Harold Martin

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Président du
Gouvernement de
Nouvelle-Calédonie
Parti politique Avenir ensemble
Élu le 7 août 2007
21 août 2007
Mandat 2007 - 2009
Prédécesseur Marie-Noëlle Thémereau
Successeur en poste
Autres fonctions Maire de Païta
Naissance 6 avril 1954
Nouméa (Nouvelle-Calédonie)
Cinquième République
v · d · m

Harold Martin est un homme politique français, né le 6 avril 1954 à Nouméa (Nouvelle-Calédonie), président depuis le 7 août 2007 du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.

Issu d'une des plus vieilles familles d'origines européennes présentes sur le Territoire, Harold Martin (prononcer « Martine ») descend d'un des neveux de James Paddon, commerçant et aventurier originaire du Lincolnshire en Grande-Bretagne, généralement considéré comme le tout premier colon à avoir fait souche en Nouvelle-Calédonie, avant même la prise de possession de l'archipel par la France en 1853.

Il est gérant de sociétés agricoles et administrateur d'organismes d'élevage. Il a ainsi été président du conseil d'administration de l'Etablissement de Régulation des Prix agricoles (ERPA) en 1991, 1993 et de 1994 à 1995, ainsi que président de l'Office de commercialisation et d'entreposage frigorifique (OCEF) de 1988 à 1999. Il s'est lancé très tôt dans la politique et a longtemps été le « poulain » de Jacques Lafleur.

Sommaire

[modifier] Le protégé de Jacques Lafleur

Il fait partie des tous premiers adhérents du Rassemblement pour la Calédonie qui devient rapidement le Rassemblement pour la Calédonie dans la République : membre de ce parti dès sa création en 1977 (il avait alors 23 ans), il est le « protégé » du leader du parti et nouvel homme fort du camp anti-indépendantiste et du Territoire Jacques Lafleur, un ami personnel de son père. Harold Martin devient alors l'un des principaux lieutenants du député dont il organise les campagnes.

Il est élu la première fois à l'Assemblée territoriale, ancêtre du Congrès du Territoire, lors des élections du 18 novembre 1984 : boycottées par les indépendantistes du FLNKS, ces élections sont le véritable point de départ des « Evènements » qui opposèrent violemment partisans et opposants de l'indépendance jusqu'en 1988. N'ayant jamais occupé jusques là de réelles positions politiques d'importance, Harold Martin commence alors son ascension politique : il devient notamment le « lieutenant » pour la « Brousse » de Jacques Lafleur.

[modifier] Du lieutenant de la « Brousse » au possible dauphin

Harold Martin
Maire français
Naissance 6 avril 1954
Décès
Mandat {{{mandat}}}
Début du mandat 1995
Fin du mandat 2014
Commune Païta
Parti politique Avenir ensemble
Ve république

De 1984 à 1989, durant toute la période des Evènements, il est président de la Commission de l'Economie rurale. Réélu au nouveau Congrès du Territoire ainsi qu'au Conseil de la Région Sud créé par le statut Fabius-Pisani le 29 septembre 1985, il devient, après l'adoption du statut Pons II, président de la Région Centre le 29 avril 1988 et siège ainsi de fait au Conseil exécutif jusqu'au 11 juin 1989. Après les Accords de Matignon en 1988 et l'adoption du nouveau statut, il est élu sans discontinuer à l'Assemblée de la Province Sud et au Congrès.

