Voies romaines en Gaule

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Voie romaine, près de Raon-lès-Leau
Voie romaine, près de Raon-lès-Leau

Les voies romaines en Gaule sont le développement par les Romains d'un réseau routier préexistant à leur arrivée.

Sommaire

[modifier] Historique

Il est trop souvent admis que les Romains sont à l'origine du réseau routier de la Gaule.

Dans son œuvre, le De Bello Gallico (Commentaires sur la Guerre des Gaules), relatant ses six années de campagne, Jules César nous montre la rapidité avec laquelle ses légions ont progressé sur le sol gaulois.

Mise à part l'épisode fameux de la construction du pont sur le Rhin (« en dix jours, l'ouvrage d'art est achevé et l'armée franchit le Rhin »[1]), rares sont les occasions où le général romain va faire entreprendre des travaux d'aménagement routier pour faciliter le passage de ses soldats.

Cela prouve qu'à ce moment là, il y avait en Gaule un réseau routier important et que les communications terrestres se faisaient déjà d'une façon plus que satisfaisante sur des chemins et des routes assez entretenus pour faire évoluer rapidement les légions.

L'étude de la vie sociale et surtout économique de l'époque celte montre bien qu'à l'arrivée de ces soldats romains existaient depuis fort longtemps de grands courants d'échanges commerciaux entre les différentes peuplades. Pour que ces relations puissent se faire, l'existence d'un réseau de voies de communications praticables était ainsi logiquement une obligation. Après la conquête, les ingénieurs romains ne feront que reprendre dans leur grande majorité ces tracés, les faisant améliorer et mettre aux normes du schéma des viae de la péninsule italienne par leurs troupes alors privées de combats. Ces aménagements vont de la rectification des tracés à la construction de ponts, gués ou stations.

Bien avant la soumission de l'ensemble des peuples gaulois à la fin du Ier siècle av. J.-C., Rome avait, aux alentours de -120, conquis le sud de la Gaule dans un but purement stratégique : annexer les territoires compris entre l'Italie et les provinces d'Hispanie. La première décision politique prise sera alors la création d'une route dont la construction fut supervisée par le consul Cneus Domitius Ahenobarbus. Il reprit en l'aménageant plus ou moins le tracé de l'antique voie hérakléenne et de la route empruntée par l'expédition d'Hannibal. Comme c'était la coutume, il donna son nom à cette voie. La Via Domitia, la Voie Domitienne est ainsi la première route construite suivant un schéma organisé de la Gaule dès -118.

Bien que le développement global des voies romaines en Gaule ait débuté sous le règne de Jules César, c'est sous le principat d'Auguste qu'il va prendre son essor. Le pays lentement pacifié sera alors progressivement couvert d'un réseau, en romanisant d'abord ces voies anciennes, ensuite en créant des voies nouvelles qui allaient répondre à leur besoin nouveau d'expansion. Les travaux des grands axes de la Gaule furent ainsi confiés par Auguste, après son voyage en Narbonnaise en -27 à son gendre et conseiller privilégié Marcus Vipsanius Agrippa. Remarquable et talentueux administrateur, il choisit, pour des raisons d'ordre géographique, la ville de Lugdunum / Lyon comme origine de ces voies. L'aménagement de quatre grands axes fut achevé avant la fin du Ier siècle av. J.-C..

Le géographe Strabon, dans sa Géographie les décrit ainsi : « Lyon se trouve au milieu de la Gaule comme l'Acropole au milieu d'une ville… c'est pourquoi Agrippa en fit le point de départ des grandes routes qu'il ouvrit. Au nombre de quatre, l'une va chez les Santons et en Aquitaine, la seconde se dirige vers le Rhin, la troisième vers l'Ccéan, la quatrième gagne la Narbonnaise et le rivage de Marseille »[2].

Durant le -Ier siècle furent renforcés les axes menant à la Germanie. Les autres grands axes et voies secondaires furent achevés d'être mis en place à l'époque d'Antonin le Pieux. L'extension et l'amélioration des routes se feront ainsi jusqu'au milieu du IIIe siècle siècle, lors des premières incursions des Francs et des Alamans, préfiguration des grandes invasions des Ve et VIe siècles.

