Tritium

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Hydrogen-3

General
Nom, Symbole tritium, triton, 3H
Neutrons 2
Protons 1
Données Physiques
Présence naturelle trace
demi-vie 12,32 ans ± 0,02 ans
Produit de désintégration hélium-3
Masse atomique 3,0160492 u
Spin 1/2+
Excès d'énergie 14 949,794 ± 0,001 keV
Énergie de liaison 8 481,821 ± 0,004 keV
Désintégration Énergie (MeV)
Désintégration bêta 0,018590

Le tritium (T ou ³H) est l'un des isotopes de l'hydrogène (de même que le deutérium). Il possède 1 proton et 2 neutrons.

A la différence du deutérium, c'est un élément radioactif, qui émet un rayonnement bêta (β-) (de faible énergie) en se transformant en hélium-3 (³He).
Sa période ou demi-vie est de 12,34 ans. Son activité massique est de 3,59.1014 Bq.g-1 (soit 1 g = 359 TBq).

Sommaire

[modifier] Inventaire planétaire et écologie du Tritium

  • Du tritium « naturel » est produit, essentiellement dans la haute atmosphère par activation des atomes d’azote 14 (d'oxygène et d'argon) par les rayons cosmiques. En terme d'activité, l’UNSCEAR estime l’inventaire global du tritium naturel à environ 1,3.1018 Bq.
- La production annuelle de tritium est comprise entre 5,0116 et 7,4 x 1016 Bq/an (soit entre 0,15 et 0,20 kg).
- Une production tellurique existe, mais est mal quantifiée. Elle semble cependant très faible face à la production aérienne.
  • Du tritium anthropique est émis (et en forte augmentation dans l'environnement) depuis les années 40, dépassant de loin les taux naturels, via deux sources principales : les installations nucléaires et les explosions nucléaires ;
- les essais thermonucléaires: bombe A ou bombe H ont injecté dans l'atmosphère de l’hémisphère nord, essentiellement dans les années 1950 à 1980, environ 186 000 PBq (ou 186 000 petabecquerel, soit = 186 000 x 101015 Bq, c’est-à-dire 186 000 millions de milliards de Becquerels) de tritium. Environ 80% de ce rayonnement a « disparu » du fait de la décroissance radioactive, 90 % selon l'IRSN[1] de 1945 à la fin des années soixante. La production d'armes thermonucléaires est elle aussi source d'émissions de tritium. À titre d'exemple, en France, le seul centre de Valduc, du CEA, a ainsi déclaré pour la seule année 1999 2,67 x 1014 Bq d'activité pour ses rejets gazeux, émis surtout sous une forme organique. Leur répartition était d'environ 70 % sous forme HTO et 30 % sous forme HT.[2]
- les installations nucléaires: Civiles et militaires ; réacteurs, usines de retraitement et production d'armes avaient de 1950 à 1997 déjà dispersé environ 297 PBq de tritium, auxquel il faut ajouter 2,8 PBq de carbone 14, selon l'évaluation faite par l'UNSCEAR en 2000. [3].
Le retraitement est aussi une source de tritium de fusion.

[modifier] Cinétique du tritium dans l’environnement

Le tritium est connu sous 3 formes dans l'environnement :

  • HT (Tritium gazeux , hydrogène tritié), CH3T (méthane tritié), dont la production et les taux dans l’environnement pourraient augmenter avec le développement de la fusion nucléaire.
  • HTO (Eau tritiée) : 99% environ du tritium produit prend rapidement cette forme, essentiellement dans l'océan mondial. En 1972, l'UNSCEAR estimait à 6,3 x 1019 Bq, contre 4,3 x 1019Bq aujourd'hui [4]. Ce sont les océans qui en contiennent le plus, mais si dilué dans leur masse que le taux de tritium (0,2 Bq.l-1 en moyenne) est bien plus bas que dans les eaux continentales (UNSCEAR, 1993), sauf en cas de proximité d'installations nucléaires.
  • OBT (pour "Organically Bounded Tritium" ; expression désignant le tritium intégré de manière covalente au sein de molécules organiques), dans les organismes vivants (biomasse), leurs cadavres (nécromasse) ou excréments et excrêtats, dans la matière organique du sol et des sédiments...

