Terminologie lacanienne

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Cet article présente succinctement les nombreux termes du psychanalyste français Jacques Lacan.

Sommaire

[modifier] Richesses

Les concepts de Lacan s'appuient sur de nombreuses œuvres philosophiques (comme celles de Lévinas), scientifiques (par exemple la géométrie) ou d'histoire des sciences (Alexandre Koyré) et de romans (comme ceux de Marguerite Duras) venant réinterroger les avancées freudiennes. Suivre l'évolution de leur élaboration permet de se repérer dans l'œuvre de Lacan, qui a, malgré sa volonté d'orthodoxie, inauguré une école de la psychanalyse : le lacanisme. Celui-ci doit être compris comme une relecture de Freud à l'aune du structuralisme.

[modifier] Retour à Freud

Plutôt que de proposer des avancées théoriques qui dépasseraient la métapsychologie de Sigmund Freud, Lacan veut réaliser un retour à Freud ; en ce sens la terminologie lacanienne ne propose pas une nouvelle théorie de la psychanalyse.

« C'est à vous d'être lacaniens, si vous voulez. Moi, je suis freudien. » Séminaire de Caracas, 1980

L'expression de retour à Freud apparaît au milieu des années 1950 : " Le sens du retour à Freud, c'est un retour au sens de Freud " .

[modifier] Cartographies

Découper des phases dans l'évolution de la pensée de Lacan est forcément arbitraire, peut-être est-il possible de rendre objectivement compte de formules qui apparaissent.

Dans les années 50, Lacan commence à utiliser des schémas et graphes. Le premier modèle topologique est présenté en 1962 ; entre 1966 et 1969, Lacan s'interroge sur l'impossibilité du rapport sexuel. La seconde topologie est élaborée en 1972, mais, dès 1971, Lacan annonce la création du mathème.

D'un point de vue plus engagé quant au système de pensée, les années 1950 voient la première application de la linguistique à la psychanalyse ; ce modèle fonde une nouvelle compréhension du symbolique qui sera bientôt mise en relation avec le père, puis qui permettra de critiquer la relation d'objet.
Dans les années 1960, le réel redevient un objet d'étude privilégié ; dans la triade imaginaire, symbolique et réel, le réel devient le premier membre. C'est le temps de la découverte de l'objet a et des formules de la sexuation.

Il faut noter que la plupart de ces notions évolueront, elles forment ce qu'il appelle un étayage - il ne s'agit pas simplement d'une liste de théories s'enrichissant, et suivre l'évolution de la pensée-lacan en devient complexe.

[modifier] Années 1940

En 1936, Lacan commence à étudier la philosophie de Hegel, qui deviendra si influente par la suite.

Cette même année, il expose le stade du miroir. Le stade du miroir est le moment où l'enfant se met à reconnaître sa propre image, reflétée dans le miroir ; dans cette élaboration de l'image spéculaire, Lacan emprunte à l'éthologie de Konrad Lorenz et aux travaux d'Henri Wallon sur le comportement devant le miroir.

En 1938, Lacan étudie, pour l'encyclopédie française, les complexes familiaux, dont le complexe d'intrusion. Il en vient à ses premières questions sur la place du père.

[modifier] 1950-1954

En 1950, Lacan théorise le signifiant. L'inconscient est structuré comme un langage. Lacan est donc structuraliste et se fonde sur les travaux de Ferdinand de Saussure. Il en reprend le signe linguistique, mais énonce la primauté du signifiant, parfois pur, c'est-à-dire représentation de chose sans signifié particulier, mais dont le signifié général est le désir et la castration. Le signifiant de Lacan est différent de celui de Saussure : il traduit le terme Vorstellungrepräsentanz de Freud, qui désigne le représentant de la représentation (voir représentant-représentation). C'est donc une représentation de chose, ce qui correspond plutôt, chez Saussure, au concept de signifié.

Il y a donc plusieurs niveaux : le signifiant saussurien (représentation de mot, image sonore ou visuelle) ; le Vorstellungrepräsentanz, ou signifiant lacanien ; la représentation ; l'objet. Le signifié saussurien correspond donc à l'ensemble Vorstellungrepräsentanz + représentation, c'est-à-dire que Lacan découpe le signifié saussurien en deux parties. Dès lors, on comprend l'idée de signifiant pur : il s'agit des représentations de chose qui forment le contenu de l'inconscient, et qui constituent un réseau de significations indépendamment de tout signifié (objet).
Une formule viendra : "Un signifiant, c'est ce qui représente un sujet pour un autre signifiant."

