Sonia Delaunay

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Sonia Delaunay, née le 14 novembre 1885 à Gradijsk (près d'Odessa, Ukraine) et morte le 5 décembre 1979 à Paris, est une peintre naturalisée française.

Sommaire

[modifier] Enfance

Sonia Delaunay est née sous le nom de Sarah Stern. La plupart des biographies officielles mentionnent comme date d'anniversaire le 14 novembre 1885, mais dans son autobiographie publiée en 1978, elle cite le 4 novembre 1885. Ce désaccord peut être expliqué par le décalage entre les dates données par le calendrier de l'Empire Russe (calendrier julien) et celles du calendrier grégorien.

Dans son autobiographie, les premières années de sa vie ne contiennent que peu de détails. On y apprend qu'elle aimait beaucoup son père duquel elle a appris à ne jamais se plaindre et à être honnête, qu'elle détestait sa mère, et qu'elle avait un frère plus jeune.

En 1890, elle quitta ses parents et s'installa chez un frère de sa mère, Henri Terk, un avocat riche et réputé de Saint-Pétersbourg. Ce ne fut pas une adoption officielle : elle garda légalement son nom de naissance. Néanmoins, elle prit le nom de Sonia Terk.

Elle vécut dans une maison cossue, dans les traditions juives et dans un milieu artistique et musical. Elle fut éduquée par de nombreuses gouvernantes qui lui enseignèrent plusieurs langues étrangères. Elle garda longtemps le souvenir des avenues, places et jardins de Saint-Pétersbourg dont on pouvait voir les tableaux académiques chez son oncle, ainsi que des étés passés dans une maison de famille en Finlande. Elle voyagea aussi beaucoup en Allemagne, Italie, France, explorant les trésors des musées et galeries.

À 16 ans, dans l'école secondaire de Saint-Pétersbourg qu'elle fréquentait, sa professeure d'art encouragea Sonia pour ses dons en dessin. Elle conseilla aux Terk, aux vues de ses talents, une école d'art en Allemagne. Sonia avait 18 ans quand elle suivit ces conseils et entra à l'académie d'art de Karlsruhe et travailla le dessin. En 1905, elle partit s'installer à Paris, convaincue que le centre artistique de l'époque se situait là-bas.

[modifier] Paris et les débuts de sa carrière

Arrivée à Paris en 1905, elle fréquenta l'Académie de la Palette à Montparnasse, mais s'en écarta, préférant parcourir les expositions et galeries. Cette année-là, on pouvait y découvrir les Grandes Baigneuses de Cézanne, ainsi que les travaux de Van Gogh, Gauguin, Bonnard, Vuillard, Derain ou Matisse. Au Salon d'automne, le critique d'art Louis Vauxcelles dénomma Les Fauves ces peintures aux couleurs vives qui n'étaient manifestement pas de son goût. Sonia fut quant à elle, très inspirée par ces artistes, sans pour autant parvenir à un travail original.

Elle rencontra un collectionneur et galeriste allemand, Wilhelm Uhde, de onze ans son aîné. Ils se marièrent le 5 décembre 1908. Bien que cette union ait été un échec, elle permit à Sonia d'être introduite dans l'élite artistique et littéraire de Paris. De plus, c'est dans la galerie de Uhde que Sonia rencontra pour la première fois un homme de vingt-trois ans, aspirant à être peintre et qui allait bientôt devenir son deuxième mari, Robert Delaunay. C'était début 1909.

[modifier] Robert

Sonia et Robert devinrent amants en avril 1909. Sonia divorça de son premier mari, et comme elle était enceinte de Robert, ils n'attendirent pas pour se marier. L'union fut prononcée le 15 novembre 1909 et le 18 janvier 1910 naquit leur fils, Charles.

Au niveau artistique, pendant trente ans de vie commune, ils travaillèrent en association étroite. Ils aimaient échanger leurs idées, leurs points de vue, et se nourrir de leur talents l'un et l'autre.

Tous deux étaient fascinés par la recherche sur la couleur d'Eugène Chevreul, chimiste du XIXe siècle qui publia en 1839 sa théorie sur les relations entre les couleurs dans De la loi du contraste simultané des couleurs. Tout comme Delacroix et les Impressionnistes, Robert Delaunay s'en inspira beaucoup pour peindre. Sonia, quant à elle, utilisait les couleurs de façon plus instinctive.

Ils fondent en 1911 un mouvement pictural, l'orphisme. Nom malheureux donné par leur ami Guillaume Apollinaire, qui ne comprenant pas ce qu'il voyait, comme tant d'experts et de professeurs, a rendu un peu plus compliqué un mouvement déterminant de l'art du XXe siècle. Ce mouvement se caractérise par l'utilisation de couleurs vives et des formes géométriques. Son travail s'applique à la peinture, la fabrication textile, la céramique…

[modifier] Travail de Sonia

Sonia refusait la distinction trop nette entre les Beaux arts et l'art décoratif ou appliqué. Non seulement elle peignait des tableaux, mais elle fabriquait aussi des objets de décoration (des coussins, abat-jours, boîtes), ou créait des vêtements faits de formes géométriques de couleurs vives et matières variées. On aurait pu croire que ces créations vestimentaires étaient inspirées du cubisme, en réalité, elles étaient plutôt marquées par le souvenir du travail accompli par une paysanne russe.

[modifier] Amitiés avec d'autres artistes

À Paris, les Delaunay ouvraient leur appartement à leurs amis artistes peintres ou poètes. Sonia Delaunay se lia notamment d'amitié avec Blaise Cendrars. Elle fut la première artiste à illustrer ses poèmes avec des peintures. En 1913, ils publient ensemble un « poème affiche » la Prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France. Il s'agit sans conteste d'un des plus célèbres livres illustrés du XXe siècle avec Jazz de Matisse.

[modifier] Notoriété

Sonia Delaunay fut la première femme à avoir eu, de son vivant, une rétrospective au musée du Louvre (1964). Elle fut nommée officier de la Légion d'honneur (1975). Le musée national d'art moderne de Paris, le Centre Georges-Pompidou possède la majorité de son travail. Deux mille œuvres y ont déjà été scannées et répertoriées. Il s'agit de la première tentative destinée à faire connaître l'étendue de l'œuvre de cette artiste qui a participé aux mouvements déterminants du XXe siècle (abstraction, non figuration, dada, cercles et carrés, etc.)

[modifier] Liens externes