Tod Browning

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Tod Browning
Naissance 12 juillet 1880
Louisville
États-Unis États-Unis
Nationalité États-Unis Américaine
Mort 6 octobre 1962
Profession(s) Réalisateur, scénariste, producteur et acteur
Films notables L'Inconnu (The Unknown)
West of Zanzibar
Dracula
Freaks, la monstrueuse parade

Charles Albert «Tod» Browning (né le 12 juillet 1880 à Louisville dans le Kentucky aux États-Unis et mort le 6 octobre 1962) est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain.

Il est notamment connu pour avoir réalisé Freaks, la monstrueuse parade, en 1932.

Sommaire

[modifier] Biographie

C'est le deuxième fils et le troisième enfant de Charles Leslie Browning et de Lydia Jane Fitzgerald Browning.

Il est très tôt attiré par le monde du spectacle. Les différents événements organisés dans la ville de Louisville, dont la grande manifestation annuelle The Satellites of Mercury, sont certainement une source d’inspiration. Selon la légende, Browning quitte sa famille en 1898 lors du passage d'une troupe itinérante. Il semble suivre ainsi l'exemple du personnage Toby Tyler du roman de James Otis Kaler Toby Tyler, or, Ten Weeks with a Circus (1881), ouvrage très populaire à la fin du XIXe siècle, dans lequel Toby réussit à s’échapper de l'emprise de son oncle autoritaire et se lie d'amitié avec des membres d’une troupe de phénomènes de foire.

Browning parcourt pendant plusieurs années le sud des États-Unis, mais revient régulièrement à Louisville. Il se marie avec Amy Louise Stevens en 1906, mais cela ne dure pas très longtemps : le divorce est prononcé quatre ans plus tard.

En 1913, Browning joue dans une pièce burlesque The Whirl of Mirth qui a un certain succès. C'est à cette époque que le comédien Charlie Murray présente Browning à David Wark Griffith ; ce dernier l’engage et le fait jouer dans deux comédies Scenting a Terrible Crime (1913) et A Fallen Hero (1913). Browning et Lionel Barrymore suivent Griffith à Los Angeles.

En 1914, Browning joue dans An Interrupted Séance, son premier film sur la côte ouest. Un an plus tard, il réalise son premier film, The Lucky Transfer . D'autres réalisations suivent : The Slave Girl (1915), An Image of the Past (1915), The Living Death (1915) et The Burned Hand (1915). Ces deux derniers mélodrames abordent déjà des thèmes récurrents dans l'œuvre du réalisateur : les relations tendues entre père et fille, les mutilations physiques.

Browning se marie une deuxième fois, avec Alice Lillian Houghton en 1917. Après avoir tourné un certain nombre de films pour Triangle et Metro Pictures, il fait deux rencontres essentielles pour sa carrière à Universal : Irving Thalberg, directeur d'Universal et Lon Chaney, acteur, né de parents sourds et muets. Le premier film de Tod Browning et de Lon Chaney est The Wicked Darling (1919) dans lequel Chaney joue le rôle d’un truand. En 1925, après un série de films réalisés pour Universal et Gothic pictures et de sérieux problèmes d'alcoolisme, Browning réalise The Unholy Three, roman de Clarence Aaron “Tod” Robbins, avec Lon Chaney comme acteur principal, grâce à l'appui de Thalberg. Le film est un succès phénoménal. Chaney joue par la suite dans plusieurs films de Browning : The Blackbird (1926), The Road to Mandalay (1926), L'Inconnu (1927) Londres après minuit (1927), The Big City (1928), West of Zanzibar (1928), Where East is East (1929). On retrouve dans ces œuvres les sujets chers à Tod Browning: le monde interlope, le macabre, l'infirmité.

Bien qu’il soit un film muet, West of Zanzibar intègre néanmoins certains éléments sonores afin d’amadouer un public déjà familiarisé avec le cinéma parlant (The Jazz Singer sort en 1927). Where East is East est la dernière collaboration entre Chaney et Browning (Lon Chaney meurt en 1930). Apparaissent ensuite dans les films de Browning Bela Lugosi (Dracula, 1931, Mark of the Vampire, 1935), Edward G. Robinson (Outside the Law, 1930) ou encore Lionel Barrymore (Mark of the Vampire, Les Poupées du diable, 1936).

Freaks (1932) reste le film qui retient une attention toute particulière au cours de cette période. Basé sur une nouvelle de Clarence Aaron « Tod » Robbins intitulée Spurs, l'histoire a semble-t-il été communiquée à Browning en premier lieu par Harry Earles, acteur jouant le rôle d'un des cambrioleurs dans The Unholy Three.

