Georges Jacques Danton

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Danton et Georges Danton (homonymie).
Georges-Jacques Danton. Gravure du XIXe siècle tirée du Livre des Orateurs de Louis Marie de Lahaye Cormenin
Georges-Jacques Danton. Gravure du XIXe siècle tirée du Livre des Orateurs de Louis Marie de Lahaye Cormenin
Signature de Danton
Signature de Danton

Georges Jacques Danton est un homme politique et révolutionnaire français, né le 26 octobre 1759 à Arcis-sur-Aube et mort le 17 Germinal an II (5 avril 1794) à Paris.

Premier président du comité de salut public, il est considéré comme l'un des acteurs principaux de la Révolution française. Même si son rôle dans le déclenchement de la Révolution a été contesté, beaucoup d'historiens le décrivent comme « le responsable du renversement de la monarchie et l'instaurateur de la Première République française »[1].

Il fut guillotiné par les tenants de la Terreur révolutionnaire, après des accusations de vénalité et d'indulgence pour les ennemis de la Révolution.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Période précédant la Révolution

Georges Jacques Danton naît à Arcis-sur-Aube le 26 octobre 1759 dans une famille respectable. Il est le fils de Jacques Danton (1722-1762), avocat, et de sa seconde épouse, Jeanne-Madeleine Camut (1729-1813)[2]. À peine âgé d’un an, un accident lui déforme le nez et les lèvres, ce qui, ajouté à une vérole contractée dans sa jeunesse, lui donnera un aspect d'une grande laideur.

Son père meurt alors qu'il n'a que deux ans, laissant sa mère veuve et ses cinq frères et sœurs orphelins. Georges Danton est alors mis en pension chez une nourrice. En 1770, sa mère se remarie avec un filateur de coton, Jean Recordain. En 1772, Georges Danton est placé au petit séminaire de Troyes, puis chez les oratoriens de cette même ville. Ses études y sont médiocres et il se refuse à embrasser la carrière ecclésiastique.

En 1780, il arrive à Paris et comme le veut la tradition familiale (grand-père huissier de justice), Georges Jacques s'oriente vers des études de droit en se faisant engager dans un cabinet d'avocat.

Il suit ensuite six mois d'études de droit à la faculté de Reims puis achète sa licence.

Bien qu'inscrit au barreau de Paris, il ne plaide pas souvent, préférant à cela la fréquentation des cafés. Outre le fait d'y côtoyer de nombreux futurs révolutionnaires, il y rencontre sa future femme, Antoinette-Gabrielle Charpentier (1760-1793). C'est la fille d'un riche cafetier, Jérôme-François Charpentier. Sa dot lui permet d'acheter la charge d'avocat au conseil du Roi en 1787. Le mariage sera célébré le 14 juin 1787. Ils eurent quatre enfants dont deux survivront : Antoine et François-Georges Danton.

[modifier] La Révolution

[modifier] Les débuts sur la scène politique et l'accession au pouvoir

Statue de Danton sculptée par Auguste Paris, carrefour de l'Odéon Paris
Statue de Danton sculptée par Auguste Paris, carrefour de l'Odéon Paris

Surpris par les événements de 1789, Danton ne fait pas partie de l’Assemblée constituante. Il est élu président du district des Cordeliers (dans le quartier de l'École de Médecine), qui devient le Club des Cordeliers quand les districts sont supprimés. Autour du « triumvirat » Danton, Paré, Fabre d’Églantine, se forme un cercle rejoint par Camille Desmoulins, Fréron, Brun, Legendre. À la dissolution des districts il adhère au club des Cordeliers mais fréquente plutôt celui des Jacobins. Il y gagne tellement l'affection et la confiance qu'il est indéfiniment réélu à tel point que les journaux accusent les Cordeliers de lui être vendus.

Comme président du district des Cordeliers, le plus actif et le plus révolutionnaire des districts de Paris, Danton figure, dès les débuts de la constituante, dans toutes les agitations de la capitale. On le voit, dès lors, prendre part à tous les mouvements populaires, notamment à celui des 5 et 6 octobre ; on le voit aussi, à cette époque, lié avec Mirabeau et attaché au parti du duc d'Orléans, dont alors Mirabeau songeait à faire un régent.

Sa renommée grandit assez vite pour que, dès juillet 1790, il se porte candidat à la mairie de Paris contre Bailly. Il échoua ; mais six mois après, quand l’administration du département de Paris fut organisée, il en fut élu membre et acquit ainsi une position honorable et bien rétribuée. Elle ne suffit pas néanmoins à ses besoins, et, comme dans ce moment la faction d’Orléans s’était complètement effacée, Danton fit un marché avec la cour. Il le pouvait d’autant mieux sans se compromettre, que le parti patriote combattait alors avec acharnement les constitutionnels, dirigés par Bailly et Lafayette. La charge d'avocat au conseil, que possédait Danton, et qui valait 10 000 livres, lui fut achetée à 100 000 livres.

