Histoire de la Savoie

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Histoire de la Savoie

Antiquité

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Époque contemporaine

Voir aussi

Chronologie de la Savoie


Définir le territoire de la Savoie revient à suivre, à l'aide d'une carte topographique, les lignes de crêtes qui définissent les bassins versants des sommets des Alpes au Léman et son déversoir rhodanien, voire sur les versants est du massif de la Chartreuse. En son sein, sur le même principe, les six grandes vallées intra-alpines délimitent ce qui deviendra les six provinces historiques de la Savoie, la Savoie Propre, la Maurienne, la Tarentaise, le Chablais français, le Genevois, et le Faucigny. L’histoire de la Savoie se limite donc souvent à ces six provinces historiques intégrées aux deux collectivités françaises que sont la Savoie et la Haute-Savoie, parfois elle accompagne ses souverains dans une histoire universelle.

L'Histoire de la Savoie se confond avec celle de ses maîtres issus de la Maison de Savoie, apparue dès le XIe siècle, avec Humbert aux Blanches Mains, premier Comte, en Maurienne. Limitée à cette vallée, la future Maison de Savoie s'accroît politiquement et territorialement au fur et à mesure des alliances et des combats. Elle obtient en 1416 le titre ducal avec Amédée VIII de Savoie, légitimant au niveau européen le rôle géostratégique de son territoire qui valait à ses souverains le surnom de Portiers des Alpes.

Regardant de plus en plus « par-delà les monts », la Maison de Savoie délaisse la Savoie au profit de sa politique italienne, la faisant passer de berceau de la famille à l'une des composantes des États de Savoie. Annexée pour les uns, rattachée pour les autres, la Savoie par le traité de Turin de 1860 rejoint la France. Province pauvre au début XIXe siècle, elle connaît un développement grâce aux deux révolutions de l'or blanc, avec l'exploitation de la houille blanche au XIXe et le développement touristique en lien avec le ski à partir du début du XXe siècle, qui stopperont l'hémorragie migratoire. Parallèlement, se développe, dans cette seconde moitié du XXe siècle, des mouvements identitaires revendiquants une spécificité culturelle, voire parfois l'obtention de la souveraineté.

Sommaire

[modifier] Préhistoire

Dates importantes
  • -11 000 Première pésence humaine en Savoie
  • -5 000 Communautés sédentaires s'installent

Le recul des glaciations sur les territoires alpins datent entre 13 000 et 7 000 ans avant notre ère, d'où une occupation tardive dans la région. Les premières fouilles archéologiques du XIXe siècle ont mis à jours plusieurs sites ou gisements attestants la présence humaine en Savoie (Magdalénien, puis Azélien). Les premiers nomades sont principalement présents dans l'avant-pays (environ 600 m d'altitude), Saint-Thibaud-de-Couz, les grottes de Saint-Christophe-la-Grotte, en Chartreuse, et les abris sous roche de La Balme-de-Thuy, en Genevois, datant entre -11 000 et -5 000 [1].

Au néolithique (entre -5 000 et - 2 500), des communautés sédentaires s'installent dans ces contrées, notamment des villages lacustres sur les lac du Léman, d'Annecy, du Bourget ou encore d'Aiguebelette. Les conditions étant plus favorable, les hommes colonisent aussi les plus hautes altitudes comme l'atteste la découverte d'un vase à Bozel (800 m) en 1909, daté du néolithique moyen[1]. D'autres traces attestent d'une occupation de plus en plus élevée avec la présence de pierres à cupules dans les vallées de Tarentaise ou de Maurienne, ainsi que des nécropoles. Ainsi à Lanslevillard (en Maurienne), les fouilles ont mis à jours des nécropoles au lieu-dit l’Adroit, datées de La Tène, de même que des traces de cupules à plus de 2 000[2], de même qu'en Tarentaise, sur la commune de Saint-Martin-de-Belleville, au hameau Villarenger, la Pierre aux Chouettes[3]. Au col du Petit-Saint-Bernard (2 188 m), on peut aussi observer une quarentaine de menhirs.