Dans les années 90, son statut de « bras droit » de Jacques Lafleur pour la Brousse se confirme, en arrivant notamment à la tête de l'ERPA et de l'OCEF et est élu en 1995 maire de Païta, commune située dans le Grand Nouméa mais essentiellement rurale, en remplacement de son cousin Ronald Martin. A cela s'ajoutent de nouvelles responsabilités qui en font l'un des hommes forts du RPCR: il devient ainsi président du Congrès en remplacement de Pierre Frogier (élu député) du 16 juillet 1997 au 3 juin 1998 avant de devenir président de la Commission permanente et 1er vice-président du Congrès à partir du 3 juin 1998. Il est ensuite au premier plan des négociations qui ont abbouti aux Accords de Nouméa, dont il est l'un des signataires, en 1998. Réélu président de la Commission permanente du Congrès le 23 juillet 1999, il apparaît de plus en plus comme un dauphin potentiel de Jacques Lafleur, avec le député-maire du Mont-Dore Pierre Frogier. En effet, plus que jamais auparavant, il est le porte-parole de Jacques Lafleur et de la campagne du RPCR lors des provinciales de 1999, et est notamment alors particulièrement acerbe à l'encontre de Didier Leroux, leader d'un parti anti-indépendantiste mais aussi anti-Lafleur, ou envers l'autre figure des anti-indépendantistes de Brousse, le maire de Koumac Robert Frouin, proche de Leroux, notamment lors des scèances parfois houleuses du Congrès où il est porte-parole du groupe RPCR. C'est lui aussi qui organise en septembre 2000 le congrès extraordinaire du RPCR à Bourail pour appeler Jacques Lafleur à ne pas démissionner de ses mandats électifs comme il avait l'intention de le faire à l'époque. On le considère alors volontiers comme un des grognards du député et homme fort du Territoire, se faisant remarquer par ses éclats et ses formules souvent acerbes. Pourtant, alors qu'il apparait de plus en plus comme le plus probable successeur de Jacques Lafleur lorsque celui-ci se retirera, c'est précisément à ce moment qu'il est désavoué par ce dernier et par son parti.

[modifier] L'entrée en dissidence

En février 2001, la commission d'investiture du RPCR désigne comme tête de liste pour les municipales à PaïtaRonald Martin, le prédécesseur et cousin d'Harold Martin. Harold Martin rejette cette désignation et se présente à sa propre succession. Jacques Lafleur réagit rapidement en menaçant d'exclusion son ancien protégé. Celui-ci maintient sa candidature : la menace d'exclusion est mise à exécution à quelques semaines de l'élection, le 28 février 2001. Harold Martin est finalement réélu dès le 1er tour le 11 mars 2001 avec 53,83 % des suffrages (2 271 voix, il avait aussi été élu au 1er tour en 1995 avec 54,7 %, mais il était alors à la tête de la seule liste RPCR) et 24 sièges sur 29, contre seulement 20,54 % (867 suffrages) et 3 élus à la liste officielle du RPCR de Ronald Martin. Si le RPCR obtient alors un franc succès lors de ces élections sur l'ensemble du territoire, gagnant ainsi le fief traditionnel anti-Lafleur de Bourail et la commune indépendantiste de Poya, les municipales de Païta fait l'office d'un véritable séisme politique. Pour beaucoup, décider de ne pas réinvestir Harold Martin pour la mairie de cette commune fut la première grosse erreur de stratégie politique de Jacques Lafleur et certains de ses opposants y ont vu la volonté d'un homme accroché au pouvoir d'éliminer un homme dont l'ambition commençait à le gêner. Pour Lafleur et ses partisans, c'est Harold Martin seul qui s'est exclu de fait du RPCR par une ambition qu'il compare à une sorte d'arrivisme. Quoiqu'il en soit, la victoire d'Harold Martin n'arrange pas ses relations avec les instances dirigeantes du parti : le maire est ainsi convoqué devant le directoire du mouvement qui l'exclue définitivement le 22 mars 2001. Harold Martin n'est pas réélu président de la Commission permanente du Congrès lors du renouvellement de la composition des commissions le 7 juin 2001.

