désormais établi rue Montmartre avec son épouse, il officie comme portraitiste de la petite bourgeoisie parisienne en imitant fortement le style de son frère. Ce n’est qu’en 1695 que les livres de comptes, scrupuleusement tenus par les collaborateurs de Hyacinthe Rigaud, attestent de la présence de Gaspard aux côtés de son aîné. Le 30 juillet 1701, il se présente aux portes de l’Académie royale de peinture et de sculpture pour y être agréé et reçoit commande des portraits de « Mrs Raon et Coypel fils » pour sa réception. Malheureusement, il n’aura pas le temps de réaliser son souhait puisqu’il meurt le 28 mars 1705.

On retrouvera ses enfants dans les neuf testaments que Hyacinthe Rigaud rédigera au cours de sa vie et, bien entendu, dans son inventaire après décès de 1744. Nous n’avons pas pu retrouver de portrait de Gaspard Rigaud bien que l’Inventaire après décès de Hyacinthe mentionne clairement une effigie du cadet (fol. 48, n°361), léguée finalement à l’épouse de Jean Ranc.

[modifier] La Carrière

[modifier] Une formation languedocienne

Portrait de Sébastien Bourdon d'après Rigaud - Gravure de Laurent Cars
Portrait de Sébastien Bourdon d'après Rigaud - Gravure de Laurent Cars

La plupart des témoignages anciens, y compris les biographies que l’on prête à Rigaud lui-même, parlent donc de l’envoi du jeune artiste à Montpellier dès 1671, suite au décès de son père. Malgré la présence d’un fort corporatisme à Perpignan, Hyacinthe, revenant de son apprentissage carcassonnais, semble déjà avoir développé des talents suffisamment éloquents pour se dispenser d’intégrer l’Académie de Saint-Luc où officiait son grand-père :

« « […] sa mère ne voulant point s’opposer à l’inclinaison qu’il sembloit avoir héritée de ses parents, l’envoya à l’âge de 14 ans à Montpellier, pour y étudier sous Pezet & Verdier, peintres assez médiocres : quelques personnes assurent qu’il travailla aussi chez Ranc le pere, dont les portraits approchoient de ceux de Van Dyck. Quatre années furent employées dans cette étude »… »

Ainsi s’exprime, dès 1745, Antoine Dezallier d’Argenville dans son Abrégé de la vie des plus fameux peintres, reprenant en réalité les propos de la biographie dictée par Rigaud lui-même en 1716.

Bien que le contrat d’apprentissage de Rigaud n’ait pas été retrouvé, il est probable que, mineur, il se trouve placé chez Paul Pezet en accord avec les règles de l’époque en usage en Roussillon : « […] l’élève est logé et nourri chez le maître, bien que les frais de nourriture restent parfois aux frais de la famille. Durant sa formation, l’élève a interdiction de travailler dans un autre atelier de peinture des comtés de Roussillon et de Cerdagne, et doit rendre les jours où il est malade ou absent[5] ». Quant à la formation, elle sera dispensée de la meilleur façon possible : « [le maître] sera tingut y obligat com de present se obliga en ensenyar al dit [l’apprenti] lo dita art de pintar fi y de la millora manera sabra y lo dit sabra apendrer » ; cela selon des termes empruntés aux statuts de l’Académie de Saint-Luc de Perpignan établis en 1630

Si Pezet (dont on ne connaît à ce jour qu’une Piéta attestée à Mont-Louis) ne semble pas avoir développé de talents suffisants pour former le style du jeune apprenti, sa collection de tableaux de maîtres flamands initie probablement l’œil de Hyacinthe. De là, dit-on, tient-il sa formidable connaissance de la peinture de Van Dyck, Rubens mais aussi de Bourdon. Figure emblématique Montpelliéraine et du XVIIe siècle français, Sébastien Bourdon, compte parmi les artistes privilégiés de la première collection de Rigaud en 1703 (« Etat des tableaux que j’ay des grands Maîtres ») et reviendra en force dans l’inventaire après décès établi en 1744. Hyacinthe, possédant d’ailleurs un autoportrait de Bourdon qu’il lègue en 1734 à l’Académie Royale après y avoir rajouté un drapé (Versailles, musée national du château), confectionnera en 1730, un magnifique dessin correspondant pour aider le graveur Laurent Cars dans sa réception à la dite Académie trois ans plus tard.

Autoportrait de Rigaud dit au « manteau bleu » - 1696 - collection privée
Autoportrait de Rigaud dit au « manteau bleu » - 1696 - collection privée

Il faut rappeler que la sphère artistique montpelliéraine est alors très active. Ainsi, Jans Zueil (actif entre 1647 à 1658), dit « le français » quoique originaire de Bruxelles et grand imitateur du style de Rubens et de Van Dyck, amena-t-il à Montpellier la connaissance des techniques picturales nordiques. Marié à la sœur du peintre montpelliérain Samuel Boissière (1620-1703), il est surtout connu pour ses démêlés avec justement… Sébastien Bourdon ! Mais Zueil est surtout un proche d’Antoine Ranc « le Vieux » (1634-1716), « plus professeur que peintre » et fortement attaché aux commandes protocolaires de la cité languedocienne. Si le passage de Hyacinthe dans l’atelier de Ranc n’est pas formellement prouvé, la récente réapparition d’un autoportrait de Rigaud dit « au manteau bleu », par contre, tend à prouver les liens d’amitié qui les liait. En effet, au dos, apparaît une signature autographe qui semble être davantage destinée à Ranc « le père » plutôt qu’à son fils, Jean, qui travaillera sous les ordres de Rigaud à Paris, épousera l’une de ses nièces et fera carrière à Madrid comme nous l’avons vu : « portrait de Rigaud / peint par lui meme / pour son amy Ranc / en 1696. » A cette date, justement, Jean Ranc fait ses premières armes auprès d’un Rigaud déjà bien établi à Paris. Enfin, on connaît un portrait présumé d’Antoine Ranc par notre catalan (Narbonne, musée des Beaux-arts), qui peut également accréditer la formation initiale dans l’atelier du montpelliérain.