[modifier] Protohistoire

Dates importantes
  • -700 Présence des Ligures dans le Beaufortain
  • -400 Premières migrations celtes en savoie

Les premières migrations celtes ne colonisent la Savoie qu'à partir du Ve siècle avant J.-C.. Parmi ces peuples, ce sont les Allobroges qui occupent quasiment l'ensemble des plaines préalpines et notamment les environs de Genève, de Lémenc (à proximité de Chambéry). Plus à l'intérieur des terres, dans les vallées intra-alpines, on trouve les Ceutrons en Tarentaise et en Faucigny, ainsi que les Médulles et les Graiocèles dans la haute-vallée de l'Arc[4]. D'après certaines sources, des Ligures seraient eux aussi présents dés le VIIIe siècle avant J.-C. dans le Beaufortain et la haute-vallée de l'Isère[5]. "Premier portiers des Alpes, Médulles et Ceutrons contrôlent le trafice de fer, d'ambre, de cuivre organisé à travers les grands cols alpestres."[6] et ce jusqu'à la romanisation.

[modifier] Antiquité romaine

Dates importantes
  • -218 Passage de l'armée d'Hannibal
  • -121 Défaites des Allobroges face aux romains
  • -9/-6 soumission complète des Alpes
  • v 290, Révolte de la "légion thébaine" et le martyr Maurice d'Agaune (futur saint patron de la famille de Savoie)

La romanisation de la Savoie débute réellement vers - 6/-4 lorsque l'ensemble des vallées sont conquises et contrôlées, alors que le premier contact avec les Romains date du franchissement des Alpes par le consul Fulvius Flacus aux environs du col du Montgenèvre. Le territoire de la Savoie relève d'un intérêt surtout stratégique pour les romains avec l'importance des cols et des voies qui les emprunteront entre la péninsule et la Gaule, et notamment celle allant de Mediolanum (Milan) à Vienna (Vienne), traversant la Tarentaise. La Savoie romaine dure jusqu'aux IIIe siècle/Ve siècle, lorsque les peuples germains, les « Barbares », tentent leurs premières incursions, comme les Alamans, sur le territoire et l'installation définitive des Burgondes par le général Aetius vers 434.

[modifier] Des royaumes burgondes à la société féodale en Savoie

Icône de détail Article détaillé : Histoire de la Savoie au Moyen Âge.

En 443, la Sapaudia est concédée aux Burgondes. Le royaume naissant ne peut s'opposer aux prétentions des Francs et la Sapaudia devient carolingienne. Il faut attendre le Xe siècle pour voir l'affirmation de familles nobles et ainsi que de puissants évêques, qui profiteront de l'affaiblissement impérial du XIe siècle pour s'émanciper. Léon Ménabréa indique que « Peu à peu, les petits feudataires s'effacent ; une étoile grandit et flamboie au milieu du firmament féodal, c'est l'étoile de la maison de Savoie »[7]. Cette dernière réussit par une politique de mariages et de guerres à contrôler l'ensemble de cette ancienne Sapaudia.

[modifier] Duché de Savoie et Royaume de Sardaigne (1416 à 1792)

En 1416, la Savoie entourée des duchés de Milan et de Bourgogne, du Dauphiné français, obtient, avec Amédée VIII le Pacifique le statut de duché de l’Empire romain germanique. En 1418, le duc de Savoie hérite de la province italienne du Piémont. La Maison de Savoie possède le contrôle des cols et passages du Valais à la Méditerranée. Entre monarchies françaises, germaniques, espagnoles ou autrichiennes, les souverains savoyards par leurs alliances deviennent incontournables en Europe. Dans le domaine législatif, les Statuts de la Savoie mettent de l'ordre dans le maquis inextricables des us et coutumes locaux. C'est l'apogée des États de Savoie.

La fin du règne d'Amédée VIII ouvre une période de décadence qui perdurera au moins jusqu'en 1630. Cette décadence découle en grande partie de l'impossibilité pour le duché de se maintenir à l'écart des conflits entre grandes puissances européennes. La Savoie connaitra 5 occupations françaises; respectivement en 1536-1553, 1600-1601, 1630-31, 1690-96 et 1703-1713, une occupation espagnole en 1742-49, sans compter l'occupation du Chablais par les Bernois entre 1590 et 1600. En fait la France ne veut pas l'annexion de la Savoie, mais à l'exception de celle-ci, le duché se voit progressivement dépouiller de toutes ses possessions à l'ouest des Alpes: Bresse et Bugey et au nord du lac Léman: Valais et Genève, si bien que le centre de gravité du duché glisse de plus en plus du coté italien et ce glissement débouche en 1563 sur le déplacement officiel de la capitale à Turin aux dépens de Chambéry (déménagement de fait depuis 1536). L'amalgame entre la Savoie et le Piémont ne se fera jamais réellement, sans doute plus pour des raisons culturelles que géographique : La Savoie appartient à l'aire française alors que le Piémont est italien.