Le film met en scène des personnes dotées de malformations physiques; ces personnages considérés comme des monstres font preuve de plus d'humanité que les êtres dits normaux. Freaks révulse le public et la critique; c'est un échec cuisant pour le cinéaste. Il ne réalise par la suite que quatre films ; Miracles for Sale (1939) est le dernier.

Il déménage avec Alice à Malibu après avoir vendu leur maison de Beverly Hills. Alice meurt le 12 mai 1944. Tod Browning se met à vivre en reclus. En 1946, il fait la connaissance du Docteur Harold Snow, jeune vétérinaire, qui se charge dans les années 1940 et 1950 de soigner ses deux chiens, Toby et Dusty. Le couple Snow propose à Browning de vivre avec eux, ce qu'il finit par accepter.

Il consulte alors un médecin qui diagnostique un cancer du larynx. En juin 1962, Browning subit une ablation du larynx, ironie cruelle du destin pour un réalisateur de films muets. Tod Browning décède le 6 octobre 1962.

[modifier] Héritage

Freaks a eu un impact très important dans l'imaginaire populaire et a servi d'inspiration pour plusieurs œuvres, sur de nombreux supports.

Au cinéma, le film de Tod Browning a influencé de nombreux réalisateurs. Il convient de citer, bien sûr, The Elephant Man (1980) de David Lynch ou plus récemment Les Frères Falls de Mark et Michael Polish sur deux frères siamois qui a reçu le prix du jury de Deauville en 1999. Jodie Foster projette de réaliser Flora Plum, histoire d'un monstre de foire qui tombe amoureux d'une jeune fille venue travailler dans le cirque dont il est la vedette. Raina Haig, réalisatrice déficiente visuelle travaille actuellement sur le scénario d'un long métrage également inspirée de Freaks.

Au théâtre en 1988, Geneviève de Kermabon, comédienne et acrobate de formation, présentait à Avignon une adaptation théâtrale de Freaks. Le spectacle choque une partie du public. Le texte de la pièce a été publié chez Actes Sud en 1992.

Dans la musique, le groupe français strasbourgeois, Weepers Circus, fondé dans les années 1980, rend hommage à Freaks en intitulant leur cinquième album La monstrueuse parade (2005).

Dans la bande dessinée, on peut citer notamment :

  • Blondeau, Muriel, Foerster, Philippe. Monstrueuse Parade. Casterman (11 janvier 2006). Le docteur Balibar rencontre Gus Filochet, l'enfant-poisson et propose tout de suite à ses parents de l'argent pour pouvoir exhiber leur fils dans son cirque itinérant... Le couple est dans la misère; le père s'enivre régulièrement pour oublier la cruelle réalité : son fils aîné est un être couvert d'écailles. Dans la foulée, les deux parents persuadent Balibar d'emporter aussi Miquet leur cadet, gamin étrange qui passe ses journées à dessiner...
  • Kraehn, Jean-Charles. Bout d'homme, l'intégrale. Glénat (1er octobre 1997). Le deuxième tome s'intitule La parade des monstres.

[modifier] Filmographie

[modifier] Réalisateur

  • 1914 : By the Sun's Rays
  • 1915 : The Living Death
  • 1915 : Little Marie
  • 1915 : The Lucky Transfer
  • 1915 : The Slave Girl
  • 1915 : An Image of the Past
  • 1915 : The Highbinders
  • 1915 : The Story of a Story
  • 1915 : The Spell of the Poppy
  • 1915 : The Electric Alarm
  • 1915 : The Burned Hand
  • 1915 : The Woman from Warren's
  • 1916 : The Mystery of the Leaping Fish (court-métrage)
  • 1916 : The Fatal Glass of Beer
  • 1916 : Everybody's Doing It
  • 1916 : The Fatal Glass of Beer
  • 1916 : Puppets
  • 1917 : Jim Bludso
  • 1917 : A Love Sublime
  • 1917 : Hands Up!
  • 1917 : Peggy, the Will O' the Wisp
  • 1917 : The Jury of Fate
  • 1918 : Which Woman?
  • 1918 : The Legion of Death
  • 1918 : The Brazen Beauty
  • 1918 : The Eyes of Mystery
  • 1918 : Revenge
  • 1918 : The Deciding Kiss
  • 1918 : Set Free
  • 1919 : The Wicked Darling
  • 1919 : The Exquisite Thief

