Berlin-Est

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Ost-Berlin (de)
Восточный Берлин (ru)

(Berlin-Est)
1949 — 1990
Territoire occupé sous administration militaire alliée, partie de l'Allemagne de l'Est
Drapeau
Les quatre secteurs d'occupation de Berlin. Berlin-Est comprend les zones en rouge.
Les quatre secteurs d'occupation de Berlin. Berlin-Est comprend les zones en rouge.

Création 1949
Traité de Moscou 12 septembre 1990
Réunification 3 octobre 1990

Capitale Berlin (de facto)
Langue(s) Allemand, russe
Religion {{{religion}}}
Superficie 409 km² (1989)
Population 1 279 212 hab. (1989)
PIB {{{pib}}}
PIB/hab. {{{pib hab}}}
Monnaie {{{monnaie}}}
Fuseau horaire {{{fuseau horaire}}}
Domaine internet {{{domaine internet}}}
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Devise {{{devise}}}
Hymne {{{hymne}}}

Entité précédente
Occupation alliée de l'Allemagne
Entité suivante
Allemagne (Land de Berlin)

Berlin-Est était le nom donné à la partie orientale de Berlin entre 1949 et 1990. C'était le secteur d'occupation dévolu en 1945 aux Soviétiques et qui représentait 45,6% de la superficie de la ville. Les secteurs américain, britannique et français devinrent Berlin-Ouest, une enclave de la RFA en RDA.

Lors de la création de la République démocratique allemande le 7 octobre 1949, Berlin-Est en devint la capitale et constitua dès 1952 l'un des 15 Bezirke (districts) créés par le pouvoir communiste en remplacement des 5 anciens Länder qui furent supprimés.

Du 31 août 1961 au 9 novembre 1989, elle fut séparée de Berlin-Ouest par le mur de Berlin. Les Allemands de l'Est appelaient Berlin-Est « Berlin » ou parfois, « Berlin, capitale de la RDA » (Berlin, Hauptstadt der DDR).

Districts de Berlin-Est en 1990
Districts de Berlin-Est en 1990

À la veille de la réunification, Berlin-Est était constituée des 23 districts municipaux suivants :

Sommaire

[modifier] Histoire

[modifier] Scission administrative du Grand Berlin

Au mois de mai 1945, Les Soviétiques occupant totalement Berlin avaient investi un premier magistrat à leur solde en la personne d’Arthur Werner ainsi qu'un gouvernement provisoire composé d'anciens membres du KPD allemand dissous.

Cependant en vertu des décisions prises à la conférence de Yalta, tenue du 2 au 11 février 1945 où les Alliés s'accordèrent pour diviser Berlin et l'Allemagne en quatre secteurs d'occupation, les forces soviétiques durent évacuer pendant l'été suivant les districts ouest que les Américains, les Britanniques et les Français investirent aussitôt.

Puis, les premières élections municipales d'après-guerre eurent lieu le 20 octobre 1946 dans les quatre secteurs d'occupation et se soldèrent par une nette victoire du SPD devant la CDU et le SED communiste.

Berlin devint presque ingouvernable, lorsqu'une opposition politique croissante tant dans l'administration quotidienne de la ville que dans les délibérations du conseil municipal se développa, allant jusqu'à des émeutes et des occupations de locaux dans les secteurs ouest. Cette agitation était probablement alimentée par les communistes bien que désavouée officiellement par les élus du SED.

La scission administrative et politique de la ville fut consommée lorsque les élus du SED organisèrent le 30 novembre 1948 un « conseil des représentants de quartier » auquel participèrent de prétendues délégations des usines de la zone Est. Ce conseil réinvestit alors dans ses fonctions Arthur Werner qui nomma Friedrich Ebert junior (le propre fils du défunt président de la République) maire de l'agglomération du Grand Berlin. La municipalité communiste s'installa alors au Rotes Rathaus, l'Hôtel de ville central de Berlin.