Lorsqu'une partie de l'Europe est gagnée par la Réforme, la Savoie reste majoritairement catholique, même si au moment de son occupation par les Bernois, en 1538, le Chablais a un moment basculé dans l'autre camp. La Contre-Réforme est symbolisée par François de Sales, ancien avocat et brillant intellectuel devenu évêque qui entreprend de reconquérir le Chablais.

Même lorsque la paix s'établit de façon durable, la Savoie reste un pays pauvre où la majorité de la population paysanne vit souvent dans la précarité. À partir du XVIe siècle, l'émigration dirigée vers le sud de l'Allemagne et vers Lyon devient une tradition. L'identité villageoise reste très forte et se fonde notamment sur l'importance relativement importante des biens communaux.

En 1713, Victor-Amédée II reçoit la couronne de Sicile qu’il échange avec la Sardaigne. Dorénavant, les États de Savoie seront appelés Royaume de Sardaigne ou "Royaume sarde". Victor-Amédée II qui appartient à la génération des despotes éclairés gère sainement ses États et met en œuvre un train de réformes dont certaines sont en avance sur leur temps, comme la Mappe sarde, un cadastre à l’échelle 1:2400, destiné à améliorer le prélèvement de l'impôt.

Son successeur, Victor-Amédée III de Sardaigne permet aux communautés savoyardes de racheter une partie des droits seigneuriaux, ce qui entraîne une certaine rancœur de la noblesse.

[modifier] La Savoie française de 1792 à 1815

En 1792, les Français passent à nouveau les frontières, il s’agit cette fois-ci des révolutionnaires. Une Assemblée nationale des Allobroges réunie à Chambéry demande la réunion de la Savoie à la France. La Savoie et ses six provinces deviennent le département du Mont-Blanc, le 27 novembre 1792 (une partie formera avec Genève en 1798 le département du Léman). Les lois républicaines s’appliquent en Savoie, toutefois la Constitution civile du clergé est mal acceptée. En 1794, le représentant de la Convention Antoine Louis Albitte surnommé le « Robespierre savoyard », combat les ennemis de la Révolution, mais en fin de compte, les guillotines construites pour l'occasion ne sont pas utilisées. Par contre, la répression contre les prêtres réfractaires dure jusqu'au Concordat de 1801. La période de l'Empire représente une période d'apaisement après la tourmente révolutionnaire, malgré la conscription qui reste impopulaire. Avec le rachat des biens nationaux, la bourgeoisie citadine poursuit son ascension amorcée dans le courant du XVIIIe siècle. La chute de l’Empire napoléonien marque le retour de la Savoie dans le giron monarchique de la Maison de Savoie. [8]

[modifier] Buon governo et Risorgimento (1815 à 1860)

En juin 1815 à la suite du traité de Paris de 1815, Victor Emmanuel Ier, frère de Charles-Emmanuel IV rentre de son exil de Cagliari et récupère le Piémont et la Savoie mais doit donner la province de Carouge au canton de Genève (Traité de Turin du 16 mars 1816). Le souverain bénéficie d'un a priori favorable de la part des Savoyards qui, tout en détestant le Piémont, restent attachés à la Maison de Savoie

La politique se résume en quelques mots : On rétablit toutes les mesures en vigueur avant 1792 [9]. Dans ce régime que l'on appelle le Buon governo (« bon gouvernement »), la police est fort active, et les pouvoirs de l'armée sont accrus. Le clergé retrouve une position de force et rétablit une sorte d'ordre moral.

Monté sur le trône en 1831, Charles-Albert modernise le royaume et, en 1848 après des manifestations qui avaient eu lieu dans les principales villes du royaume, accorde un statuto - constitution - : on parlera du Statut Albertin. Des manifestations s'étaient également déroulées dans les villes savoyardes. Charles-Albert embrasse alors la cause de l'indépendance et de l'unité italienne. C'est le début du Risorgimento, moment important dans l'histoire de l'Italie, mais qui ne concerne guère les Savoyards. En 1849, Charles-Albert abdique en faveur de son fils Victor-Emmanuel II. Le nouveau roi et son président du Conseil Cavour seront les artisans majeurs de l'unité italienne.