Très soluble dans l'eau, il est essentiellement présent sous forme d’eau tritiée (liquide ou gazeuse); on parle alors de tritium libre. La légère différence massique d'une même molécule selon qu'elle contienne des atomes d'hydrogène ou de tritium explique des différences de comportements, en particulier concernant l'eau tritiée lors des processus naturels de changement de phase (évaporation, condensation, cristallisation..) source d'un faible enrichissement en tritium de la phase condensée par rapport à l’hydrogène (plus léger).

Le tritium ayant les mêmes propriétés chimiques que l'hydrogène, il s'y substitue facilement et partout, c'est à dire qu'il se lie à d'autres atomes, dans les molécules, notamment organiques, de la même manière que le ferait l'hydrogène, et l'eau tritiée se répartit sur l'ensemble du cycle de l'eau.

De là, le tritium est facilement incorporé à la matière organique tritium lié lors de la photosynthèse et via le recyclage de la nécromasse ou plus généralement via la chaine alimentaire ; ces trois formes de tritium peuvent être transférées aux autres compartiments de l’écosystème. Il conviendrait donc de mesurer l’impact de l’activité du tritium sur la période de formation de la matière organique pour pouvoir en déterminer les effets et avoir une information rétrospective sur le sujet.

Certaines ONG (Crii-Rad, Greenpeace, …) dénoncent les rejets industriels de tritium et de carbone 14 en insistant sur la capacité d'organismes filtreurs (ou biointégrateurs) à concentrer certains toxiques dilués dans l'environnement (bioconcentration ; exemple : une moule peut concentrer 700 000 fois, voire jusqu'à environ 1 million de fois l'iode qui est si faiblement réparti en mer qu'il n'est souvent pas quantifiable dans l'eau).

Cette argumentation ne paraît pas applicable au cas du tritium, car ce dernier a des propriétés chimiques si proches de celles de l'hydrogène qu'il se comporte en tous points comme lui dans tout le cycle de l'eau c’est à dire sans facteur de séparation possible ou significatif[5], y compris dans les systèmes vivants.[6] L’IRSN considère qu’en situation d’« équilibre-vrai », il ne semble pas s’accumuler préférentiellement dans tel ou tel composant environnemental ou biologique[7]. Une étude sur des algues marines effectuée en 1983 a suggéré une possibilité d'accumulation[8]; mais ce résultat non conclusif n'a pas été confirmé depuis.

[modifier] Propriétés

Tubes radioluminescents : le Tritium gazeux contenu dans des tubes de verre dont la face interne est recouvertes phosphore brillent dans le noir (le tube ici photographié brille depuis 1,5 ans). Le rayonnement bêta est bloqué par le plastique ou le verre, tant que l'objet n'est pas cassé ou brûlé...
Tubes radioluminescents : le Tritium gazeux contenu dans des tubes de verre dont la face interne est recouvertes phosphore brillent dans le noir (le tube ici photographié brille depuis 1,5 ans). Le rayonnement bêta est bloqué par le plastique ou le verre, tant que l'objet n'est pas cassé ou brûlé...

[modifier] Propriétés chimiques

Aux températures ordinaires, le tritium est un gaz (HT ou T2). En présence d'oxygène, il produit de l'eau tritiée (HTO), s'il y a une source de chaleur ou une étincelle. (Oxydation, tout comme l'isotope léger H2). En milieu sec, le tritium gazeux se convertit en eau tritiée ; environ 1 % du tritium est converti en 1 heure, et d'autant plus vite que le milieu sera humide.

[modifier] Radioactivité

Le tritium est radioactif. Sa demi-vie est de 12.32 an.
Il se transforme en Hélium-3 par la réaction:

{}^3_1\hbox{H}\to{}^3_2\hbox{He}^++\hbox{e}^-+\overline{\nu}_{\hbox{e}}

La réaction dégage une énergie maximale (Emax) de 18,6 keV et moyenne (Emoy) de 5,7 keV, l'électron emportant en moyenne une énergie cinétique de 5.7 keV, le reste étant emporté par un antineutrino électronique (pratiquement indétectable). Son énergie particulièrement faible le rend également difficile à détecter autrement que par scintigraphie.

Le rayonnement béta émis est de faible énergie ; il est rapidement arrêté dans l'eau et dans les tissus biologiques, au plus après 6 μm parcourus (et en moyenne environ 0,56 μm), cependant si ce rayonnement lorsqu'il est externe est chez l'homme rapidement arrêté par la surface « morte » de la peau, la plupart des molécules tritiées (HTO ou OBT) peuvent être absorbées à travers la peau ou diverses membranes ou tissus biologiques chez l'homme et chez d'autres espèces (animales, fongiques, végétales..).