[modifier] Les premières grandes voies en Gaule

[modifier] Les grands itinéraires partant de Lyon

  • La Route de L'Italie. Elle permet de rejoindre Rome.

Plusieurs possibilités s'offraient alors au voyageur :

En venant d'Aoste par Vienne, Bourg-Saint–Maurice et Chambéry.

En venant de Suse par Briançon, Grenoble et Valence.

En venant de Saint-Gabriel / Arles par Avignon, Orange, Valence et Vienne.

  • La Route de la Germanie pour rejoindre Cologne, par Macon, Chalon-sur-Saône, Dijon, Langres, Metz et Trêves. C'est le grand axe nord-sud, des bords de la Méditerranée aux limes germaniques.
  • La Route de l'Océan pour rejoindre Gesocribate (soit l'Aber Wrac'h ou le Conquet) par Roanne, Nevers, Orléans, Tours, Angers, Nantes, Vannes, Carhaix et Gesocribate.
  • La Route d'Aquitaine par Feurs, Clermont-Ferrand, Limoges, Périgueux et Bordeaux ou une deuxième variante avec passage par Feurs, Cahors, Agen et Bordeaux. Elle rejoint la capitale de la metropole de la Province d'aquitaine. Cet itinéraire prendra le nom au Moyen Âge de voie bolène.
  • La route de Boulogne-sur-Mer par Autun, Auxerre, Sens, Meaux, Senlis, Beauvais et Amiens. Une variante partait de Langres pour rejoindre Reims, Soissons et Amiens. Elle rejoint le port d'embarquement pour la Bretagne et la capitale de la Belgique (Reims).

[modifier] Les autres grands itinéraires

Les itinéraires du nord de la France actuelle, centrés sur Bavay
Les itinéraires du nord de la France actuelle, centrés sur Bavay
  • De Massalia à Condate. Cette route était également surnommée la route de l'étain. Une station de cette route a été retrouvée (Site gallo-romain de Tintignac).
  • La Voie des Alpes qui joignait l'axe rhodanien de la Via Agrippa, au départ de Valence à la Via Domitia à Gap, en passant par Crest, Die et Luc-en-Diois.
  • De Lyon à l'estuaire de la Seine par Chalon-sur-Saône, Autun, Sens, Lutèce et Rouen.
  • De Bordeaux à Rouen par Périgueux, Limoges, Argenton-sur-Creuse, Orléans, Chartres, Dreux et Évreux. Une variante passait par Saintes, Poitiers, Tours, Le Mans et Lisieux. La voie Périgueux-Saintes se nomme le chemin boisné)
  • De Narbonne à Dax par Toulouse.
  • De Clermont-Ferrand à Rouen par Néris, Bourges et Orléans. Elle rejoignait la voie Bordeaux-Rouen.
  • De Strasbourg à Boulogne-sur-Mer par Metz, Reims, et Amiens.
  • D'Aoste à Boulogne-sur-Mer par Besançon et Langres. Elle rejoignait alors dans cette ville la voie secondaire de Lyon à Reims.

De nombreuses voies ont relié toutes ces villes entre elles, en rejoignant également des villes de moindre importance.

[modifier] Sources

  • En route ! La France par monts et par vaux. Florence Trystram. Découvertes Gallimard. Chapitre 1 : les voies gallo-romaines.
  • Itinéraires romains en France. G. Thiollier-Alexandrowicz. Archéologia hors Serie N°8H. 1996
  • Tracés d'itineraires en Gaule romaine. Yan Loth. Editions Amatteis. 1986
  • La voie Domitienne, de la Via Domitia à l'an 2000. Pierre A Clément / Alain Peyre. Presses du Languedoc. 1991 réedition 1992.

[modifier] Notes et références

  1. La Guerre des Gaules, César - p.118 - Traduction du latin par A.et P. Pilet. Editions Arléa. Mars 1991.
  2. Strabon, Géographie, livre IV, 11 - Les Belles Lettres. 1971.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

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