Le recensement de 1848 fait état de 582.924 habitants en Savoie, alors que celui de 1858, avec 542.258 habitants tendrait à démontrer une forte émigration entre ces deux dates.

[modifier] L’Annexion de la Savoie (1860)

Icône de détail Articles détaillés : Annexion de la Savoie et Traité de Turin (1860).

Avec le Risorgimento, les populations de la Savoie, principalement les élites, développent l’idée que leurs souverains abandonnent le berceau de leur famille en favorisant le versant piémontais et l’Italie. Ils soulignent aussi une politique de recrutements administratifs discriminatoire à leur encontre du fait qu’ils sont francophones.

Le 21 juillet 1858, le ministre du royaume de Sardaigne Cavour rencontre l’Empereur des Français Napoléon III, en cure à Plombières (Vosges). Lors de cette entrevue secrète, Napoléon III accepte d'aider le Piémont-Sardaigne à unifier l'Italie, à condition que le pape reste maître de Rome et que le comté de Nice et la Savoie soient cédés à la France.

En avril 1859, l’Empire d’Autriche déclare la guerre au royaume de Piémont-Sardaigne qui fournit des armes aux Lombards. Les Sardes sont vainqueurs à Palestro et Montebello, mais les alliés français l’emportent difficilement à Magenta (4 juin) et à Solferino (24 juin). Inquiet, Napoléon III signe l’armistice de Villafranca (8 juillet). Cavour démissionne et la cession de la Savoie et de Nice ne paraît plus être à l’ordre du jour. L’opinion commence à s’agiter sur un probable avenir français. On envisage le maintien de la province dans le royaume sarde, voire un rattachement à la Suisse[10].

Face à ces idées de partition de la province, la diplomatie s’organise. Le 24 mars 1860, le Traité de Turin est signé, la Savoie se trouve désormais "rattachée" à la France, sous certaines conditions et sous réserve de l’adhésion des populations (exigence des chancelleries helvétique et britannique).

Le 1er avril, le roi délie ses sujets savoyards de leur serment de fidélité (renonciation royale). On décide d’une date pour le plébiscite, le 22 avril. Afin d’éviter les tensions dans les territoires septentrionaux de la Savoie, il est décidé d’éditer un bulletin spécial OUI ET ZONE qui correspond à la ratification du traité de Turin, accompagné de la création d'une Grande Zone franche au Nord de la Savoie. Ce vote est organisé sur le modèle de votation français (Seuls les hommes ayant atteint la majorité votent).

Le 29 avril, la Cour d’Appel de Chambéry proclame les résultats :

Plébiscite 1860
Territoire Date Inscrits Votants Favorable au rattachement Votant "Oui et Zone Contre l'annexion Abstention Nul (dont pro-helvétique) Armée
Savoie 22/23 avril 135 449 130 839 130 523 47 000 235 env. 600 71 6033 sur 6 350
D’après H. Ménabréa/Guichonnet pour la Savoie

[modifier] La Savoie contemporaine (1860 à nos jours)

[modifier] Les grandes migrations savoyardes du XIXe siècle

[modifier] La Grande guerre (1914-1918)

Pendant la première guerre mondiale, les zones neutralisées de la Savoie ne sont pas respectées par la France ni par certains Savoyards qui partaient selon l'expression consacrée "La fleur au fusil" pensant mener une guerre de quelques semaines tout au plus. Les Savoyards vont en réalité payer un lourd tribut durant ce conflit.

[modifier] L'affaire des zones

Icône de détail Article détaillé : Zone neutralisée de Savoie.

En 1919, à la sortie de la guerre, la France choisit de dénoncer le traité de Turin par l'article 435 du traité de Versailles qui supprime la zone neutralisée en Savoie et la grande zone franche pourtant établies lors de l'Annexion.

Plus tard en 1932, la Cour internationale de justice de La Haye condamne la France et l'invite à remettre en place la zone franche (liée directement aux conditions d'annexion), conformément aux traités antérieurs alors caducs de 1815, 1816 et 1829, soit 650 km², contre 4 000 km² dans le traité d'annexion de 1860.

[modifier] La Seconde Guerre mondiale

Au début de la Seconde Guerre mondiale, le front des Alpes reste relativement à l'abri du conflit. Le 10 juin 1940, alors que la France est en lutte contre l'envahisseur allemand, Mussolini déclare la guerre. La Savoie va connaitre l'occupation italienne, puis l'occupation allemande.

Les troupes de Savoie luttent essentiellement en Maurienne , en Tarentaise et dans la vallée du Rhône. La résistance en Savoie se rassemble principalement au plateau des Glières. Les luttes contre l'armée allemande et la milice française connaissent une fin tragique. Le plateau des Glières deviendra un lieu chargé du symbole de la résistance.

Le 24 août Aix-les-Bains est libéré par les Résistants, puis Chambéry le lendemain. Un Comité départemental de la Libération, réunissant les mouvements de Résistance, est instauré, et Lucien Rose devient préfet. Toutefois, la retraite allemande à travers la Maurienne sera très longue, accompagnée de très nombreuses exactions et destructions de villages (Hermillon) ou de ponts. Des combats auront ensuite lieu tout au long de l'hiver 44-45, notamment au Roc Noir (col du Petit-Saint-Bernard) et au Mont-Cenis, entre FTP, 13ème BCA et troupes allemandes, pour contrôler les lignes de crêtes. Ces combats ne s'arrêteront que lors de la capitulation du 8 mai 1945.

[modifier] Les révolutions blanches

Le système montagnard repose sur une triple organisation spatiale rationalisée : le fond des vallées reste fortement lié au développement humain et à ses activités (habitation, circulation, industrie, agriculture), les versants sont soit laissés à l’abandon du fait du dénivelé, soit des lieux d’implantation de villages/gros hameaux reposant sur une exploitation sylvicole et une agriculture montagnarde, enfin la montagne divisée en montagnettes fréquentées par les éleveurs du printemps à l’automne, en alpages où paissent les troupeaux et la haute-montagne constituée de pierre et de neiges persistantes associées aux glaciers.

Ce système est remis en cause avec le développement industriel de la fin du XIXe siècle (la houille blanche) et le développement touritistique (l'or blanc). Toutefois, à partir des années soixante, la prise de conscience d'une nature fragile oblige les différents acteurs, étatiques et locaux, de protéger cet espace montagnard, notamment avec la création du Parc national de la Vanoise, en 1963 ou de la loi montagne (1985).

[modifier] La houille blanche

Le système montagnard est remis en question avec l’exploitation des nouvelles ressources naturelles montagnardes : l’utilisation de l’énergie produite par les chutes d’eau ou houille blanche. L’invention de la Dynamo (1870) révolutionne l’utilisation de la houille blanche. Si cette énergie est déjà utilisée localement par les populations dans les scieries le long de cours d’eau, cette innovation technologique permet le développement d’un véritable tissu industriel, notamment en Tarentaise, en Maurienne, dans le Val d’Arly ou dans le Haut-Faucigny [11].

Profitant de la topographie, on équipe, dans un premier temps, des usines de transformation des métaux (arrivant par train) à proximité des chutes à faible débit, puis les nouvelles technologies aidant, à proximité des rivières à plus haut débit. Ces conduites forcées (allant parfois jusqu'à 12 km) donnent ainsi naissance à l'industrie électrochimique et électro-métallurgique. En réalité, l'implantation d'usines en milieu montagnard est la conséquence de la présence d'une énergie renouvelable à faible coût, permettant de compenser le coût de transport des matières premières jusque sur les sites.

Ce développement industriel bouleverse et transforme les sociétés locales (apparition de nouvelle organisation sociale avec les ouvriers-paysans) et met un coup d'arrêt à l'exode rural débuté au XIXe siècle.

Après guerre, la nationalisation de l'électricité (1946), la perte de la concurrence et l'apparition de nouvelles formes d'énergie et surtout le manque de place pour l'agrandissement des sites provoquent une crise dés les années soixante. Avec de grands efforts, certains sites sont maintenus. Socialement, le statut d'ouvrier-paysan disparaît et ne se maintient que l'ouvrier. Les conséquences sur le paysage sont visibles, disparition des vignes, apparitions de friches agricoles…

Face à cette nouvelle crise du milieu montagnard, les collectivités locales s'interrogent sur le développement de nouvelles activités pour pallier ce recul industriel.

[modifier] L'or blanc

Le tourisme apparaît en Savoie avec la « découverte » des Alpes au XVIIIe siècle. Tout d'abord limité dans aux Préalpes et au thermalisme (comme à Aix-les-Bains), les touristes osent l'aventure en venant au cœur des Alpes[12].

À partir du XXe siècle, les remues ou les alpages s'ouvrent à de nouvelles pratiques. La combinaise d'une topographie adéquate, d'un enneigement régulier ainsi que de la volonté de certains acteurs permet à la Savoie un nouveau dynamisme : le tourisme hivernal et la pratique du ski. Le timide développement dans des stations de fond de vallées, comme à Chamonix, ou de moyennes altitudes, comme Megève ou Pralognan-la-Vanoise, est bouleversé avec l'interventionisme étatique ou des ciollectivités locales des années 60. Un nouveau type de station émerge - les stations intégrées ou station dite de "3e génération" - comme Courchevel ou Avoriaz[13].

[modifier] Maintien des activités humaines et préservation de l’environnement

Face à l’augmentation du nombre de touristes, les dégradations dus aux nouveaux aménagements et à la saturation des activités humaines en fond de vallées, l’État français décide de protéger par décret, celui du 6 juillet 1963, les espaces non-touchés par cette anthropisation. Le Parc national de la Vanoise (PNV) est né (pendant français du Parc national du Grand Paradis italien, créé en 1922). Il correspond au massif montagneux du même nom, compris entre la haute-vallée de l’Arc (Maurienne) et la haute-vallée de l’Isère (Tarentaise), avec une surface de 52 840 ha. Ce premier parc national permet de protéger la faune et la flore en empêchant toute anthropisation de l’espace, exception faites à des habitats temporaires (refuges). Ce décret prévoit une division du parc en deux territoires distincts, celui de la haute-montagne, le cœur du parc, sanctuaire par excellence, et celui de la zone périphérique, laissant aux communes la liberté du développement du fait des amputations liées à cette sanctuarisation en altitude. Toutefois, les tensions sont importantes entre les populations locales, souhaitant se développer, les promoteurs, désirant accroître les domaines skiables en hautes-altitudes (env. 3000 m) et les gestionnaires du parc, garant de la protection et de la préservation des espaces naturels.

Par ailleurs, l’objet "montagne" fait figure d’espace fragile à protéger, tant du point de vue environnementale qu’humain. La Savoie située majoritairement en territoire alpin apparaît alors comme une périphérie nationale à préserver afin qu’elle ne devienne pas une zone vide ou réservées aux activités ludiques tant estivales qu’hivernales. Le 9 juin 1985 est promulgué la loi du n° 85-30 relative au développement et à la protection de la montagne, dite loi montagne dont le rapporteur est le parlementaire savoyard, Louis Besson. Ce texte reconnaît une « spécificité d’un espace, de son aménagement et de sa protection », définissant la montagne comme « une zone où les conditions de vie sont plus difficiles, freinant ainsi l’exercice de certaines activités économiques, entre autre lié à l’altitude, aux conditions climatiques et aux fortes pentes ». Les élus locaux obtiennent ainsi un nouveau soutien pour le développement de leur commune. Dans un même élan, avec une perspective de « développement durable », la région Rhône-Alpes met en place des Parcs naturels régionaux dont bénéficie le massif des Bauges en 1995 (Parc naturel régional des Bauges).

[modifier] La résurgence identitaire

Icône de détail Article détaillé : Nationalisme savoyard.

Si la Savoie peut se prévaloir d’une identité particulière dans l’ensemble national, en devenant le dernier territoire avec le Comté de Nice à être rattaché à l’Hexagone par le traité de Turin en 1860, l’apparition de mouvements organisés revendiquant une identité propre est assez tardive. En effet, il faut attendre quelques années après les célébrations du centenaire de l’Annexion de la Savoie, dans les années 1960, pour voir apparaître les prémices de mouvements culturels, régionalistes, comme le Mouvement Région Savoie (1971) puis la création d'un mouvement indépendantiste, la Ligue savoisienne, à partir de 1994.