Du point de vue de sa radioactivité, le tritium n'est donc dangereux que lorsqu'il est inhalé ou ingéré ou lorsqu'il a pénétré une cellule vivante.

[modifier] Tritium et industrie nucléaire

Le tritium est une matière nucléaire dont la détention est réglementée (En France : Article R1333-1 du code de la défense).

Icône de détail Article détaillé : Contrôle des matières nucléaires.

[modifier] Production

Le tritum est produit dans la nature par l'interaction entre le rayonnement cosmique et l'atmosphère. La réaction dominante est l'interaction entre un neutron rapide (de plus de 4 MeV) et un atome d'azote:[9]

{}^{14}_7\hbox{N}+{}^1\hbox{n}\to{}^{12}_6\hbox{C}+{}^3_1\hbox{H}

Cependant, du fait de la demi-vie très courte du tritium, celui-ci ne peut pas s'accumuler dans l'atmosphère de manière significative.

Le tritium peut être produit en quantités importantes en bombardant du lithium par un flux neutronique. C'est le cas par exemple dans le réacteur nucléaire d'une centrale nucléaire. L'isotope léger (6Li), présent dans le lithium naturel à raison de 7,5 %, capture les neutrons et donne des noyaux d'hélium et de tritium suivant la réaction :

{}^6_3\hbox{Li}+{}^1\hbox{n}\to{}^4_2\hbox{He}(2.05 MeV)+{}^3_1\hbox{H}(2.75 Mev)

Dans le futur, la fusion thermonucléaire destinée à produire de l'énergie devrait utiliser le lithium dans une zone périphérique dite de couverture, enveloppant le cœur du réacteur, afin d'intercepter un maximum de neutrons produits par les réactions de fusion. Le tritium pourrait ainsi être produit et consommé sur place, limitant le transport de matière radioactive.

Les réacteurs à eau lourde en produisent par capture d'un neutron par un atome de deutérium. Cette réaction n'a qu'une très faible section efficace (c'est pourquoi l'eau lourde est un bon modérateur) et ne produit que peu de tritium.

Les réacteurs nucléaires, l'industrie nucléaire, via notamment le retraitement des déchets nucléaires produisent du tritium par irradiation de lithium 6 et pendant des réactions de fission ou de retraitement. Le tritium « dégaze » du combustible « usé » et est principalement libéré durant le retraitement de ce combustible.

[modifier] Utilisation

Le tritium est utilisé dans les armes nucléaires utilisant la fusion nucléaire tritium-tritium ou tritium-deutérium. Celle-ci est déclenchée par les conditions extrêmes de température et de pression lors d'une réaction explosive de fission nucléaire de l'uranium 235 ou du plutonium 239. Les neutrons dégagés par la fusion du tritium favorisent à leur tour la fission de l'uranium ou du plutonium.

Le tritium gazeux est aussi utilisé pour sa capacité à faire briller dans le noir le phosphore, avec bien moins de risque qu'avec le radium (interdit pour ces usages en raison de sa dangerosité, notamment pour les travailleurs). Des tubes transparents emplis de gaz servent à rendre lumineux des points (montres, chronomètres, systèmes de visée d'armes de chasse, guerre, ou tir sportif), des gadgets (pendentifs, porte clé) ou des panneaux de sécurité (de type "sortie de secours" qui n'ont alors plus besoin de piles ou circuit d'alimentation, mais qui peuvent perdre leur tritium en cas d'incendie).

Le tritium sera aussi l'un des isotopes de l'hydrogène utilisé pour le fonctionnement du futur réacteur à fusion nucléaire ITER.

[modifier] Rejets

Le tritium est avec le carbone 14 l'un des deux radionucléides les plus émis dans l’environnement par les installations nucléaires fonctionnant normalement.

On ne sait pas aujourd'hui - à coûts raisonnables - filtrer, isoler ni correctement stocker le tritium. Cet atome (sous forme gazeuse) étant actif et parmi les plus petits, il diffuse par les porosités les plus fines, passant par exemple au travers du caoutchouc et diffusant dans la plupart des qualités d'acier. Il peut s'évaporer, se diluer dans de l'eau et pénétrer le béton s'il n'est pas protégé par une couche spéciale.