Toutefois, pendant un temps, Harold Martin n'accepte pas cette sanction : il saisit les tribunaux pour faire annuler cette décision et mène une campagne active auprès des sections du RPCR pour que la question de son litige avec les dirigeants du parti soit tranchée par un vote des militants. Il se rapproche alors d'un autre ancien proche du Rassemblement, propriétaire de l'hôtel et du restaurant du Kuendu Beach à Nouville, Henri Morini, entré lui aussi en conflit avec les instances dirigeantes du RPCR. Enfin, venu participer au Congrès du Rassemblement tenu à Bourail le 23 juin 2001, il est refoulé, lui et ses militants, à l'entrée de la salle des sports où se tenait l'assemblée, qui a plébiscite alors une nouvelle fois Jacques Lafleur. D'un autre côté, Harold Martin ne se défait pas encore du RPCR: il vote en faveur des listes établies par ce dernier pour la constitution du bureau et des commissions du Congrès et pour celle du gouvernement ; il apporte aussi son soutien à la candidature de Simon Loueckhote aux élections sénatoriales en septembre 2001. ET s'il décide le 17 décembre 2001 avec ses deux principaux soutiens au sein du groupe RPCR-FCCI au Congrès, Philippe Michel et Sosimo Malalua, de ne plus suivre les directives officielles du parti lors des votes au Congrès, il renouvelle sa demande aux instances dirigeantes du parti pour être réincorporé au sein du mouvement au début de 2002 et apporte son soutien aux candidats du Rassemblement aux législatives de juin 2002.

Mais parallèlement à cette insistance pour redevenir membre du RPCR, Harold Martin cache de moins en moins son opposition à Jacques Lafleur et à ses fidèles tandis que certains membres du Rassemblement se rapprochent de lui, comme le maire de La Foa Philippe Gomès ou encore celui du Mont-Dore Réginald Bernut. Finalement, il se rapproche de son rival passé, Didier Leroux, dissident de longue date du Rassemblement, et décide de former avec lui en mars 2004 une liste commune pour les provinciales de mai. C'est le premier pas vers la constitution de la liste Avenir ensemble.

[modifier] L'un des ténors de l'Avenir ensemble

Après les provinciales de mai 2004, il est réélu membre de l'Assemblée de la Province Sud et du Congrès, tandis que la liste Avenir ensemble arrive en tête dans la Province Sud avec 19 élus sur 40, devant le RPCR et ses 16 sièges. Au Congrès, où cette liste réunissant l'ensemble des déçus anti-indépendantistes du « système Lafleur » fait, avec 16 élus, jeu égal avec le Rassemblement, Harold Martin est présenté par l'Avenir ensemble face à Jean Lèques pour devenir président de l'assemblée délibérante territoriale. Il reçoit alors les voix des 16 membres de son groupe et du soutien attendu de l'unique élu du LKS Nidoïsh Naisseline mais aussi celles plus inattendues des 4 FN et de 7 élus de l'Union calédonienne : il est donc élu avec 28 voix sur 54 contre 17 à Jean Lèques et 9 abstentions (les 8 de l'UNI-FLNKS et un dissident de l'UC). Il est réélu tous les ans depuis lors mais à chaque fois au 3e tour de scrutin et à la majorité relative de 22 voix (16 Avenir ensemble, 1 LKS, 4 FN et 1 dissidente du groupe Rassemblement-UMP: Suzie Vigouroux).

Ensuite, l'Avenir ensemble se constitue en parti politique lors du congrès fondateur du Kuendu Beach à Nouville à Nouméa le 28 août 2004 et Harold Martin en est élu président le 1er octobre. Il est réélu lors du 3e Congrès du parti tenu à la salle Venezia du Nouvata Park Hotel de l'Anse Vata à Nouméa le 30 septembre 2006 par 2451 voix sur 2587 votants. Malgré son alliance politique avec Didier Leroux, délégué régional de l'UDF en Nouvelle-Calédonie, Harold Martin est resté membre de l'UMP et est profondément sarkozyste.

