Sophie Trébuchet

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Sophie Trébuchet est la femme de Joseph Léopold Sigisbert Hugo et la mère de Victor Hugo, née le 19  juin  1772 à Nantes et décédée le 27  juin  1821 à Paris.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Enfance

Sophie Trébuchet est née le 19 juin 1772 à Nantes, rue des Carmélites, du capitaine Jean-François Trébuchet, en voyage ce jour-là, et Louise Le Normand, fille de procureur. Elle est la troisième d'une famille de huit enfants. Sa mère mourut en couches alors qu'elle avait huit ans ; elle rejoint alors un pensionnat dont elle sortira après la mort de son père survenue en 1783 à l'Isle de France (aujourd'hui l'île Maurice). Les enfants sont alors éparpillés dans la famille et Sophie se retrouve chez sa tante Françoise Trébuchet, veuve du Me Robin, notaire. Cette dernière vit à Nantes l'hiver et passe l'été rue Couëré, à Châteaubriant. Françoise Robin avait une forte personnalité et communiqua à Sophie sa liberté d'esprit. Les ancêtres paternels de Sophie étaient des maîtres-fondeurs et leur demeure, La Renaudière, au Petit-Auverné, était habitée par une tante qu'elle visitait régulièrement, parcourant la campagne à cheval. Les Trébuchet jouissaient à l'époque d'un certain prestige dans cette partie de la Bretagne.

[modifier] La Révolution

Le 18 juillet 1789, Sophie assiste avec enthousiasme aux émeutes révolutionnaires à Nantes. Mais sa conscience royaliste naîtra lors de l'exécution, sous ses yeux, de deux jeunes filles et de leur mère, Mme de La Billiais, qu'elle avait connue durant son enfance. Cet épisode restera gravé à jamais dans sa mémoire. Durant la Terreur, animée à Nantes par Jean-Baptiste Carrier, Sophie et Mme Robin regagnent Châteaubriant pour y retrouver du calme. Mais, le 10 février 1796, Sophie Trébuchet est témoin d'une bataille à Auverné entre les Républicains et les Chouans. La même année, elle rencontre à Châteaubriant Joseph Léopold Sigisbert Hugo, un soldat républicain dont elle tombe amoureuse. Celui-ci est rapidement envoyé à Grenelle et après un échange de lettres, Sophie décide de le rejoindre. Le 15 novembre 1797, le mariage a lieu à Paris.

[modifier] Le Mariage

Le couple s'installe dans la Maison Commune, ancien Hôtel-de-Ville de Paris, et bientôt naît leur premier enfant, Abel, le 15 novembre 1798. Lors d'une soirée en 1799, elle rencontre l'adjudant général Victor Claude Alexandre Fanneau de Lahorie, un ancien camarade de combat de Léopold Hugo. Elle reverra ce dernier lors de son voyage chez sa belle-famille à Nancy. Alors qu'elle est toujours chez la famille Hugo, Sophie est de nouveau enceinte et souhaite retourner en Bretagne mais son mari n'accepte pas et Eugène naît le 16 septembre 1800 à Nancy, rue des Maréchaux. Ensuite, Léopold Hugo est nommé adjudant à Lunéville ; Sophie y rencontre Joseph Bonaparte. Plus tard, la famille arrive à Besançon où Léopold Hugo est affecté ; le 26 février 1802, Victor voit le jour place Saint-Quentin. Victor Fanneau sera son parrain. Quelque temps après, Léopold est envoyé à Marseille où le suit le reste de sa famille ; une fois arrivé, il recherche un avancement et envoie Sophie chez Victor Fanneau, à Paris. Mais ce dernier, mal vu près de Napoléon, ne peut rien faire. Sophie reste pourtant à Paris, où elle s'installe à l'Hôtel de Nantes, rue Neuve-des-Petits-Champs, non loin de la rue Gaillon, où loge Victor Fanneau, qui est déjà son amant depuis quelque temps (des thèses affirment qu'il serait le père de Victor Hugo).

[modifier] La Femme Libre

Alors qu'au début de l'année 1803 Léopold doit rejoindre Bastia, Victor Fanneau emménage rue des Saussaies et achète le Château de Saint-Just, près de Vernon, dans l'Eure.
Sophie y viendra régulièrement avec lui, le parc de la propriété lui évoquant son enfance au Petit-Auverné.
Plus tard, le bataillon de Léopold est envoyé à Portoferraio, sur l'Ile d'Elbe. Sophie part à Livourne puis rejoint son mari et ses enfants ; elle apprend à ce moment que Léopold a une maîtresse, Catherine Thomas. Après un séjour qu'elle n'apprécie pas, Sophie retourne à Paris avec ses trois fils.
Mais une fois qu'elle est arrivée, Victor Fanneau est introuvable. Plus tard, celui-ci lui donnera un rendez-vous secret et lui révèlera qu'il est menacé car soupçonné de travailler contre le Consul.
Sophie emménage rue de Clichy et décide de cacher Victor Fanneau.
Ces affaires seront ensuite éclaircies mais il est contraint de vendre ses propriétés (dont Saint-Just) et doit s'exiler en Amérique, ce qu'il refuse.
En 1806, Sophie et les enfants visitent Léopold à Naples, ils retrouvent des amis de Paris, la famille Foucher. Léopold vit en réalité avec Catherine Thomas dans un palais à Avellino, où il a été nommé. Il s'oppose à ce que sa famille l'y rejoigne car il craint que Sophie ne découvre le pot-aux-roses. Pourtant, la famille viendra quand même et, après avoir eu une discussion avec son mari, Sophie, repart le lendemain pour Paris avec les enfants.
Elle arrive le 7 février 1809 et s'installe dans un ancien couvent, rue des Feuillantines. Le jardin est vaste et une chapelle servira de cachette à Victor Fanneau. Les enfants ne sont, dans un premier temps, pas au courant de cet habitant, puis ils le découvriront. Sophie le fait nommer, par précaution, M. de la Courlandais et il devient un nouveau père pour les trois fils.
Le 29 décembre 1810, Victor Fanneau est trahi et arrêté aux Feuillantines, sous les yeux de la famille Hugo.