C'est pourquoi les gros producteurs de tritium ont demandé et obtenu des normes leur permettant de disperser et de diluer le tritium dans l'environnement.

Les usines de production de plutonium de la Hague ou de Sellafield ont des limites de rejets leur permettant de rejeter en mer ou dans l'air la quasi totalité du tritium qu'elles produisent ou doivent gérer. Les usines de retraitement de la Hague peuvent rejeter en mer 1 400 fois plus de tritium que ce qui est autorisé au réacteur de la centrale nucléaire de Gravelines également situé en bord de la mer, également à proximité de grandes zones de pêche, mais dans une zone plus urbanisée et des courants moins forts. L'usine de retraitement de la Hague a l'autorisation de rejeter 37 000 TBq (térabecquerels) par an sous forme liquide et 2 200 TBq par an sous forme gazeuse.[10] L'usine de la Hague déclaré en 1999 8 x 1013 Bq (soit 0,22 g de tritium) et les rejets liquides à 1,3x1016Bq (soit 36 g). Pour l'année 2002, elle en a rejeté respectivement 11 900 TBq et 63,2 TBq (source Areva NC). Pour l’usine de Sellafield (GB) en 1997, les rejets gazeux de tritium se sont élevés à 1,7 x 1014 Bq et les rejets liquides à 2,6 x 1015 Bq (BNFL, 1997).

Selon l'Autorité de sûreté nucléaire, en France, bien que les « activités » des rejets d'autres radionucléides ont fortement diminué (d’un facteur 100 voire plus) des années 1985 aux années 2005, « les activités en tritium et en carbone 14 restent globalement constantes, voire augmentent pour certaines installations »[11].

[modifier] Utilisation non nucléaire

Montre luminescente au tritium
Montre luminescente au tritium

Le radium (trop radioactif) a été interdit pour la luminescence des montres et réveils, où il a été remplacé par du tritium moins dangereux (norme ISO 3157:1991). Le rayonnement béta du tritium suffit à exciter une matière luminescente, suffisamment pour rendre les graduations visibles dans l'obscurité.

Bien que cela soit interdit dans certains pays (dont USA), des capsules de tritium gazeux sont utilisées dans certaines montres ou gadgets (dits « trasers »), qui font l'objet d'un commerce illégal et éventuellement dangereux.

En France, cette pratique est soumise à autorisation de vente par le code de la santé publique [12].

[modifier] Toxicologie

[modifier] Contraintes

L'irradiation bêta émise par le tritium est faible: le tritium fait réglementairement[13] partie du groupe de radiotoxicité le plus faible (groupe 4). La radioactivité du tritium est relativement faible, et ne présente pratiquement aucun danger par ses rayonnements à distance, compte tenu des quantités habituellement rencontrées: l'énergie des β émis n'entraîne pas d'exposition externe significative. Le parcours maximal du rayonnement β du tritium (6 μm) est du même ordre de grandeur que la dimension du noyau cellulaire (quelques μm), les rayonnements émis par le tritium sont bloqués par la peau.

En revanche, s'il a été ingéré, ce qui est facilité par son état de gaz ou lorsqu'il est présent sous forme d'eau tritiée, il peut endommager les cellules qui y sont exposées. Il est néanmoins reconnu comme cancérigène. Christian Bataille, dans son rapport[14] sur la gestion des déchets nucléaires rappelle que le tritium « présente pour la santé humaine des dangers incontestables qu’il convient de ne jamais oublier. »

La radiotoxicité du tritium est très différente suivant qu'il est absorbé sous forme gazeuse, liquide, ou organiquement fixée (OBT).

Le tritium pénètre dans le corps par la respiration, par ingestion ou à travers la peau.

  • La part inhalée se répand équitablement dans les tissus mous. L’assimilation sous forme de tritium gazeux est environ 10 000 fois plus faible que sous forme d’eau tritiée. Seul 0,01% de l’activité inhalée est absorbé pour être ensuite oxydé rapidement en eau tritiée.
  • L'eau tritiée se mêle rapidement à toute l'eau du corps[15]. L'eau tritiée étant très semblable à de l'eau ordinaire, elle est beaucoup plus radiotoxique que le gaz tritium[16] parce qu'elle est assimilée par l'organisme. L’eau tritiée est éliminée par la transpiration, l’air expiré et l’excrétion urinaire avec une période de 10 jours. Les 3% transformés en tritium organique sont éliminés avec une période de 40 jours.
  • Le tritium piégé dans la matière organique est plus dangereux encore car moins rapidement éliminé (550 jours, durant lesquels il peut irradier l'intérieur du corps, soit 55 fois plus, que les 10 jours de séjour de l'eau tritiée)[17].