À partir de ce moment jusqu’à la chute de la royauté, il ne cessa de toucher des sommes considérables sur les fonds de la liste civile et du ministère des affaires étrangères. Par ses sorties violentes contre les constitutionnels, il conservait en même temps la confiance des patriotes.

Il subit un échec notoire quand quarante-deux sections refusent de ratifier son élection au Conseil général de la Commune constitutionnelle. Lorsque le roi, en avril 1791, est empêché par une émeute de se rendre à Saint-Cloud pour faire ses Pâques sans le secours d’un prêtre assermenté, il se discrédite publiquement en étant contraint de désavouer le rôle de sentinelle du peuple que Fréron et Desmoulins lui avaient prêté.

Le 20 juin 1791, notamment, jour de la fuite du roi à Varenne, il lance une violente attaque contre Lafayette, à la séance des Jacobins et en présence de celui-ci. Il savait, en effet, que Lafayette connaissait son marché avec la cour, mais il savait aussi que Lafayette ne pouvait le dénoncer sans perdre le ministre des affaires étrangères de M. de Montmorin, lié d'amitié avec le général. Dans ce moment, d'ailleurs, Danton, qui ne pouvait se contenter de la position inférieure et précaire d'un agent de la police secrète, travaillait au renversement de cette royauté qui le soldait. Le parti républicain, dont la fuite du roi venait de provoquer la formation, le comptait parmi ses membres les plus actifs.

Après la fuite à Varennes, il se livre au Palais Royal, le 21 juin 1791, a des apostrophes foudroyantes, puis il abandonne aux Cordeliers l’impulsion du mouvement républicain et se borne à proposer aux Jacobins un « conseil à l’interdiction » de la personne royale. Le 16 juillet 1791, il se trouve au Champ de Mars pour présenter la pétition jacobine réclament la déchéance du roi dont il a été l’un des co-auteurs. Vraisemblablement averti, il a quitté Paris quand survient, le lendemain, le massacre des signataires de la pétition. C’est cependant par ses propos du 21 juin qu’il est décrété de prise de corps. Il passe alors en Angleterre. Une amnistie lui permet de rentrer à Paris. Écarté de la députation à l’Assemblée législative, il se fait élire difficilement en décembre 1791 au poste de second substitut du procureur de la Commune. L’ « athlète de la liberté » s’occupe aussi de ses affaires : après avoir vendu son office, il procède à Arcis à de substantiels achats de biens nationaux, relançant à nouveau les soupçons sur la source de ses revenus. Peu actif à la Commune, il reste en dehors du débat sur la guerre qui oppose la Montagne à la Gironde.

Resté à l’écart, le 20 juin 1792, de l’invasion des Tuileries par la foule venue protester contre le veto suspensif du roi aux mesures d’exception proposées par les ministres girondins, il suit plus qu’il ne guide, dans sa section du Théâtre français, les préparatifs de l’émeute du 10 août au cours de laquelle les Tuileries sont envahies et la famille royale emmenée au Temple. Rentré d’Arcis à la veille de l’insurrection, il est présent à l’Hôtel de Ville et maintenu dans le Commune insurrectionnelle. Porté par la Législative au ministère de la Justice, il impose son ascendant au Conseil exécutif provisoire qui vient d’être créé. « Ministre du peuple », il incarne jusqu’à Valmy l’audace et l’unité patriotiques pour sauver la Nation et fonder la République. Élu second des députés de Paris, il abandonne ses fonctions ministérielles tout en conservant dans les services de la Guerre et de la Diplomatie une influence et des appuis solides.

[modifier] Le pouvoir et la popularité

À la Convention il est attaqué par la Gironde sur sa comptabilité ministérielle et ses responsabilités dans les massacres de septembre 1792. Il semble en réalité que Marat l’ait prémédité, que la Commune l’ait organisé et que Danton, ministre, l’ait approuvé, désireux de frapper de terreur les électeurs de la Convention prochaine, les détacher des Girondins. Il vote la mort du roi sans sursis. Entré en mars 1793 au Comité de défense révolutionnaire, il est harcelé par les Girondins sur les défaites en Belgique et la trahison de Dumouriez. Entré le 5 avril au Comité de salut public, il entreprend sur tous les fronts des missions de négociations secrètes. Après le 31 mai, il salue « l’insurrection heureuse », que les Cordeliers l’accusent d’avoir modérée. Soupçonné de double jeu, ses comptes jamais rendus, il est éliminé du Comité de salut public lors du renouvellement du 10 juillet. Il devient alors le président le plus mal élu de la Convention. Le 12 octobre, il demande congé à l’Assemblée et se retire à Arcis, revenant à Paris en novembre, quand éclate l’affaire Chabot. Il réclame l’économie du sang et intensifie contre Hébert une campagne qui met en cause les Comités et déchire les Jacobins. La campagne dite des Indulgents s’ouvre. Le 10 terminal an II (29 mars 1794), le rapport de Saint-Just devant les deux comités rappelle le parcours du « déserteur des périls ». Il est traduit devant le tribunal révolutionnaire avec Fabre d’Églantine et leurs co-accusés.