A l'approche des échéances électorales de 2007, Nicolas Sarkozy fait tout pour réconcilier les deux « frères ennemis » de l'UMP locale, Harold Martin et Pierre Frogier (président du Rassemblement-UMP). Nicolas Sarkozy a ainsi profité de la présence des deux hommes à la convention nationale pour l'Outre-mer du parti pour organiser une rencontre sous la médiation de son directeur de cabinet Frédéric Lefebvre. Toutefois cette rencontre, surnommée par les médias locaux « l'affaire du Sandwich », n'a permis que d'établir une chose: le soutien des deux hommes à Nicolas Sarkozy pour les présidentielles. Et lors des législatives, Harold Martin a été le candidat de l'Avenir ensemble dans la 2e circonscription face à Pierre Frogier. Il est arrivé en troisième position, avec 22,4 % des suffrages, au 1er tour derrière Pierre Frogier et l'indépendantiste du FLNKS-UC Charles Pidjot. Pour le second tour, il a appelé à voter pour le député sortant en tant que candidat anti-indépendantiste le mieux placé, et Pierre Frogier a ainsi été réélu.

Suite à ce scrutin, et devant la forte volonté du nouveau président de la République de réconcilier les deux « frères ennemis » sarkozystes calédoniens, Pierre Frogier et Harold Martin trouvent finalement un accord qu'ils réussissent à faire accepter par leurs formations respectives. Celui-ci prévoit notamment de soutenir la candidature de Pierre Frogier à la présidence du Congrès, ce qui est chose faite le 31 juillet 2007, et de présenter une liste commune pour l'élection du Sixième Gouvernement de Nouvelle-Calédonie le 6 août 2007. Ce dernier comprend alors 11 membres dont 8 anti-indépendantistes (4 Avenir ensemble et 4 Rassemblement-UMP) et 3 indépendantistes (2 de l'UNI et 1 pour l'Union calédonienne). Harold Martin en est alors facilement élu président le 7 août, mais il ne dirige qu'un exécutif provisoire devant se contenter de gérer les affaires courantes au moins jusqu'au 21 août et réduit à ses seuls membres anti-indépendantistes, les élus FLNKS ayant démissionné ainsi que leurs suivants de liste afin de protester contre la comptabilisation comme bulletin nul d'un de leurs suffrages qui s'était collé à un bulletin blanc.

Le 21 août 2007, le nouveau gouvernement est élu par le Congrès. Faisant cette fois-ci le plein de leurs voix, les indépendantistes obtiennent un élu de plus, soit 4 sur 11, laissant toutefois une large majorité à la liste Avenir ensemble-RPCR menée par Harold Martin (qui obtient 35 voix, comme lors du scrutin du 6 août, soit 7 membres). Harold Martin reste donc président de l'exécutif, avec en plus la charge du secteur des Mines et de la Fiscalité. Il sera ainsi directement chargé des deux dossiers épineux des usines du nord et du sud, qui semblent désormais se débloquer lentement. Le groupe anglo-suisse Xstrata, devenu le principal actionnaire du canadien Falconbridge qui était engagé depuis 1998 dans le co-financement du projet d'usine à Koniambo dans le nord avec la Société des Mines du Sud Pacifique SMSP, a en effet confirmé en septembre-octobre 2007 qu'elle participerait au projet, ce qui était jusqu'alors assez incertain, et a fixé avec la SMSP comme objectif 2011 pour la mise en service de l'usine. Sarkoziste convaincu, il a, comme Nicolas Sarkozy, adopté un style d'hyperactivité et a également décidé d'organisé des réunions du gouvernement « décentralisées » dont le premier s'est tenu à Hienghène le 30 octobre 2007.

En tant que chef de l'Avenir ensemble, il va devoir gérer un parti qui avait fait des législatives un « référendum » pour juger de l'appui de la population à la politique menée depuis 2004, tandis que ce mouvement ressort divisé avec la double candidature dans la 1re circonscription de Philippe Gomès et Didier Leroux et devra sans cesse défendre auprès de sa base le nouveau partenariat formé avec le parti présenté jusqu'ici comme le pire ennemi de l'Avenir ensemble, le Rassemblement-UMP.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

Précédé par Harold Martin Suivi par
Marie-Noëlle Thémereau
Président du Gouvernement de Nouvelle-Calédonie
2007
idem
Autres langues