Quelle que soit la forme de l’apport en tritium, la plus grande partie du tritium a été éliminée en 1 mois et la quasi-totalité est éliminée en moins de 1 an. Sa période biologique est donc très inférieure à sa période radioactive.

Les facteurs de doses restent cependant extrêmement faibles dans tous les cas:

  • Tritium gazeux : 1,8.10-15 Sv.Bq-1
  • Eau tritiée : 1,8.10-11 Sv.Bq-1
  • OBT : 4,1.10-11 Sv.Bq-1

[modifier] Tritium dans l'eau potable

L’eau tritiée est la forme majoritaire de transfert du tritium dans l’environnement et d’exposition humaine. C’est pourquoi le tritium est recherché dans l’eau potable.

Les recommandations de l’OMS sur les critères de potabilité de l’eau de boisson sont que la dose reçue du fait de la présence d’un radionucléide dans l’eau de boisson ne dépasse pas 0.1 mSv/an. Cette dose pourrait être atteinte chez l’adulte par la consommation quotidienne de deux litres d’eau tritiée à hauteur de 7 800 Bq/l (valeur guide de l’OMS pour ce radioélément).[18]

Le gouvernement de l'Ontario (Canada) a recommandé que le maximum de tritium toléré dans l'eau potable passe de 7 000 Bq/l à 20 Bq/l en cinq ans et que l'on vise une réduction plus importante[15].

En France, le tritium est suivi comme indicateur de radioactivité: si la concentation en tritium dépasse le niveau de référence de 100 Bq/l, il est procédé à la recherche de la présence éventuelle de radionucléides artificiels. Ce niveau n'est donc qu'une "référence de qualité": le dépassement de cette valeur ne signifie pas que l’eau est non potable.

La pluie peut être une source de contamination directe des animaux, dont d’élevage. Selon la CRIIRAD (1995), l'eau de pluie polluée par les tests nucléaires et par le tritium naturel est susceptible de contaminer les nappes phréatiques jusqu'à 4 Bq/l. Au delà, on peut suspecter qu'une autre source de tritium soit en cause, avec certitude au dessus de 7 Bq/l.

Ex : Près de l'usine de retraitement de La Hague, la mer contient de 3 à 30 Bq par litre, soit 15 à 150 fois plus que la moyenne, malgré la forte capacité de dilution du tritium)[19]. En France, les teneurs des eaux de surface et de nappe dépassent rarement 10 BQ/litre même si elles grimpent localement et ponctuellement jusqu'à 20 Bq par litre [20], voire plus (Ex : Près du site de Valduc, l’eau d’alimentation du site était en 1996 contaminée à des taux atteignant plusieurs dizaines de Bq par litre, voire de près de 100 Bq par litre.

L'ensemble de cette contamination par des traces de tritium reste très en dessous de la limite donnée par l'OMS pour l'eau potable (de l'ordre de 10 000 becquerel par litre, soit cent fois plus).

[modifier] Mesure

Une chambre d'ionisation des gaz permet de mesurer des concentrations importantes, de même que la microcalorimétrie pour des solides (sous forme d'hydrures par exemple).
L'eau tritiée, ou des liquides (extraits par distillation azéotropique de plantes, animaux, champignons, sols) peuvent être analysés facilement grâce à la scintillation liquide. Vers 1980 sont apparus des compteurs à très bas bruits de fond détectant le tritium à partir de 5 Bq par litre. De nouveaux flacons de comptage ainsi que des « cocktails scintillants » spéciaux ont permis de le détecter à partir de 1 Bq par litre [21]. La spectrométrie de masse de cet isotope est encore plus précise, mais plus longue (délais d'attente pour les analyses). Le tritium de l'air doit être analysé dans l'eau, après y avoir été solubilisé. Le tritium peut dégazer d'un échantillon liquide pour s'enfuir dans l'atmosphère. Les échantillons sont donc conservés en flacons étanches et avec une pellicule d'huile minérale sur le liquide. -
Une eau faiblement tritiée peut être "enrichie" pour analyse, en profitant du fait que lors de l'électrolyse le - le tritium se dégage à la cathode plus lentement que l’hydrogène léger. Cette technique permet d’accroitre les seuils d'analyse de 0,2 jusqu’à 0,02 Bq.l-1. Les échantillons de sols ou de tissus vivant sont congelés et si possibles traités dans leurs récipents d'échantillonnages, qui doivent être étanches.