Le 5 décembre suivant, un nouveau scrutin municipal devait se tenir dans l'ensemble du territoire berlinois mais ne fut finalement organisé que dans les secteurs ouest, les autorités soviétiques en interdisant l'organisation dans le secteur qu'elles administraient. À l'issue de ce scrutin, Ernst Reuter fut désigné comme maire par les électeurs de l'Ouest qui désavouèrent le maire pro-communiste Friedrich Ebert. Son équipe prit possession du Rathaus Schöneberg, l'Hôtel de ville du district de Schöneberg situé en secteur américain.

[modifier] Les débuts de la reconstruction

La scission de la ville étant consommée, la nouvelle équipe municipale de Berlin-Est s'attela à la reconstruction de cette partie de la ville, d'autant plus que celle-ci devint la capitale de la République démocratique allemande lors de la fondation de celle-ci le 7 octobre 1949, et qu'elle bénéficia de la part du nouvel état d'aides substantielles permettant le financement de 50% des installations de logements.

La reconstruction à Berlin-Est reposa sur seize principes de la construction urbaine "Sechzehn Grundsätze des Städtebaus" (27 juillet 1950), et les principes du réaménagement de Berlin intra muros « Grundsätze für die Neugestaltung der Berliner Innenstadt" issus des plans précédents (notamment du plan collectif, le "Kollektivplan", de Hans Scharouns). Le 6 septembre 1950 le projet urbain fut finalement adopté.

Ces principes du réaménagement prévoyaient une avenue large de 90 mètres allant de l'Est de la ville jusqu'à l'avenue "Unter den Linden" en passant par l'Alexanderplatz devenue le nouveau centre-ville. L'application de ces principes commença en 1951 dans la Stalinallee.

On profita de cette restructuration urbaine pour démolir certains symboles du régime nazi tels que la Chancellerie du Reich (située près de la Potsdamer Platz) ou du « militarisme prussien » (selon la terminologie officielle) tels que le Château de Berlin, rasé dès 1950.

Les équipements culturels et universitaires ne furent pas oubliés :

Les infrastructures de transport furent progressivement remises en service par la création d'un nouveau Berliner Verkehrsbetriebe (BVB) différent du Berliner Verkehrsbetriebe (BVG) situé à l'ouest. Celui-ci mit l'accent sur le développement du réseau de tramway (Straßenbahn) qui devint en quelques années l'un des plus étendus au Monde.
On remit provisoirement la gare ferroviaire de Lehrter Stadtbahnhof qui fut partagée avec les autorités ouest-berlinoises.
La base aérienne de Schönefeld, située à l'extérieur des limites du Grand Berlin, dans le Brandebourg et qui était alors occupée par l'Armée rouge, fut transformée en Aéroport civil.

En 1952, la RDA supprima ses 5 Länder et les remplaça par 15 Bezirke (districts), Berlin-Est constituant l'un d'entre eux.

[modifier] Les évènements de juin 1953

La reconstruction des infrastructures industrielles de la RDA (et donc de Berlin-Est) se fit sur la base d'une économie planifiée. Le Premier Plan Quinquennal (1951-55) présenté par l'Etat prévoyait de hauts quotas de production pour l'industrie lourde et l'augmentation de la productivité de travail, ceci sans compensation.

La colère au sein de la population monta et une manifestation éclata le 16 juin 1953 menée par des maçons travaillant sur le chantier de la Stalinallee. Le soir même, un communiqué annonça une révision de la mesure par le gouvernement.

Tout semblait rentrer dans l'ordre lorsqu'un poste émetteur clandestin émettant depuis le secteur américain de Berlin-Ouest, « RIAS-Berlin » lança des mots d’ordre de grève générale pour le lendemain et réclama des élections libres et secrètes.

Le 17, une vague de révolte déferla dans plusieurs villes du secteur soviétique. À Berlin-Est, une foule de 60 000 personnes attaqua les locaux de la police, conspua les dirigeants, incendia les sièges de journaux et des entrepôts.