Au départ de Hyacinthe Rigaud pour Lyon, quatre ans après son arrivée à Montpellier, Ranc se serait écrié : « Jamais je ne saisirai comme vous la nature avec tant de précision, jamais je ne la développerai avec tant d’adresse. Vous avez été mon écolier, vous serez mon maître ; souvenez-vous de cette prophétie ! » Si l’on peut, de bonne grâce, prêter foi à cette citation de Nanteuil tirée des Petites Affiches de 1776 (mais somme toute fantaisiste), on sera plus critique envers un possible apprentissage de Rigaud auprès d’Henri Verdier (1655-1721). Ce dernier, autre élève du vieux Ranc, est davantage un collègue du jeune Hyacinthe.

Si l’on ignore encore la date précise à laquelle Verdier s’installe à Lyon, on sait qu’il y officie comme maître de métier de la communauté des peintres de en 1683 puis en 1687. Le 12 février 1693, le Consulat le nomme aux fonctions de peintre ordinaire de la ville de Lyon. Démissionnaire le 6 novembre 1721, il est cependant amené à exécuter de nombreux portraits (certains connus par la gravure), comme Rigaud. Il est donc aisé d’imaginer Rigaud et Verdier, partant de concert tenter leur chance dans la capitale des Gaules, en cette année 1675.

[modifier] Le passage a lyon

Portrait d'homme inconnu
Portrait d'homme inconnu
Portrait de Jean De brunnec - gravure de Cornelis Martinus Vermeulen en 1689 d'après Rigaud
Portrait de Jean De brunnec - gravure de Cornelis Martinus Vermeulen en 1689 d'après Rigaud

Là encore, peu d’éléments d’archives (voire aucun) n’ont pu lever le voile sur l’activité de Rigaud à Lyon. On sait que par tradition, les artistes montpelliérains ont de tout temps développé d’étroits liens avec cette capitale, à l’exemple de Samuel Boissière qui fut formé à Lyon justement. De plus, l’identité des futurs modèles peints par Rigaud prouve qu’il fut activement au service des marchands drapiers, dont l’activité florissante a depuis longtemps offert à la ville de juteux revenus. Son père, Matias, n’était-il pas tailleur ?

Les premiers modèles attestés par les livres de comptes du peintre privilégient, là encore, des modèles lyonnais. Même s’ils n’ont été portés aux registres qu’à partir de 1681 (date de l’installation de Rigaud à Paris), il est probable que ces portraits dits « de jeunesse », doivent être antidatés comme celui de ce jeune homme encore inconnu, celui d’Antoine Domergue, conseiller du roi, receveur des décimes et contrôleur général provincial en la généralité de Lyon (1686) ou de « Mr Sarazin de Lion », membre de la célèbre dynastie des médecins de l'Hôtel-Dieu (1685). Mais plus encore, le portrait de Jean de Brunenc (peint en 1687), marchand de soie, banquier et consul de Lyon, réunira tous les ingrédients qui feront, plus tard, le succès de Rigaud.

Dans sa très érudite thèse sur les graveurs Drevet, originaires de Lyon, Mme Gilberte Levallois-Clavel a récemment éclairé une partie des relations privilégiées qui ont lié Rigaud et Pierre Drevet ; amitié matérialisée dans les années 1700 par la production d’un splendide portrait du graveur par notre catalan dans lequel il s'est lui-même représenté !

En 1681, lorsque Rigaud décide de « monter » à Paris pour y faire ses armes, il a déjà bien établi sa réputation auprès d’une clientèle locale, étendue à la Suisse et surtout à Aix-en-Provence. Il achève de se laisser convaincre par Drevet qui, lui aussi, est attiré par les lumières parisiennes.

[modifier] Des débuts glorieux

[modifier] L'arrivée à Paris

Louis XIV (Louvre)
Louis XIV (Louvre)

« Hyacinthe Rigaud vint à Paris en 1681, dans la vue de s’y perfectionner en voyant les ouvrages des excellents peintres qui composaient la célèbre Académie que le roi Louis XIV y avait établie au commencement de son règne. En 1682, il gagna le premier prix de peinture ; le sujet du tableau qu’il composa était le bâtissement de la ville d’Enoch. Comme il est de règle que les Etudiants qui ont l’honneur de remporter le Prix, soit de Peinture, soit de Sculpture, aillent à Rome, en qualité de Pensionnaires, à l’Académie que le Roy y entretient, l’illustre M. Le Brun, Premier Peintre du Roy, ayant vu plusieurs portraits de ce jeune peintre et les trouvant au-dessus de son âge, lui conseilla de s’y appliquer entièrement. Le conseil d’un si grand Maître lui fit prendre le parti de renoncer au voyage d’Italie […] ».

Cet extrait de la Correspondance des Directeurs de l’Académie de France à Rome daté du 5 septembre 1682, résume à lui seul les débuts du jeune artiste à Paris. Etabli sur la paroisse Saint-Eustache, rue Neuve-des-Petits-Champs[6], au sein d’un quartier privilégié gorgé d’artistes, peintres, doreurs, graveurs ou musiciens, éditeurs, facteurs et ébénistes, Rigaud s’active et vise immédiatement l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture. Passage obligé pour tout peintre prétendant à la reconnaissance et, surtout, nécessaire accréditation pour pouvoir exercer le métier en toute légalité, l’Académie allait bientôt ouvrir ses portes au catalan. Mais avant cela, Hyacinthe se présente à l’obtention du prix de Rome qui, encore aujourd’hui, permet, à l’issu du grand prix, de partir étudier à Rome les maîtres italiens et se former ainsi aux techniques les plus difficiles. Dès le 4 avril 1682, Rigaud doit travailler « en présence des Officiers en exercice, [à] un dessein sur un sujet […] donné sur le champ »[7].