[modifier] Bibliographie

  • Raskob, W ; Strack S, FZK-Autoren, U.A. Tritium in the food chain. Comparaison of predicted and observed behaviour. A. Re-emission from soil and vegetation. B. Formation of organically bound tritium in grain of spring wheat. Biomovs II Technical Report n° 13, Spet 96.
  • Raskob, W ; Strack S, FZK-Autoren, U.A. Tritium in the food chain.Intercomparison of model predictions of contamination in soil, crops, milk and beef after a short exposure to ttitiated water vapour in air. Biomovs II technical Report n° 8 Sept 96
  • Raskob, W ; Diabate S, Strack S, A new approch for modelling teh formation and translocation of organically bound tritium in accident consequence assessment codes Internat. Symp on Ionizing Radiation : Protection ot the natural Environment, Stockholm, S, May 20-24, 1996

[modifier] Notes et références

  1. Voir fiche radionucléide citée ci-dessous
  2. Voir fiche radionucléide déjà citée, page 3
  3. Sources and effects of ionizing radiation - United Nations Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiation. UNSCEAR 2000 Report to the General Assembly.
  4. (UNSCEAR, 1993)
  5. Une fois qu'elle est liée, l'eau tritiée (de même que pour les formes fixées à des composés organiques) ne diffère pas significativement de l'eau normale ou de l'eau lourde dans son comportement physico-chimique. À titre de comparaison, le facteur de séparation pour la distillation de l'eau lourde n'est que de 1,053 à 50°C. Des facteurs de séparation plus notables ne sont observés pour les isotopes de l'hydrogène que sur les échanges chimiques avec la forme gazeuse, par exemple l'équilibre NH3 / H2 qui présente un facteur de séparation de 6 pour le deutérium, ou la conversion spontanée du tritium en eau tritiée.
  6. C'est précisément à cause de cette absence générale de sélectivité isotopique significative que les radionucléides artificiels sont de bons traceurs pour l'étude des processus biologiques.
  7. Fiche "Radionucléide ; Tritium et environnement, produite par l'IRSN en 2001 (voir page 10 et 11 sur 15) (fr)
  8. Strack S, Kirchmann R, Luttke A et Bonotto S (1983). Selective accumulation of organically bound tritium in the marine unicellular algae Dunaliella bioculata & Acetabularia mediterranea. Int J Appl Radiat Isot, 34(5): 865-869. Cité par la fiche de l'IRSN sur le Tritium
  9. An Evaluation of the Neutron and Gamma-ray Production Cross Sections for Nitrgoen, Los Alamos Scientific Laboratory
  10. L’usine de traitement de La Hague a rejeté, en 1997, environ 12 000 térabecquerels (téra- = x 10^12, soit multiplié par un million de millions) sous forme de rejets liquides (11 900 TBq de tritium et 1,8 TBq d’iode 129) et 300 000 térabecquerels sous forme gazeuse (principalement du krypton 85). D'après http://nucleaire.cea.fr/fr/environnement_sante/rejets_environnement.htm
  11. Revue de l'ASN n° 117 (Voir page 79, article "Tritium, carbone 14 : mythe ou réalité ?"
  12. Article R 43-2
  13. Au sens du décret 66-450 de 1966 modifié par le décret 88-521-1988.
  14. Rapport L’évolution de la recherche sur la gestion des déchets nucléaires à haute activité (Tome II)
  15. ab ACES, 1994
  16. 25 000 fois plus, selon une étude de l'AIEA - AIEA 1991.
  17. Fairlee, 1992.
  18. Fiche de synthèse sur le Tritium ( A. Comte CEA / EDF Décembre 2005, PDF,(fr))
  19. Fiche IRSN déjà citée, page 5 sur 15
  20. OPRI, Tableaux mensuels de mesure, Office de Protection contre les rayonnements ionisants, Le vésinet, 1995.
  21. Belot Y, Roy M, et Metivier H ; Le tritium, de l'Environnement à l'Homme. Éditions de Physique, Paris, 1996

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes