Soninkés

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Soninkés

Aire d'extension des ‎Soninkés au Mali
Population totale ~ 1 million
Populations significatives en Mali, Mauritanie, Sénégal, Côte d'Ivoire, Burkina Faso, Gambie, Guinée-Bissau
Langue soninké
Religion islam
Groupes ethniques relatifs Mandingues

Les Soninkés sont une ethnie d’Afrique de l'Ouest, présente surtout au Mali le long de la frontière sénégalaise entre Nara et Nioro du Sahel, ainsi qu'au Sénégal et en Mauritanie.

Ils se désignent eux-mêmes par le mot soninké qui est en réalité le singulier du mot soninko[1], mais sont également appelés Sarakolés ou Sarakholés par les Wolofs ou encore Marakas par les Bambaras.

Sommaire

[modifier] Histoire

Guerriers sarrakholais (gravure de 1890)
Guerriers sarrakholais (gravure de 1890)

Les Soninkés sont à l'origine de l’Empire du Ghana. La fondation de l'empire soninké du Wagadou, appelé généralement empire du Ghana, d'après la tradition orale des griots soninké, est due à un personnage légendaire, Yougou Khassé Dinga. Celui-ci serait originaire de la région d'Assouan en Égypte, d'où le nom Aswanik, sous lequel sont nommés les Soninko. En Égypte il appartenait à la noblesse et était l'un des lieutenants du pharaon. Dinga est l'ancêtre des Soninko. Lorsque Dinga arriva en Afrique de l'Ouest, dans la région où se trouvent aujourd'hui le Mali, la Mauritanie et le Sénégal, il trouva sur place une nation d'agriculteurs, les Karago, qu'il réussit, lui et sa suite, à dominer. Les troupes de Dinga étaient d'excellents cavaliers et ils étaient armés de lances, épées, boucliers, armures de fer. Dans la région, un serpent à sept têtes nommé bida régnait en maître. Pour pouvoir installer l'état du Wagadou, Yougou Khassé Dinga dut négocier avec le serpent bida. Le serpent accepta de laisser Dinga installer son empire à condition de lui donner tous les sept ans la fille la plus belle et la plus propre du Wagadou. Il fallait également qu'elle soit vierge. En contrepartie le serpent accorderait au Wagadou la richesse, l'or et la pluie. Yougou Khassé Dinga est l'ancêtre des Soninkés portant les patronymes Wagué, Cissé, Sokhna, Touré, Diané, Bérété et Sakho.

Après la chute de l'empire du Ghana, les Sarakollés se sont dispersés dans toute l'Afrique de l'Ouest, donnant ainsi naissance à plusieurs ethnies dont les Bozo, Sarakollés devenus pêcheurs sur le fleuve Niger, et les Dyula, les grands commerçants de l'Afrique de l'Ouest aujourd'hui très apparentés aux Bambaras linguistiquement. Ces deux peuples descendent des Sarakollés qui se sont dispersés à partir du XIIe siècle. En se dispersant, ils ont également propagé l'islam, car les Sarakollés font partie des premiers en Afrique sub-saharienne à être islamisés. Le voyage chez les Soninkés est une tradition, cela explique tous ces déplacements.

Ils ont créé également le royaume du Galam au Sénégal, sur la vallée du fleuve Sénégal, ancien royaume qui se trouvait au sud du Fouta-Toro et à l'est du royaume du Djolof. Le roi portait le titre de tounka. Le royaume a été plusieurs fois vassalisé par le Djolof à l'époque où celui-ci était un empire, par le Fouta-Toro et par le royaume bambara du Kaarta. Le royaume vivait surtout de l'agriculture, du commerce de la gomme arabique, de l'or et de l'esclavage, la ville de Bakel se trouvant sur l'ancien royaume du Galam.

[modifier] Population

On estime le nombre total de Soninkés à environ un million de personnes. Selon le recensement de 1988 au Sénégal, les Soninkés y étaient 113 184, sur une population totale estimée à 6 773 417 habitants, soit 1,7 %[2]. À noter qu'il existe une importante diaspora, notamment en région parisienne.

Les Soninkés parlent la langue soninké, qui appartient au groupe des langues mandé.

Ils sont généralement musulmans sunnites. Il existe également quelques communautés chrétiennes.