[modifier] La Vie Mouvementée

En mars 1811, la famille part en Espagne, afin de rendre visite à Léopold, devenu comte de Siguenza. Mais celui-ci n'est pas au courant de cette visite ; ainsi, après un voyage effroyable à travers un pays hostile et en guerre, la famille est accueillie à Madrid par son frère. Irrité des agissements de sa femme, Léopold, qui vit à Guadalajara avec sa maîtresse, demande le divorce et la garde de ses enfants, qu'il place au Collège des Nobles, à Madrid. Bien entendu, Sophie refuse catégoriquement les directives de son mari et demande l'aide de Joseph Bonaparte, devenu roi d'Espagne, et les époux se réconcilient rapidement. Mais après quelque temps, Léopold apprend d'une source inconnue la liaison entre Victor Fanneau et Sophie ; celle-ci espère d'ailleurs rentrer à Paris le plus vite possible afin d'apprendre des nouvelles de son amant.
Un jour, elle reçoit anonymement 4 750 francs de Paris (c'est Lahorie qui les lui envoie) et décide sur-le-champ de partir ; elle profite de l'escorte du maréchal de Bellune pour retraverser l'Espagne sans encombres.
A Paris, elle visite régulièrement son amant, incarcéré à Vincennes.
Elle prête attention au complot du général Malet, qui voulait annoncer la mort de Napoléon en Russie. Fanneau de la Horie devait, une fois libéré, prendre les fonctions de Ministre de la Police. Mais le complot est dévoilé et les conspirateurs, dont Victor Fanneau, sont emprisonnés à la prison de l'Abbaye ; ils sont tous fusillés à Grenelle le 29 octobre 1812, Sophie suit le convoi mortuaire jusqu'au cimetière de Vaugirard.
Le 31 décembre 1813, la famille emménage rue des Vielles Thuileries, aujourd'hui rue du Cherche-Midi.
Léopold arrive à Thionville où il présente Catherine Thomas comme la "générale Hugo" ; Sophie, à qui il ne verse plus sa rente, décide de le retrouver. Elle confie Eugène et Victor à la famille Foucher et part avec Abel. Léopold demande à nouveau le divorce, pour adultère, et place ses fils en pension.
Losque Sophie retourne à Paris, elle découvre son appartement sous scellés et demande donc l'hospitalité aux Foucher. Plus tard, Léopold arrive à Paris avec Catherine Thomas, qu'il présente dans les salons ; il repart à Thionville durant les Cent-Jours. Sophie visite régulièrement ses fils à leur collège ; ceux-ci ne supportent pas cette situation.

[modifier] La Fin

Après avoir retrouvé son appartement, Sophie, appauvrie, est contrainte de déménager rue des Petits-Augustins, aujourd'hui rue Bonaparte. Elle récupère la garde de ses enfants en 1818, lorsque le tribunal civil de la Seine prononce la séparation des corps et biens des époux Hugo. Abel est alors âgé de 20 ans, Eugène de 18 ans et Victor de 16 ans. L'aîné est devenu lieutenant en demi-solde et les cadets ont rejoint la faculté de Droit, alors que leur père les croit sur le chemin de Polytechnique. Découvrant que Victor a des talents hors du commun en poésie, elle s'emploie à développer ses talents artistiques ; Victor destine d'ailleurs ses premiers poèmes à sa mère. Mais, connaissant également la jalousie et la fragilité d'Eugène, elle favorise encore d'avantage ce dernier.
La famille est très proche des Foucher, ils se rencontrent régulièrement et madame Foucher reçoit Sophie à son hôtel de Toulouse durant des soirées. Un jour, Sophie découvre que Victor et Adèle Foucher sont amoureux ; n'ayant pas une bonne image de la jeune fille, elle s'opposera à toute union.
En janvier 1821, Abel trouve un logement, rue des Mézières. L'appartement, qui comporte un jardin, est délabré et toute la famille travaille à sa rénovation. Ensuite, Sophie entreprend de jardiner, mais le froid aggrave sa fatigue et la rend bientôt malade. Sophie Trébuchet décède dans son lit le 24 juin 1821, au cours de l'après-midi.
Elle est enterrée le 28 juin au cimetière de Vaugirard ; beaucoup plus tard, Victor fera transférer ses restes au Père-Lachaise, où elle repose sous le nom de "Comptesse Hugo".

[modifier] Bibliographie et Sources

  • Louis Guimbaud, La mère de Victor Hugo (1930).
  • Geneviève Dormann Le roman de Sophie Trébuchet (1982).
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