Les élites politiques, parlementaires ou personnalités locales, n'ont jamais été réellement intéressées par ce débat. Toutefois, la récurence de la question d'une région Savoie depuis les années 1970 oblige ces derniers à apporter quelques réponses. Ainsi dés 1983, les deux conseils généraux savoyards créés l'Entente régionale de Savoie, un établissement public supradépartemental ayant pour compétence la promotion touristique et patrimoniale locale, la promotion des produits du terroir (Marque Savoie), la gestion des subvention de l'Université de Savoie ainsi que le soutien d'associations culturelles (dont l'Orchestre des Pays de Savoie). En 1999, suite à l'émergence et l'apogée du mouvement Ligue savoisienne, la structure tente de contrer cette percée indépendantiste en faisant évoluer l'Entente et en créant en 2001 l'Assemblée des Pays de Savoie.

[modifier] Notes et références

  1. ab Hudry, Béruard, Châtel, Favre, op. cit. en bibliographie pp.8-12
  2. Pierre aux Pieds, situé à 2750 m, sur le plateau de Pisselerand, sur laquelle on peut observer une cinquantaine de cupules, ainsi qu'un trentaine d'empreintes de pieds humains et Pierre de Chantelouve ou Pierre des Saints, situé à 2 100m, sur laquelle on peut observer 150 cupules. Pour approfondir voir les dernières fouilles à travers l'article de Catherine Bellon, Frédérique Blaizot, Franck Perrin et Michèle Rahatsötz, "Nouvelles sépultures à inhumation de La Tène à Lanslevillard (Savoie)", in la revue Documents d'archéologie médiévale, n°25, août 2002, pp.233-244
  3. Edighoffer (R), 1992, op. cit. en bibliographie, p.5.
  4. Hudry, Béruard, Châtel, Favre, op. cit. en bibliographie, pp.20-21
  5. Chronologie du site Sabaudia.org [1], ainsi que Comby (L), 1977, op. cit. en bibliographie, p.10.
  6. Comby (L), 1977, op. cit. en bibliographie, p.10.
  7. Léon Ménabréa, "De la marche des études historiques en Savoie et en Piémont, depuis le XIV siècle jusqu'à nos jours, et des développements dont ces études seraient encore susceptibles", p.348, in Mémoires de l'Académie de Savoie N° 1, IX, 1839
  8. Ce paragraphe est le résumé de l'article détaillé Histoire de la Savoie de 1792 à 1815. C'est dans cet article que l'on trouve les références.
  9. Jacques Lovie, Art et Histoire, in Savoie, Christine Bonneton éditeur, 1978
  10. Une pétition réunit plus de 13 651 signatures, 60 communes du Faucigny, 23 du Chablais français et 13 aux environs de Saint-Julien-en-Genevois favorables au projet suisse, soutenu par l’Angleterre, cité notamment par Paul Guichonnet, cf. bibliographie.
  11. Exemples de sites tirés de J.-P. Leguay (sous la dir.), Histoire de la Savoie, éd. Ouest France, t4 – La Savoie de Révolution française à nos jours, XIXe-XXe siècle, Évreux, 1986 :
    • Tarentaise : Usine de la Rosière à Bozel (Groupe Bozel-Malétra, 1922) ; Villard du Planay ; Usines de Plombière et de Château-Feuillet (ferro-silicium) sur la commune de La Léchère ; Usine de Notre-Dame-de-Briançon (traitement des dérivés de l'acétylène et élaboration du graphite pour les électrodes, 1932)
    • Maurienne : Usines de Saint-Jean-de-Maurienne, de La Saussaz, de La Praz de la Compagnie AFC (Alais, Froges et Camargue)
    • Val d'Arly : Usines de la Société d'électrochimie et d'électrométallurgie et des aciéries électriques d'Ugine (SECEMAEU)
    • Haut-Faucigny : Site de Chedde à Passy (cf. Cheddite)
  12. Pour une approche de la naissance du tourisme en Savoie, consulter le paragraphe de l'article Histoire du tourisme en Savoie in "Tourisme en Pays de Savoie".
  13. Pour une analyse détaillée du développement des stations de ski en Savoie, consulter le paragraphe de l'article Les sports d'hiver "Tourisme en Pays de Savoie".