[modifier] Organisation sociale

Les Soninkés vivent sur la vallée du fleuve, plus particulièrement dans la région de Guidimakha et la région du Gorgol. Ils sont sans nul doute les plus grands cultivateurs de la Mauritanie.

L’organisation sociale des Soninkés est très hiérarchisée. Elle comprend trois niveaux :

  • les hommes libres appelés Hooro auxquels appartiennent les tunkalemmu (princes qui ont vocation au règne) et les mangu (courtisans, guerriers, confidents des tunkalemmu)
  • les hommes de caste ou Ñaxamala (Niakhamala) auxquels appartiennent les forgerons, les travailleurs du bois, les griots (jaaro) et les cordonniers.
  • les captifs ou Komo, qui ont été affranchis au début du XXe siècle.

Ce système est héréditaire. Les mariages se font au sein de chaque catégorie. La société soninké est patrilinéaire.

Le tunka, le roi, est le chef politique. Il est propriétaire des terres de son pays et de ce qui y pousse. Il est issu des tunkalemmu (princes et héritiers de la royauté) auxquels il se réfère avant de prendre une décision. Les chefs de village doivent obtenir la bénédiction du tunka pour exercer.

Il n'est pas rare de trouver des familles soninkés de plus de 100 personnes, partageant les repas quotidiens.

[modifier] Patronymes

Ibrahima Kébé, un artiste plasticien d'origine soninké
Ibrahima Kébé, un artiste plasticien d'origine soninké

Selon Makhtar Diouf, chercheur à l'IFAN[3], certains patronymes sont caractéristiques d'une origine soninké – parfois lointaine – comme : Bathily, Barro, Diagana, Diawara, Dramé, Gassama, Kamara, Kébé, Konté, Touré, Sakho, Silla, Sissako, Soumaré ou Talla. Mais on pourrait en ajouter bien d'autres, tels que Cissé, Diakité, Doucouré, Nder, Khouma, Khoulé, Diané, Sokhna ou Tounkara. En raison des nombreux brassages ethniques, les Soninkés portent aussi bien d'autres noms.

[modifier] Notes et références

  1. Mamadou Dramé, « Cérémonies et rites chez les Soninké », dans Peuples du Sénégal, Sépia, Saint-Maur, 1996, p. 65
  2. Chiffres de la Division de la Statistique de Dakar cités dans Peuples du Sénégal, op. cit., p. 182
  3. Patronymes identifiés comme soninké par Makhtar Diouf, dans Sénégal, les ethnies et la nation, Dakar, NEAS, 1998, p. 70-71

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • (en) François Manchuelle, Origins of Black African Emigration to France : the Labor Migrations of the Soninke, 1948-1987, Santa Barbara, University of California, 1987 (Thèse)
  • (fr) M. T. Abéla de la Rivière, Les Sarakolé et leur émigration vers la France, Paris, Université de Paris V, 1977 (Thèse de 3e cycle)
  • (fr) Amadou Diallo, L’éducation en milieu sooninké dans le cercle de Bakel : 1850-1914, Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 1994, 36 p. (Mémoire de DEA)
  • (fr) Alain Gallay, « La poterie en pays Sarakolé (Mali, Afrique Occidentale) », Journal de la Société des Africanistes, Paris, CNRS, 1970, tome XL, n° 1, p. 7-84
  • (fr) Joseph Kerharo, « La pharmacopée sénégalaise : note sur quelques traitements médicaux pratiqués par les Sarakolé du Cercle de Bakel », Bulletin et mémoires de la Faculté mixte de médecine et de pharmacie de Dakar, t. XII, 1964, p. 226-229
  • (fr) Kanté Nianguiry, Contribution à la connaissance de la migration "soninké" en France, Paris, Université de Paris VIII, 1986, 726 p. (Thèse de 3e cycle)
  • (fr) Michael Samuel, Les Migrations Soninke vers la France, Paris, Université de Paris. (Thèse de 3e cycle)
  • (fr) Badoua Siguine, La tradition épique des forgerons soninké, Dakar, Université de Dakar, 198?, (Mémoire de Maîtrise)
  • (fr) Badoua Siguine, Le surnaturel dans les contes soninké, Dakar, Université de Dakar, 1983, 215 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • (fr) Mahamet Timera, Les Soninké en France : d'un histoire à l'autre, Karthala, 1996, 244 p. (ISBN 2865377016)

[modifier] Liens externes

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