Guillaume Dubois

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Dubois.
Guillaume, cardinal Dubois.Gravure de Pierre et Pierre Imbert Drevet d'après Hyacinthe Rigaud (1724).
Guillaume, cardinal Dubois.
Gravure de Pierre et Pierre Imbert Drevet d'après Hyacinthe Rigaud (1724).

Guillaume, cardinal Dubois, appelé plus souvent l'abbé Dubois, puis le cardinal Dubois, né le 6 septembre 1656 à Brive-la-Gaillarde et mort le 10 août 1723 à Versailles, est un homme politique français qui fut principal ministre de l'État sous la Régence de Philippe d'Orléans.

Sommaire

[modifier] Biographie

Très mal connue, en l'absence d'archives substantielles, la jeunesse du cardinal Dubois a fait l'objet d'innombrables anecdotes généralement malveillantes. Né à Brive-la-Gaillarde (Limousin), le jeune Guillaume était selon ses ennemis le fils d'un apothicaire. Issu d'un milieu de robins et d'édiles, son père est en réalité docteur en médecine. Eduqué par les frères de la Doctrine Chrétienne, il reçoit la tonsure à l'âge de treize ans. Avec Fleury et plus tard Bernis, il appartient à cette « lignée occitane de grands prélats semi-libéraux » (Emmanuel Le Roy Ladurie), typique du Midi des Lumières (philosophie). En 1672, il obtient une bourse et part, sans doute par la protection de Jean, marquis de Pompadour et lieutenant-général du Limousin, pour le collège Saint-Michel, aujourd'hui disparu, mais dont il reste quelques vestiges rue de Bièvre.

Il est vite remarqué par l'abbé Antoine Faure, à la tête de l'établissement, qui obtient pour son compatriote le poste envié de précepteur du jeune Philippe, duc de Chartres, futur duc d'Orléans. Aujourd'hui au musée Carnavalet, un portrait en pied, sans doute apocryphe, le montre au côté de son élève. Sous son influence, le jeune duc épouse, au grand contentement de Louis XIV, Françoise-Marie de Bourbon, dite Mademoiselle de Blois, fille naturelle du roi et de Madame de Montespan. Dubois obtient alors l'abbaye de Saint Just en Picardie. En 1698, membre de la maison d'Orléans au même titre que l'abbé de Saint-Pierre, Dubois effectue une mission diplomatique en Angleterre. Il y découvre une nation capitaliste et libérale en plein essor, visite Oxford, rencontre les exilés français tels Saint-Évremond et noue sans doute d'utiles relations dans l'entourage de la Cour de Saint-James. De retour au Palais Royal, Dubois devient dans l'entourage des Orléans un spécialiste de la diplomatie secrète. Il y croise l'abbé de Saint-Pierre, théoricien de la paix universelle.

Le début de la Régence en 1715 marque le début d'un bref mais flamboyant apogée dans la carrière de Dubois. Devenu conseiller du régent, il exerce une influence croissante. Il oriente la France vers l'alliance britannique, aidé en cela des renseignements de sa maîtresse en titre, Madame de Tencin, qui, par son fameux salon littéraire et politique, était au fait des dessous de cartes de la politique anglaise. Les Orléans et les Hanovre devant faire face à de vives oppositions intérieures, il s'efforce de maintenir la paix. Face aux projets du Cardinal Alberoni en Espagne, il négocie la Triple Alliance (1717) avec George Ier. En 1719, une guerre limitée contre l'Espagne force Philippe V à renvoyer Alberoni. Il obtient ensuite l'archevêché de Cambrai puis, après l'élection d'Innocent XIII en 1721, le cardinalat. Son ascension est parachevée par l'obtention du poste de principal ministre, que Mazarin avait été le dernier à obtenir, l'entrée à l'Académie française puis la présidence de l'assemblée du clergé. Durant son bref ministère, il tente de relancer l'économie par la réduction des droits, de rétablir la situation des finances après les errements du système de Law et ralentit la persécution des protestants.

Doté de sept abbayes, il amasse une honnête fortune (dix millions de livres) et tente de promouvoir sa famille. On lui prête une vie dissipée. Il meurt en 1723, suivi de près par le duc d'Orléans.

[modifier] Bibliographie

  • Saint-Simon, Mémoires : une source essentielle mais postérieure et très hostile à Dubois.
  • Antoine Mongez, Vie privée du cardinal Dubois (1789) : mémoires apocryphes d'un de ses secrétaires.
  • Charles-Louis de Sevelinges, Mémoires secrets et Correspondance inédite du cardinal Dubois (1814-17) : également apocryphes.
  • Comte de Seilhac, L'abbé Dubois (1862)
  • Louis Wiesener, Le Régent, l’abbé Dubois et les Anglais (1891)
  • Guillaume Lagane, L'Abbé Dubois : diplomate et premier ministre, DEA Paris I, 2000.
  • Guy Chaussinand Nogaret, Le Cardinal Dubois : une certaine idée de l'Europe (2001)
  • Voir aussi en ligne : http://perso.orange.fr/eliedufaure1824-1865/Lecardinal.htm

[modifier] Iconographie

  • Hyacinthe Rigaud, Portrait du cardinal Dubois, aujourd'hui conservé au Cleveland Museum of Art (États-Unis). Voir Ann Tzeutschler Lurie, « Rigaud's Portrait of Cardinal Dubois » in The Burlington Magazine, Vol. 116, No. 860 (Nov., 1974), pp. 667-669

[modifier] Filmographie


Précédé par
André Dacier
Fauteuil 28 de l’Académie française
1722-1723
Suivi par
Charles-Jean-François Hénault