C'est l'incendie de l'un d'entre eux (la Columbushaus) et l'implication d'ouvriers venus de Berlin-Ouest dans les émeutes qui incita le numéro un du régime communiste, Walter Ulbricht, à faire appel aux troupes soviétiques pour organiser la répression contre un soulèvement, qu'il qualifia lui-même de « contre-révolutionnaire » en accusant les occidentaux d'avoir fomenté ces troubles.

L’intervention de l'armée soviétique fut sanglante, les soldats tirant à vue sur des citoyens désarmés. La répression se soldera malheureusement par la mort de 153 manifestants et de nombreux blessés, mais provoquera la fuite de nombreux Allemands vers les zones d'occupation occidentales. Sur 19 millions d'habitants en RDA, plus de 3 millions s'enfuirent à l'Ouest avant la construction du mur en 1961.

[modifier] D'une scission à l'autre

Après ce triste épisode, la vie reprit son cours à Berlin-Est. Les travaux de reconstruction et de rénovation continuèrent, effaçant peu à peu les stigmates de la dernière guerre :

  • En 1957, la remise en état de la Porte de Brandebourg fut achevée.
  • En 1958, la restitution par les Soviétiques d'une partie des collections du Musée de Pergame permit la réouverture de celui-ci.

On profita aussi de cette frénésie bâtisseuse pour aménager d'autres équipements, souvent en "doublon" de ceux existant à Berlin-Ouest : le Jardin Zoologique de Berlin-Friedrichsfelde fut créé en 1954 sur les 160 hectares de l'ancien château de Friedrichsfelde, devenant ainsi le pendant du Zoo de Berlin situé à Charlottenburg.

Icône de détail Article détaillé : Mur de Berlin.

Cependant, cet engouement cacha mal la situation réelle que connaissait la RDA depuis les évènements de 1953 : une crise essentiellement due à un exode massif des citoyens est-allemands qui causait de sérieux problèmes socio-économiques menaçant en 1961 l'existence même du régime et de l'État communistes. L'échec trois ans auparavant de Ultimatum de Khrouchtchev, remettant ouvertement en cause la présence de troupes occidentales à Berlin-Ouest, nécessita l'adoption de mesures draconiennes. Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, des équipes de maçons placés sous la surveillance de policiers et de soldats posèrent les premiers grillages et barbelés autour des 115 km de frontière séparant Berlin-Ouest de la RDA (dont 43,1 kilomètres dans sa section intra-berlinoise). Bientôt un mur de briques, puis de béton remplaça ces installations provisoires, coupant ainsi souvent en deux des familles berlinoises vivant dans des secteurs différents de la ville.

Après une séparation politique, administrative, puis économique, Berlin fut séparé de manière physique pendant près de trente ans par une construction sensée « Protéger la RDA » que l'on surnomma en Occident le « Mur de la Honte ».

[modifier] Berlin-Est, vitrine du « Réalisme socialiste »

L'isolement de « Chancre Capitaliste » que représentait Berlin-Ouest selon les autorités communistes exacerba les rivalités architecturales entre les deux parties de la ville. L'Alexanderplatz servit à la municipalité communiste de vitrine et fut dotée de monuments aux dimensions parfois impressionnantes :

  • Ainsi, le Haus des Lehrers (Maison de l'enseignant), bâtiment construit entre 1962 et 1964 faisant 54 mètres de haut, fut le premier immeuble construit d'une grande hauteur.
  • Il fut suivi très peu de temps après par la symbolique Fernsehturm,la tour de télévision de 368 mètres de hauteur, dont la construction s'étala de 1965 à 1969,et fut la plus élevée de la ville.
  • Puis ce fut un troisième gratte-ciel, un hôtel de 2000 lits, le "Interhotel Stadt Berlin", qui sortit de terre et fut inauguré en 1970.
  • Pendant la même période, fut érigé le centre commercial Warenhaus, 15 000 m² de surface, le plus grand de la RDA.