Lacan reprend les concepts freudiens de déplacement et condensation sous les noms, respectivement, de métonymie et de métaphore. Avant lui, un auteur s'y était essayé, mais avait rapproché la métaphore et la métonymie de manière contraire.
La métonymie désigne un objet par un partie de cet objet, par exemple, mon désir de fraises me fait saliver à la vue des feuilles de fraisiers. Le déplacement (psychanalyse), dans le travail du rêve, serait équivalent d'une métonymie.
La métaphore est la désignation d'un objet par un autre. Par exemple un rêve de ballons qui signifierait désir de seins. La condensation, dans le rêve, accumule plusieurs éléments en élément manifeste, qu'il faudra analyser afin de mettre à jour plusieurs associations inconscientes.

En 1951 , c'est la première apparition du Nom du Père, soit le père comme fonction symbolique. Il s'agit alors de l'écrire au singulier ; le Nom du Père est un refus que l'enfant jouisse de la mère.

Mais c'est dans le séminaire de 1953-1954 que Lacan introduit clairement l'ordre symbolique. L'année 1953 est aussi celle du premier discours de Rome.

[modifier] 1955-1959

Le séminaire de 1954-1955 voie la formalisation de l'intersubjectivité qu'est alors le Schéma L ; celui ci présente le Grand Autre et le sujet de l'inconscient comme les deux essentiels ignorés dans la relation du Moi au semblable, de l'ego à l'alter ego.
Lacan travaille sur La lettre volée, texte de Edgar Allan Poe qui s'avère un matériel inespéré venant éclairer la circulation du signifiant.
Le réel s'affirme déjà comme une source fertile pour le psychanalyste : le réel est ce qui revient, sans fissure , ce ce qui fait retour, par opposition à l'imaginaire et au signifiant qui se déplacent.

En 1955-1956, Lacan travaille sur les psychoses. Cependant, sa thèse étudiait déjà le rapport de la paranoïa à la personnalité, et l'application de la psychanalyse aux psychoses est l'un des traits essentiels de l'approche de Jacques Lacan.

Dans le séminaire intitulé La relation d'objet, vive critique de l'Ego-psychology, dans les années 1956-1957, Lacan distingue trois formes du manque, posant la frustration comme occultant la privation, et surtout la castration.

Agent Manque Objet
Père réel Castration symbolique Phallus imaginaire
Mère symbolique Frustration imaginaire Sein réel
Père imaginaire Privation réelle Phallus symbolique

Il applique les catégories de réel, symbolique et imaginaire au père : Lacan différencie ainsi un père réel (c’est-à-dire le géniteur), un père symbolique (qui vaut comme fonction) et un père imaginaire. C'est le cas du petit Hans qui occupe la majeure partie du Séminaire.

Dans les années 1957-1958, Lacan radicalise sa conception dans le schéma R, qui montre le réel pris entre l'imaginaire et le symbolique.
Le père se révèle comme une métaphore.

[modifier] 1960-1965

1960 Le graphe du désir. Le poinçon. L'objet a.

1962 Premier modèle topologique (ruban de Möbius (ou bande de Moëbius), tore, cross cap)

1963 Les Noms du Père (pluralisation)

1964 Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse

  • Le réel a un registre propre : l'impossible.
  • Le désir de l'analyste. Récusation de l'alliance thérapeutique.
  • Il n'y a qu'une seule résistance : celle de l'analyste.

[modifier] 1966-1971

1966 Discours de Rome Il n'y a pas d'acte sexuel. Le point de capiton.

1967 La passe est proposée et appliquée à partir d'octobre 1969.

1971 Mathème, théorie des quatre discours.

[modifier] Après 1972

1972 Nœud borroméen (second modèle topologique)

72-73 Les non dupes errent. Y'a d'l'Un.

1974 La troisième (Communication Rome)

1975 Le sinthome

1978 Lacan constate l'échec de la passe.

[modifier] Références

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

Pour les adaptations des séminaires de Lacan et pour ses écrits, voir Jacques Lacan#Ouvrages de Jacques Lacan.

  • Jean Allouch, Freud, et puis Lacan, 1993
  • Joël Dor, Introduction à la lecture de Lacan, Denoël, 1985 et 1992
  • Elisabeth Roudinesco, Jacques Lacan. Esquisse d'une vie, histoire d'un système de pensée, Fayard 1993
  • Alain Vanier, Lacan, Les belles lettres, 1998
  • Markos Zafiropoulos, Lacan et les sciences sociales, PUF 2001

[modifier] Liens externes

Autres langues