Ce « bâtiment de la ville de Hénoc, fils d’Adam », assez rare dans l’histoire des prix de Rome avait été traité l’année précédente par Raymond Lafage dont Rigaud fit sans doute la connaissance lors de son passage à Lyon. En effet, après son voyage en Italie (1679-1680), Lafage revint en France, à Aix-en-Provence, où un futur modèle du catalan, le conseiller au parlement de Provence Jean-Baptiste Boyer d’Eguilles, lui commande une série de douze dessins sur des sujets mythologiques.

Le zèle et les talents déjà affirmés du futur portraitiste décident alors l’assemblée de l’Académie, le 5 septembre, de juger que « Jacinte Rigaut » a mérité le premier prix en Peinture. Recevant ce dernier cinq jours plus tard des mains du ministre de Louis XIV, Jean-Baptiste Colbert, il semble donc que Hyacinthe ait déjà tissé quelques liens avec le premier peintre du Roi, Charles Le Brun, à qui l’on doit notamment une grande partie des décors de Versailles et dont la renommée n’est plus à faire.

Charles Le Brun, premier peintre du roi, dont rien ne prouve cependant que Rigaud ait suivi les cours mais qui admire déjà les productions du jeune catalan, le dissuade spontanément de faire le voyage initiatique romain que son prix lui offrait, afin de se consacrer au portrait, genre plus plus lucratif que la peinture d'histoire, davantage honorifique. Rigaud pressent alors le succès et se jette alors dans le marché qu'il va rapidement révolutionner. Ses clients, artistes et bourgeois fortunés apprécient immédiatement la vérité du rendu des traits que l'artiste propose, sorte de « photographie instantanée » des visages, jusqu'ici trop souvent idéalisés. A cette ressemblance confondante, Rigaud allie rapidement une science des textures et des couleurs, à tel point que nombreux seront ceux qui avoueront devoir toucher la toile pour se rendre compte que les soieries et autres drapés n'étaient pas réels mais simplement peints !

« La vérité brillait dans tout ce qu'il faisait [...]. Rigaud savait donner à ses portraits une si parfaite ressemblance, que du plus loin qu'on les apercevait, on entrait pour ainsi dire en conversation avec les personnes qu'ils représentaient » nous avouera plus tard d'Argenville, l'un des clients du peintre.

Velours, satins, taffetas, dentelles, perruques et surtout les mains... tout semblait admirable, au point que nombreux furent ses contemporains à le glorifier :

« Rigaud non moins savant en l'art des draperies, / Des habits qu'à ton choix du peins et tu varies, / On se trompe à l'étoffe, et l'on croît que Gautier / Te la fournit brillante au sortir du métier » s'extasiait l'abbé de Villard...

[modifier] Le Van Dyck français

« Rigaud pouvoit être nommé le peintre de la nature, il ne peignoit rien que d’après elle : sans la copier servilement & telle qu’elle se présentoit à lui ; il en faisoit un choix exquis : étoffes, habillemens, jusqu’à une épée, un livre, tout étoit devant ses yeux, & la vérité brilloit dans tout ce qu’il faisoit. […] Les draperies qu’il sçavoit varier de cent manières différentes, & faire paroître d’une seule pièce par l’ingénieuse liaison des plis, faisoient sa principale étude. S’il peignoit du velours, du satin, du taffetas, des fourrures, des dentelles, on y portoit la main pour se détromper ; les perruques, les cheveux si difficiles à peindre, n’étoient qu’un jeu pour lui ; les mains surtout dans ses tableaux sont divines ».

Quelle apologie plus parfaite peut-on trouver dans le récit de Dezallier d’Argenville ? En cette fin du XVIIe siècle, l’engouement pour le portrait domestique entamant son essor, Rigaud sent déjà la tendance et semble persuadé que son expérience lyonnaise et son étude des textures héritée de l’atelier de son père feront merveille auprès d’un public avide de nouveautés. Il souhaite donc dépasser la traditionnelle représentation parfois figée d’un modèle, pour imiter la fougue et l’élégance des portraits flamands et anglais d’Antoine Van Dyck qu’il admirait au plus haut point et dont il copia longtemps les œuvres. D’ailleurs, les grandes effigies que Rigaud compose en ce début de carrière attestent de ce goût nouveau en France.

« Douce fierté des cœurs, grâce noble des choses,
Qui brillent dans les yeux, les velours et les bois ;
Beau langage élevé du maintien et des poses
Héréditaire orgueil des femmes et des rois !

Tu triomphes, Van Dyck, prince des gestes calmes,
Dans tous les êtres beaux qui vont bientôt mourir,
Dans toute belle main qui sait encor s'ouvrir...
Sans s'en douter, qu'importe, elle te tend les palmes ! »

Les Princes Palatins par Van Dyck
Les Princes Palatins par Van Dyck

A ces vers de louange à Van Dyck d’un Marcel Proust passionné[8], peut-on répondre par ceux, certes moins heureux, du poète et musicien Travenot[9] :

« Fameux dispensateur de l’immortalité,
Qui ne reconnoîtroit dans ta docte peinture,
Et le rival de la Nature,
Et l’amant de la Vérité ?