[modifier] Le parti des Indulgents et la fin

Le 12 octobre, il demande congé à l’Assemblée et se retire à Arcis. Il revient dans sa ville natale, Arcis-sur-Aube, dans la maison de campagne de sa mère. Entre temps il se remarie avec Louise Sébastienne Gély, avec la bénédiction de l'abbé de Keravenant, prêtre réfractaire échappé du massacre des Carmes... Il est de retour à Paris en novembre, quand éclate l’affaire Chabot et après l'arrestation de ses amis compromis dans le scandale de la liquidation de la Compagnie des Indes, notamment Fabre d'Églantine. Regroupant autour de lui d'autres modérés, les Indulgents, il se lança dans une double campagne contre les Enragés, réclame l’économie du sang et intensifie contre Hébert une campagne qui met en cause les Comités et déchire les Jacobins. Le 10 terminal an II (29 mars 1794), le rapport de Saint-Just devant les deux comités rappelle le parcours du « déserteur des périls ». Il est traduit devant le tribunal révolutionnaire avec Fabre d’Églantine et leurs co-accusés.

[modifier] Le procès et l'exécution

Après l'exécution, le 24 mars 1794, des "Hébertistes", les Comités de salut public et de sûreté générale réunis ordonnent son arrestation, ainsi que celle de plusieurs des membres de son groupe, c'est-à-dire principalement Pierre Philippeaux, dont il avait fait connaître la Lettre sur la Vendée - probable cause du procès de Danton -, et Camille Desmoulins, son ami, qui avait dénoncé la dictature des comités dans son journal Le Vieux Cordelier.

Il fut jugé par le Tribunal révolutionnaire du 13 au 16 germinal an II (2 au 5 avril 1794) avec des députés Montagnards compromis dans le scandale de la Compagnie des Indes - avec lesquels il n'avait pas plus à voir que d'autres députés de la Convention - et accusé, par ailleurs, d'avoir couvert les malversations du général Dumouriez[3].

Ainsi, le procès de Danton et de Desmoulins n'est pas le procès des Dantonistes, comme on l'écrit à tort, car avec eux comparaissent des hommes appartenant à des catégories bien distinctes tels que le danois Diedericksen, l'abbé d'Espagnac ou encore les frères autrichiens Junius et Emmanuel Frey, que, par préméditation pure, on avait amalgamé les uns aux autres dans une procédure inique.

Danton proteste bruyamment de son innocence[4] et, dans la séance du 4 avril 1794, réclama le témoignage de seize députés, menaçant d'en appeler au peuple en cas de refus qui serait fait de citer ces témoins :

« Ma voix, qui tant de fois s'est fait entendre pour la cause du peuple, pour appuyer et défendre ses intérêts, n'aura pas de peine à repousser la calomnie. Les lâches qui me calomnient oseraient-ils m'attaquer en face ? Qu'ils se montrent, et bientôt je les couvrirai eux-mêmes de l’ignominie, de l'opprobre qui les caractérisent ! Je l'ai dit, et je le répète : mon domicile est bientôt dans, le néant, et mon nom au Panthéon !… Ma tête est là ; elle répond de tout !… La vie m'est à charge, il me tarde d'en être délivré ! »

Danton ne peut assurer sa défense, notamment sur sa mission en Belgique, et les témoins réclamés ne seront jamais entendus : un décret présenté par les comités à la Convention - au prétexte de la véhémence des accusés -, le met hors débat, ainsi que ses co-accusés. Ils sont condamnés à la hâte et exécutés le 5 avril à seize heures, avec une précipitation non moindre sans avoir pu s'exprimer[5]. Il dira au bourreau : " Tu montreras ma tête, elle en vaut la peine !" On a beaucoup écrit sur Danton. Pas toujours des choses justes. Trop souvent avec un manque flagrant d'objectivité. Les pères de la République l'ont considéré comme le symbole de la Révolution. Ils lui ont consacré une statue et une rue de Paris.

[modifier] Représentations

[modifier] Notes et références

  1. Source: Britannica
  2. Généalogie de Danton
  3. C'était un procès à hauts risques pour Collot d'Herbois et Billaud-Varenne qui, comme lui en mission en Belgique, craignaient qu'il ne révélât publiquement leur participation aux rapines de la Belgique
  4. cf Journal des Procès, compte-rendu du procès de Danton et complices
  5. Voir les pièces subsistantes de cette procédure inique, réunies par Alexandre Tuetey, op. cit.

[modifier] Voir aussi

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Georges Jacques Danton.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

[modifier] Lien externe