Cette restructuration de l'espace donna l'occasion au gouvernement d'organiser de grandes manifestations de masse : le Festival mondial de la jeunesse en 1973, la célébration des 25 ans de la RDA en 1974 ou la cérémonie commémorant les 30 ans de la fin de la guerre en 1975.

Enfin, en avril 1976, non loin de là, l'inauguration du Palais de la République, siège de la Volkskammer, le parlement de la RDA, construit en grande partie à l'emplacement de Château de Berlin, constitua la point d'orgue de la reconstruction.

Cependant, des monuments anciens, notamment ceux situés sur l'Île aux Musées, furent restaurés : en 1975, on lança la restauration du Berliner Dom.

Les années 1980 ne seront pas particulièrement riches en constructions nouvelles, la crise latente étouffée par la dictature du régime communiste prit de plus en plus d'ampleur. Le mal-être de nombreux citoyens est-allemands les incita à quitter le pays par n'importe quels moyens. Le mécontentement populaire grandit jusqu'au 4 septembre 1989, date à laquelle environ 1200 personnes défilèrent à Leipzig pour réclamer des réformes et notamment la liberté de circulation vers l'Ouest. Bientôt la grogne finira elle aussi par gagner Berlin-Est.

[modifier] La réunification

Icône de détail Article détaillé : réunification allemande.

Les célébrations du quarantième anniversaire de la RDA à Berlin en octobre 1989 sonneront définitivement le glas du régime marxiste.

Dans la soirée du 9 novembre, lors d'une conférence de presse transmise en direct par la télévision, Günter Schabowski, membre du comité central du SED, annonça à la surprise générale la levée de toutes les restrictions de voyage et l'ouverture des frontières. Au moment où la décision était diffusée à la télévision, des milliers de personnes se massèrent aux postes de passage le long du mur de Berlin. Vers 23 heures, le premier poste frontière à ouvrir ses barrières fut celui de la Bornholmer Straße. Les autres suivirent rapidement dans la liesse générale, de nombreuses familles berlinoises profitant de cette nouvelle liberté pour visiter Berlin-Ouest.

Le 13, la question de la réunification de l'Allemagne est ouvertement posée.

Le 22 décembre, la Porte de Brandebourg, lieu symbolique de la division de la ville, sera finalement réouverte devant une foule enthousiaste, en présence du maire de Berlin-Ouest Walter Momper, de son homologue de l'Est Erhard Krack, du Chancelier fédéral Helmut Kohl et du Président du conseil de la RDA Hans Modrow.

Le 18 mars 1990, de nouvelles élections sont organisées pour le renouvellement de la Volkskammer. La victoire des conservateurs de l’Allianz für Deutschland décide en faveur d'une réunification rapide en utilisant l'article 23 de la loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne.

Dès lors, les deux municipalités travaillèrent en étroite collaboration, pour canaliser les efforts de citoyens enthousiasmés par une réunification imminente et les deux assemblées municipales tinrent leur première réunion commune au Rotes Rathaus (ancien Hôtel de ville central) le 12 juin 1990.

Il était évident qu'à partir du moment où la réunification de l'Allemagne était décidée en appliquant les lois fédérales à l'ex-RDA, le même processus devait s'appliquer à Berlin-Est vis-à-vis de Berlin-Ouest.

C'est ainsi, que le 3 octobre 1990, Berlin retrouva son unité le même jour que l'Allemagne tout entière en redevenant aussi sa capitale unique. La Constitution de Berlin votée par le Sénat ouest-berlinois 30 ans auparavant le 1er septembre 1950 et qui devait être valable pour l'ensemble du Land berlinois, entra finalement en vigueur sur le territoire de celui-ci lorsqu'il fut ainsi reconstitué. Le même jour, étaient également organisées les premières élections municipales communes.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

Les 15 districts de la République démocratique allemande

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