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

Ensemble d'ouvrage spécialisés sur l'histoire de la Savoie, liste classée par date de parution.

  • Christian Sorrel (dir.), Histoire de la Savoie, coll. "Les Savoisiennes", éd. La Fontaine de Siloé, 2006, (ISBN 2-84206-347-3)
  • Pierre Préau (dir.), Hommes & Femmes. Ils ont fait la Savoie, coll. "Histoire D'histoires", éd. Questio, 2004, (ISBN 2-91373-216-X)
  • Robert Colonna d'Istria, Histoire de la Savoie, Ed. France-Empire, Paris, 2002, (ISBN 2-70480-943-7)
  • Thérèse et Jean-Pierre Leguay, Histoire de la Savoie, Éd. Ouest-France, 2000, (ISBN 2-87747-812-2)
  • A.Beruard, J.Châtel, A.Favre, M.Hudry, Découvrir l’Histoire de la Savoie, éd. Centre de la Culture Savoyarde, 1998, (ISBN 2-95113-791-5)
  • Claude Genoux, Histoire de Savoie, depuis la domination romaine jusqu'à nos jours, Fontaine de Siloé, 1997
  • Paul Guichonnet (sous la dir.), Nouvelle Histoire de la Savoie, éd. Privat, 1996, (ISBN 2-70891-637-8)
  • J. de Pingon, Savoie française, Histoire d'un pays annexé, coll. Archives vivantes, éd. Cabédita, 1996
    Fondateur de la Ligue savoisienne
  • R. Edighoffer, Histoire de la Savoie, éd. PUF, coll. Que sais-je ?, 1992
  • Jean-Pierre Leguay (sous la dir.), Histoire de la Savoie, éd. Ouest France, 4 tomes : t1 - La Savoie des origines à l’an mil ; t2 – La Savoie de l’an mil à la Réforme ; t3 – La Savoie de la Réforme à la Révolution française ; t4 – La Savoie de Révolution française à nos jours, XIXe-XXe siècle,éd. Evreux, 1986, (ISBN 2-85882-536-X)
  • Collectif, Réalités des Pays de Savoie,éd. Association pour le développement de l'Université de Savoie (ADUS), 1986
  • Paul Guichonnet (sous la dir.), Histoire de l’annexion de la Savoie (et ses dossiers secrets), éd. Privat, 1982
  • Collectif, Histoire des communes savoyardes, 4e tomes, éd. Horvath, 1980
  • J.Y Mariotte et A. Perret, Atlas historique de la Savoie, éd. Paris, 1979
  • J.R Clocher, Histoire populaire de la Savoie, Coll. Trésors de la Savoie, éd. Imprimerie Gaillard, 1978
  • L. Comby, Histoire des Savoyards, coll. Dossiers de l’Histoire, éd. Nathan, 1977, (ISSN 0154-9499)
  • Paul Guichonnet (dir.), Histoire de la Savoie, éd. Privat, 1973, 1988
  • R. Avezou, Histoire de la Savoie, coll. Que sais-je ?, éd. PUF, 1944, 1948, 1963, (ISSN 0768-0066)
  • Henri Ménabréa, Histoire de la Savoie, éd. Grasset, 1933, 1960, 1976
  • J.J Vernier, Département de la Savoie. Etude historique et géographique, coll. Monographie des Villes et Villages de France, éd. Res Universis, 1896, 1993
  • (it) Luigi Cibrario, Origini e progresso della monarchia di Savoia (Turin, 1854)

[modifier] Listes

[modifier] Articles connexes

Historiques spécifiques des villes de la Savoie et de la Haute-Savoie, classés par ordre alphabétique :

Divers :

[modifier] Liens externes

[modifier] Institutionnels

  • (fr) Voir - Archives départementales de la Savoie et dela Haute-Savoie - Sabaudia.org.
  • (fr) Voir - Faits historiques savoyards sur le site de l'Agences touristiques départementales de Savoie Haute-Savoie.

[modifier] Autres

  • (fr) Voir - Pages personnelles de A.Cerri concernant l'histoire des pays de Savoie.
  • (fr) Voir - Site de la Société savoisienne d’histoire et d’archéologie.
  • (fr) Voir - Histoire vue par le mouvement indépendantiste la Ligue savoisienne.