Que de Héros sembent renaître !
Est-ce l’image ou la réalité ?
Disposes-tu de la vie & de l’être ?
Ou, nouveau Prométhée, oses-tu dans les cieux
Dérober ce feu précieux,
Qui dans tes mains prompt à paroître,
Tel qu’il anima l’homme, anime tes portraits ? »

Quel plus bel exemple de l’admiration vouée par Rigaud à Van Dyck que la copie qu’il réalisa très vite du Portrait des princes palatins Charles Louis 1er électeur (1617-1680) et son frère Rupert (1619-1682), neuveux de Charles I[10], peint par le flamand en 1637 et acheté en 1672 par Louis XIV au banquier Everhard Jabach pour les collections royales ?

[modifier] Les premières commandes

Alors qu’il n’est qu’agréé par l’Académie le 5 août 1684, Rigaud reçoit le 26 du même mois la commande officielle de ses deux morceaux de réception ; à savoir les portraits du conseiller honoraire Henri de La Chapelle-Bessé (mort en 1693) et celui du sculpteur Martin van den Bogaert, dit « Desjardins » à remettre dans les six mois. Comme nombre de ses collègues, le catalan, déjà surchargé de travail, ne tient pas les délais. S’il prend prétexte de la difficulté d’obtenir de La Chapelle un nombre de poses convenable, la mort de ce dernier lui permet d’alléger son travail et de se consacrer à l’effigie de Desjardins, fameux auteur de la décoration du dôme des Invalides et de nombreux hôtels parisiens. Mais c’est accompagné d’un de ses ouvrages les plus emblématiques que Rigaud choisit de représenter : le monument commémorant la paix de Nimègue qui fut érigé place des Victoires à Paris et pour lequel Desjardins sculpta de splendides bas-reliefs et quatre spectaculaires captifs de bronze destinés au piédestal du monument (actuellement au musée du Louvre). Témoin de la « sincère amitié qui étoit entre eux » selon Rigaud lui-même, ce tableau ne sera que le premier d’une série de trois vastes compositions dites « historiées », rejointes également par le portrait de l’épouse de Desjardins, Marie Cadenne (Caen, musée des beaux-arts) et de celui présumé de leur fils, Jacques Desjardins, contrôleur des bâtiments du Roi à Marly (Versailles, musée national du château).

Parallèlement, Rigaud se consacre au simple particulier. Si l’on a encore du mal à identifier de manière fiable les premiers clients de l’artiste, certains, plus connus se pressent à sa porte. A la suite du graveur originaire d’Orléans, Charles Simonneau (1645-1728) « l’aîné » en 1681, le cousin de la marquise de Sévigné, le marquis Emmanuel-Philippe de Coulanges, débourse 33 livres (somme encore modeste) pour un simple buste l’année suivante, rapidement suivit par l’évêque d’Avranches, Pierre-Daniel Huet. Mais c’est surtout les membres d’une célèbre famille de parlementaires qui constituent les plus prestigieux modèles de ces premières années. Les Molé, originaire de Troyes, forment l’une des plus célèbres maisons de la noblesse parlementaire, héritière d’un prospère commerce de draps depuis le milieu de XVe siècle. Fixée à Paris au XVIe siècle, agrégée à la noblesse par charges parlementaires depuis 1537, elle doit surtout son élévation à Mathieu Molé, 1er président pendant la Fronde, puis garde des sceaux. Elle a donné sept présidents au parlement de Paris, un évêque au XVIIIe siècle, un premier ministre sous la monarchie de juillet, s’est alliée aux Cossé-Brissac, aux Nicolaÿ, aux Lamoignon, s’est éteinte dans la maison de Noailles mais est restée surtout de robe. En cette année 1682, Rigaud peint donc le portrait de Jean Molé (mort subitement le 6 août 1682), seigneur de Lassy et de Champlatreux, président à mortier au parlement de Paris contre 44 livres. Nouvelle inflation la même année pour celui de sa belle-fille, Louise Bétauld de Chemault (1658-1709), en échange de 88 livres… L’année suivante, le fils de Jean, Louis Molé (1638-1709), succédant à son père au Parlement, doit débourser quant à lui 100 livres. Conseillers du roi, magistrats et échevins les plus divers, souvent originaires de Normandie, de Bourgogne ou de Savoie visitent Rigaud lors de leur passage à Paris pour quelque affaire, preuve de la renommé grandissante du peintre.

Employant déjà deux aides avec lui en 1692, l’artiste « proffesse cet art avec beaucoup de succès » si l’on en croit un procès verbal des gardes et jurés de la communauté des maistres peintres et sculpteurs de Paris[11]. Ces derniers se plaignent en effet de « l’illégalité » dans laquelle Rigaud officiait alors sans avoir régularisé sa situation à l’Académie et « remontrent très humblement à Votre Majesté que […] le nombre extraordinaire de personnes qui professent la peinture dans Paris sans aucune qualité et le préjudice considérable que cet art en pouvoit souffrir a obligé les supliants à poursuivre l’exécution du règlement (par lequel tous ceux qui se qualifiroient peintres et sculpteurs du Roy seroient tenus de s’unir et incorporer incessamment au corps de l’Académie Roialle) ». Qu’importe, Rigaud n’en a cure et s’il ne répond « que par des hauteurs et des airs de fierté insuportables », il est déjà certain de son talent.

