Eddie Slovik

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Edward Donald Slovik (né le 18 février 1920 – exécuté le 31 janvier 1945) était un membre de l'US Army durant la Seconde guerre mondiale, il fut le seul soldat américain a être fusillé pour désertion depuis la Guerre de Sécession.

Sommaire

[modifier] Sa jeunesse

Fils d'immigrants polonais, né à Détroit dans le Michigan, il sombre très vite dans la petite délinquance : il est arrêté pour la première fois à l'âge de douze ans alors qu'il s'apprêtait à pénétrer dans une usine avec des amis pour y voler du laiton.

Dans les cinq années qui suivirent, il est interpelé plusieurs fois pour divers larcins et pour trouble à l'ordre public et ces interpellations finissent par le conduire tout droit en prison en octobre 1937. Finalement gracié, il est libéré en septembre 1938.

Il sera de nouveau incarcéré dès janvier 1939, après avoir volé une voiture en compagnie de deux amis, véhicule avec lequel il aura un accident alors qu'il conduisait en état ébriété.

De nouveau gracié en avril 1942, il obtient un emploi à la "Montella Plumbing Company" à Dearborn, dans la banlieue de Détroit. Là, il y rencontrera Antoinette Wisniewski, avec laquelle il se marie le 7 novembre 1942 et partent vivre tous les deux chez ses parents.

Dans un premier temps, le casier judiciaire d'Eddie le rend inapte au service militaire (il est classé 4-F), cependant, après un an de mariage, l'administration réexamine son dossier et le déclare cette fois apte au service national (classé 1-A).

Mobilisé, il est d'abord alors envoyé le 24 janvier 1944 à Fort Wolters au Texas, pour y subir un entraînement militaire de base. Puis il est expédié sur le front en France dès 20 août suivant au sein de 28e division d'infanterie.

[modifier] La désertion

Durant une attaque d'artillerie, il se retrouve isolé de son unité en compagnie d'un camarade, le soldat John Tankey. Dès le lendemain, il sont recueillis par une unité de la police militaire canadienne avec laquelle ils resteront pendant six semaines. Néanmoins, Tankey prend soin d'écrire à son unité pour expliquer son absence et celle de Slovik. Il reprennent tout les deux du service dans leur compagnie le 7 octobre sans qu'aucune accusation ne soit déposée contre eux

Le lendemain, Slovik informe son supérieur, le capitaine Ralph Grotte, qu'il avait « trop peur » de servir dans une compagnie de fusiliers et avait demandé à être affecté à une autre unité en zone arrière. Il lui affirma aussi qu'il n'hésiterait pas à s'enfuir s'il était envoyé de nouveau dans une unité de combat, demandant cependant au capitaine Grotte si cette fuite constituerait un cas de désertion. Grotte lui répondit par l'affirmative et l'envoya aussitôt sur le front. Dès le lendemain, Slovik réitéra ses intentions par écrit.

Traduit devant le lieutenant-colonel Ross Henbest, celui-ci lui offrit l'occasion de se racheter en ignorant cette note écrite. Slovik refusa et écrivit une seconde note, dans laquelle il déclarait qu'il savait ce qu'il faisait et qu'il assumait pleinement les conséquences de ses actes.

Slovik fut alors placé en garde à vue et mis aux arrêts. Le juge-avocat de la division, le lieutenant-colonel Henry Summer, offrit de nouveau à Slovik l'occasion de rejoindre son unité sans qu'aucune poursuite ne soit engagée contre lui et lui proposa un transfert dans un autre régiment d'infanterie. Slovik déclina ces offres, en déclarant : « Je me suis decidé. J'irai en cour martiale ».

[modifier] Le procès et l'exécution

La Bataille des Ardennes pendant l'hiver 1944-1945, dans laquelle Slovik et son unité, la 28e division d'infanterie, furent engagés (dans la région d'Hürtgenwald), fut particulièrement meurtrière. Les désertions se multiplièrent au sein de l'armée américaine, le commandement se devait donc de réagir : suite à ses déclarations et à son passé de délinquant, Eddie Slovik devint alors le parfait bouc émissaire.

Le soldat Slovik fut donc accusé de désertion et traduit en Cour martiale le 11 novembre 1944. Durant le procès, le procureur, le capitaine John Green, présenta des témoins à qui Slovik avait déclaré son intention de « fuite ». L'avocat de la défense, le capitaine Edward Woods, annonça que son client avait choisi de ne pas témoigner. Les neuf officiers de la cour reconnurent Slovik coupable de désertion et le condamnèrent à mort. La sentence fut examinée et approuvée par le commandant de division, le général Norman Cota.

Le 9 décembre, Slovik écrivit alors une lettre au commandant suprême des forces alliées, le général Dwight D. Eisenhower, lui demandant sa clémence. Cependant, la désertion était devenue un problème important et il fallait faire un exemple. Eisenhower confirma donc l'ordre d'exécution le 23 décembre 1944 .

C'est le 31 janvier 1945 à 10h05, dans les jardins d'une villa située au n°86 de la rue du Général Bourgeois à Sainte-Marie-aux-Mines dans le département français du Haut-Rhin, qu'Eddie Slovik fut passé par les armes devant un peloton d'exécution. Il avait 24 ans.

Il fut enterré jusqu'en 1987 au Cimetière américain de Seringes-et-Nesles (Aisne), avant que ses restes ne soient rapatriés aux États-Unis pour être enterrés auprès de son épouse.

[modifier] Film

L'exécution de Slovik a été la base d'un livre de William Bradford Huie publié en 1954.

Celui-ci a fait l'objet d'un téléfilm en 1974 avec Martin Sheen, intitulé « The Execution of Private Slovik » (L'exécution du soldat Slovik).

[modifier] Lien interne

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