[modifier] Scénariste

[modifier] Producteur

[modifier] Acteur

  • 1909 : Ethel's Luncheon
  • 1913 : Bill Joins the Band
  • 1914 : A Physical Culture Romance
  • 1914 : Out Again, In Again
  • 1914 : The Last Drink of Whiskey
  • 1914 : After Her Dough
  • 1914 : The Scene of His Crime
  • 1914 : A Race for a Bride
  • 1914 : An Exciting Courtship
  • 1914 : The Deceiver
  • 1914 : The White Slave Catchers
  • 1914 : Bill's Job
  • 1914 : Wrong All Around
  • 1914 : Bill Takes a Lady Out to Lunch... Never Again
  • 1914 : Ethel's Teacher
  • 1914 : Bill Saves the Day
  • 1914 : Bill Organizes a Union
  • 1914 : Bill Manages a Prize Fighter
  • 1914 : Bill Spoils a Vacation
  • 1914 : Dizzy Joe's Career
  • 1914 : Casey's Vendetta
  • 1914 : Ethel's Roof Party
  • 1914 : Ethel Has a Steady
  • 1914 : A Corner in Hats
  • 1914 : Bill and Ethel at the Ball
  • 1915 : Ethel's First Case
  • 1915 : Cupid and the Pest
  • 1915 : Bill Turns Valet
  • 1915 : A Costly Exchange
  • 1915 : Bill Gives a Smoker
  • 1915 : Ethel's Doggone Luck
  • 1915 : Ethel's New Dress
  • 1916 : Intolérance (Intolerance: Love's Struggle Through the Ages)
  • 1919 : The Mother and the Law
  • 1931 : Dracula

[modifier] Sources

Monographies
  • Stuart ROSENTHAL, Tod Browning, "The Hollywood Professionals, vol. 4", 1975.
  • David J. SKAL & Elias SAVADA, Dark Carnival : The Secret World of Tod Browning : Hollywood's Master of the Macabre, Anchor Books, 1995. — L'étude biographique la plus complète sur l'auteur.
Articles
  • Patrick BRION, "Une vie dans le fantastique", in Cahiers du Cinéma n° 550 (octobre 2000).
  • Claude-Michel CLUNY, "Reprise: Freaks, dans l'oeuvre de Tod Browning", in Cinéma, n° 233 (mai 1978), pp. 27-31.
  • Stéphane DELORME, "Corps et mélodrame", in Cahiers du Cinéma n° 550 (octobre 2000).
  • Alain GARSAULT, " L'Inconnu, Jeux de mains...", in Positif n° 476 (octobre 2000).
  • Jacques GOIMARD, "Le jour où les maudits prirent la parole" in L’Avant scène Cinéma n° 264 (15 mars 1981 : "Freaks/ Tod Browning").
  • Michel LACLOS, "L’écran des maniaques" in Bizarre n° 24-25 (3ème trimestre 1962 : "L’épouvante : cinéma fantastique").
  • Gérard LENNE, " Mélodrame et illusion chez Tod Browning", in Positif n° 476 (octobre 2000).
  • Jean-Claude ROMER, "Tod Browning" in Bizarre n° 24-25 (3ème trimestre 1962 : "L’épouvante : cinéma fantastique").
  • Charles TESSON, "La disparition révélée", in Cahiers du Cinéma n° 550 (octobre 2000).
  • "Tod Browning, fameux inconnu", in CinémAction n°125 (2007).
  • Bret WOOD, " Les passions secrètes de Tod Browning", in Positif n° 476 (octobre 2000).
Vidéographie
  • Tod BROWNING, Freaks, la monstrueuse parade, Warner, 2005. DVD-107 minutes. — Cette édition offre les commentaires audio de David Skal, un documentaire sur les coulisses ainsi que les fins alternatives.
  • Tod BROWNING, The Devil Doll/ Mark of the Vampire, Warner, 2006. DVD-78 & 60 minutes. — Incluses dans le coffret "Legends of Horror" paru aux États-Unis, ces éditions offrent des commentaires audio de Kim Newman et Steve Jones.
  • Laurent PRÉYALE, Couples & duos, Spads, TPS cinéma, 2001. — Quatre documentaires de 26 minutes écrits et réalisés par Laurent Préyale dont un consacré à Lon Chaney et Tod Browning.
  • Laurent PRÉYALE, Tod Browning, Sylphe, 1997. France-26 minutes-Couleur-Mono. — Documentaire biographique qui propose des extraits de films de Browning et souligne particulièrement la collaboration entre Tod Browning et Lon Chaney. Patrick Brion et Eric Rohmer apportent quelques explications sur la vie et l’œuvre du cinéaste. Patrick Brion a à plusieurs reprises proposé des cycles Tod Browning et Lon Chaney dans le cadre du Cinéma de Minuit sur la troisième chaîne française.

[modifier] Liens externes