Preuve en est cette petite anecdote au sujet de l’un de ses tableaux de jeunesse :

C’est grâce aux récits d’Henri van Hulst et de Dezallier d’Argenville que nous pouvons supposer la production du portrait du joaillier Matheron. Le second rapporte l’anecdote ainsi : « Quelques portraits commencerent sa réputation ; son premier morceau fut le portrait d'un nommé Materon, joaillier, qu'il fit au premier coup dans le goût de VanDyck. Ce portrait passa successivement au fils et au petit-fils du joailier. Ce dernier, voulant s'assurer s'il était de Rigaud, le fit porter chez lui. Sur le nom de Materon, Rigaud reconnu son ouvrage : La tête, dit-il, pourraît être de Van Dyck, mais la draperie n'est pas digne de Rigaud, et je la veux repeindre gratuitement […] ». Huslt fait sans doute référence à l’édition de d’Argenville lorsqu’il tente de corriger « le trait du portrait de Materon qu’on trouve placé dans une vie imprimée de Rigaud, quoique d’une façon un peu défigurée […] ». En gage de sa bonne foi, il précise : « En restituant ce trait dans toute sa simplicité, tel que je le tiens de M. Rigaud même, cette indication n’en recevra que plus d’éclat. »

Si l’on suit le second, Materon fils était persuadé que le portrait de son grand-père avait été fait par Van Dyck et c’est ainsi qu’il le présenta au catalan : « Rigaud crut d’abord qu’il le vouloit plaisanter, et lui dit : J’en suis bien aise. L’autre, d’un air sérieux, reprit : Quoi ! Monsieur, il me semble que vous ne le croyez pas de Van Dyck ! Non répliqua Rigaud, car il est de moi, et même je ne suis pas trop content de l’habillement, et y veux retoucher pour le mettre plus d’accord avec la tête qu’il ne l’est ». Prosper Dorbec (s’inspirant sans doute en 1905 de d’Argenville et de Hulst) confirme l’existence de ce tableau : « En 1732, le peintre était réapparu avec un des plus beaux morceaux que, paraît-il, on eût pu voir, une grande figuration d’un sieur Matheron, joaillier, qu’il avait peinte quarante-neuf ans auparavant et qui devait lui être une de ses productions préférés » [12].

Mais l’année 1695 se profile et Rigaud ressent alors le besoin de retourner en Roussillon…

[modifier] La clientèle

Les livres de comptes de l'artiste, tenus scrupuleusement tout au long que dura son fameux atelier réunissant autant d'artistes de renom tels Joseph Parrocel, son frère Gaspard ou Blin de Fontenay, spécialisés dans les scènes de batailles ou les fleurs, attestent de son immense production et ce, jusqu'au crépuscule de sa vie. Inlassablement et victime de son succès, Rigaud répond à la demande sans cesse croissante.

Dès le début de son établissement, Hyacinthe Rigaud voit passer dans son atelier, bientôt fixé place des Victoires à Paris, une multitude de clients, du simple marchand de poisson au noble le plus en vue. Il peint également plusieurs hautes figures du monde de l'art tels les sculpteurs Desjardins (un ami de longue date dont il livrera trois portraits successifs), Girardon, Coysevox, les peintres Joseph Parrocel (deux effigies), La Fosse, Mignard, les architectes De Cotte, Hardouin-Mansart, Gabriel... Les poètes ne sont pas en reste avec notamment La Fontaine ou Boileau. Les prélats se bousculent également. Le cardinal de Fleury sollicitera par deux fois Rigaud, Bossuet également, les archevêques et évêques les plus influents se battront et débourseront des sommes folles.

Portrait de Léonard de Lamet, curé de Saint-Eustache à Paris. Toile peinte en 1695 et gravée ici par Pierre Drevet
Portrait de Léonard de Lamet, curé de Saint-Eustache à Paris. Toile peinte en 1695 et gravée ici par Pierre Drevet

Mais c'est la production, en 1688 du portrait (perdu) de Monsieur, frère du roi, qui ouvrira à Rigaud les portes de la cour. Tout l'entourage du duc d'Orléans se précipite alors avant que Louis XIV lui-même, intrigué, ne commande son premier portrait officiel de la main du catalan, dans les années 1694. Viendront le futur Régent, alors duc de Chartres, sa mère, la princesse Palatine, le Grand Dauphin, fils du roi, le duc de Bourgogne, son frère, le futur roi d'Espagne... Mais c'est principalement en 1701, alors qu'il est sollicité une fois de plus par Louis XIV que Rigaud atteint le sommet de sa gloire. Le portrait qu'il réalise achève de faire de lui, le portraitiste le plus courtisé d'Europe. Tous les ministres, presque sans exception, se ruent dans son atelier : le cardinal Dubois, les comtes de Pontchartrain, la plupart des membres de la famille Colbert, les Noailles...

Lorsque Louis XIV décède, en 1715, Rigaud fixe les traits du nouveau monarque, et en livrera deux autres portraits, en 1721 et en 1735, tous plus fastueux les uns que les autres. Ambassadeurs, princes allemands, anglais, suédois, italiens ouvrent leurs bourses pour égaler l'opulence française, à tel point qu'aucun coin reculé d'Europe ne pouvait désormais ignorer le nom de Rigaud.

Lorsqu'un portrait était jugé trop cher à reproduire, on commandait aux graveurs des interprétations tout aussi splendides. Les Drevet notamment, père et fils se firent une gloire de porter le nom de Rigaud outre-Rhin.

Le catalogue complet de l'œuvre du maître figure à la vérité un instantané parfait de toute la société européenne de son époque. Aucune classe sociale ne sembla lui échapper.

[modifier] La reconnaissance officielle

Saint-André - 1700
Saint-André - 1700

Fort de son travail inlassable, Hyacinthe Rigaud accéda également à l'Académie royale de peinture et de sculpture, passage obligé pour pouvoir vivre officiellement de son art. Ceci ne se fit pas sans heurts. On le rappela plusieurs fois à l'ordre, on dépêcha chez lui des huissiers afin qu'il rende ses morceaux de réception et qu'il régularise un état de fait. Agréé par l'institution dès 1685, il devait réaliser les portraits de Desjardins et du conseiller honoraire La Chapelle-Bessé. En 1700, après moults retards, Rigaud offre finalement la première effigie, mais en double exemplaire, le second modèle étant décédé depuis longtemps. On en retient un pour le faire peintre de portraits et on accepte son Saint-André pour le domaine de l'histoire, le 2 janvier de la même année. Avec deux Crucifixions (musée Rigaud de Perpignan), une Nativité (modello au musée des Beaux-arts de Rennes) et une splendide Présentation au Temple (musée du Louvre), l'artiste prouvait au monde qu'il pouvait tenir tête aux plus grands. Il expose ensuite au seul Salon auquel il participa, celui de 1704, en tant qu'adjoint à professeur et remplit avec peu d'assiduité ses fonctions de professeur cette fois (27 septembre 1710) puis de recteur (21 novembre 1733) avant de démissionner en 1735, surchargé de travail et sans doute déjà souffrant.

[modifier] L'homme

Bègue[13], mais plaisant et de bonne compagnie, Hyacinthe Rigaud nous a laissé près de cinq autoportrait officiels. Il était homme de goût, extrêmement pieux (voire même hanté par l'idée de son salut), collectionneur et habile homme d'affaire. Il avait peu d'ennemi et même son grand « rival », Largillierre, était en réalité un véritable ami, partageant souvent avec lui les mêmes modèles. Rigaud épousa en 1710 Elisabeth de Gouy, une jeune veuve avec un enfant d'un huissier au Grand Conseil, avec qui il n'eut pas de descendance. C'est sans doute pour cela qu'il fut soucieux, tout au long des neuf testaments rédigés au cours de sa vie, de prévoir le partage de sa succession entre ses nombreux neuveux et nièces, issus de son frère ou de sa jeune sœur, Claire Marie Madeleine Géronime, épouse d'un bailli royal de Perpignan. D'ailleurs, en 1695, l'artiste avait refait le voyage en Roussillon afin de recevoir de sa ville natale des lettres de noblesse, confirmées plus tard par Louis XV et auréolées par l'obtention de la croix de l'Ordre de Saint-Michel en 1727... C'est en 1695 justement qu'il profita de son séjour pour peindre sa sœur (ci-contre) mais aussi et surtout sa mère : « Pour marquer à sa mère sa reconnaissance filiale des obligations qu’il lui avait pour tous les soins qu’elle avait pris de son éducation, sa piété et sa tendresse pour elle le déterminèrent, à la fin de 1695, de quitter toutes ses occupations pour faire le voyage en Roussillon, et lui rendre chez elle ce qu’il lui devait. Une de ses principales vues, en faisant ce voyage, était de la peindre et remporter avec lui l’image de celle qui lui avait donné le jour. Son dessein était de faire exécuter ce portrait en marbre, c’est pourquoi il la peignit en trois différentes vues : une de face, l’autre de profil, et la troisième à trois quart, afin que M. Coysevox, son ami, un des plus habiles sculpteurs de France, qui devait faire en marbre ce portrait, eût plus de facilité à le perfectionner. Cet ouvrage fait l’ornement le plus précieux du cabinet de ce fils reconnaissant, et doit y rester jusqu’au temps qu’il a destiné de le consacrer à l’Académie de peinture ; et ne s’étant pas voulu tenir à cette seule marque d’amour pour elle, il l’a fait graver ensuite par le sieur Drevet, un des plus habiles graveurs au burin de ce temps, afin de multiplier et de reproduire en quelque façon à la postérité celle qui l’a mis au monde. »

Portrait de Maria Serra (1695) - Gravure de Drevet
Portrait de Maria Serra (1695) - Gravure de Drevet

Ce récit, extrait d'une propre biographie écrite par Rigaud en 1716 à l'initiative de son ami Henri Van Hulst, atteste aussi bien de ses liens avec le sculpteur que de son attachement maternel. Dans son premier testament daté du 30 mai 1707, l'artiste prévoit déjà que le marbre splendide soit légué au Grand Dauphin (il sera par la suite légué à l'Académie d'où sa présence au Louvre) et le portrait figurant les deux profils de Maria Serra (orthographe légitimement catalan), donné au fils aîné de son frère Gaspard : Hyacinthe.

« Ledit sieur testateur supplie Monseigneur le Dauphin de trouver bon qu’il luy présente le buste de marbre blanc de damoiselle Marie Serre, sa mère, fait par M. Coisvox avec la quaisne ou le scabellon sur lequel il sera trouvé au jour du décès dudit sieur testateur qui espère de la bonté de Monseigneur qu’il accordera à ce buste une place dans la galerie de son château de Meudon, ou dans celle de Versailles. Ledit sieur testateur désirant inspirer le même respect et la vénération qu’il porte à lad. Damoiselle Marie serre sa Mère à Hyacinthe Rigaud son neveu, il luy donne, lègue et substitue le portrait de lad. Damoiselle sa mère en trois faces à la charge qu’il le conservera religieusement.[14]. » En réalité, Rigaud peindra un second tableau (portant à trois les attitudes présentées à Coysevox) ; ovale désormais conservé en collection privée, copié par Géricault (musée de Dijon) et objet de la belle gravure de Drevet.

[modifier] Éloge posthume

Portrait de Hyacinthe Collin de Vermont par Alexander Roslin
Portrait de Hyacinthe Collin de Vermont par Alexander Roslin

À sa mort, la majeure partie de son fonds de dessins, estampes et tableaux revint à l'un de ses filleuls, le peintre Collin de Vermont, qui fit, en 1760, un éloge particulièrement remarquable de son parrain :

« Monsieur Rigaud était un de ces hommes rares que le ciel faît naître pour servir de guide et de modèle aux artistes ; il reçut en naissant un tempérament assés fort pour soutenir les fatigues d’une longue et constante étude de la nature, qu’il se fit toute sa vie une loi inviolable d’imiter ; mais s’il a scu la rendre parfaitement, ce n’a pas été en la copiant servilement dans ses ouvrages et telle quelle se présente souvent, mais par un choix exquis qu’il en a fait ; il connaissait la grande distance qu’il y a du beau à l’excellent ; on l’a vu plus d’une fois effacer les choses qui lui avaient coûté plusieurs jours de travail et qui plaisaient aux plus habiles, pour se contenter lui-même et parvenir à cet excellent qu’il s’était proposé ; un génie supérieur né pour la peinture du premier ordre, comme Raphaël, Titien, Rubens, Vandick et les autres. Monsieur Rigaud s’était destiné pour l’histoire et il y serait sans doute parvenu au plus haut degré ; il est aisé d’en juger par le progrès rapide qu’il fit dans ses études à l’Académie Royale ; il en reporta tous les prix avec beaucoup de distinction par un tableau du crucifiement, que j’ai entre les mains, sur lequel il fut reçu comme historien, quoi qu’il ne soit qu’à moitié composé ; et surtout par le précieux tableau de la présentation qu’il a terminé vers la fin de sa vie ; mais le talent et la grande réputation qu’il eut dès sa jeunesse par la parfaite et belle ressemblance dans les portraits, augmentant tous les jours dans Paris, il fut bientôt surchargé d’occupations et fut obligé d’abandonner l’histoire, sans avoir pu la reprendre que pour faire par intervalle le dernier tableau dont je viens de parler. Il prit pour son modèle dans le portrait le fameux Vandick dont le beau pinceau le charma toujours et dans les premiers qu’il a faits on y voit cette belle exécution et cette fraîcheur de carnation, qui ne viennent que d’un pinceau libre et facile ; il s’attacha dans la suite à finir soigneusement tout ce qu’il peignait ; mais son travail ne sent pas la peine et, quoiqu’il tourne tout avec amour, on y voit toujours une belle façon de peindre et une manière aisée ; il a joint à l’aimable naïveté et à la belle simplicité de Vandick une noblesse dans ses attitudes et un contraste gracieux qui lui ont été particuliers. Il a pour ainsi dire amplifié et étendu les draperies de ce célèbre peintre et répandu dans ses compositions cette grandeur et cette magnificence qui caractérisent la majesté des rois et la dignité des grands dont il a été le peintre par prédilection ; personne n’a poussé plus loin que lui l’imitation de la nature dans la couleur locale et la touche des étoffes, particulièrement des velours ; personne n’a su jeter les draperies plus noblement et d’un plus beau choix. Il a trouvé le premier l’art de les faire paraître d’un morceau par la liaison des plis, ayant remarqué même dans les grands maîtres des draperies qui semblaient de plusieurs parties par ce défaut de liaison que la gravure fait mieux sentir que le tableau, parce qu’elle est dénuée de couleur. Il était l’ennemi de cette simplicité pauvre et mesquine qui n’est point celle de Vandick et jusques aux moindres choses il les ennoblissait et leur donnait de la grâce. Il a porté au plus haut degré cette partie si considérable dans les tableaux où si peu de peintres excellent et où les connaisseurs fixent d’abord leur attention, je veux dire les mains qu’il a peintes d’une beauté et d’une correction parfaites. Ses ouvrages ont cela de remarquable qu’ils plaisent également de loin comme de près, parce que le beau fini n’en ôte pas l’effet. Si dans quelqu’uns de ses derniers portraits on ne trouve pas toute la fermeté dans le pinceau et la vérité des teintes dans les carnations qu’on a toujours vu dans ses autres ouvrages, c’est qu’à la fin les yeux s’affaiblissaient ; eh ! quel est le peintre à quatre vingt et tant d’années qui se soit plus maintenu dans la correction et la pureté du dessin ? Pour les draperies, l’expérience et les réflexions continuelles les lui ont fait composer encore plus savamment et d’un plus grand goût que les premiers et j’ose avancer que dans cette partie de la Peinture (j’entens par rapport aux portraits) il a surpassé tous ceux qui l’ont précédé. On voit qu’il se plaignait dans ses ouvrages ; comme il avait l’âme grande et les sentiments élevés, et que toute sa personne et ses manières avaient un air de distinction, de même ses tableaux portent un caractère de noblesse qui leur est propre. Un mérite si extraordinaire a fait sans contredit de Monsieur Rigaud un des plus grands peintres que nous ayons eu et ses qualités personnelles l’ont fait chérir de toutes les honnêtes gens. Il avait le cœur admirable, il était époux tendre, ami sincère, utile, essentiel, d’une générosité peu commune, d’une piété exemplaire, d’une conversation agréable et instructive ; il gagnait à être connu et, plus on le pratiquait, plus on trouvait son commerce agréable ; enfin, un homme qui avait su joindre à un si haut degré de perfection dans son art une probité si reconnue, méritait bien pendant sa vie les distinctions et les honneurs dont la Cour et toute l’Europe l’ont comblé et, après sa mort, les regrets de toutes les personnes vertueuses et la vénération que les artistes auront toujours pour sa mémoire. »

[modifier] Personnages peints par Rigaud

[modifier] Galerie

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[modifier] Notes

  1. Voir à ce sujet la très érudite thèse de Julien Lugan, Peintres et doreurs en Roussillon aux XVIIe et XVIIIe siècles (Canet, éditions Trabucaire, 2006).
  2. Lugan, op. cit. p. 248.
  3. Guerra, la peinture baroque en pays catalan aux XVIIe et XVIIIe siècles. Catalogue de l’exposition Guerra, Perpignan, palais des rois de Majorque, 2006.
  4. [1]
  5. Voir Julien Lugan, Être peintre en Roussillon à l’époque moderne (1650-1730) : état de la question, thèse de doctorat inédite en Histoire de l’art, Université Toulouse II Le Mirail.
  6. « Pour les Portraits Messieurs de Troyes, Rigault et Fouché rue Neuve des Petits Champs, l’Argilliere rue sainte Avoye, le Febvre Isle Notre Dame, le Febvre le jeune rue de Richelieu, Vignon, rue saint André des Arcs, etc… » nous dit Abraham du Pradel dans son Livre commode des adresses de Paris (tome II, Paris, 1692, réédition de 1878, p. 95)
  7. Montaiglon (Anatole de), « Procès-verbaux de l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture (1648-1793) publiés par Anatole de Montaiglon d’après les registres originaux conservés à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris », Société de l’Histoire de l’art français, Paris, J. Baur, 1875-1892, II, p. 219-220
  8. Pastiches & mélanges, Gallimard, 1919
  9. Mercure de France - février 1741
  10. Copie mentionnée dans l’inventaire de la collection du catalan dressé en 1703, dans son testament de 1735 et lors de la vente Collin de Vermont le 14 novembre 1761 (p. 7, n°37). En 1688, Rigaud peindra également le portrait de Jabach (château de Bussy-Rabutin), préparé par quatre esquisses connues (Cologne, Tournai, Mulhouse et Pesaro) et un dessin (Berlin)
  11. « Mémoire contre Rigaud et autres peintres privilégiés » - 10 septembre 1693, Paris, Bibliothèque Nationale, réserve des imprimés, collection Morel de Thoisy, t. 72, f°331 & 361
  12. « L’exposition de la Jeunesse au XVIIIe siècle », Gazette des Beaux-arts, XXXIII (1905)
  13. L'ambassadeur Prior le surnommait en 1698 « ce bègue coquin de Rygault ». Quant à la princesse Palatine, dans une de ses lettres françaises de 1713, elle avoue : « Il y a un peintre ici, Rigo, qui bégaye si terriblement qu’il lui faut un quart d’heure pour chaque mot. Il chante dans la perfection et en chantant, il ne begaye pas le moins du monde ».
  14. Voir Mémoires inédits des membres de l'Académie…, 1854, II, p. 117.

[modifier] Bibliographie

Ecrits majeurs et ouvrages publiés (non exhaustif et ne comprend pas les conférences)

  • BILLIOUD (J.), « Les Collections d’art : les portraits dans une famille provençale, les Gueidans », Arts et Livre de Provence, n°29, Marseille, 1955-1956, p. 117-127.
  • BOCCARDO (P.), DI FABBIO (P.), SENECHAL (P.), Genova e la Francia, Opere, artisti, committenti, collezionisti, Cinisello Balsamo, 2003.
  • BREME (D.) & LE CIEUX (L.), « Hyacinthe Rigaud dessinateur », dans L'Estampille. L'Objet d'art, numéro spécial, 2000.
  • BRIERE (G.), « Notes sur les tableaux de Largillierre commandés pour l’Hôtel-de-Ville de Paris », B.S.H.A.F., 1920, p. 215-219.
  • CAPEILLE (ABBE J.), Dictionnaire de biographies Roussillonnaises, 1914.
  • Catalogue de la Vente des tableaux, desseins, estampes et bosses provenant du cabinet de M. Collin de Vermont, peintre ordinaire du Roi & adjoint à recteur de son académie royale de peinture & de sculpture. Dans lesquels sont compris des tableaux, desseins & estampes de M. Rigaud, peintre du Roi […], Paris, 14 novembre 1761.
  • CAYEUX (J. DE), « Rigaud et Largillierre, peintres de mains » dans Etudes d’art publiées par le musée national des Beaux-Arts d’Alger, 6, 1951.
  • CHABEUF (H.), « Sur un Rigaud du Musée de Dijon », dans Mémoires de l’Académie des Sciences de Dijon, 1911.
  • CHENNEVIERES-POINTEL (P. DE), DUSSIEUX (L. E.), MANTZ (P.), MONTAIGLON (A.), SOULIE (E.), Mémoires inédits sur la vie et les ouvrages des membres de l’Académie royale de peinture et de sculpture, publiés d’après les manuscrits conservés à l’école impériale des beaux-arts, Paris, Dumoulin, II, 1854.
  • COLLIN DE VERMONT (H.), Essay sur la vie et les ouvrages de Monsieur Rigaud par Monsieur Collin de Vermont, peintre ordinaire du Roy et professeur en son Académie Royale de Peinture, publié après la mort de Rigaud, Paris, Bibliothèque nationale de France, Cabinet des Estampes, collection Deloynes T. LXII, 1980 ; publié dans le Mercure de France, nov. 1744, 2° vol.
  • COLOMER (C.), « La famille et le milieu social du peintre Rigaud », dans Connaissance du Roussillon, Perpignan, 1973. Ouvrage essentiel et le premier à traiter de la vie sociale de Rigaud.
  • CORP (E. T.), « James FitzJames, 1st Duke of Berwick : A new identification for a portrait by Hyacinthe Rigaud », Apollo, CXLL, n°400, juin 1995.
  • CROUCHANDEU, Catalogue raisonné des objets d'art et d'archéologie du Musée de Perpignan, Perpignan, 1884.
  • DEJEAN (X.), « Sur 3 Hyacinthe illuminés un jour de pluie », Bulletin des Amis du Musée Rigaud, n° 11, mars 1992, p. 10-15.
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  • DEZALLIER D'ARGENVILLE (A. J.), Abrégé de la vie des plus fameux peintres, avec leurs portraits gravés en taille-douce, les indications de leurs principaux ouvrages, Quelques réflexions sur leurs Caractères, et la manière de connoître les dessins des grands maîtres, Paris, De Bure, 1745. La base des témoignages sur les artistes de l'Ancien Régime.
  • DUMONT-WILDEN (L.)/2, « Largillierre et Rigaud, disciples de Van Dyck », La Belgique Artistique et Littéraire, vol. XIV, n°42, 1909, p. 297-307.
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